École symphonique de Milan — Wikipédia

L’école symphonique de Milan[1] est l'école de musique préclassique qui regroupe les musiciens et compositeurs italiens actifs à Milan qui, à partir de 1725, ont joué un rôle déterminant dans la transition entre la musique baroque et le classicisme viennois.

Cette école introduisit en Europe le nouveau genre symphonique juste avant l'école préclassique de Vienne, l'école de Berlin et l'école de Mannheim, et bien avant le classicisme viennois[2].

Émergence de la symphonie

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Origine sociale

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Durant la première moitié du XVIIIe siècle, « le monde change vite, l'économie de marché se développe, les investisseurs et entrepreneurs s'enrichissent, les académies et les cercles culturels se développent, de même qu'une nouvelle classe sociale et un nouveau marché musical »[3]. La bourgeoisie en plein essor ne se reconnaît pas dans la musique baroque sophistiquée des cours européennes, « basée principalement sur la mythologie et ornée de références littéraires et même d'anecdotes de cour »[3]. Cette demande de la bourgeoisie de participer à la vie culturelle et musicale provoque alors l'émergence d'un nouveau style au langage simplifié, adapté à de grandes salles de concerts et à des concerts en plein air, et interprété par des orchestres aux effectifs redoublés, soumis à une discipline stricte et dirigés par un chef d'orchestre[3].

Rôle central de Milan

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Dans l'émergence du style nouveau, la Lombardie (qui est autrichienne depuis les traités d'Utrecht en 1713[4]) joue un rôle important car elle est alors la région musicale la plus active d'Italie, comme le souligne Charles De Brosses durant les années 1740 : Milan, carrefour des cultures, stimulait alors les échanges culturels grâce à sa position dominante dans le monde de l'opéra[5]. Milan abritait alors de nombreux orchestres : celui de la Scala, ceux des grandes églises de la ville, des orchestres créés par de grands familles, par des académies de musique, par des confréries, par des écoles[5]...

L'épanouissement de la culture symphonique à Milan a entraîné une demande croissante de symphonies milanaises dans toute l'Europe, où cette musique était très appréciée[6].

Origine stylistique

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« C'est en Italie que fut posée la première pierre du développement de la symphonie classique. Au début du 18e siècle, deux traditions parallèles s’y constituèrent. L'une trouva son maître avec Alessandro Scarlatti et ses opéras avec ouverture en forme de sinfonia, l'autre dans les concerti ripieni de Vivaldi, œuvres orchestrales avec partie pour cordes. Le développement ultérieur fut le fait, dans le domaine de l'opéra, de Pergolèse, Leonardo Leo et Vinci et, dans le domaine du concert, de Giovanni Battista Sammartini »[7].

Rejet du contrepoint et du mode mineur

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La première moitié du XVIIIe siècle est une époque positive et optimiste : c'est le début du siècle des Lumières, les académies regorgent de débats sur la science et la politique, le futur est plein d'espoir et les populations espèrent de meilleures conditions de vie[3].

Les symphonies milanaises composées à cette époque optimiste (et plus précisément entre 1734 et 1760) tournent le dos au contrepoint et au mode mineur et se tournent massivement vers le mode majeur[3],[Notes 1].

Chefs de file de l'école préclassique de Milan

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Giovanni Battista Sammartini.

L'un des deux chefs de file de l'école préclassique de Milan fut Giovanni Battista Sammartini (1700–1775), un des compositeurs les plus imités du XVIIIe siècle[5], considéré aujourd'hui comme l'un des pères de la symphonie moderne : il a laissé 67 symphonies d'attribution certaine dont quelques-unes peuvent remonter au début des années 1730 et peut-être même aux années antérieures[2].

L'autre chef de file de cette école fut Antonio Brioschi (1690–1756), que Jan LaRue considère comme un des « compositeurs qui ont apporté la plus grande contribution » à la symphonie durant les années 1740 et comme un des compositeurs qui, avec Sammartini, « confirment la contribution de Milan à la nouvelle symphonie »[8]. Trois des symphonies de Brioschi figurent parmi les plus anciennes symphonies connues, dont celle qui ouvre la cantate juive Dio, clemenza e rigore, commandée par la communauté juive de Casale Monferrato et créée dans la synagogue de cette ville le 10 octobre 1733[8],[9]. Selon Bathia Churgin, le style de cette symphonie de 1733 « suggère qu'il pourrait avoir commencé à composer des symphonies déjà dans les années 1720 »[8].

Compositeurs de l'école préclassique de Milan

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L'école préclassique ou symphonique de Milan est plus exactement une école lombardo-piémontaise[1] voire nord-italienne, en ce qu'elle englobe également des musiciens non-milanais qui y ont séjourné ou y ont complété leur formation musicale[4].

Compositeurs milanais

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  • Antonio Brioschi (1690–1756), dont le nom suggère qu'il pourrait provenir de la petite ville de Briosco au nord de Milan[8], est un compositeur qui, selon la musicologue israélienne Sarah Mandel, a écrit environ 90 symphonies en moins de 30 ans, « ce qui fait de lui peut-être le symphoniste le plus actif de tous les temps »[10],[9] : ce compositeur, dont la vie est mal connue et dont on ne sait pas s'il a voyagé en Europe, a gagné l'estime du mécène musical parisien Pierre Philibert de Blancheton, qui a acquis des dizaines de ses œuvres pour sa collection[10], conservée dans le Fonds Blancheton à la Bibliothèque nationale de France à Paris[8] ; la symphonie de 1733 évoqué plus haut fait partie de ce Fonds[8]
  • Giovanni Battista Sammartini (1700–1775), considéré comme le représentant le plus significatif de cette école milanaise[2], qui ne doit pas être confondu avec son frère aîné Giuseppe Sammartini (1695–1750), dont le répertoire plus traditionaliste[2] se rattache à la musique de style baroque. Dans les sources, Sammartini est souvent confondu avec Brioschi, à cause de publications contemporaines à Paris et à Londres et de copies de leurs symphonies respectives réalisées par une même main à Milan[8] ;

Compositeurs lombards

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  • Fortunato Chelleri (1689–1757), né à Parme, le plus âgé des symphonistes dits milanais, qui adopta le style nouveau développé par Brioschi et Sammartini et devint symphoniste à un âge avancé, après avoir écrit principalement des pièces de théâtre et pour clavecins : quand il devient défenseur de la nouvelle musique instrumentale, il ne réside plus en Italie, mais en Europe du Nord, en Allemagne et en Suède[10] ;

Compositeur piémontais

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Gaetano Pugnani.

Compositeurs connexes

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Niccolò Antonio Zingarelli.

Niccolò Zingarelli (1752–1837) est un compositeur plus tardif originaire de Naples dont le séjour à Milan, bien que limité à un peu plus d'une décennie, constitue cependant la clé de voûte de sa carrière : ses Sinfonie milanese (baptisées ainsi au XXe siècle par le musicologue américain Rey Longyear) ont probablement été écrites durant les premiers mois de sa présence à Milan en 1784–1785[10],[5].

Enregistrements

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Pour illustrer l'école préclassique de Milan, on retiendra les enregistrements réalisés par l'ensemble Atalanta Fugiens sous la direction de Vanni Moretto dans le cadre du projet Archivio della Sinfonia Milanese et édités par Sony sur son label Deutsche Harmonia Mundi[16],[17] :

Pour Giovanni Battista Sammartini, on retiendra l'enregistrement suivant :

Notes et références

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  1. Le mode mineur fera son retour après 1760 au fur et à mesure que s'accumuleront les tensions sociales et politiques qui marqueront l'Europe à la fin du XVIIIe siècle et culmineront avec la Révolution française

Références

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  1. a et b (it) Bianca De Mario, « Il nuovo stile musicale del settecento lombardo-piemontese: ricerca storico-critica, prassi esecutiva, aspetti produttivi, Alessandria, Italy, 20–21 September 2008 », Cambridge University Press,
  2. a b c et d Danilo Prefumo, notice du disque compact G.B. et G. Sammartini - Concerti & Sinfonie par l'Ensemble 415 dirigé par Chiara Banchini, Harmonia Mundi HMA 1901245, 1986.
  3. a b c d et e Vanni Moretto, The G Minor that Changes Europe, complément à la notice du disque compact Symphonies 5-8 de Niccolò Zingarelli par l'Ensemble Atalanta Fugiens dirigé par Vanni Moretto, Urania Records LDV 14068, 2021.
  4. a et b (it) Cesare Fertonani, La Sinfonia milanese - Il contributto alla sviluppo di un nuovo stile strumentale dans Antonio Brioschi e il nuovo stile musicale del Settecento lombardo - Atti del convegno internazionale, Alessandria 20-21 settembre 2008, Edizioni Univesitarie di Lettere Economia Diritto, 2010, p. 17-18.
  5. a b c et d Notice du disque compact Symphonies 5-8 de Niccolò Zingarelli par l'Ensemble Atalanta Fugiens dirigé par Vanni Moretto, Urania Records LDV 14068, 2021.
  6. (en) « Archivio della Sinfonia Milanese – Critical Editions », sur Ricordi,
  7. Christian-Moritz Bauer, notice du disque compact Symphonies & Overtures de Josef Mysliveček par L'Orfeo Barockorchester dirigé par Michi Gaigg, label cpo 777 050-2, 2004.
  8. a b c d e f g et h (en) Sarah Mandel-Yehuda, Antonio Brioschi - Six Symphonies, dans Recent Researches in the Music of the Classical Era, Vol.51, A-R Editions, Wisconsin, USA, 1998, p. xi-xiv.
  9. a et b « La Sinfonia nasce nel ghetto », sur Musée d'art et d'histoire du judaïsme,
  10. a b c d e et f (it) Vanni Moretto, « Atalanta Fugiens », sur Atalanta Fugiens
  11. (en) David Ocker, « The Musical Times of Francesco Zappa », sur Zappa.com,
  12. (en) « Francesco Zappa - The Barking Pumpkin Digital Gratification Consort, Frank Zappa », sur Discogs (consulté le ).
  13. (it) Luigi Fertonani, « Sei Sinfonie di Brioschi nell' Archivio milanese », Brescia oggi, Brescia,‎ .
  14. (it) Jacopo Franzoni, Chi era Francesco Zappa dans Antonio Brioschi e il nuovo stile musicale del Settecento lombardo - Atti del convegno internazionale, Alessandria 20-21 settembre 2008, Edizioni Univesitarie di Lettere Economia Diritto, 2010, p. 179.
  15. (it) « La villa del musicista comasco Francesco Pasquale Ricci », sur Lake Como Ville (Villas du lac de Côme),
  16. (it) Vanni Moretto, « Vanni Moretto - Biography », sur Agorarte - Associazone Culturale
  17. (en) « Vanni Moretto: Double Bass », sur Tafelmusik,

Articles connexes

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