Élections législatives srilankaises de 2024 — Wikipédia

Élections législatives srilankaises de 2024
225 députés du Parlement
Type d’élection Élections législatives
Premier ministre du Sri Lanka
Sortant
Harini Amarasuriya
JVP

Les élections législatives srilankaises de 2024 doivent avoir lieu de manière anticipée le , pour élire les 225 députés du Parlement.

Crise politico-financière

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La crise économique sri-lankaise débute en 2021 sous la présidence de Gotabaya Rajapaksa. Le pays fait en effet face à une faillite catastrophique et s'avère incapable de rembourser une dette abyssale de 83 milliards de dollars accumulée en raison d’une gestion calamiteuse, d’investissements excessifs dans des projets ne générant aucun bénéfices, et de la pandémie de Covid-19. En , le Sri Lanka annonce ne plus pouvoir payer sa dette extérieure, faisant donc défaut de 46 milliards de dollars[1].

Cette crise de la dette conduit à une crise de l'inflation, qui atteint 70 % en , des pertes d'emplois ainsi que des pénuries de biens de consommation importés, dont l'essence, l'électricité, le gaz, la nourriture et les médicaments dues au manque de liquidités étrangères[2].

Résultat du mécontentement grandissant, un mouvement massif de contestation populaire, l’Aragalaya (« lutte »), se propage au printemps 2022 dans toute l'île. D'abord en oppositions aux difficultés économiques, les manifestations redirigent rapidement la colère contre les frères Rajapaska au pouvoir, et revendiquent leur démission. Le , après de violents affrontements entre partisans et opposants du pouvoir, le Premier ministre Mahinda Rajapaksa démissionne et est remplacé par Ranil Wickremesinghe. L’insurrection contraint finalement le président Gotabaya Rajapaksa à fuir de son palais le et du pays le [3],[4],[5].

En l'absence du président, le Premier ministre Ranil Wickremesingue assure l'intérim à la tête de l'État. Cette décision provoque l'invasion du siège du gouvernement par les manifestants, et en réaction, le président par intérim décrète l'état d'urgence et le couvre-feu. Le les manifestants sont repoussés du parlement par les forces de police et se retirent du palais présidentiel et du siège du gouvernement. Le même jour, Gotabaya Rajapaksa déclare sa démission au président du Parlement. Dans ce cas, le premier ministre doit, selon la Constitution, exercer l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président par le Parlement. Malgré de nouvelles manifestation contre son élection, Ranil Wickremesinghe, soutenu par le clan Rajapaska, est élu président de la République par le Parlement le , avec 134 voix sur 225. Il est assermenté le lendemain[6],[7],[8],[9],[10],[11].

Le nouveau président hérite d'une économie étranglée par une dette de 46 milliards de dollars, privée de réserves de change et en pleine récession. Il négocie alors un plan de sauvetage avec le Fonds monétaire international (FMI) qui finit par débloquer en le prêt d'une aide d'urgence de 2,9 milliards de dollars en échange d'une politique d'austérité brutale. Pour sortir le pays de la crise, Wickremesinghe coupe drastiquement dans les dépenses publiques et impose taxes et impôts sans mécanisme de protection sociale. Cette politique a pour résultat de faire revenir l'ordre dans la rue, de mettre fin aux pénuries, de diminuer la dette nationale à 17 milliards de dollars, de reconstituer les réserves de changes, de passer l'inflation sous la barre des 5%, et de faire repartir la croissance du PIB à la hausse, même si elle reste fragile[8],[7].

Mais cette politique a aussi un coût social considérable. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à 18 % plombe le budget de la classe moyenne et des ménages modestes, déjà lourdement frappés par le triplement des prix de l’électricité, de l’essence et de la nourriture en quelques années. Le taux de pauvreté bondit de 11,3 % à près de 30 % entre 2019 et 2023, entraînant une explosion de l'insécurité alimentaire qui atteint un tiers de la population. Environ 600 000 personnes perdent leur emploi. Enfin, entre et , 300 000 personnes partent du pays[12],[6],[13],[14].

Élection présidentielle de 2024

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Le , Anura Kumara Dissanayaka remporte l'élection présidentielle srilankaise de 2024, arrivant devant le chef de l'opposition Sajith Premadasa et le président sortant Ranil Wickremesinghe. Son assermentation a lieu le lendemain[15].

En consacrant pour la première fois l'élection d'un président de gauche, cette victoire met fin au bipartisme entre les partis du clan Rajapaksa et le Parti national uni de Ranil Wickremesinghe[16].

Le lendemain, il nomme Harini Amarasuriya au poste de Première ministre et dissout le Parlement[17].

Système électoral

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Les élections législatives ont lieu tous les six ans pour élire les 225 membres du Parlement. Le pays est divisé en 22 districts électoraux, et chaque district se voit attribuer un nombre spécifique de sièges en fonction de sa population, avec 196 sièges. Lors de l'élection, les partis se disputant dans un district donné se voient attribuer un certain nombre de sièges en fonction du nombre de votes obtenus. Les 29 sièges restants sont répartis entre les partis politiques sur la base du pourcentage au vote national reçu par chaque parti.

Le Sri Lanka étant une ancienne colonie britannique, et un ancien dominion du Commonwealth, le pays pratique le système de Westminster, couplé avec du bipartisme. Il y a donc un parti politique vainqueur, dont le chef deviendra le nouveau Premier ministre, et un chef de l'opposition. Comme il est impossible pour un simple parti politique d'obtenir la majorité parlementaire, le pays fonctionne avec des alliances de partis.

Références

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  1. « Les Sri Lankais ont voté pour élire leur président, deux ans après la faillite du pays », sur France 24, (consulté le )
  2. « Sri Lanka : fiche pays, Analyse économique des risques », sur Coface (consulté le )
  3. AFP, « Le président du Sri Lanka a quitté son pays pour les Maldives », sur Le Temps, (consulté le ).
  4. « Sri Lanka : manifestation massive à Colombo contre le président Rajapaksa », sur France 24,
  5. Le Monde avec AP, AFP et Reuters, « Sri Lanka : le président Gotabaya Rajapaksa annonce sa démission », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  6. a et b « Sri Lanka: le président démissionne, les manifestants évacuent les bâtiments occupés », sur Libération (consulté le )
  7. a et b Le Point, magazine, « Sri Lanka: la foule envahit les bureaux du Premier ministre, le président en fuite », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  8. a et b (en) Press Trust of India, « Sri Lankan PM Ranil Wickremesinghe appointed as acting President: Speaker », sur www.business-standard.com, (consulté le ).
  9. Le Point, magazine, « Sri Lanka : le président Wickremesinghe investi, en quête d'un gouvernement », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  10. « Sri Lanka : «Nos divisions sont terminées», déclare le nouveau président Wickremesinghe », Le Figaro,
  11. « Sri Lankans to protest against Wickremesinghe's bid for president », sur SWI swissinfo.ch (consulté le )
  12. « Présidentielle au Sri Lanka : l’espoir d’ouvrir un nouveau chapitre après la révolution de 2022 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Sri Lanka: une élection présidentielle annoncée pour le 21 septembre », sur Le Figaro, (consulté le )
  14. « Situation économique et financière en 2023 et perspectives 2024. - SRI LANKA | Direction générale du Trésor », sur www.tresor.economie.gouv.fr (consulté le )
  15. « Présidentielle au Sri Lanka: Le candidat de la gauche Anura Kumara Dissanayaka déclaré vainqueur », sur Tribune de Genève (consulté le ).
  16. Romaric Godin, « Le Sri Lanka se choisit pour la première fois un président de gauche », sur Mediapart, (consulté le ).
  17. La-Croix.com, « Sri Lanka : le nouveau président ordonne des législatives anticipées », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).