Études gaies et lesbiennes — Wikipédia

Études queer

Eve Kosofsky Sedgwick, la fondatrice des études gaies et lesbiennes.

Les études gays et lesbiennes (en anglais : gay and lesbian studies) également appelées études queer (en anglais : queer studies) ou études LGBT (en anglais : LGBT studies) sont un champ d'études et de recherche interdisciplinaire consacré aux personnes et aux cultures gays, lesbiennes, bisexuelles et transgenres.

Périmètre

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Fondées par Eve Kosofsky Sedgwick, les études gays et lesbiennes s'intéressent d'abord à l'histoire et à la littérature LGBT. Leur champ d'étude s'ouvre cependant progressivement à la biologie, à la sociologie, à l'anthropologie, à l'histoire des sciences, à la philosophie, à la psychologie, à la sexologie, aux sciences politiques, à l'éthique, mais toujours sous l'angle des thématiques LGBT.

Du fait de la non-correspondance entre pratiques et identités[note 1], les études sur les minorités sexuelles définissent leurs propres catégories, qui correspondent à un besoin d'avoir des groupes stables et clairement définissables. Ainsi, les études de santé sexuelle utilisent les catégories hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes, tandis que celles de santé mentale préféreront utiliser celui de personne non-hétérosexuelle.

La recherche sur les minorités sexuelles est « biaisée en faveur des hommes — et se concentre de manière disproportionnée sur le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles »[1].

Entre 1989 et 2011, aux États-Unis, de nombreuses subventions de recherche ont été mises en place par les National Institutes of Health (NIH), mais la recherche pour les minorités sexuelles et la santé ne représentait que 0,1 % de toutes les études financées. La plupart des recherches portaient sur les hommes gays et bisexuels ; les études sur les femmes dans les minorités sexuelles ne représentaient que 13,5 %[1].

Marianne LaFrance, ancienne responsable des études gays et lesbiennes de l'université Yale, déclare à ce propos : « Aujourd'hui, nous ne nous demandons plus seulement "qu'est-ce qui cause l'homosexualité ?" [mais aussi] "qu'est-ce qui cause l'hétérosexualité ?" et "pourquoi la sexualité est-elle aussi centrale dans la perspective de certaines personnes ?" ».

Les études gays et lesbiennes ne se résument ni à la théorie queer, ni aux études de genre.

Études sur l'histoire de la communauté LGBT

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Service des Parcs Nationaux (2016)

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Le mardi 11 octobre 2016, lors du coming out day et de la deuxième semaine du mois de l'histoire LGBT, le National Park Service des États-Unis publie une étude de 32 chapitres sur l'histoire de la communauté LGBTQ[2],[3],[4]. Les communautés des bibliothèques et de la préservation espèrent que cette étude « contribuera à la protection de divers sites historiques LGBTQ à travers le pays »[5].

Études sur la littérature LGBT

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Plusieurs études ont été menées au sujet de la littérature LGBT afin de comprendre les œuvres et les lecteurs de ce genre littéraire.

Rothbauer (2004)

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En 2004, dans le cadre de sa thèse de recherche, Rothbauer interroge 17 femmes âgées de 18 à 23 ans se déclarant lesbiennes, bisexuelles et queer, à propos de leur habitudes de lectures récréatives[6]. Pour analyser les données, elle utilise des techniques de codage ouvert pour l'analyse textuelle, et s'appuie également sur la rédaction de certaines participantes.

Les résultats de Rothbauer indiquent que la lecture de fiction est une activité attractive pour les jeunes femmes lesbiennes, bisexuelles et queer car de nombreuses participantes espèrent que les œuvres de fiction montrent les « possibilités de revendiquer une identité queer » et sont frustrées par les œuvres qui contiennent une vision trop négative ou homophobe de la vie lesbienne. Rothbauer identifie quatre tendances dans les choix de lecture de ses participantes :

  • Une orientation vers les histoires qui se passent dans l'avenir ;
  • Un rejet des récits de coming out habituels ;
  • Un désir de lire sur « être lesbienne », « être queer » et « être bisexuelle » ;
  • Une volonté de lien avec « l'autre textuel ».

Les personnes interrogées expriment également ressentir une meilleure connexion avec la communauté grâce à la lecture, que ce soit en rejoignant des communautés de fans d'auteurs préférés ou en discutant et en partageant des livres avec d'autres.

La bibliothèque publique est l'un des points d'accès les plus importants pour les personnes interrogées, avec Internet et les librairies. Les personnes interrogées s'appuient souvent sur les catalogues de bibliothèques en ligne comme recherches anonymes et sûres pour explorer la fiction lesbienne. Les participantes ne trouvaient pas souvent ce qu'elles cherchaient dans les catalogues en ligne, mais n'étaient pas surprises par le manque de documents. Rothbauer suggère de rendre les documents plus visibles et d'améliorer la portée et l'actualité des fonds des bibliothèques pour atteindre ces utilisatrices.

Études sur le besoin d'information de la communauté LGBT

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Creelman et Harris (1990)

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En 1990, Creelman et Harris publient probablement la première étude sur les besoins d'information des personnes lesbiennes à des moments spécifiques de leur vie[7].

Elles utilisent un modèle qui prend en compte le contexte particulier dans les besoins d'information des personnes lesbiennes. Leurs données proviennent d'une série de 50 entretiens avec des femmes lesbiennes d'un groupe à Toronto, au Canada, les scientifiques utilisent l'approche d'échantillonnage en boule de neige pour recruter des participantes supplémentaires.

84% des personnes interrogées déclarent qu'elles connaissent la bibliothèque comme source d'information liée aux identités lesbiennes, contre 62% qui connaissent les bars gays et 58% connaissent les organisations gays et lesbiennes. Cependant, elles constatent que de nombreuses personnes interrogées sont frustrées par la littérature négative ou centrée sur les hommes, qui représente l'essentiel des informations disponibles dans les bibliothèques. Selon les résultats de cette étude, les bibliothèques doivent veiller à ce que les informations soient facilement disponibles, actuelles et positives, pour mieux servir les personnes lesbiennes.

Beiriger et Jackson (2007)

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En 2007, Beiriger et Jackson publient les résultats de leur enquête concernant les besoins d'information des personnes transgenres du Centre de ressources sur les personnes transgenres et l'identité (TiRC) à Portland en Oregon[8].

À l'aide d'un outil de sondage adapté du projet « Bien-être des gays, des lesbiennes, des bisexuels et des transgenres » d'Ottawa-Carleton, au Canada, les auteurs ont distribué le sondage par l'intermédiaire du personnel et des conseillers du Centre TiRC, ainsi qu'en ligne par le biais de listes de diffusion et de sites Web.

L'analyse des 99 réponses à l'enquête montre que la bibliothèque est l'un des derniers endroits vers lequel les personnes transgenres se tournent en raison d'un manque d'informations actualisées sur la santé ou d'un environnement peu accueillant. Les collections des bibliothèques destinées à répondre aux besoins des personnes transgenres sont généralement moins complètes que celles destinées aux personnes gays et lesbiennes. Les auteurs ont conclu que les bibliothécaires devraient faire davantage de sensibilisation envers les communautés transgenres pour transmettre un message de bienvenue, et qu'Internet pourrait être un outil potentiellement puissant pour atteindre ces populations sous-représentées.

Études sur l'utilisation des bibliothèques LGBT

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Plusieurs études ont été menées au sujet des bibliothèques LGBT afin de comprendre leurs utilisateurs et leurs usages.

Personnalités liées à ces études

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  1. des hommes peuvent avoir eu des relations sexuelles avec d'autres hommes tout en se déclarant hétérosexuels, et inversement, des femmes peuvent être lesbiennes alors qu'elles n'ont pas encore eu de relations avec d'autres femmes

Références

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  1. a et b (en) Alexandra Muller et Tonda L. Hughes, « Making the invisible visible: a systematic review of sexual minority women's health in Southern Africa », BMC Public Health, vol. 16, no 1,‎ , p. 307 (ISSN 1471-2458, PMID 27066890, PMCID 4827176, DOI 10.1186/s12889-016-2980-6).
  2. (en) « LGBTQ Heritage Theme Study - Telling All Americans' Stories (U.S. National Park Service) » Accès libre [PDF], sur nps.gov (consulté le )
  3. (en) Amanda Davis, « National Park Service Releases LGBTQ America Theme Study! », sur nyclgbtsites.org, (consulté le )
  4. (en) Katy Steinmetz, « National Park Service Releases First Report on Historic LGBT Sites », sur time.com, (consulté le )
  5. (en) Matthew S. Bajko, « Park Service releases LGBTQ history study », sur ebar.com, (consulté le )
  6. Rothbauer, « "People Aren't Afraid Anymore, but it's Hard to Find Books": Reading Practices that Inform the Personal and Social Identities of Self-Identified Lesbian and Queer Young Women », Canadian Journal of Information and Library Science, vol. 28, no 3,‎ , p. 53–74.
  7. (en) Creelman et Harris, « Coming out: The information needs of lesbians », Collection Building, vol. 10, nos 3–4,‎ , p. 37–41 (DOI 10.1108/eb023281).
  8. Beiriger et Jackson, « An Assessment of the Information Needs of Transgender Communities in Portland, Oregon », Public Library Quarterly, vol. 26, no 1,‎ , p. 45–54 (DOI 10.1300/j118v26n01_03).

Bibliographie

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  • Wayne R. Dynes (éd.), Encyclopedia of Homosexuality, New York and London, Garland Publishing, 1990.
  • Raja Halwani, Carol V.A. Quinn et Andy Wible (éd.), Queer Philosophy. Presentations of the Society for Lesbian and Gay Philosophy, 1998-2008, Amsterdam et New York, New York, Rodopi, 2012.
  • Robert McRuer, Crip Theory: Cultural Signs of Queerness and Disability, New York University Press, 2006.

Articles connexes

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