Évagre d'Antioche — Wikipédia
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Évagre fut à la fin du IVe siècle, à la suite de Paulin, l'évêque d'Antioche des « eustathiens », reconnu par la papauté et l'évêque d'Alexandrie au lieu de Flavien Ier.
Biographie
[modifier | modifier le code]Auparavant prêtre[1], il fut consacré par Paulin comme son successeur sur son lit de mort, au mépris du droit canonique, ce qui n'empêcha pas sa reconnaissance par Rome et Alexandrie. Cette consécration eut lieu à une date incertaine, après 382, et Évagre mourut en 394. C'est lui qui ordonna prêtre Jean Chrysostome[2]. C'était un ami de Jérôme de Stridon, qui parle de lui au début de la Vie de Malchus de Maronie, précisant qu'il était propriétaire du domaine de Maronie, où vivait le moine, à 45 kilomètres à l'est d'Antioche. Jérôme lui consacre le § 125 de son De viris illustribus : on y apprend qu'il était l'auteur de plusieurs ouvrages sur différents sujets, et notamment d'une traduction en latin de la Vie de saint Antoine d'Athanase d'Alexandrie[3]. Celle-ci, rapidement diffusée en Occident[4], eut un énorme succès au Moyen Âge (environ 400 manuscrits conservés du VIIIe au XVIe siècle). Cette pratique du latin par un écrivain ecclésiastique oriental est exceptionnelle à l'époque, témoignant de liens privilégiés avec l'Église d'Occident. Évagre d'Antioche fait partie des cinq hypothèses émises successivement par Dom Germain Morin sur l'identité de l'Ambrosiaster.
À sa mort, aucun successeur ne lui fut donné, mais l'Église « eustathienne » d'Antioche demeura séparée jusqu'à un accord conclu en 414, et un petit groupe d'irréductibles se perpétua même jusqu'en 482.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, coll. Nouvelle Clio, PUF, 1997.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Selon Socrate le Scolastique (Histoire ecclésiastique, VI, 3), il y avait un Évagre condisciple de Jean Chrysostome aux leçons de rhétorique de Libanios et de philosophie d'Andragathios, et dont l'exemple l'aurait inspiré. Il est question aussi d'« Évagre » dans plusieurs lettres de Libanios lui-même : voir Otto Seeck, Die Briefe des Libanius, zeitlich geordnet (Leipzig, 1906, réimpr. Gorgias Press, 2010), p. 128-130.
- Socrate le Scolastique, loc. cit..
- « Evagrius Antiochiæ episcopus acris ac ferventis ingenii, cum adhuc esset presbyter, diversarum hypotheseon tractatus mihi legit, quos necdum edidit. Vitam quoque beati Antonii de Græco Athanasii in sermonem nostrum transtulit ».
- Augustin d'Hippone, en 385/86, à Milan, entend son compatriote africain Potitianus, officier au palais impérial, lui raconter avoir lu à Trèves, peu de temps auparavant, un exemplaire de la Vie de saint Antoine, qui doit être cette traduction, et qui était en la possession d'un groupe d'ascètes de cette ville (Confessions, VIII, 14-15).