Œuvre Sainte-Foy — Wikipédia
Fondation | |
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Dissolution | |
Origine | charité chrétienne |
Fusionné dans | Comité des œuvres Sociales de la Résistance (COSOR) |
Zone d'activité | |
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Type | |
Objectif | |
Méthode | confection et distribution de colis anonymes, entraide, renseignement |
Siège | |
Pays |
Fondatrices |
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L'Œuvre Sainte-Foy est une association d'aide aux détenus résistants des prisons franciliennes pendant la Seconde Guerre mondiale fondée en 1942. Au-delà de son engagement humanitaire, elle constitue un service social de la Résistance et forme un réseau de communication et de renseignement clandestin.
Activité
[modifier | modifier le code]Au printemps 1942, Yvonne Baratte et Marie-Hélène Lefaucheux fondent l'Œuvre Sainte-Foy pour aider les détenus résistants des prisons franciliennes de l'occupant allemand[1],[2],[3],[4],[5].
Cette œuvre de charité chrétienne vient répondre à la multiplication des arrestations et des internements par l'occupant allemand et à leur opacité volontaire empêchant toute communication et toute aide.
Le nom a été choisi ainsi car Sainte-Foy est la patronne des prisonniers.
Concrètement l'association confectionne et distribue des colis dans les prisons franciliennes tenues par les Allemands (Fresnes, la Santé, Romainville, Cherche-Midi)[6],[7],[8],[9],[10],[11],[4],[5].
Les femmes en sont la cheville ouvrière[12].
D'abord localisée dans l'appartement du couple Lefaucheux situé au no 182 boulevard Saint-Germain dans le 6e arrondissement de Paris[7],[5], elle s'installe ensuite au no 60 rue des Saints-Pères dans le 7e arrondissement de Paris.
D'après les reçus de l'occupant allemand qui autorise ces distributions, l'association a distribué un total de 11 000 colis anonymes aux prisons franciliennes entre 1942 et 1944[4],[7], avec un pic de plus de 1 000 colis par mois durant l'année 1944[13],[14].
Lien avec la Résistance
[modifier | modifier le code]De multiples responsables et bénévoles de l'association sont également résistantes. C'est le cas des deux fondatrices, Marie-Hélène Lefaucheux (qui appartient au mouvement OCM) et Yvonne Baratte, et de bénévoles comme Marcelle Bidault et Marie Médard.
De par ses actions officielles, l'Œuvre Sainte-Foy établit un réseau de communication et de renseignement entre les détenus des prisons franciliennes et l'extérieur[4],[15],[16],[7].
Par ailleurs, l'association constitue un service social de la Résistance clandestine[4].
Ce système, en liaison avec le service social des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) de la zone Sud, donne naissance en février 1944 au COSOR (Comité des œuvres Sociales de la Résistance)[9],[2],[17].
Arrestations
[modifier | modifier le code]Durant l'été 1944, à l'approche de la libération de Paris, plusieurs de ses membres sont recherchés par l'occupant allemand pour leurs activités dans la Résistance.
Le la Gestapo de la rue de la Pompe dirigée par Friedrich Berger arrête Yvonne Baratte à son domicile[13]. Torturée, puis internée à Fresnes et Romainville, elle meurt en déportation à Ravensbrück[18].
Le la Milice, sous la direction du commissaire de police Fourcade, tend un guet-apens dans les locaux de l’œuvre Sainte-Foy, rue des Saints-Pères, et y arrête 15 bénévoles, dont Marcelle Bidault et Irène Demarteau[16]. Les miliciens les emmènent dans leurs locaux situés rue de Monceau où elle sont torturées, puis internées à la prison de la petite Roquette, avant d'être libérées le au soir[16].
Marie-Hélène Lefaucheux parvient à échapper aux arrestations[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Baratte 1951, p. 10, 48-52.
- « Les femmes du M.R.P. à l'Assemblée - Biographie de Marie-Hélène Lefaucheux », Forces nouvelles, , p. 2/6 (lire en ligne)
- ↑ René Hostache, Le Conseil national de la résistance : les institutions de la clandestinité, , 498 p. (lire en ligne), p. 329
- Terrenoire 1946, p. 82, 83, 84.
- Cointet 2017.
- ↑ Bonnet 2013, p. 98-99.
- Archives nationales - Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Organisation civile et militaire (OCM), « Cote OCM, IX (72AJ/68 Dossier n° 5) - pièce 2 - Témoignage de Marie-Hélène Lefaucheux, recueilli par Marie Granet - mention de l’Œuvre Sainte-Foy et d'Yvonne Baratte en p.5 sur 6. » (consulté le )
- ↑ Yagil et Dreyfus 2010, p. 284.
- Thibault 2006, p. 81, 99, 107.
- ↑ ADIR, « In Memoriam - Marie-Louise Messéan », Voix et visages (bulletin bimestriel), no 203, , vue 16 (mention d'Yvonne Baratte et de l’œuvre Sainte-Foy) (lire en ligne)
- ↑ ADIR, « Marie-Hélène Lefaucheux : son aide aux prisonniers politiques sous l'occupation allemande », Voix et visages (bulletin mensuel), no 94, , p. 5 (vue 21/39) (lire en ligne)
- ↑ Robert Gildea, Comment sont-ils devenus résistants ? - Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945), Groupe Margot, (ISBN 978-2-35204-634-9, lire en ligne)
- Le Prat 2005, p. 10.
- ↑ ADIR, « In Memoriam - Yvonne Baratte (auteur : Andrée Yvette Gouineau (1915-2016), alias Bluette Morat, déportée du convoi I.262 parti de Paris le 11 août 1944, médaillée de la Résistance avec rosette en 1946) », Voix et visages (bulletin mensuel), no 2, , p. 1/5 (vue 5/17) (lire en ligne)
- ↑ Pascale Barthélémy, Sororité et colonialisme: Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962), Éditions de la Sorbonne, (ISBN 979-10-351-0955-4, lire en ligne)
- Archives nationales, « Témoignage de Marcelle Bidault, alias Élisabeth ou Agnès, recueilli par Marie Granet - cote Combat, II (72AJ/46 Dossier n° 2) », (consulté le )
- ↑ Cointet 2018.
- ↑ Le Prat 2005, p. 10, 11.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jacques Baratte, Notre Yvonne : en mémoire de Yvonne Marie-Louise Baratte, avec les témoignages de Irène Delmas, Sunny Sander, Anise Postel-Vinay, Yvonne Pagniez, Marie Médard, Hélène Maspero, Ariane Kohn, Jeannie Rousseau, Raymonde Révillon, Ginette Fabre, Adrienne Steverlynck, Yvette Gouineau, Pierre de Chevigny, Henri Gousset, Paule Chaumat, Marie-Hélène Lefaucheux, Paris, Henri Colas, , 85 p..
- Nicole Le Prat, Âme et cendres : témoignages de survivantes des camps nazis en souvenir d'Yvonne Baratte, morte à Ravensbrück, Blois, , 60 p..
- Élisabeth Terrenoire, Combattantes sans uniforme: les femmes dans la résistance, Bloud et Gay, , 126 p. (lire en ligne), pp.80, 82, 83, 84, 111, 125.
- Laurence Thibault et Association pour des études sur la résistance intérieure, Les femmes et la résistance, La Documentation française, coll. « Cahiers de la Résistance », , 175 p. (ISBN 9782110060921, lire en ligne), pp.81, 99 et 107.
- Michèle Cointet, Histoire des 16 : Les premières femmes parlementaires en France, Fayard, , 216 p. (ISBN 9782213707006, lire en ligne)
- Michèle Cointet, Les françaises dans la guerre et l'Occupation, Fayard, , 320 p. (ISBN 9782213702896, lire en ligne).
- Comité supérieur des œuvres sociales en faveur des étudiants et de l'Union nationale des associations générales des étudiants de France, Le Courrier de l'étudiant, Paris (no 11), (lire en ligne), vue 2/7.
- Amicale de Ravensbrück et Association des Déportées et Internées de la Résistance (ADIR), Les Françaises à Ravensbrück, Gallimard, , 352 p. (ISBN 9782070248438), pp.200, 234, 237, 241, 246.
- Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos : La bande de la rue de la Pompe, 1944, Rennes, Éditions Ouest-France, , 189 p. (ISBN 9782737360428), pp.98 et 99.
- Limore Yagil et François-Georges Dreyfus, Histoire de la désobéissance civile: implication des corps de métiers, les Éd. du Cerf, coll. « La France, terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 », , 480 p. (ISBN 978-2-204-08863-3, lire en ligne), p. 284.
- Marie Fillet-Médard, Souvenirs de la naissance au mariage, Hélène Fillet, , 218 p., pp.113, 122, 125, 128, 145, 188, 190, 191, 192, 203.
- Croix-Rouge française, Au service de la Croix-Rouge française sous l'Occupation, 1940-1944, , 111 p. (ISBN 9782307515494, lire en ligne), pp.5 et 58.
- Union des combattants volontaires de la Résistance et des cadets de la Résistance de la Haute-Loire, Témoignages de résistants: 1940-1945, Éd. Jeanne-d'Arc, , 171 p. (ISBN 978-2-911794-26-1, lire en ligne), p. 22
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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