ʻAta — Wikipédia
ʻAta | |||
Image du programme Landsat . | |||
Géographie | |||
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Pays | Tonga | ||
Archipel | Tonga | ||
Localisation | Océan Pacifique | ||
Coordonnées | 22° 20′ 00″ S, 176° 12′ 00″ O | ||
Superficie | 2,3 km2 | ||
Point culminant | 355 | ||
Géologie | Île volcanique | ||
Administration | |||
Démographie | |||
Population | Aucun habitant | ||
Autres informations | |||
Fuseau horaire | UTC+13:00 | ||
Géolocalisation sur la carte : Tonga Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique | |||
Île aux Tonga | |||
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ʻAta est une petite île volcanique à l'extrême sud des Tonga. Isolée et difficile d'accès, elle a abrité une petite population avant d'être évacuée en 1862 à la suite d'un raid de marchands d'esclaves.
Toponymie
[modifier | modifier le code]ʻAta fut nommée Pylstaart Eylant (île des oiseaux tropicaux) par le navigateur Abel Tasman qui l'aborda le ; en 1781, Maurelle la nomma La Sola[1].
Géographie
[modifier | modifier le code]Histoire
[modifier | modifier le code]Peuplement originel
[modifier | modifier le code]D'après des fouilles entreprises en 1977 puis 2001, ʻAta a été peuplée pour la première fois vers 2200–1800 av. J.C[1]. Cela est prouvé par la présence de poteries lapita. L'archéologue William Dickinson a montré que ces poteries étaient fabriquées sur place[2]. D'après Burley et al., ʻAta exportait des herminettes en basalte vers les autres îles des Tonga, participant ainsi à un vaste réseau d'échanges inter-îles[1].
Second peuplement
[modifier | modifier le code]La tradition orale recueillie par l'anthropologue Edward W. Gifford en 1920-21 lui permit d'établir que la population enlevée en 1862 s'était installée sur l'île à la fin du XVIIIe siècle. Les habitants racontent que leur communauté fut fondée par le chef Motuapuaka, parti se réfugier à ʻAta après avoir enlevé Tapuosi, une fille du Tuʻi Tonga. Cependant, Motupuaka et les siens durent éliminer d'autres indigènes déjà présents sur l'île[1], ce qui corrobore la thèse d'un peuplement originel beaucoup plus ancien.
La population habitait un seul village sur l'île, Kolomaile. Ce village était divisé en trois sections (Hihifo [ouest], Auloto et Pea)[1].
En 1836, un navire de passage nota que la population avait gardé sa religion traditionnelle[3]. En 1863, les habitants étaient devenus chrétiens (protestants méthodistes) et une école avait été construite[1].
Outre les habitants polynésiens locaux, la population était ouverte aux étrangers. En effet, l'île étant isolée, elle a pu servir de point de repère aux marins qui s'y arrêtaient pour s'approvisionner et quelques-uns d'entre eux ont pu s'installer définitivement sur l'île[4].
Raid d'un blackbirder et évacuation de la population (1862)
[modifier | modifier le code]En 1862, les habitants furent victimes d'un trafiquant d'esclaves : le capitaine britannique Thomas James Mac Grath, à bord du Grecian, enleva 144 habitants de l'île pour les vendre comme esclaves au Pérou[5]. Mc Grath vendit les Tongiens au navire General Prim rencontré sur sa route[6]. Le , le General Prim arriva à Callao (Pérou). Le gouvernement péruvien ayant aboli le trafic d'esclaves polynésiens, les Tongiens ne furent pas vendus mais purent repartir après plusieurs mois d'attente. Cependant, les capitaines qui devaient les ramener chez eux les abandonnèrent en chemin.
À la suite de cet épisode, le roi Taufa‘ahau Tupou I organisa l'évacuation de la population restante sur l'île de ʻEua. À l'époque, la population était selon Gifford d'environ 200 personnes, dont une centaine d'enfants[1].
Refuge de naufragés (1966)
[modifier | modifier le code]Le , six jeunes tongiens (âgé de 13 à 16 ans) sont retrouvés par le capitaine australien Peter Warner après avoir vécu 15 mois isolés sur l'île. Les enfants avaient fui leur pensionnat dans une barque de pêcheur et, à la suite d'une tempête, avaient dérivé pendant 8 jours avant de trouver refuge sur l'île. Après 15 mois passés sur l'île, ils avaient construit cabanes, potager, un terrain de sport, des cages pour les poules issues de l'ancien village et un feu permanent pour alerter les secours[7],[8].
Le récit de cette aventure réelle est cité par Rutger Bregman en contre-exemple de la fiction Sa Majesté des mouches, qui décrit la réaction négative d'enfants placés dans des circonstances similaires[9].
Aujourd'hui, l'île est inhabitée[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) David V. Burley, David W. Steadman et Atholl Anderson, « The Volcanic Outlier of ‘Ata in Tongan Prehistory : Reconsideration of its Role and Settlement Chronology », New Zealand Journal of Archaeology, vol. 25, , p. 89-106 (lire en ligne [PDF])
- (en) William R. Dickinson, « Petrography of Polynesian Plainware from ‘Ata, Tonga », New Zealand Journal of Archaeology, vol. 25, , p. 107-111 (lire en ligne [PDF])
- « Reading the Maps: The slave raids on Tonga: documents and a discussion », sur readingthemaps.blogspot.co.nz (consulté le )
- (en) « 'Ata: five more mysteries », sur Reading the maps, (consulté le )
- (en) « Scott Hamilton: A slave raid in the Pacific », E-Tangata - A Māori and Pasifika Sunday magazine, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Henry Evans Maude, Slavers in Paradise : The Peruvian Slave Trade in Polynesia, Stanford, Stanford University Press, , 244 p. (lire en ligne)
- The real Lord of the Flies: what happened when six boys were shipwrecked for 15 months par Rutger Bregman, The Guardian (20/05/2020)
- Voir l'article détaillé Naufragés d'Ata sur Vikidia.
- Humanité - une histoire optimiste, Rutger Bregman, Ed. Seuil, 2020 p. 62-69
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) William R. Dickinson, « Petrography of Polynesian Plainware from ‘Ata, Tonga », New Zealand Journal of Archaeology, vol. 25, , p. 107-111 (lire en ligne [PDF])
- (en) David V. Burley, David W. Steadman et Atholl Anderson, « The Volcanic Outlier of ‘Ata in Tongan Prehistory : Reconsideration of its Role and Settlement Chronology », New Zealand Journal of Archaeology, vol. 25, , p. 89-106 (lire en ligne [PDF])
- (en) « 'Ata: five more mysteries », sur Reading the maps, (consulté le )