Dernière étape de montagne du Giro 2018, elle fait aussi partie des plus longues avec 214 km. Après plus de 120 kilomètres de plat, le Col de Tsecore, le Saint-Pantaléon et la montée finale vers Cervinia seront le théâtre des dernières passes d'armes entre les meilleurs, afin de décanter un classement général encore indécis puisque relancé par l'incroyable coup de force du Christopher Froome la veille.
Classiquement, une échappée se dégage dès les premiers kilomètres. On y retrouve nombre de bons grimpeurs, dont la paire de la Lotto NL-JumboRobert Gesink et Koen Bouwman, les italiens Ciccone (Bardiani) et Brambilla (Trek), le Slovène Mohoric (Bahrein-Mérida) , le canadien Woods ainsi que l'espagnol Mikel Nieve(Mitchelton-Scott). Mais l'intérêt principal du début d'étape concerne les sprints intermédiaires, où Elia Viviani (Quick-Step) conforte son statut de leader du classement par points, tandis que Davide Ballerini engrange lui aussi des points précieux qui confortent sa troisième place au classement général.
La première ascension voit l'échappée se scinder en plusieurs groupes et seuls demeurent en tête les meilleurs grimpeurs dont ceux préalablement cités. Mais la principale information vient du peloton des favoris où après à peine quelques hectomètres d'ascension, le Français Thibaut Pinot décroche du peloton. Jusque là troisième du général, Pinot est victime d'une pneumopathie et ne peut plus suivre le rythme imposé par la Sky. Il finira l'étape à plus de 45 minutes, abandonnant tout espoir de podium. Dès lors, les jeunes sudaméricains Miguel Angel Lopez et Richard Carapaz déjà en lutte pour le classement du meilleur jeune se retrouvent en compétition pour cette troisième marche du podium. La dernière montée est donc riche en enjeux, puisque outre cette lutte, Froome et Dumoulin sont bien sûr toujours en compétition pour la première marche du podium.
L'échappée aborde celle-ci avec 9 minutes d'avance. Dès les premiers kilomètres, Mikel Nieve s'isole en tête et ne sera jamais revu. Déjà vainqueur d'étape sur les deux autres grands tours, il s'impose au sommet et rentre dans le cercle fermé des vainqueurs d'étapes sur les trois grands tours. Derrière, Gesink dépasse Grosschartner et prend la deuxième place de l'étape, devant l'autrichien. Mais c'est bien sûr dans groupe des favoris que le sort de ce Giro se joue. D'habitude assez régulier dans ses montées, Tom Dumoulin tente cette fois le tout pour le tout pour conserver son titre et attaque à plusieurs reprises Froome. Mais celui-ci ne concède jamais plus que quelques mètres et revient à chaque fois avec le soutien de Wout Poels. Froome contre même à deux kilomètres de l'arrivée et l'étape se conclut sur un statu quo. Idem entre Carapaz et Lopez, ce dernier accédant donc pour la première fois de sa carrière au podium d'un grand tour.