Un final panoramique. Construite en amphithéâtre, la ville de Vire se prêtait à vivre une arrivée spectaculaire dans un cadre d'une ampleur inhabituelle au cœur du Bocage Normand. Elle a tenu ses promesses, ajoutant à la beauté d'un sprint massif la subtilité d'un sprint technique. Il n'est pas étonnant que Mario Cipollini ait renouvelé sa victoire de la veille, cumulant le maillot jaune et le maillot vert. L'italien a démontré qu'il pouvait s'adapter à de nombreux cas de figure. Sa vélocité et sa puissance n'expliquent pas tout. Il possède l'intuition, le coup d'œil et la virtuosité du sprinter d'instinct. Aux 500 mètres, il occupait la 20e position, derrière le rideau des Telekom. Ses chances paraissaient compromises. Mais pour Cipollini, il y a toujours de l'espoir. Il trouva l'ouverture en une fraction de seconde, déborda irrésistiblement Erik Zabel, et remporta sa seconde victoire d'affilée sur ce Tour. À noter la quatrième place du malchanceux Moncassin derrière le néerlandais Jeroen Blijlevens ainsi que la septième place de Lamour, second français de l'étape.
Le leader de la formation Saeco, fait partie du cercle fermé des routiers-sprinters qui réussirent à remporter 2 étapes consécutivement sur le Tour. Le dernier en date datait de 1985 : il s'appelait Rudy Matthys. Il avait gagné à Lanester puis à Vitré. Douze ans déjà... De Saint-Valéry-en-Caux à Vire, la plus longue étape du Tour avec ses 262 kilomètres empruntait un itinéraire rugueux . Un terrain favorisant les échappées. Successivement, Jaermann, O'Grady et Vanzella sortirent du peloton, imités en fin de course par Zülle, Fontanelli, Breukink, Maignan et par Laurent Jalabert, accompagné sur ce Tour par son frère Nicolas... dans une équipe différente. Quant à Pascal Chanteur, il tenta vainement sa chance à 14 kilomètres du but. Mais la prime de la combativité est décerné à Thierry Gouvenou, régional de l'étape. il se lança dans une échappé à 100 kilomètres de l'arrivée pour se faire rattraper 60 kilomètres plus tard. Il ne put rééditer l'exploit d'un autre Normand, un autre Thierry, Thierry Marie, vainqueur au Havre au terme d'un raid de près de 234 kilomètres, le deuxième le plus long de l'histoire, et put constater qu'il est de plus en plus difficile pour un régional de tirer son épingle du jeu. En revanche, il est en lice pour le prix Robert-Chapatte[2].
Vainqueur de sa deuxième étape d'affilée, Mario Cipollini (Saeco-Estro) conserve la tête du classement par point. Il devance l'AllemandErik Zabel (Deutsche Telekom) qui remonte en deuxième position et Frédéric Moncassin (Gan) qui reste troisième. Cipollini étant leader du classement général, c'est Zabel qui portera le maillot vert lors de l'étape du lendemain.