Africa (déesse) — Wikipédia

Africa
Déesse de Fertilité
Didon assise sur un trône, accompagnée d'une servante, regardant la personnification de l'Afrique vêtue d'une peau d'éléphant. Le navire d'Énée apparaît en arrière-plan.
Didon assise sur un trône, accompagnée d'une servante, regardant la personnification de l'Afrique vêtue d'une peau d'éléphant. Le navire d'Énée apparaît en arrière-plan.
Caractéristiques
Autre(s) nom(s) Ifri, Afer
Résidence Nord de l'Afrique
Période d'origine Antiquité
Groupe divin Divinités Berbères
Associé(s) Tanit
Équivalent(s) Ceres
Région de culte Algérie, Tunisie, Libye
Symboles
Attribut(s) Outil agricole
Animal Elephant
Mosaïque représentant Africa entourée des quatre saisons - Musée El Djem (Tunisie)
Monnayage d'Hadrien avec représentation d'Africa

Africa est un symbole — celui de l'Afrique romanisée — et une divinité d'origine libyque, connue en langue berbère sous le nom d'Ifru ou Ifri,[1],[2],[3], vénérée anciennement par les Berbères avant d'être aussi adoptée par les Romains et dont le nom a été latinisé en Africa[4] ou Dea Africa[5],[6].

Pline, dans son Histoire naturelle nous indique qu'« en Afrique romaine personne n’entreprend rien sans avoir, au préalable, évoqué Africa »[7]. Ceci donne la preuve de son existence et de son importance. D'autres écrivains ont également décrit la personnification de l'Afrique comme une « Dea » ou « divinité »[8].

Dans les représentations les plus courantes, l’Afrique est représentée coiffée de la dépouille d’un éléphant, tenant une corne d'abondance, devant un muid de blé. Elle a aussi pour attributs le scorpion, le lion, l'arc et le carquois[9],[10]. On la trouve sur le revers de certaines monnaies, sur les pierres gravées ainsi que sur certaines mosaïques d'Afrique romaine. Ainsi, on peut voir une mosaïque à son effigie au Musée El Djem[5],[11],[12] de Tunisie. À Timgad elle était la déesse principale du grand sanctuaire de l'Aqua Septimiana Felix où elle était adorée en tant que Dea Patria (déesse de la patrie)[13].

L'écrivain J.A. Maritz s'est demandé si la personnification d'Africa a jamais été considérée comme une « Déa » ou « divinité » par les Romains ou qui que ce soit d'autre. D'après lui, les images iconographiques de « Dea Africa » avec la dépouille d'éléphant sont uniquement des icônes représentant l'Afrique. C'est sans doute pour cette raison que, ni Pline ni aucun auteur après lui, n'a jamais employé le mot « Dea » en parlant d'elle. En outre, aucune inscription dans ce sens n'a jamais été trouvée. Si l'on se réfère aux autres divinités romaines, elles portent le préfixe « Déa » dans les textes et sur les inscriptions. Les Romains avaient déjà leur déesse de la fertilité et de l'abondance, dixit Maritz. Nul besoin d'une déesse qui endosserait le même rôle[14].

Houghtalin propose une théorie différente qui suggère que l'iconographie romaine était basée sur les pièces du roi Ibaras de Numidie, ancien royaume berbère vaincu par l'armée romaine à Pompey au Ier siècle av. J.-C.[15]. Selon Ida Ostenberg, si Houghtalin a raison, c'est à travers Pompey qu'est venue la personnification d'Africa dans l'imaginaire romain[15].

Voir également

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Notes et références

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  1. G. Camps, Encyclopédie berbère, Éditions Peeters, (ISBN 2744902071, lire en ligne), p. 3666
  2. Awal, no 40-41/2009-2010: Créer et transmettre chez les Berbères, Les Editions de la MSH, (ISBN 9782735115563, lire en ligne)
  3. « L'animisme Berbère », sur Terrae Sanctuary (consulté le )
  4. Croyances berbères (lire en ligne)
  5. a et b (en) Gifty Ako-Adounvo, Studies in the Iconography of Blacks in Roman Art, Ph.D. Thesis awarded by McMaster University, Thesis Advisor: Katherine Dunbabin,, , P.82
  6. (en) Christine Hamdoune, La dea Africa et le culte impérial, Études d'antiquités africaines, Volume 1, Numéro 1, , P.151-161
  7. (en) J. A. Maritz, Dea Africa: Examining the Evidence", Scholia: Studies in Classical Antiquity, , Volume 15, p.102
  8. Harry L. Levy, « Themes of Encomium and Invective in Claudian », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, vol. 89,‎ , p. 336–347 (DOI 10.2307/283685, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Paul Lachlan MacKendrick, The North African Stones Speak, University of North Carolina Press, (ISBN 978-0-8078-4942-2), P.236
  10. (en) Spicer, Joaneath, "The Personification of Africa with an Elephant-head Crest in Cesare Ripa's Iconologia". Personification, Brill Academic, (ISBN 9789004310438), pp.675-715
  11. (en) « Journal of Roman archaeology: [JRA] : articles, archaeological reports and notes : an international journal. », Journal of Roman archaeology : [JRA] : articles, archaeological reports and notes : an international journal.,‎ (ISSN 1047-7594, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Robert A. Wild, Water in the Cultic Worship of Isis and Sarapis, Brill Archive, (ISBN 90-04-06331-5), pp.186-187
  13. (en) Aomar Akerraz; Moustapha Khanoussi; Attilio Mastino, L' Africa romana: Atti del XVI convegno di studio, Rabat, Universita degli Studi di Sassari, (ISBN 978-88-430-3990-6), pp.1423, 1448
  14. J. A. Maritz (2006), Dea Africa: Examining the Evidence", Scholia: Studies in Classical Antiquity, Volume 15, pages 102-121
  15. a et b (en) Ida Ostenberg, Staging the World: Spoils, Captives, and Representations in the Roman Triumphal Procession, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-921597-3), pp. 222-223 et note 138

Bibliographie

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  • Paul Corbier, Marc Griesheimer, L’Afrique romaine 146 av. J.-C.- 439 ap. J.-C., Ellipses, 2005.
  • Carlo Pavolini, Ostie, port et porte de Rome, Toulouse 2002.
  • E.Vinet, « Africa », dans Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Charles Daremberg et E. Saglio (sous la direction de), Hachette, Paris, 1877 - 1919.