André Goupille — Wikipédia
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Nom de naissance | André Marie Léon Goupille |
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André Goupille est un résistant et passeur d'Indre-et-Loire pendant la Seconde Guerre mondiale. Son destin est assez singulier car son action est partagée par toute sa famille et son employée de maison Odette Métais. Tous sont capturés et envoyés en camps de concentration et tous en revinrent. Ils sont reconnus Justes parmi les Nations. Les écrits d'André Goupille ainsi que ceux de sa fille Élisabeth sont aussi des témoignages précieux pour la compréhension de l'Occupation et de la Résistance.
Biographie
[modifier | modifier le code]Le vétérinaire de la Haye-Descartes
[modifier | modifier le code]André Goupille est né le à Saint-Denis (depuis 1968 en Seine-Saint-Denis).
Il devient docteur vétérinaire et s'installe à La Haye-Descartes en 1922 où il se marie cette même année avec Jeanne Ballue (Jeanne Goupille)[1]. Il exerce au Grand Pressigny.
Le couple a des enfants : Élisabeth en 1924, Pierre en 1925, Louis en 1926 et Jean en 1927.
Le passeur
[modifier | modifier le code]Au moment de l'invasion allemande en , la famille part vers le sud, à l'Ile d'Oléron. Élisabeth se souvient de son :
« J'avais quinze ans. Nous étions en vacances dans notre maison de famille à l'île d'Oléron. C'était le . Mon père nous a convoqués pour écouter l'appel du général de Gaulle. Ensuite, il a renvoyé mes frères jouer et m'a retenue par le bras pour me dire que désormais, j'étais sous ses ordres et que je devrais le suivre jusqu'au bout du silence »[2]. Ce sera littéralement le cas.
C'est ainsi qu'André Goupille allait s'engager avec toute sa famille dans la Résistance.
La famille Goupille rentre alors à la Haye Descartes, bien décidée à combattre l'occupant. la Ligne de Démarcation entre en vigueur le . Son premier tracé inclut La Haye Descartes et le Grand Pressigny en zone occupée. Le second et définitif tracé est mis en place en : La Haye Descartes et le Grand Pressigny sont alors séparés[3]. Les ponts sur la Creuse sont également gardés. Le Docteur Goupille bénéficie naturellement de laisser-passer pour franchir la ligne et de bons d'essence pour exercer son métier de vétérinaire[4].
La famille Goupille se trouvait ainsi, dès 1940, à un kilomètre de la ligne de démarcation. Et ce fut tout la famille, sa femme Jeanne et leurs quatre enfants, Élisabeth (16 ans), Pierre (15 ans), Louis (14 ans) et Jean (13 ans) qui s’engagèrent dès cette date dans le réseau clandestin de passage qu’André avait mis en place. Odette Métais, employée de maison chez les Goupille, y prit aussi sa part. Ces sauveurs firent ainsi passer la ligne à des Juifs en détresse, des prisonniers de guerre évadés, des pilotes recherchés et des résistants, au nombre de 2000 environ, ainsi que du courrier et des renseignements pour Londres. Ils offraient parfois le gîte et la nourriture pendant plusieurs jours aux réfugiés. Le professeur Weill- Raynal, juif évadé de Drancy, Mr et Mme Schiff Wertherimer et M Ben Sussan, Mme Sée bénéficièrent de leur aide téméraire et gracieuse dont témoignent leurs lettres de gratitude à la famille Goupille.
La famille Goupille est en contact avec des réseaux du nord de la France comme le réseau du « Musée de l'Homme »[5], comme ceux de l'abbé Péan, curé de Draché, et des personnes particulièrement actives comme Jacques Borgnet, chef scout à Tours, et Marie-Thérèse de Poix à Sepmes[6].
En , il fait passer la Ligne à plus d'une vingtaine de soldats algériens et marocains. Les soldats africains de l'armée française sont parfois exécutés sommairement par la Wehrmacht (Liste de massacres perpétrés par les forces allemandes en France durant la Seconde Guerre mondiale), mais on ne sait pas si André Goupille en avait connaissance.
Les troupes d'occupation affectées à la garde de la Ligne sont peu motivées par cette tâche. Le passage est facile, d'ailleurs des passeurs rémunérés exercent aussi.
À partir d', ces troupes sont remplacées par des soldats spécialisés beaucoup plus consciencieux et motivés par la Gestapo, on les appelle « les douaniers ». Le passage devient risqué, les passeurs rémunérés disparaissent. André Goupille est aidé par sa connaissance de la campagne, les fermiers proches de la Ligne, les laitiers de la laiterie de Rives, des cheminots de Chatellerault et de Ports-de Piles, les alibis que lui fournit son métier, qu'il peut présenter en allemand et la bienveillance de la population et des gendarmes locaux. Il est particulièrement aidé par les frères Vernat et Ludovic Tesserault[4]. Le zèle des douaniers est encore relatif : André Goupille soupçonne même certains soldats de manquer volontairement leurs cibles. Un des enfants Goupille est cependant incarcéré dix jours à Tours. André Goupille lui-même est arrêté le pour avoir fait passer du courrier[7] et incarcéré quatre semaines. Il se fait passer pour un trafiquant de marché noir et est relâché. Il s'installe alors seul à la Brémaudière du Grand Pressigny puis y est rejoint par toute la famille après l'invasion de la zone libre en [8].
Les personnes convoyées sont des aviateurs alliés abattus, des prisonniers évadés, des juifs, des réfractaires au S.T.O. à partir de 1943. Élisabeth prend le train pour aller chercher les clandestins dans l'ouest ou le nord de la France[2].
Le Résistant et déporté
[modifier | modifier le code]La ligne de démarcation est démantelée en . Il faut continuer à convoyer les aviateurs alliés, toujours plus nombreux, et cacher ceux qui sont pourchassés par la Gestapo et la Milice française. André Goupille s'emploie à en placer dans les fermes qui manquent de main d'œuvre. À partir de il organise des réceptions de parachutage dans la région. Ces parachutages sont préparés par Lucien Marchelidon et Louis Goupille. Une première perquisition est effectuée à la Brémaudière en à la suite d'une dénonciation de gendarme du Grand-Pressigny[9].
La Gestapo introduisit des agents doubles dans les réseaux. André Goupille, sa sœur Simone GOUPILLE, Élisabeth et Pierre ainsi qu'Odette Métais, son fiancé Lucien Marchelidon et le frère de celui-ci sont arrêtés à la Brémaudière dans la nuit du 15 au . Louis et Jean furent arrêtés dans leur collège. Jeanne Goupille fut arrêtée le 25, elle avait pu prévenir d'autres résistants qui échappèrent ainsi aux camps. Emmenés à Tours, ils y furent torturés et "interrogés" (Clara Knecht). Mme Goupille y entendit une indiscrétion du chef de la Gestapo, comme quoi « cinq mille francs pour tout le groupe, ce n'était pas cher »[10].
Les femmes furent internées à Ravensbrück et les hommes à Auschwitz et Buchenwald (Pierre, Louis, Jean), Mauthausen, Flossenburg, Neuengamme. Ils survécurent tous à la déportation[4], ce qui est exceptionnel pour l'ensemble d'une famille. Élisabeth et Jeanne furent exfiltrées par la Croix rouge vers la Suède le . Il était temps, Elisabeth quitte Ravensbrück dans le coma, ne pesant plus que 24 kg à vingt ans[2].
André Goupille revint s'installer à la Haye-Descartes et y continua son métier de vétérinaire. Il fut membre de la société archéologique de Touraine et s’intéressa à l'histoire de la Haye-Descartes[4]. Les membres de la famille Goupille témoignèrent régulièrement de leur expérience de la Résistance et de la Déportation.
Il meurt le à Tours[11].
Distinctions et hommages
[modifier | modifier le code]- Médaille de la Résistance française (décret du 3 juillet 1946)
- Médaille de Juste parmi les nations. Ces médailles ont été attribuées à tous les membres de la famille en 2000 par Yad Vashem[12].
- Une rue de Descartes porte son nom.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Livres sur la famille Goupille
[modifier | modifier le code]- Les Goupille, une famille tourangelle dans la résistance un livre consacré à l'histoire de André GOUPILLE et à son action dans la résistance
- Un roman policier "La grange" de Laurent Moriceau a André Goupille pour l'un des personnages.
Écrits d'Élisabeth et André Goupille
[modifier | modifier le code]- Élisabeth Goupille-Lamaignère, Chienne de vie, je t'aime d'un amour fou ! , Association S'Père, Saint-Cyr-sur-Loire, 2007, 72p
- André Goupille, Élisabeth Lamaignère, De la Résistance au retour de déportation, l'histoire de mon père du au , Dupli Print, 2000, 144p
- André Goupille, Mon village sous la Botte, La Haye-Descartes, Amicale des Anciens Combattants, Résistants et Déportés de la région de la Haye-Descartes, , 206 p. (ISBN 2-85443-278-9).
- André Goupille est aussi l'auteur de contributions sur l'histoire de la Haye-Descartes[13].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Jeanne Goupille
- Odette Métais
- Henri Péan
- Marie-Thérèse de Poix
- Liste des justes d'Indre-et-Loire
- Camps de concentration nazis
Liens externes
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Références
[modifier | modifier le code]- « Jeanne Goupille », sur My Heritage (consulté le )
- Témoignage d'Élisabeth Goupille, « Histoire et Mémoire, concours national de la Résistance et de la Déportation, 2010 », sur Collège Philippe de Vigneulles Metz, (consulté le )
- Robert Vivier, « Touraine 39-45 : Histoire de l'Indre-et-Loire durant la 2ème guerre mondiale », sur BnF Gallica (consulté le )
- « André Goupille », sur ajpn.org (consulté le )
- voir Musée de l'Homme#Réseau du musée de l'Homme, résistance à l'occupation allemande
- Goupille 1995, p. 49-50
- (en) Robert Gildea, « Marianne in chains », sur Google books (consulté le )
- (en) « The righteous among the nations : Métais family », sur Yad Vashem (consulté le )
- Goupille 1995, p. 83
- Goupille 1995, p. 101.
- Archives de Seine Saint Denis, commune de Saint-Denis, acte de naissance no 86 année 1897 (vue 15/132) (avec mention marginale de décès)
- « Famille Goupille - dossier no 8823 », sur le site du Comité français pour Yad Vashem (consulté le ).
- André Goupille, Haya , La Haye en Touraine , La Haye Descartes , Descartes : Des Origines à nos jours., Tours, s.n., , 176 p.