Antaimoro (peuple) — Wikipédia

Antaimoro
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Découpe du papier à Ambalavao.

Populations importantes par région
Drapeau de Madagascar Madagascar 712 000
Autres
Langues antaimoro
Religions traditionnelles avec pratiques culturelles judaïsantes
Ethnies liées
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Carte de répartition

Les Antaimoro (ou Antemoro, Antimorona) – « ceux du rivage » – sont un peuple de Madagascar qui vit principalement dans le sud-est de l’île, s'étendant du district de Vohipeno au district de Manakara dans la province de Fianarantsoa, dans la région Fitovinany.

Waka - "canoë à balancier" austronésien (qui a donné en malgache le mot vahoaka-le "peuple", du proto-austronésien *va-waka - "ceux des canoës", "peuple de la mer") : les premiers Ntaolo austronésiens ont probablement utilisés de semblables pour parvenir jusqu'à Madagascar en partant des îles de la sonde.

Une origine austronésienne commune à toute l'île : les Vahoaka Ntaolo-Vazimba et Vezo (350 av J.-C. 1500)

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Village austronésien avec levu sur pilotis (*levu / "maisons", en proto-austronésien, qui a donné en malgache an-devu -"à la maison"-) : tous les villages des ntaolo vazimba et vezo de Madagascar étaient probablement similaires au premier millénaire. On retrouve d'ailleurs encore ce modèle aujourd'hui sur toutes les côtes de la grande île et dans les zones intérieures reculées (forêts, etc.)

Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes - archéologiques[1], génétiques[2], linguistiques[3] et historiques[4] - confirment toutes que l'ensemble du peuple malgache est primordialement originaire de l'archipel indonésien[5]. Arrivés probablement sur la côte Ouest de Madagascar en canoë à balancier (waka) au début de notre ère - voire 300 ans avant selon les archéologues[6] -, ces pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la tradition orale malgache sous le nom des Ntaolo (de *(n)ta(u/w) - *olo - "les hommes d'avant", "les "anciens", de *(n)ta(u/w)-"hommes" et *olo- "premier", "origine", "début", "tête" en proto-austronésien[7]). Il est également probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les Vahoaka (de Va-*waka "peuple/ceux des canoës" ou "peuple de la mer", de *waka-"canoë (à balancier)" en proto-MP), terme signifiant simplement aujourd'hui le "peuple" en malgache.

Sur le plan morphologique/phénotypique, cette origine Sud-Est asiatique première des Malgaches explique, par exemple au niveau des yeux, le pli épicanthal asiatique de la paupière supérieure répandu chez tous les Malgaches qu'ils soient des côtes ou des hauts plateaux, qu'ils aient la peau claire, sombre ou cuivrée.

Ces vahoaka ntaolo ("peuple d'origine/premier") austronésiens sont à l'origine de la langue malgache commune à toute l'île[8], ainsi que de tout le fonds culturel malgache commun : coutumes anciennes (comme celle d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac), agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix de coco et de la canne à sucre), l'architecture traditionnelle (maison végétale à base carrée sur piloti), la musique (les instruments comme la conque marine antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte sodina ou encore la valiha) et la danse (notamment la "danse des oiseaux" que l'on retrouve à la fois au centre et dans le Sud)[9].

Au tout début du peuplement appelée "période paléomalgache", les Ntaolo se subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands groupes : les Vazimba (de *ba/va-yimba-"ceux de la forêt", de *yimba-"forêt" en proto Sud-Est Barito (SEB), aujourd'hui barimba ou orang rimba en malais[10]) qui s'installèrent -comme leur nom l'indique- dans les forêts de l'intérieur et les Vezo (de *ba/va/be/ve-jau, "ceux de la côte" en proto-Malayo-Javanais, aujourd'hui veju en bugis et bejau en malais, bajo en javanais[11]) qui restèrent sur la côte Ouest.

Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir "dans la forêt", notamment dans les forêts des hauts plateaux centraux de la grande île et celles de la côte Est et Sud-Est[12], tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les côtes du premier débarquement)[13].

La période féodale malgache : naissance des grands royaumes (1600-1895)

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Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les Vazimba de l'intérieur autant que les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) voire européens (Portugais) qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société Vezo et Vazimba, souvent par alliance matrimoniale. Bien que minoritaires, les apports culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux arrivants à l'ancien monde Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et sera à l'origine des grands bouleversements du XVIe qui conduiront à l'époque féodale malgache.

À l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des différents clans Vazimba des hauts plateaux centraux (que les autres clans Vezo des côtes appelaient les Hova) aboutirent à la naissance des ethnies et/ou royaumes Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.

Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen-orientaux et africains donnèrent naissance aux ethnies et/ou royaumes Antakarana, Boina, Menabe et Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud), Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antanala, Betsimisaraka (Côte Est).

La naissance de ces grands royaumes "néo-Vazimba"/"néo-Vezo" modifièrent essentiellement la structure politique de l'ancien monde des Ntaolo, mais la grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré, l'économie, l'art des anciens demeurèrent préservées dans leur grande majorité, avec des variations de formes selon les régions.

Les royaumes Antaimoro

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Les Antaimoro s’installent sur la côte sud-est entre le XIIIe et le XVIe siècle. Ils auraient vécu dans la région des Iharana avant de prendre racine plus au sud.

Il existe plusieurs clans au sein de l’ethnie Antaimoro ou Antemoro : les Anteony qui sont arrivés les premiers à Matitanana, Vohipeno ; les Antalaotra, arrivés plus tard mais réputés pour leurs écritures (Sorabe) et leurs connaissances de l'art divinatoire et des astres, dont les plus illustres étaient les Anakara venus, selon la tradition, d'Arabie saoudite, obligés de fuir la cour du Sultan d'antan à cause de leurs ascendances juives [14]; et enfin les Ampanabaka qui représentent la majorité.

Contrairement aux autres tribus de Madagascar, les Antemoro se sont toujours illustrés pour leur diplomatie. D'ailleurs, un de leurs représentants, Andriamahazonoro du clan Anakara, ayant été conseiller spécial du roi Andrianampoinimerina et ensuite de son fils Radama Ier, a fait partie de la première délégation malgache à Londres, à l'époque du roi Guillaume IV.

Ils parlent l'antaimoro, une langue malayo-polynésienne, dialecte du malgache.

Fleurs séchées appliquées sur du papier.

Le papier antaimoro, fabriqué artisanalement à partir de fibres végétales, est réputé.

Antaimoro est le titre d'une chanson de Dominique A figurant sur son huitième album « L'horizon ».

Notes et références

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  1. Burney et al (2004)
  2. Hurles et al. (2005)
  3. Dahl O. (1991)
  4. Verin (2000), p.20
  5. Patrice Rabe, Quotidien Midi Madagasikara, édition du 24 septembre 2008
  6. Burney et al, op.cit.)
  7. Randriamasimanana, "The Malayo-Polynesian Origin of Malagasy" (folk.uio.no))
  8. « Dans la langue malagasy, nous constatons d'étroites connexions avec l'idiome Maanyan parlé par la population de la vallée de Barito dans le sud de Bornéo », Dr Mathew Hurles du Welcome Trust Sanger Institute
  9. Pour l'historien Édouard Ralaimihoatra, ces autronésiens qu'il appelle de manière globale les Vazimba -sans faire le distinguo entre ceux des côtes, les Vezo, et ceux de la forêt de l'intérieur, les Vazimba- ont « apporté dans l'île le fond de la langue malgache et des techniques d'origine indonésienne pirogues à balanciers, rizières inondées, cases en bois équarris ou en branchage construites sur pilotis, villages édifiés sur les hauteurs entourés de fossés, etc. Ce fond a reçu des apports résultant d'échanges humains entre l'Afrique et Madagascar, grâce à la navigation arabe entre les côtes de l'Arabie, de l'Afrique orientale et de la Grande Ile (Ralaimihoatra E., "Les Primitifs malgaches ou Vazimba", in Histoire de Madagascar)
  10. Simon P. (2006), p. 16 (Google Books)
  11. Simon P. (2006), ibid., p. 474
  12. Rafandrana, un des ancêtres de la dynastie royale merina, par exemple, est connu pour avoir été un Vazimba (Callet, 1908). Les deux reines fondatrices de la royauté Merina, Rafohy et Rangita, étaient désignées comme Vazimbas. Comme la plupart des austronésiens, les chefs Ntaolo (Vazimbas et Vezos) de Madagascar avaient pour coutume de placer les corps de leurs défunts dans des pirogues et de les enfouir dans des lacs artificiels (Vazimbas de l'intérieur) ou dans la mer (Vezos des côtes)
  13. Simon P. (2006), ibid., p. 455
  14. Kasanga Fernand, Fifindra-monina, Antananarivo, Imprimerie luthérienne

Bibliographie

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  • Philippe Beaujard, Islamisés et systèmes royaux dans le sud-est de Madagascar : les exemples Antemoro et Tañala, Université de Madagascar, Antanarivo, (tiré à part issu de Omaly sy anio, no 33-36, 1991-1992, p. 235-286 ;
  • Philippe Beaujard et Jean Tsaboto, « Les parias antemoro : les Antevolo », Actes du Colloque international sur l'esclavage, Antanarivo, 23-, p. 383-399 ;
  • Hubert Deschamps et Suzanne Vianès, Les Malgaches du Sud-Est : Antemoro, Antesaka, Antambahoaka, peuples de Farafangana (Antefasi, Zafisoro, Sahavoai, Sahafatra), Presses Universitaires de France, 1959, 118 p. ;
  • Jacques Dez et François Viré, Le " manuscrit Antaimoro " du fonds arabico-malgache du Musée de l'homme, CNRS, Université Paris-VII, Département de recherches linguistiques, 1984, IV-25 f.-[31] f. de dépl. (avec facsimilé du manuscrit) ;
  • Le Gros [sic], Guérir chez les Antemoro de Matatana, INALCO, Paris, 1997, 2 vol. (thèse) ;
  • Louis Molet, « Quelques contes Makoa et Antaimoro », in Bulletin de l'Académie malgache, nouvelle série, tome XXXe, 1951-1952, p. 83-90 ;
  • L'organisation politique et sociale du royaume antemoro, Université de Madagascar (Cahiers du Centre d'études des coutumes), Tananarive, 239 p. ;
  • Narivelo Rajaonarimanana, Savoirs arabico-malgaches : la tradition manuscrite des devins Antemoro Anakara (Madagascar), Institut national des langues et civilisations orientales, 1990 ;
  • Dominique Rolland, « Lois naturelles, lois sociales : l'exemple Antemoro (Madagascar) », in Nouvelle revue d'ethnopsychiatrie, no 14, 1989, p. 107-110 ;
  • Dominique Rolland, Matitanana : anthropologie historique du royaume Antemoro, EHESS, Paris, 1993 (thèse) ;
  • Jacques-Philippe Rombaka, Fomban-drazana antemoro = usages et coutumes antemoro, Ambozontany, Fianarantsoa, 1970, 121 p. ;
  • Jean Tsaboto, Mutation sociale et politique de la société antemoro au XIXe siècle (Sud-Est de Madagascar), EHESS, Paris, 2003, 483 p. (thèse).

Articles connexes

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Liens externes

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