Antoine Omer Talon — Wikipédia

Antoine Omer Talon
Illustration.
Portrait de Antoine Omer Talon.
Fonctions
Député à l'Assemblée nationale constituante

(1 an, 9 mois et 14 jours)
Circonscription Bailliage de Chartres
Groupe politique Noblesse
Prédécesseur Charles-Philippe-Simon de Montboissier-Beaufort-Canillac
Successeur Assemblée nationale législative
Conseiller au Parlement de Paris
Biographie
Titre complet Marquis du Boullay et de Tremblay-le-Vicomte, Seigneur de Boullay-Thierry
Date de naissance
Lieu de naissance Paris, France
Date de décès (à 51 ans)
Lieu de décès Gretz, France
Nationalité française
Parti politique Parti royaliste
Père Jean-Baptiste Talon
Mère Marie Radix
Conjoint Jeanne-Agnès de Pestre
Enfants 3 enfants dont : Zoé Talon
Famille Famille Talon
Religion Catholicisme
Résidence Château du Boullay-Thierry

Antoine Omer Talon, marquis du Boullay et de Tremblay-le-Vicomte, né le à Paris, mort le à Gretz (Seine-et-Marne), est un magistrat et homme politique français, député de la Noblesse aux États généraux de 1789. Il est également un contre-révolutionnaire français, défenseur de Louis XVI et du parti royaliste. Il contribue notamment à mettre sur pied au palais des Tuileries, en 1791 et 1792, un réseau de distribution de pots-de-vin aux révolutionnaires les plus influents.

L'Ancien Régime

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Le château du Boullay-Thierry.
Le château du Boullay-Thierry.

Né à Paris le , Antoine Omer Talon, fils aîné de Jean-Baptiste Talon, seigneur du Boullay-Thierry[1], receveur des finances au Châtelet de Paris, et de Marie-Charlotte Radix, sœur de Maximilien Radix de Sainte-Foix, était issu d'une riche et ancienne famille de parlementaires (cf. Omer Talon au XVIIe siècle). Anobli par sa charge, il portait le titre de marquis du Boullay et de Tremblay-le-Vicomte, terres proches de Dreux, dont il avait hérité.

Le , il épousa à Paris Jeanne-Agnès-Gabrielle, comtesse de Pestre[2], baptisée à Bruxelles (Saint-Jacques sur Coudenbergh) le , fille de Julien-Ghislain Depestre, un richissime négociant, d'une famille anoblie en 1744 et originaire des Pays-Bas autrichiens. Sa femme lui donna deux enfants : Denis-Mathieu-Claire, né le à Paris[3], et Zoé-Victoire, née le au Boullay-Thierry[4].

Avocat du roi (), conseiller au Parlement de Paris (), reçu le 21 décembre en la 2e chambre des enquêtes[5], où il avait pour collègue Huguet de Sémonville[6], puis lieutenant civil au Châtelet (1789), il fut chargé, en , de l'instruction des procès contre les émeutiers ayant participé aux Journées des 5 et 6 octobre 1789 et de celui de Thomas de Mahy de Favras, qu'il convainquit de ne pas dénoncer ses complices pour échapper à sa peine. Il abandonna sa charge le , quatre jours après avoir rendu compte à l'Assemblée nationale des procédures du Châtelet.

Élu le député suppléant de la noblesse par le bailliage de Chartres aux États généraux par 71 voix sur 139 votants, il siégea à l'Assemblée constituante, le en remplacement de Charles-Philippe-Simon de Montboissier-Beaufort-Canillac, démissionnaire. Fidèle soutien d'une monarchie constitutionnelle, il était proche de son oncle maternel, Maximilien Radix de Sainte-Foix qui l'associa à ses projets.

Le comité secret des Tuileries

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Pour ce qui le concernait particulièrement, il avait un agent principal, Pierre Benoist d'Angers, avocat et diplomate qui épousa la célèbre peintre Marie-Guillemine Delaville-Leroulx, fille de Delaville-Leroulx, le dernier ministre de Louis XVI, et fit par la suite une brillante carrière administrative. Mais le réseau de Talon et de Radix de Sainte-Foix avait des ramifications étendues. Leur parentèle d'abord: l'avocat au Parlement Huguet de Sémonville, partie prenante dans leurs projets avec son collègue et ami Hugues-Bernard Maret, le futur duc de Bassano, M. et Mme Descorches de Sainte-Croix, née Marie-Victoire Talon[Note 1], sa seconde sœur, et, par le biais de sa femme, née Jeanne-Agnès-Gabrielle de Pestre, les familles de Hyacinthe de Pestre de Séneffe, d'Édouard de Walckiers, Mme de Boullongne, l'ambassadeur Chauvelin, etc.

Cette coalition tentaculaire d'intérêts politiques et financiers se mit, dès l'affaire de Varennes, au service des Tuileries, notamment après que Louis XVI eût validé la constitution monarchique (). Pour maintenir ou défendre les prérogatives de la cour face aux assauts des clubs et d'une partie de l'Assemblée qui œuvrait en vue de l'instauration d'une République en France, le réseau de Maximilien Radix de Sainte-Foix et de Talon, de concert avec les ministres de Louis XVI (Montmorin, Valdec de Lessart, Bertrand de Molleville notamment), mit sur pied cette ambitieuse (et assez chimérique) entreprise de noyautage des clubs et de l'assemblée en corrompant leurs meneurs influents ou populaires.

Ils s'entendirent avec tout l'entourage de Louis XVI, ses conseillers, tels que Thierry de Ville d'Avray et le duc de Brissac, sur des financiers (Tourteau de Septeuil, Arnault de Laporte et Joseph Duruey), sur des recruteurs, dirigés par M. Collenot d'Angremont[Note 2] qui s'aboucha avec quelques juges de paix (Buob, La Borde, Bosquillon, etc.), sur Jean-Baptiste Léonard Durand, ancien directeur de la Compagnie du Sénégal, recruteur de Danton et enfin sur des journalistes comme Rivarol et divers membres issus de la rédaction des Actes des Apôtres.

Une partie de leurs entreprises secrètes a été dévoilée grâce à la publication en plusieurs volumes, plus tard ordonnée par la Convention, des « papiers trouvés dans l'armoire de fer », sorte de coffre où le roi déchu avait entreposé quelques éléments de la correspondance de son entourage. Les documents les plus importants ont échappé par des voies diverses (entre autres les lettres confiées à Mme Campan qui tombèrent en tout ou en partie entre les mains de Georges Gounenot, de Berthold Proly et de Bertrand Barère).

Après la journée du 10 août 1792, Talon fut décrété d'arrestation, mais il put se soustraire aux recherches en émigrant en Angleterre grâce au passeport que Danton, très compromis par le comité secret des Tuileries, lui procura.

En l'an II, Talon comme Talleyrand, chassés par l'Alien Bill, aboutirent aux États-Unis. Arrivé à Philadelphie en 1793, il participa à la fondation de la colonie « La Grande Maison »[7] et s'occupa d'import-export. Il fut le promoteur de gigantesques spéculations foncières aux États-Unis. Ainsi, il y fut le cofondateur de la société Asylum, près de Philadephie, dont il fut le directeur, et de la société Cérès. Ces deux sociétés devaient acquérir chacune 400 000 hectares de terres à valoriser, et cela dans la perspective d'une émigration massive de l'élite européenne - émigration qui ne se réalisa cependant pas[8].

Sous le Directoire

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De retour en France sous le Directoire, il devint l'agent de liaison entre les royalistes de l'intérieur et ceux de l'extérieur et la Cour.

Sous le Consulat et le Premier Empire

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Après le Coup d'État du 18 brumaire an VIII (), Napoléon Bonaparte ordonne son arrestation en 1804. Talon fut envoyé à l'île Sainte-Marguerite. Atteint de démence, il est libéré en 1807. Il meurt en 1811 à Gretz. Son épouse était morte à Paris le 6 janvier 1801.

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Jean Arrigon, « Omer Talon », Revue des deux Mondes, 1952.
  • Olivier Blanc, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, 1992.
  • Albert Mathiez:
    • Danton, Talon, Pitt et la mort de Louis XVI, Société des études robespierristes, 1916
    • « Talon et la police de Bonaparte », dans Girondins et Montagnards, Firmin-Didot, 1930, 305 pages
  • Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, 1847-1850 (Gallimard, coll. Folio histoire, 2007, 4 vol.)
  • Adolphe Robert, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français depuis le jusqu'au , Paris, Bourloton, 1889, tome V (de Talleyrand à Tarte), p. 363.

Notes et références

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  1. Née le , elle épousa en 1775 Marie-Louis-Henri Descorches de Sainte-Croix qui fut nommé par Lebrun ambassadeur de la République à Constantinople.
  2. Jugé au « tribunal du 17 août », il fut le premier noble guillotiné.

Références

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  1. Charles Lefeuve, Les Anciennes maisons de Paris sous Napoléon III, Paris, Achille faure, 1863, tome II, p. 9.
  2. Gustave Bord, Étude sur la question Louis XVII: Autour du Temple (1792-1795), Émile-Paul, 1912, p. 396.
  3. Louis Sandret, Revue nobiliaire historique et biographique, J.B. Dumoulin., 1875 (nouvelle série: tome 10), p. 25.
  4. Aristide Douarche, Antoine Mathurin Casenave, Andrew Dickson White, Les tribunaux civils de Paris pendant la Révolution (1791-1800): documents inédits recueillis avant l'incendie du Palais de Justice de 1871, L. Cerf, 1907, tome II, 1380 pages, p. 388; Charles Nauroy, Les derniers Bourbons: le duc de Berry et Louvel, les favorites de Louis XVIII, la dernière maitresse du comte d'Artois, la femme du duc d'Enghien, Charavay frères, 1883, 242 pages, p. 152; Georges Cazenave, Une camarilla sous la Restauration, Nouvelles éditions latines, 1955, 172 pages, p. 69.
  5. Joël Félix, Les Magistrats du Parlement de Paris (1771-1790): dictionnaire biographique et généalogique, Sedopols, 1990, 239 pages, p. 229.
  6. Marius Cyrille Alphonse Sepet, La chute de l'ancienne France: La fédération, V. Retaux, 1896, 436 pages, p. 44.
  7. Pennsylvania: A Guide to the Keystone State, Oxford University Press, New York, p. 364.
  8. Xavier Duquenne, Le château de Seneffe, Bruxelles, 1978, page 34, et références citées.