Antoine Tzapoff — Wikipédia
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Antoine Tzapoff est un peintre français né en 1945. De tradition classique, il s'illustre notamment par ses peintures rendant hommage aux peuples amérindiens d'Amérique du Nord et du Mexique, qu'il popularise à l'occasion d'expositions artistiques et muséales en France et à l'étranger.
Biographie
[modifier | modifier le code]Antoine Tzapoff est né à Paris le 14 mai 1945, d'un père émigré russe et d'une mère française[1]. Au sein de ce foyer modeste, les Indiens d'Amérique lui apparaissent comme source d'évasion : « Quand j'étais petit, je voyais les Indiens comme des êtres heureux, vivant baignés de soleil dans de beaux paysages, et libres; c'était un rêve éloigné de mon quotidien »[2]. Ce rêve le pousse à se documenter sur leur culture. « Comme tout le monde, je m'y suis intéressé pendant mon enfance. Puis le jeu s'est transformé en passion. »[3]
Il effectue 3 ans d'études à l’École des Arts Appliqués, puis rejoint en 1964 l'atelier de Victor Vasarely avec qui il collabore pendant 12 ans. Après la mort de son père, il décide de peindre les Indiens d'Amérique, les représentant de manière à la fois fidèle anthropologiquement et idéalisée dans la pose[4].
Il séjourne à plusieurs reprises en Amérique du Nord, sur les traces des peuples autochtones en Alaska, au Canada, dans les plaines et le sud ouest des États-Unis[5]. Par ses expériences de voyage, ses lectures historiques et ethnographiques, l'étude des objets anciens dans les musées ou dans sa propre collection, il acquiert une connaissance approfondie de ces cultures, qui séduit Larry Frank, important marchand-collectionneur américain du Nouveau Mexique, avec une première exposition en 1977 à Santa Fe. Antoine Tzapoff expose ensuite à Paris en 1978. L'écrivain Yves Berger salue alors « l'art d'un visionnaire doublé d'un ethnologue. Nous venons de découvrir, 100 après sa mort, le George Catlin des nouveaux Indiens »[6], du nom du grand peintre américain (1796-1872) qui avait immortalisé les Indiens du milieu du 19ième siècle.
Il expose ensuite à Santa Fe, New York, Paris, en Espagne, et avec un succès particulier au Mexique. Avec l'appui de l'actrice María Félix (1914-2002), star du cinéma latino-américain, il organise des expositions en hommage aux peuples autochtones[7]. Celle du Palais des Minéraux à Mexico (1990), forte de 130 000 visiteurs, détient le record des fréquentations pour une exposition artistique au Mexique[8]. Ses tableaux riches en couleur révèlent la beauté méconnue des tribus représentées (Huichol, Tarahumaras, Kickapous, etc.), suscitant un regain d'intérêt pour ces populations dont la défense est chère à Maria Felix[9].
Antoine Tzapoff poursuit sa carrière de peintre en France tout en collaborant avec des musées. Son expertise touchant au savoir-faire matériel, à l'art, et aux traditions amérindiennes sont reconnues lors d'expositions consacrées à ces peuples[10] grâce à des prêts de tableaux et d'objets anciens de sa collection personnelle, notamment au palais des Arts de Dinard (On les appelait sauvages, 2009)[11] et à La Rochelle lors du cycle que le Musée du Nouveau Monde consacre à leurs aires culturelles (Les fils de l'oiseau tonnerre, 2013; Les fils du soleil ,2014; Les fils du Grand Corbeau, 2016; Les fils de l'aigle, 2018). Ses tableaux sont notamment choisis pour illustrer la couverture des catalogues de ces expositions.
En 2021, l'exposition Peindre les Indiens, à Barbizon, consacrée à Antoine Tzapoff, Karl Bodmer et Rosa Bonheur met en lumière la parenté artistique de ces artistes et leur intérêt partagé pour les Indiens d'Amérique[12],[13].
Œuvre artistique
[modifier | modifier le code]Les critiques ont noté la qualité d'exécution et la précision historique des peintures d'Antoine Tzapoff. Pour la revue Antiques & The Arts Weekly: « C'est un artiste doué dont les portraits élégants sont des œuvres d'art sophistiquées, et recherchées d'un point de vue ethnologique. Ses portraits frappent la mémoire. Il y a beaucoup d'artistes doués, mais peu qui impriment une vision. »[14] Il peint avec fidélité les Indiens de différentes aires culturelles tels qu'ils pouvaient être à l'apogée de leurs cultures : Tlingit, Ioways, Apaches, Iroquois, etc. Le critique de Arts & Leisure note : « Ils sont tous fidèlement rendus avec une préciosité exquise et une technique étonnamment lisse, que l'on ne retrouve que chez les géants de la peinture néo-classique comme Ingres et David, pour ne citer que deux de ses prédécesseurs et influenceurs. C'est un nouveau sommet dans l'hyper réalisme sans être photographique »[15].
Ses premiers tableaux se caractérisent par d'éclatantes couleurs primaires, avec des sujets magnifiés dans la force de l'âge, entourés d'une nature inviolée, où les détails des costumes, des décorations, des objets, sont ethnographiquement justes bien que créés par son imagination et sa mémoire , et exceptionnellement copiés à partir d'objets réels[16]. Chaque personnage est alors volontairement idéalisé pour en faire l'ambassadeur de sa culture[17].
Dans les œuvres plus récentes, la palette se fait plus crépusculaire, tandis que le peintre s'attache à exprimer les sentiments et les émotions de ses sujets, notamment leur inquiétude alors que leur monde disparait. Cette évolution reflète aussi celle des sentiments de l'artiste qui, ayant pris une certaine distance par rapport aux Indiens de sa jeunesse et leurs valeurs guerrières, se définit comme un humaniste empreint de spiritualité cherchant à représenter la transcendance[18].
Outre les Indiens, Antoine Tzapoff explore d'autres identités et traditions (scythe, grecque, romaine, maori, russe...), avec selon l'anthropologue de l'art Geneviève J. Chevallier : « cette facture classique dans le détail des drapés, des armures, ou des bijoux.. toujours avec cette expression d'inquiétude et de détermination sur les visages: une sorte de signature »[19].
Entre 1981 et 2000, Antoine Tzapoff réalise chaque année un portrait de Maria Felix, icône du cinéma mexicain dont il reste proche jusqu'à la mort de cette dernière. Il joue un rôle central dans la décoration onirique et fantastique de sa demeure, la Casa de Tortugas, à Cuernavaca, l'ornant notamment de 14 peintures, de vitraux, de sculptures[20].
Antoine Tzapoff déplore ce qu'il estime la vacuité de l'art dit contemporain[21], et son œuvre reflète son respect pour les grands maîtres et la peinture romantique exaltant le sujet. Selon François Curiel, ancien président de Christie's : « Les œuvres d'Antoine Tzapoff sont résolument modernes, elles mettent l'accent tant sur la personnalité que sur l'âme du sujet. La composition reste simple et narrative. Au delà de leur valeur esthétique, ses œuvres représentent l'indépendance, la fierté, et le patrimoine culturel, valeurs qui trouvent moins leur place dans le monde du 21ième siècle. La modernisation et la mondialisation ont souvent détruit et étouffé d'innombrables cultures. D'une certaine manière, ces vertus oubliées parviennent jusqu'à nous à travers son pinceau »[22].
Principales expositions
[modifier | modifier le code]- Dewey Kofron Gallery, Santa Fe, New Mexico, USA: janvier 1978-octobre 1980-octobre 1983
- Galerie Duperrier, rue des Beaux Arts, Paris, France: mai 1978-juin 1980-juin 1982
- Smith Gallery, Madison Avenue, New York, USA: mai 1984
- La Magia fascinante del indio americano, Instituto de Antropologia E Historia, Mexico, Mexique octobre 1984
- Cuando la danza se vuelve rito, los indios de Mexico,Palacio de Mineria, Mexico, Mexique, juin-juillet 1988; Museo de Arte de Queretaro, aout 1989; Casa de la cultura de San Luis Potosi, mars-avril 1990, centrocultural Tijuana, août 1990
- Maison de l'Amérique Latine, boulevard Saint Germain, Paris, France, mars-avril 1997
- Galerie Alain Blondel, rue Anbry Leboucher, Paris, France, juin-juillet 1992
- Salon de mars, Paris, 1991
- Cuando la danza se vuelve rito, Musée d'Histoire, Valence, Espagne, 1994
- Le Siac, Strasbourg, France 1995
- North American Indian portraits, Matthew Chase Gallery, Santa Fe, New Mexico, USA, août -septembre2001
- A la recherche d'un monde perdu, rétrospective Tzapoff, Musée du Nouveau Monde, La Rochelle, France, juillet 2016
- Peindre les Indiens, l'Art de Karl Bodmer, Rosa Bonheur, Antoine Tzapoff, Espace Marc Jacquet, Barbizon, France, septembre-octobre 2021
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Citoyen d'honneur (visitante distinguado) , San Luis Potosi, capitale de l'état de San Luis Potosi, Mexique, 16 mars 1990
- Citoyen d'honneur (visitante distinguado) , Xalapa, capitale de l'état de Vera Cruz, Mexique, 21 mai 1992
- Citoyen d'honneur (visitante distinguado) , Puebla, capitale de l'état de Puebla, Mexique, 5 avril 1993
- oscar et médaille de la Mostra de Valencia, Espagne,1994
Bibliographie et œuvres en collections publiques
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Natifs d'Amérique, peintures d'Antoine Tzapoff, Editions Ramsay, 1992, (ISBN 2-84041-005-2)
- Quand la danse devient rite, les indigènes du Mexique, Peintures d'Antoine Tzapoff, Edition Le Centre de recherche et les services muséologiques de l'unam, Mexico,1997, (ISBN 968-29-9696-1)
- Robert Wagner,The Art of Antoine Tzapoff, Editions Hudson's Bay Indian Trading Post, Germany, 2002, (ISBN 3-934496-02-4)
- Maria Felix/Antoine Tzapoff Obras, Ediciones Sanborns, Mexico, 1997
- Rencontres indiennes, peintures d'Antoine Tzapoff, éditions Musée du Nouveau Monde, Magellan & Cie, 2016, (ISBN 978-2-35074-386-8)
- Didier Lévêque et Eliane Foulquié, Peindre les Indiens, l'art de Karl Bodmer, Rosa Bonheur, Antoine Tzapoff, Edition les Amis de Rosa Bonheur, 2020, (ISBN 978-2-9567368-3-7)
- Animan n°143, décembre 2007-janvier 2008
- Maria Y sus Pintores, Ediciones Culturales Internacionales, Mexico, 1992, (ISBN 968-418-123-X)
- Univers des Arts, le magazine de l'information artistique 1995 ;L 97959-5
- Casas & Gente, Maria Felix, Vol.17 No.165 mayo 2002
- Télérama, 12-18 juin 1982-n°1691
- Les Nouvelles littéraires, 12-19 juin 1982, n°2745-5F
- Cap Gemini,Rapport annuel 1998
- Les fils de grand corbeau, Indiens de la côte Nord Ouest, Librairie des Musées, 2015, (ISBN 978-2-35404-061-1)
- Les fils de l'oiseau tonnerre, Indiens de l'Est, Librairie des Musées, 2013, (ISBN 978-2-35404-039-0)
- Les fils du soleil, Indiens de la Californie et du Sud Ouest, Librairie des Musées, 2014, (ISBN 978-2-35404-092-5)
- Les fils de l'aigle, Indiens des Plaines et des Prairies, Librairie des Musées, 2018, (ISBN 978-2-35404-076-5)
- Les fils de Sanna, Inuit de l'Arctique, Librairie des Musées, 2020, (ISBN 978-2-35404-092-5)
Œuvres en collections publiques
[modifier | modifier le code]- La chute de l'Amérique française, peinture A. Tzapoff 1988, Musée du Nouveau Monde, La Rochelle, France
- Navaho 1880, peinture A. Tzapoff 1977, The Council house, the international conference center of SC.Johnson and Son, Racine, Wisconsin, USA
Sources
[modifier | modifier le code]- Natifs d'Amérique, peintures d'Antoine Tzapoff, Editions Ramsay, 1992 (ISBN 2-84041-005-2)
- Robert Wagner, The Art of Antoine Tzapoff, Editions Hudson's Bay Indian Trading Post, Germany, 2002, (ISBN 3-934496-02-4)
- Rencontres indiennes, peintures d'Antoine Tzapoff, éditions Musée du Nouveau Monde, Magellan & Cie, 2016, (ISBN 978-2-35074-386-8)
- Didier Lévêque et Eliane Foulquié, Peindre les Indiens, l'art de Karl Bodmer, Rosa Bonheur, Antoine Tzapoff, , Edition les Amis de Rosa Bonheur, 2020, (ISBN 978-2-9567368-3-7)
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Rencontres indiennes, peintures d'Antoine Tzapoff, éditions Musée du Nouveau Monde, Magellan & Cie, 2016 (ISBN 978-2-35074-386-8), p. 3
- Gabriel Olivares Torres, « La visita de Antoine Tzapoff », Zeta, 7-13 septiembre 1990 30 B
- Otto Hahn, « Les vestiges des Peaux Rouges », L'Express, n°1403 du 29 mai au 4 juin 1978
- Didier Lévêque et Eliane Foulquié, Peindre les Indiens, l'art de Karl Bodmer, Rosa Bonheur, Antoine Tzapoff, Édition les Amis de Rosa Bonheur, 2020 (ISBN 978-2-9567368-3-7), p. 69 et 70
- Robert Wagner,The Art of Antoine Tzapoff, Editions Hudson's Bay Indian Trading Post, Germany, 2002, (ISBN 3-934496-02-4), p. 2
- Yves Berger, « Les Indiens de Tzapoff », Le Figaro, 31 mai 1978
- Lorna Scott Fox, « Tzapoff :The Indians of Mexico Resuscitated », Life, August 27, 1989
- Paul Weideman, « Antoine Tzapoff : A frenchman's obsession », Pasatiempo, The New Mexican's Weekly Magazine of Arts, Entertainment & Culture, Aug.18-24, 2000
- « Las obras de Antoine Tzapoff », Excelsior, 19 de junio de 1988
- Annick Notter, conservateur général du patrimoine, in Rencontres indiennes, peintures d'Antoine Tzapoff, éditions Musée du Nouveau Monde, Magellan & Cie, 2016 (ISBN 978-2-35074-386-8), p. 5
- Sylvie Mallet, On les appelait Sauvages, catalogue de l'exposition , Édition Ville de Dinard, 2009
- « annonce d'exposition à Barbizon » (consulté le )
- « Peindre les Indiens:visite virtuelle de l'exposition » [vidéo] Youtube (consulté le )
- Views of the American Indian, Antiques & The Arts Weekly, New York, June 1, 1984
- Antoine Tzapoff's Paintings Feature Mexican Indians, Art & Leisure, the Mexico City News, June 23,1988
- Robert Wagner,The Art of Antoine Tzapoff, Éditions Hudson's Bay Indian Trading Post, Germany, 2002 (ISBN 3-934496-02-4), p. 5
- Natifs d'Amérique, peintures d'Antoine Tzapoff, Éditions Ramsay, 1992 (ISBN 2-84041-005-2), p. 5
- Didier Lévêque et Eliane Foulquié, Peindre les Indiens, l'art de Karl Bodmer, Rosa Bonheur, Antoine Tzapoff, , Édition les Amis de Rosa Bonheur, 2020 (ISBN 978-2-9567368-3-7), p. 75
- Geneviève J. Chevallier, in Rencontres Indiennes, les peintures d'Antoine Tzapoff, Éditions Magellan, 2016 (ISBN 2350743861)
- El Palacio de las Tortugas de Maria Felix, Casas y Gente, la revista International de las casas bellas, vol.5 n°43 deciembre 1984
- Sylvie Mallet, On les appelait sauvages, Ville de Dinard, 2009, p. 7
- Rencontres indiennes, peintures d'Antoine Tzapoff, éditions Musée du Nouveau Monde, Magella & Cie, 2016 (ISBN 2350743861), p. 7