Appel des 43 — Wikipédia
L'appel des 43 est un manifeste publié le , signé par 39 parlementaires et quatre ministres, majoritairement issus de l'UDR, dans la perspective de l'élection présidentielle française de la même année. Le texte déplore « la pluralité des candidatures qui se manifestent de la part d’hommes qui, à des titres divers ont participé à l’œuvre entreprise par le général de Gaulle et Georges Pompidou ». Il contribue à l'échec de la candidature de Jacques Chaban-Delmas et à l'élection de Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand.
Contexte
[modifier | modifier le code]Le président de la République française Georges Pompidou meurt le . La candidature de Jacques Chaban-Delmas semble s'imposer pour « les principaux barons du gaullisme »[1]. Chaban-Delmas officialise sa candidature le , alors que l'hommage de l'Assemblée nationale au président défunt n'est pas terminé. Trois autres candidats issus de la majorité se présentent également : Christian Fouchet (le 3) ; Edgar Faure, président de l'Assemblée nationale (le 5) ; Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances (le 8).
Jacques Chirac, ministre de l'Intérieur disposant des sondages des Renseignements généraux, est persuadé de l'échec de Chaban-Delmas, qui pourrait nuire à l'avenir de l'UDR. Il fait pression sur le Premier ministre Pierre Messmer pour qu'il soit candidat, ce que celui-ci accepte à condition que les quatre autres candidats se retirent en sa faveur. Devant le refus de deux d'entre eux — Giscard d'Estaing conditionnant son acceptation au retrait de Chaban-Delmas, qui refuse —, il retire sa candidature le même jour (le 9). L'opération permet néanmoins de faire apparaître Chaban-Delmas comme diviseur de son camp[1].
Pierre Juillet convainc Jean Royer de se présenter (le 11), dans l'objectif de faire perdre à Chaban-Delmas des voix centristes[1].
L'appel
[modifier | modifier le code]« Constatant l’effritement lent mais progressif de Chaban-Delmas dans les sondages, Jacques Chirac décide de franchir le Rubicon ». Sous la pression de Juillet, il lance l'« appel des 43 » le , qui paraît dans la presse. La veille, il a rencontré Giscard d'Estaing pour lui signifier qu'il le soutiendra, indirectement, par cet appel[2].
Le texte est signé par des membres de l'UDR (29 parlementaires et quatre ministres) et cinq apparentés, ainsi que deux Républicains indépendants et trois centristes[1].
Sous couvert de l'appel à une candidature unique, l'appel vise en fait à faire échouer Chaban-Delmas et à apporter à Giscard d'Estaing une caution gaulliste[3].
Conséquences
[modifier | modifier le code]« L'appel et ses répercussions immédiates ont propulsé sur le devant de la scène le « jeune loup » Jacques Chirac »[1], qui devient le premier Premier ministre de Giscard d'Estaing après l'élection de ce dernier, pour prix de sa « trahison »[4].
Liste des signataires
[modifier | modifier le code]Elle comporte :
Quatre ministres :
et par ordre alphabétique :
Des parlementaires (dix sur 39 sont des suppléants) :
- Henri Belcour
- Mario Bénard
- Robert Bisson
- Émile Bizet
- Romain Buffet
- Gérard Chasseguet
- Augustin Chauvet
- Pierre-Bernard Cousté
- Jean Crenn
- Roger Crespin
- Georges Delatre
- Jacques Delong
- Xavier Deniau
- Jean Desanlis
- Roger Fossé
- Henri de Gastines
- Gaston Girard
- Maurice Georges
- Pierre Godefroy
- Paul Granet
- Maurice Herzog
- Marcel Hoffer
- Maurice Jarrige
- André Jarrot
- Henri Lacagne
- Pierre Lelong
- Pierre Lepage
- Charles Malouin
- Lucien Meunier
- Henri Moine
- Pierre de Montesquiou
- Marcel Papet
- Jacques Piot
- Gabriel de Poulpiquet
- Pierre Raynal
- Hector Rolland
- Julien Schvartz
- Jean Seitlinger
- René Tomasini
Références
[modifier | modifier le code]- Jérôme Pozzi, « L'Appel des 43 et le mouvement gaulliste : manœuvre politique, relève générationnelle et fronde des « godillots » », Parlement[s], Revue d'histoire politique, no 7, , p. 109-120 (lire en ligne, consulté le )
- « Juillet, Pierre », Encyclopædia Universalis
- Béatrice Gurrey, « À droite, des ennemis de quarante ans », Le Monde,
- « Le duel fratricide à droite, une figure imposée de la Ve », Le Figaro, (consulté le )