Artour Artouzov — Wikipédia

Artur Artuzov
Photo en noir et blanc de Artour Artouzov.
Artour Artouzov
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Institut polytechnique de Saint-Pétersbourg (d) (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
Kamill Arturowitsch Frautschi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Grade militaire
Commissaire divisionnaire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Ordre du Drapeau rouge ( et )
Membre honoraire du KGB ( et )Voir et modifier les données sur Wikidata

Artour Khristianovitch Frautschi (plus connu sous le nom d’Artour Artouzov, en russe Артур Христианович Артузов) né le à Oustinovo (gouvernement de Tver) - fusillé le à la « Kommunarka » près de Moscou dans le cadre de la Grande Purge, est un membre de la police secrète soviétique qui a été cadre de la Tchéka puis du Guépéou et de l'OGPU. Il a été « officier spécial » de la Tchéka (-1922), chef du service de contre-espionnage (1922-1927), chef adjoint de la section « opérations secrètes » (1927-1931), et directeur du département « renseignement extérieur » (-1935). Il a entre autres à son actif l'arrestation en 1925 des fameux espions Boris Savinkov (lors de l'opération Syndicat-2) et Sidney Reilly (lors de l'opération Trust). Artour Artouzov a été réhabilité en 1956 (à titre posthume).

Jeunesse, études

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Christian Frautschi, le père d'Artour, était un fromager suisse[1] immigré en Russie en 1881 - sa mère, Augusta Dridikil, était d'origine lettone. Artur, l'ainé de 6 enfants, est initié au socialisme par les militants bolcheviks qui ont épousé 2 de ses tantes : Nikolaï Podvoïsky (en) et Mikhaïl Sergueïevitch Kedrov (en), qui deviendra un redouté tchékiste. En 1906, dans la période qui suit l'humiliante défaite contre le Japon, Artour transporte de la littérature séditieuse.

En 1909 Artour termine très honorablement ses études secondaires au gymnasium de Novgorod et s'inscrit à l'université polytechnique de Saint-Pétersbourg nommée d'après Pierre Ier : il veut devenir ingénieur en métallurgie. Ayant brillamment réussi ses examens de sortie, Artour reste à l'université : il travaille dans la recherche au laboratoire de métallurgie appliquée du Pr Vladimir Groem-Grzjimajlo[2].

Entrée à la Tchéka

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Un des amphithéâtres de l'Institut Polytechnique de Saint-Pétersbourg ; Artour Artouzov y fut avant la 1re Guerre Mondiale un étudiant brillant

En 1917, au retour d'un voyage à Nijni Taguil, ville industrielle de l'Oural, Artour décide d'abandonner ses recherches, il adhère au POSDR (bolchevique) (tendance bolchevique du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, qui va devenir le Parti Communiste), s'engage dans la lutte. En 1918 il est membre du Conseil Révolutionnaire Militaire de la République. Il abandonne son patronyme d'origine étrangère et, sous le nom d'Artouzov, entre à la Tchéka.

En 1919, Artouzov est un osobisty (« officier du service spécial »), chargé de détecter et d'éliminer les défaitistes, espions et traîtres au sein des unités de l'Armée Rouge. Par ailleurs, il est chef d’une unité de guérilla rouge opérant sur le front du Nord, il désorganise les arrières de l’Armée Blanche et se signale par son efficacité.

En le Présidium du Comité Exécutif Central lui décerne l'Ordre du Drapeau rouge

Espion et manipulateur confirmé

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Artouzov, qui parle couramment quatre langues étrangères, est ensuite envoyé en mission à l’étranger, et devient un des agents les plus actifs dans la lutte de la Tchéka contre les émigrés Russes Blancs[3].

Artouzov est nommé chef du service de contre-espionnage (1922-1927), puis chef adjoint de la section « opérations secrètes » (1927-1931). Il dirige (entre autres actions visant à décapiter les mouvements anti-bolcheviques à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières de l’URSS) 2 grandes machinations : l’opération Trust (dirigée contre les milieux Russes blancs), et l’opération Syndicat-2 dirigée contre le mouvement anti-bolchevique « Union du peuple pour la patrie et la liberté ». Les 2 opérations réussissent et aboutissent en 1925 à la capture des maîtres-espions Sidney Reilly (opération Trust) et Boris Savinkov (opération Syndicat-2).

En 1924 son service de contre-espionnage, le KRO, est devenu expert en désinformation, et Artouzov peut alors affirmer que « les informations sur lesquelles travaillent les services secrets des grandes nations sont fabriquées à 95 % dans notre service KRO de l'OGPU. Et les services secrets polonais, estonien et finlandais sont noyautés par l'OGPU »[4].

Chef de l’INO du GPU (1931-1934)

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Promu directeur-adjoint de la branche « Intelligence Étrangère » (INO) du GPU en , Artouzov est nommé directeur (le ), en remplacement de Stanislas Adamovitch Messing[5], et membre du conseil d'administration de l’OGPU.

Sous Artouzov la branche « Intelligence Extérieure » de l’OGPU emploie des centaines d’employés et d’agents, parmi lesquels les fameux « Grands Illégaux » travaillant en enfants-perdus à l’étranger : Fiodor Karine, Arnold Deutsch et Theodore Maly (qui dirigeront les célèbres Cinq de Cambridge), et le plus grand d'entre eux, Dimitri Bystroletov, qu'Artouzov a engagé dès avril 1925 lors de sa venue à Moscou dans le cadre d'un congrès d'étudiants prolétariens.

La principale cible de l’INO-OGPU est l’Allemagne, et le service d’Artouzov s’intéresse en particulier à l’évolution socio-politique, économique et technologique du puissant voisin, et à la montée du nazisme après l’échec des tentatives de révolution socialiste.

Mutation au GRU

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En , Artouzov est nommé adjoint du directeur du 4° Bureau (Intelligence Extérieure) du GRU : Ian Berzine n’avait jusque-là pas eu d’adjoint. Artouzov amène avec lui quelques-uns de ses agents : Fiodor Karine, Steinbrück, Boris Elman, etc. Il dirige par ailleurs des agents du GRU : Alexandre Radó, Richard Sorge, Jan Cherniak, Rudolf Gernshtadt, Haji Omar Mansurov .

En , Artouzov quitte définitivement l’OGPU et n’est plus affecté qu’au GRU ; fin il est nommé commissaire divisionnaire[6].

Le Artouzov est démis de ses fonctions au GRU ; replacé par Abram Aronovitch Sloutsky, il retourne au NKVD avec le grade d’assistant-archiviste. Un de ses protégés, Boris Goudz, a vu Artouzov mis au placard et humilié : seul dans un petit bureau, sur une vieille table maculée, Artouzov s’acquitte de la tâche qu’on lui a confiée : la rédaction de l’histoire des services de renseignements soviétiques. Mais, lui dit Artouzov, « on a bien fait de me confier ce travail, car nul ne connaît cette histoire mieux que moi » [7].

Une vague d’arrestations avait décimé les cadres de l’OGPU fin 1936 : Gleb Boki, Jacob Peters, Joseph Unchlikht, Fiodor Eyhmans etc. avaient été arrêtés, ils seront tous liquidés [8]

Le Artouzov est arrêté. Il est accusé de « sympathies trotskistes, organisation de complot anti-soviétique dans le NKVD et l'Armée rouge, et de préparation d'actes terroristes ». Il est abattu le sur le « champ de tir » de la Kommunarka[9].

Artour Artouzov a été réhabilité à titre posthume par le Collège militaire de la Cour suprême de l'URSS ().

Décorations

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Artouzov a eu trois enfants : 2 filles (Lydia et Nora), et un fils, Kamil Artourovitch Frautschi né en 1923. Bien qu'il ait été enfermé au Goulag comme « fils d'ennemi du peuple », Kamil a pu devenir un violoniste, guitariste et professeur de musique célèbre.

  1. le patronyme Frautschi est répandu dans l'Oberland bernois. Voir la carte toponymique [1]
  2. Pr Vladimir Groem-Grzjimajlo : spécialiste de la fusion de type Bessemer et inventeur de la «théorie de la régénération de la brique Dinas» (voir William Weston Young (en), § 5 (Dinas firebrick)
  3. selon www.hrono.info, Artouzov est un « maître de la provocation politique » qui sait « se jouer de la communauté émigrée »
  4. selon www.documentstalk.com
  5. Stanislas Adamovitch Messing : directeur de l'INO de 1929 à 1930 (selon l’article de WP ru « Список начальников советской и российской внешней разведки », homologue de Liste des dirigeants des services de renseignements extérieurs soviétiques et russes)
  6. les historiens Kopalkidi et Prokhorov (voir //militera.lib.ru/research/kolpakidi_prohorov1/04.html) ont interprété cette mutation au GRU comme un signe de l’augmentation d’importance du renseignement militaire : la situation internationale devient plus tendue, les possibilités de grand conflit armé augmentent. À moins qu’il ne s’agisse que de péripéties de luttes intestines dans le sérail – ou qu’en haut lieu on cherche à mettre leurs subalternes en situation de concurrence directe, afin d’en tirer le maximum. Sur les relations entre Artouzov et son supérieur Ian Berzine : voir Ian Berzine, § 5 & 7
  7. selon www.e-reading-lib.org
  8. Mikhaïl Voslensky (dans « Nomenklatura », chapitre 2, article 13, « La mort de la garde de Lénine ») pense qu’il s’agit des conséquences visibles de la lutte féroce pour le pouvoir qui oppose 2 générations de la nomenklatura soviétique : les « léninistes » et les « staliniens »
  9. la Kommunarka : voir article Ian Berzine, § 8. Après avoir été torturé, Artouzov aurait écrit avec son propre sang « je ne suis pas un espion » sur un papier, puis demandé que le message soit transmis à Staline (selon Jung Chang & Jon Halliday : Mao, the unknown story , 2011, Random House Digital Inc. books.google.fr). Selon l’article de WP polonaise Artur Artuzow, Artouzov a gravé sur le mur de sa cellule de condamné : « il est du devoir d'un honnête homme de tuer Staline »

Liens extérieurs

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Liens externes

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