Art Press — Wikipédia

Art Press
Image illustrative de l’article Art Press

Pays France
Langue Français et anglais
Périodicité mensuelle
Genre Art contemporain
Date de fondation 1972
Ville d’édition Paris

Directeur de publication Jean-Pierre de Kerraoul
Rédacteur en chef Catherine Millet
ISSN 0245-5676
OCLC 60624262
Site web artpress.com

Art Press est une revue mensuelle internationale de référence dans le monde de l'art contemporain.

Les articles sont écrits en français et en anglais.

Le premier numéro de la revue Art Press est sorti en décembre 1972 - janvier 1973[1].

La maquette originelle, restée quasi inchangée, est signée Roger Tallon.

Dans son premier éditorial, Catherine Millet (fondatrice, avec le galeriste Daniel Templon, et rédactrice en chef) explique qu'elle refuse l'approche journalistique, trop tournée vers l'anecdote ; qu'elle ne veut pas non plus d'une revue avant-gardiste qui oublierait l'histoire de l'art ni d'une revue d'histoire de l'art luxueuse pour antiquaires. Enfin, elle affirme vouloir briser les habitudes xénophobes de l'information culturelle en France.

Dans son roman autobiographique, La Vie sexuelle de Catherine M., Catherine Millet explique que la fondation de la revue et l'acquisition de son indépendance financière sont largement liées à sa constitution individuelle, elle aussi marquée par l'indépendance d'un esprit libre.

La première série d’Art Press numérotée de 1 à 22 est parue de 1972 à 1976. Son format était de 32 x 35 cm et ses exemplaires étaient imprimés en noir uniquement. La deuxième série, numérotée de 1 à 33 est parue de 1976 à 1979. Son format était de 30 x 23 cm. La troisième série, numérotée à partir de 34 est la série toujours en cours et elle a commencé en 1980. Son format qui n’a pas changé est de 28,5 x 22 cm. D’abord bimestrielle, la revue est mensuelle depuis le n°2 de la deuxième série[2].

Au-delà de cette approche superficiellement matérielle, il est possible de distinguer plusieurs périodes dans la revue. On peut ainsi distinguer plusieurs périodes en fonction de la personne ou les personnes secondant Catherine Millet à la rédaction en chef.

La première période est ainsi celle où Catherine Francblin a été dans cette position pendant près de deux décennies. Catherine Francblin a été rédactrice en chef de la revue de 1975 à 1992. Elle est passée ensuite du côté des institutions de l’art, sans cesser d’être une figure importante de la revue[3]. Elle exemplifie ainsi a posteriori et au niveau individuel l’intrication progressive de la revue, au cours de ses vingt premières années d'existence[4], avec le devenir institutionnel du monde de l’art[5],[6],[7], lequel trouvera un relais de plus en plus évident dans les pages de la revue jusqu’à faire de l’interview des acteurs institutionnels de l’art centraux (comme les délégués aux arts plastiques successifs) un exercice obligé pour la revue. Notons d’ailleurs que plus que les galeries privées, les institutions de l’art sont les principaux annonceurs de la revue, comme elles le seront d’ailleurs pour toutes les publications spécialisées qui l’imiteront à un degré ou à un autre[8].

Après la période historique, la décennie des années 1990 au cours de laquelle Jean-Yves Jouannais fut rédacteur en chef adjoint fait probablement partie des périodes les plus intéressantes de la revue[9]. Jean-Yves Jouannais y développe ses premières réflexions sur l'idiotie en art[10],[11], Dominique Baqué y tient une rubrique photographie qui nourrira son futur ouvrage La Photographie plasticienne[12] et les pages s'ouvrent à une nouvelle génération de critiques d'art (Nicolas Bourriaud, Éric Troncy, Christophe Kihm...)[13].

Malgré cela, le magazine a assez peu accompagné l'émergence des artistes qui seront associés à l'esthétique relationnelle[14] et c'est dans leur propre revue (Documents sur l'art) que Nicolas Bourriaud et Éric Troncy prépublieront les textes rassemblés par la suite dans leur recueil respectif (L'Esthétique relationnelle et Le colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier)[15]. La force d'Art press étant, de ce point de vue, sa longévité qui lui permet des rattrapages rétrospectifs de qualité dans des articles monographiques[16], des dossiers ou des numéros spéciaux[17].

La décennie suivante est une période plus difficile à évaluer. Même si la position d'Art Press comme magazine français de référence sur l'art contemporain distribué dans les kiosques n’a jamais pu être durablement remise en question, son monopole dans les kiosques a du moins été formellement contesté par un autre magazine distribué par les NMPP (art 21) pendant une période relativement longue de sept ans, de 2005 à 2012[18],[19]. Il est, par ailleurs, indéniable, qu’au cours de cette même période, la multiplication des publications diffusées en librairies spécialisées, très souvent de grande qualité[20], a relativisé, au moins pour un moment, la position centrale de la revue[18]. Cela est d’autant plus vrai que, durant cette période, la revue traversait une crise de gouvernance éditoriale, Catherine Millet s’étant éloignée de la rédaction, à la suite du succès public de la La Vie sexuelle de Catherine M., pour se consacrer à ses travaux littéraires[1],[21], et la direction éditoriale étant alors divisée entre les tendances contradictoires de Richard Leydier, curieux de peinture figurative ostensiblement peinte[22], et Christophe Kihm dont les intérêts artistiques étaient en plus grande continuité avec les intérêts antérieurs de Jean-Yves Jouannais[23],[24],[25].

À l’approche des quarante ans de la revue, Catherine Millet fit cependant progressivement son retour à la direction effective de la revue et pouvait donc à nouveau pleinement incarner la revue lors de cette anniversaire en 2012[26],[27].

Après le mandat d’Anaël Pigeat[28], rédactrice en chef adjointe de 2011 à 2018, dont le bilan reste à faire, la revue semble avoir trouvé une sorte de pluralisme éditorial sans tension, sous la codirection d’Étienne Hatt, nouveau rédacteur en chef adjoint, si l'on fait abstraction des prises de position intentionnellement provocatrices de sa fondatrice[29],[30],[31]. Que le pluralisme actuel se rapproche de l’image obtenue par la superposition des avatars successifs de la revue est peut-être plus qu’une coïncidence pour une revue dont la principale qualité émergeante, après plus de cinquante années d’existence, semble bien être sa longévité[32].

L'essayiste, romancier, et critique, Jacques Henric, qui est également le compagnon de Catherine Millet, à une grande influence sur cette revue mensuelle, ou il intervient régulièrement. Il y a une rubrique, appelée Le feuilleton.

Outre Catherine Millet et Jacques Henric, un personnage-clé de l’histoire de la revue est sa secrétaire de rédaction historique, Myriam Salomon[33]. Il est probable que le titre de secrétaire de rédaction, qui a longtemps été celui de Myriam Salomon au sein de la rédaction d'Art Press et qui renvoie normalement à une fonction subalterne dans la chaîne éditoriale, ne reflète pas l’influence que Myriam Salomon a prise sur la revue à partir du moment où elle en est devenue l’une des propriétaires[26]. De fait, elle deviendra officiellement durant la première décennie des années 2000, « conseillère artistique » de la revue.

En 1997, en réaction à un numéro dans lequel Jean Baudrillard et Jean Clair étaient gravement pris à partie, Philippe Muray rompt aussi avec l'équipe de la revue[34].

Art Press 2

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En , Art Press 2 est publié. Il s'agit d'une nouvelle collection de numéros trimestriels bilingues thématiques, née de réflexions menées à partir de l'actualité. Les numéros d'Art Press 2 déjà parus ont pour thème : La Scène française, Berlin, ville transit, Cynisme et art contemporain, Les Nouveaux Réalistes, Un numéro de choix, Londres, nouvelles sensations, Performances contemporaines.

Site artpress.com

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Conçu et réalisé par l'équipe rédactionnelle de la revue Art Press, artpress.com est la transposition sur internet de la vision du magazine sur la création contemporaine à travers une sélection d'articles, interviews et dossiers, enrichis de contenus inédits, prolongements éditoriaux de la revue papier.

Notes et références

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  1. a et b Richard Leydier, D'art Press à Catherine M., éditions Gallimard, , 240 p. (ISBN 978-2-07-078342-7).
  2. Informations tirées de Art Press Spécial, Hors Série n°13, 20 ans l'histoire Continue, 1992, p.17
  3. « Catherine Francblin | Academie des beaux-arts », sur Catherine Francblin | Academie des beaux-arts, (consulté le )
  4. Flore Di Sciullo, « Archéologie et mise en récit du contemporain dans les couvertures d’artpress », Culture & Musées. Muséologie et recherches sur la culture, no 40,‎ , p. 320–323 (ISSN 1766-2923, DOI 10.4000/culturemusees.9588, lire en ligne, consulté le )
  5. Alain Quemin et Clara Lévy, « Sur L’Artiste, l’institution et le marché de Raymonde Moulin », Questions de communication, vol. 37, no 1,‎ , p. 371–384 (ISSN 1633-5961, DOI 10.4000/questionsdecommunication.23412, lire en ligne, consulté le )
  6. chmc2, « Entretien avec Alfred Pacquement », sur Politiques de la culture, (consulté le )
  7. Alain Quemin, L'art contemporain international. Entre les institutions et le marché, co-édition Jacqueline Chambon / Artprice, 2002, 270 p.
  8. Matthieu Béra, « Critique d'art et/ou promotion culturelle ? », Réseaux, vol. 117, no 1,‎ , p. 153–187 (ISSN 0751-7971, lire en ligne, consulté le )
  9. Stéphane Corréard, « Jean-Yves Jouannais: la guerre de A à Z », sur Libération (consulté le )
  10. Jean-Yves Jouannais, « Le Siècle Mychkine ou l'idiotie en art », art press, no 216,‎ , p. 32-42
  11. Encyclopædia Universalis, « L'IDIOTIE (J.-Y. Jouannais) », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  12. Jean-Marc Poinsot, « Dominique Baqué. La Photographie plasticienne : un art paradoxal », Critique d’art, no 13,‎ (ISSN 1246-8258 et 2265-9404, DOI 10.4000/critiquedart.2500, lire en ligne, consulté le )
  13. Société perpendiculaire, Société perpendiculaire : rapport d'activité 1985-2000, Images Modernes, (ISBN 2913355137)
  14. Les trois exceptions notoires étant les trois articles suivants : Nicolas Bourriaud, « Philippe Parreno : virtualité réelle », art press, n°208, déc. 1995, p.41-44 ; Nicolas Bourriaud « Pierre Huyghe : les relations en temps réel », art press, n°219, décembre 1996, p.48-52 et Éric Troncy, « Rirkrit Tiravanija : l'idiot du village », in art press, n°220, Paris, janvier 1997.
  15. Larys Frogier, « Relations polémiques », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain, no 13,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.2468, lire en ligne, consulté le )
  16. Catherine Francblin, « Dominique Gonzalez-Foerster, fragments de futur », art press, n°267, avril 2001
  17. « Les grands entretiens d'artpress. Nicolas Bourriaud », sur artpress, (consulté le )
  18. a et b GG, « Que sont mes revues devenues ? | Zérodeux / 02 » (consulté le )
  19. Françoise Rigat, « La critique d’exposition d’art contemporain dans la presse spécialisée : La connivence comme mode de communication », Culture & Musées, vol. 15, no 1,‎ , p. 73–92 (DOI 10.3406/pumus.2010.1611, lire en ligne, consulté le )
  20. 20/27, Frog, May, Pétunia auxquelles il faut ajouter la revue institutionnelle Palais, les gratuits Zérodeux et Particules ainsi que les revues italiennes diffusées en France Kaleidoscope et Mousse.
  21. « Catherine Millet, une libertine envers et contre toutes », M le mag,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Richard Leydier, My Favorite Things !: Peinture en France, Paris, Editions du Panama, , 55 p. (ISBN 2755700424)
  23. Christophe Kihm et Patrice Blouin (eds), art press spécial - Hors série 24 - Le burlesque, une aventure moderne, décembre 2003.
  24. « artpress2 n°3novembre 2006 - "Cynisme" », sur artpress, (consulté le )
  25. Ce n’était certes pas la première fois qu’Art Press était concurrencé intellectuellement par d’autres revues. Omnibus, blocnotes, Documents sur l’art étaient dans les années 1990 des revues de très grande qualité, mais durant ces années-là, la codirection éditoriale de Catherine Millet et Jean-Yves Jouannais traçait des lignes moins divergentes.
  26. a et b Christine Siméone, « Art press, 40 ans », sur France Inter, (consulté le )
  27. « art press : l’album des quarante ans, un tour de plus – MondesFrancophones.com », sur mondesfrancophones.com (consulté le )
  28. « Anaël Pigeat, rédactrice en chef de la revue « Art Press » », sur France Culture, (consulté le )
  29. collectif, « Lettre d'auteurs d'artpress à artpress », sur artpress, (consulté le )
  30. Mathilde Monnier, «Non madame Millet, toutes les femmes ne sont pas fortes après une agression», sur Libération (consulté le )
  31. Clémentine Mercier, « L’affaire Claude Lévêque remue la biennale d’«Art Press» », sur Libération (consulté le )
  32. Flore Di Sciullo, Art press, une archive du contemporain: histoire et sémiotique d'un périodique dans le champ élargi de l'art, (lire en ligne)
  33. L'influence de Catherine Millet et Jacques Henric est mesurable entre autres choses par le nombre d'éditoriaux qu'ils signent pour la revue (Cf. Flore Di Sciullo. « Les éditoriaux d’art press : fabrication d’une critique d’art contre-culturelle » In Cahiers Interdisciplinaires de la Recherche en Communication AudioVisuelle, 27, 2018, pp.181-198. ⟨hal-03940876⟩.) En revanche, le nombre d'éditoriaux signés n'est pas la seule mesure de l'influence sur la revue. Ainsi le nombre d'éditoriaux signés par Jouannais (18 selon di Di Sciullo) n'est en aucun cas une mesure pertinente de l'influence que Jouannais a eue sur la revue à l'époque où il en était rédacteur en chef adjoint. Et encore moins le nombre d'éditoriaux signés par Myriam Salomon.
  34. Aude Lancelin, Philippe Muray, le nouveau maître à penser, nouvelobs.com, 30 septembre 2010

Liens externes

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