Bab El Oued — Wikipédia
Bab El Oued | ||||
Bab El Oued vue de Notre-Dame d'Afrique. | ||||
Noms | ||||
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Nom arabe algérien | باب الواد | |||
Nom amazigh | ⴱⴰⴱ ⵍⵡⴰⴷ | |||
Administration | ||||
Pays | Algérie | |||
Wilaya | Alger | |||
Daïra | Bab El Oued | |||
Code postal | 16008 | |||
Code ONS | 1605 | |||
Démographie | ||||
Population | 84 732 hab. (2008[1]) | |||
Densité | 70 610 hab./km2 | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 36° 47′ 27″ nord, 3° 02′ 59″ est | |||
Superficie | 1,2 km2 | |||
Divers | ||||
Budget | 80 millions de DA[2] | |||
Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : Algérie Géolocalisation sur la carte : Algérie Géolocalisation sur la carte : Algérie (nord) | ||||
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Bab El Oued (en arabe : باب الواد ; « porte de la Rivière », en berbère : ⴱⴰⴱ ⵍⵡⴰⴷ) est une commune de la wilaya d'Alger en Algérie, mais aussi un quartier populaire de la ville historique d'Alger, situé sur la façade maritime nord de la ville et où vivent 100 000 personnes. Célèbre par sa place des Trois-Horloges et par son marché Triolet, elle possède de nombreux ateliers et manufactures.
Géographie
[modifier | modifier le code]Situation
[modifier | modifier le code]La commune de Bab El Oued est située au nord de la wilaya d'Alger. Elle est délimitée au nord-est par le front de mer (boulevard Mira), à l'ouest par la commune de Bologhine et la colline de Bainem, au sud-ouest par la commune de Oued Koriche (Frais-Vallon) et à l'est par la Casbah[3]. Située en contrebas de la colline de Bouzareah.
Hydrographie
[modifier | modifier le code]Bab El Oued est traversée par Oued Atoun[4] (ou: Oued Mkacel)[5].
Quartiers
[modifier | modifier le code]Routes
[modifier | modifier le code]La commune de Bab El Oued est desservie par plusieurs routes nationales:
- Route nationale 11 : RN11 (route d'Oran).
Histoire
[modifier | modifier le code]Époque ottomane
[modifier | modifier le code]Bab El-Oued était l'une des portes de la ville d'Alger, ouvrant sur l'oued M'kacel qui s'écoule depuis les hauteurs de Bouzareah, à l'époque ottomane.
Époque coloniale française
[modifier | modifier le code]Un quartier s'y développe à la suite de la colonisation française de 1830 se peuplant essentiellement d'émigrants français et autres européens, italiens en particulier, au cours de la deuxième partie du XIXe siècle. Ainsi, durant la période coloniale française, et jusqu'en 1962, Bab El Oued constitue le principal quartier européen de la ville. Ses habitants sont de condition modeste et proches du communisme (le seul député communiste d'Algérie, Pierre Fayet, est élu dans la circonscription de Bab El Oued), une situation qui va changer avec le déclenchement de la guerre d'Algérie[6].
Événements violents
[modifier | modifier le code]En effet, alors que le Parti communiste algérien et Alger républicain se positionnent progressivement en faveur de l'indépendance algérienne, les habitants de Bab El Oued eux basculent dans l'anti-indépendantisme le plus extrême, au point de transformer leur quartier en bastion de la cause[7]. C'est ainsi qu'après l'annonce de la signature des accords d'Evian, l'OAS (groupe terroriste anti-indépendantiste), déclare la zone interdite à l'armée française (chargée de faire appliquer le cessez-le-feu) et y abat six jeunes appelés du contigent en guise d'avertissement[8]. En représailles, les gendarmes mobiles entament le siège du quartier le 23 mars 1962[9],[10]. L'affrontement entre les forces de l'ordre et l'OAS est connu sous le nom de bataille de Bab El Oued. Au bout de trois jours de blocus, les habitants commencent à manquer de pain, de lait et de vivres frais. Pour tenter d'obtenir la levée du blocus, l'OAS organise donc une manifestation massive dans le centre d'Alger, qui se solde par un massacre[9].
Bab El Oued, dont la population a été en grande partie renouvelée lors de l'indépendance, est le théâtre en octobre 1988 d'événements meurtriers à la suite d'émeutes qui enflamment le quartier et se généralisent au pays[11]. Les forces de l'ordre ouvrent le feu, faisant plusieurs dizaines de victimes souvent très jeunes.
Le , à la suite de pluies diluviennes, des torrents de boue engloutissent de nombreuses habitations ainsi que la vaste place du marché Triolet, faisant plus de 700 victimes et laissant en à peine trois heures[12] un quartier ravagé.
- Bab El Oued vue du ciel.
- Bab-El-Oued et la baie d'Alger vus des hauteurs de Bologhine.
Démographie
[modifier | modifier le code]Culture locale et patrimoine
[modifier | modifier le code]Patrimoine architectural
[modifier | modifier le code]Patrimoine religieux
[modifier | modifier le code]La commune de Bab El Oued compte plusieurs mosquées et des zawaya.
Patrimoine environnemental
[modifier | modifier le code]Le Jardin de Prague, ex-jardin Marengo est le premier jardin public d'Alger, créé en 1832. Il se situe entre les anciennes murailles ottomanes, et les anciennes murailles françaises.
Bab El-Oued dans les arts et la culture
[modifier | modifier le code]Dans le cinéma
[modifier | modifier le code]Le réalisateur algérien Merzak Allouache est l'auteur de trois films qui se déroulent dans ce quartier populaire : Bab El-Oued City, en 1994, Bab el web, en 2005, qui retrace un épisode de vie de deux jeunes de ce quartier et Les Terrasses (Es-stouh) sorti en 2013.
Dans la langue française
[modifier | modifier le code]Dans la langue française, l'expression « Bab El Oued » a servi, dans la deuxième moitié du 20ème siècle, à désigner un quartier de la ville du locuteur, de façon dépréciative, construit dans les années soixante pour loger les migrants maghrébins, les harkis ou même les rapatriés d'Algérie, les "pieds-noirs". Dans le langage familier, l'expression Bab El Oued signifie un endroit éloigné à l'emplacement vague[14].
Personnalités originaires de Bab El Oued
[modifier | modifier le code]- Roland Bacri (1926-2014), humoriste français ;
- Jean-Pierre Vielfaure (1930-2015), peintre et graveur français ;
- Robert Castel (1933-2020), acteur et humoriste français ;
- Pierre Claverie (1938-1996), évêque catholique français ;
- Anne Loesch (1941), écrivaine française ;
- Gaby Charroux (1942-), homme politique français ;
- Fatiha Bisker (1947-), artiste peintre et journaliste algérienne ;
- Jean-Charles De Bono (1960), footballeur français ;
- Roland C. Wagner (1960-2012), écrivain et humoriste français ;
- Ali Idir (1966), judoka algérien ;
- Dida Diafat (1970), boxeur et acteur français ;
- Souad Massi (1972), chanteuse algérienne ;
- Rocé (1977), rappeur français ;
- Sofia Boutella (1982), actrice et danseuse franco-algérienne ;
Références
[modifier | modifier le code]- [PDF]Recensement 2008 de la population algérienne, wilaya d'Alger, sur le site de l'ONS.
- Un budget d'à peine huit milliards de centimes, in El Wattan, 12/01/2008, article en ligne
- Journal officiel de la République Algérienne du 19/12/1984, page 1512, délimitation du territoire de la commune de Bab El Oued
- « ALGER, UN LIEU, UNE HISTOIRE », sur Djazairess (consulté le ).
- « Les Oueds d'Alger Kniss, M'Kacel,Beni-Messous;alger-roi.fr », sur alger-roi.fr (consulté le ).
- Aïssa Kadri (dir.), Instituteurs et enseignants en Algérie 1945-1975 : Histoire et mémoire, Paris, Karthala, , 423 p. (ISBN 978-2-8111-0969-1, lire en ligne), p. 210.
- Hubert Zakine, Il était une fois ... Bab-El-Oued: 1830-1962 : étude historique, sociologique et nostalgique d'un monde disparu, Toulon, Presses du Midi, , 250 p. (ISBN 978-2-87867-792-8 et 2-87867-792-7, OCLC 549153910), p. 45.
- Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême Droite en France : De Maurras à Le Pen, Bruxelles, Complexe, coll. « Questions au XXe siècle », , 519 p. (ISBN 2-87027-573-0 et 978-2-87027-573-3, OCLC 409302527), p. 459.
- Yves Courrière, La guerre d'Algérie, t. IV : Les feux du désespoir, Paris, Fayard, , 684 p. (ISBN 2-213-01024-2, EAN 9782213010243).
- Benoît Haberbusch, « La gendarmerie face à l’insurrection de Bab el-Oued en mars 1962 », Revue historique des armées, vol. 268, no 3, (lire en ligne).
- Voir article Émeutes d'octobre 1988 en Algérie
- Nadir Iddir, Bab El Oued se remémore, in El Watan, 06/11/2006, [article en ligne]
- Journal Officiel, 2 mars 2000, page 5
- @NatGeoFrance, « Pétaouchnok, Perpète les oies, Bab el Oued : d’où viennent ces expressions pour désigner le bout du monde ? », sur National Geographic, (consulté le )