Bataillons du Levant — Wikipédia

Bataillons du Levant
Image illustrative de l’article Bataillons du Levant
Dessin d'un soldat syrien du 1er BDL

Création 1926
Dissolution 1945
Pays Drapeau de l'État de Syrie État de Syrie (1926-1930)
Territoire des Alaouites État des Alaouites (1926-1930)
 République syrienne (1930-1945)
Branche Troupes auxiliaires du Levant
puis troupes spéciales du Levant
Type Bataillons d'infanterie
Rôle Infanterie
Guerres Seconde Guerre mondiale
Insurrection syrienne de 1945

Les bataillons du Levant (BDL) sont des unités d'infanterie des troupes spéciales du Levant, recrutés en Syrie et au service du mandat français en Syrie et au Liban. Après avoir combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont rattachés en 1945 à l'Armée syrienne.

Création et différentes dénomination

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  • 1925 : création des 1er et 2e bataillons du Levant
  • 1926 : création des 3e, 4e, 5e et 6e bataillons du Levant
  • 1928 : création du 7e bataillon du Levant
  • 1930 : création du 8e bataillon du Levant
  • 1934 : dissolution du 5e bataillon du Levant
  • 1938 : nouvelle formation du 5e bataillon du Levant
  • 1945 : les escadrons de ligne du Levant passent dans l'Armée syrienne

Les bataillons du Levant sont créés en 1925-1926 lorsque les trois régiments mixtes syriens (RMS) de la Légion syrienne sont dissous[1] :

  • le Ier bataillon du 1er RMS devient 1er BDL le ,
  • le IIe bataillon du 1er RMS devient 2e BDL le ,
  • le Ier bataillon du 2e RMS devient 3e BDL le ,
  • le Ier bataillon du 2e RMS devient 4e BDL le ,
  • le Ier bataillon du 3e RMS devient 5e BDL le ,
  • le 6e BDL est formé à partir d'éléments des 2e et 3e RMS le .

L'objectif de la scission des régiments en bataillons est de rendre autonomes les unités des troupes auxiliaires du Levant dispersées en garnison sur le territoire de l'État de Syrie[1]. Les bataillons du Levant se révèlent peu efficaces pour lutter contre la grande révolte syrienne qui éclate en octobre 1925[2]. En 1927, les six bataillons, rattachés aux troupes auxiliaires du Levant, regroupent 4 750 hommes[3].

Le 7e BDL est formé à Qamichli le à partir d'éléments du 6e BDL, suivi du 8e BDL le . À cette date, les troupes auxiliaires deviennent les troupes spéciales du Levant[1].

Garnisons et opérations dans les années 1930

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Les bataillons sont en garnison comme suit[1] :

Le , le 5e BDL est dissous et devient la garde à pied du sandjak d'Alexandrette (devenu indépendant sous le nom de Hatay en septembre 1938). Un nouveau 5e BDL est créé le à partir du « bataillon de marche alaouite » et prend garnison à Lattaquié[1] (puis à Tartous[4]).

Campagne de Syrie (1941)

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En juin-juillet 1941, les huit bataillons du Levant sont impliqués dans la campagne de Syrie aux côtés des forces vichystes[1].

Cependant, les 2e et 5e bataillons restent au nord-ouest du territoire et ne rejoignent pas la zone de combat tandis que le 4e BDL, mis en route vers Damas, reçoit l'ordre peu après son départ d'attendre de nouvelles instructions, qui n'arriveront jamais. Enfin, le 7e BDL, bien qu'en position à Damas face aux Alliés n'est jamais attaqué. Dans l'est syrien, une section du 6e BDL repousse en avril une incursion britannique mais ce bataillon, ainsi que le 8e, reste l'arme au pied lorsque les Britanniques envahissent leur secteur en juin[5]. Le 8e BDL tout entier se révolte le 7 juillet[6].

En juillet, le 1er BDL et le 3e BDL montent une contre-attaque devant Hasbaya avec trois escadrons tcherkesses (15e, 16e et un escadron de partisans). Le village est repris mais les Tcherkesses changent de camp après une entrevue avec Philibert Collet, ancien chef des Tcherkesses rallié aux forces françaises libres. Les fantassins capitulent ensuite[5].

Avec la France libre

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Dissous par le général Dentz au moment de la capitulation vichyste[1], les bataillons du Levant sont recréés par la France libre fin 1941 - début 1942[7].

En 1945, les garnisons sont les suivantes :

Fin du mandat français

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Lors de l'insurrection syrienne de mai-juin 1945, le 7e BDL est engagé à Damas, dont il participe au pillage des souks après le bombardement de la ville. Après l'insurrection, les troupes spéciales syriennes subissent des désertions massives (70% des officiers et sous-officiers syriens, 35% des militaires du rang)[8],[9].

Le , les bataillons du Levant passent à l'Armée syrienne. Environ la moitié des soldats autochtones choisissent de signer un avenant à leur contrat pour servir directement dans l'Armée française et seuls une minorité rejoignent l'Armée syrienne, les autres démissionnant[8].

Organisation

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Les bataillons du Levant sont organisés avec 3 à 5 compagnies de fusiliers-voltigeurs, chacune à 3 sections d'infanterie et 1 groupe de mitrailleuses[10].

En 1930, les 1er et 2e BDL comptent 80 à 90% d'Alaouites parmi les soldats autochtones, le 3e BDL est à majorité arabe sunnite (72%), le 8e BDL est à 95% constitué de soldats assyro-chaldéens (précédemment regroupés de 1926 à 1930 dans la 3e compagnie du 6e BDL[1]) et les autres bataillons sont mixtes, environ 50% d'arabes sunnites et le reste d'alaouites et chrétiens (4e, 5e et 6e BDL) ou kurdes et chrétiens (7e BDL)[11]. La composition peut varier : en 1939, le 7e BDL est à majorité sunnite[12]. Au début des années 1930, les chefs de bataillon sont presque tous français (en 1945 ils seront majoritairement syriens[8]), la moitié des commandants de compagnie est autochtone. Chaque bataillon dispose d'un lieutenant français chargé de la comptabilité, de l'habillement et de l'alimentation, chaque compagnie de trois sous-officiers français comptables[10].

À partir de 1930[13], les bataillons du Levant sont regroupés en demi-brigades, commandées par des colonels français avec un petit état-major[10]. Les 2e, 4e et 5e BDL forment la 1re demi-brigade du Levant (DBL), les 6e et 8e BDL forment la 2e demi-brigade et le 1er BDL forme la 3e demi-brigade avec les 1er et 2e bataillons de chasseurs libanais[1].

Après 1943, les bataillons sont affectés ainsi[14] :

Les fantassins des bataillons du Levant portent un uniforme kaki semblable à celui de l'infanterie d'Afrique (zouaves et tirailleurs) en toile kaki clair[1].

Les pattes de collet sont violettes avec les marques distinctives jonquille : deux soutaches et le numéro de l'escadron du bataillon inscrit dans un croissant. Pour la troupe les soutaches sont en laine, pour les officiers en or[1]. Les galons des officiers sont dorés[10].

La coiffure est une chéchia rouge en tenue de service et un chèche kaki enturbanné en opérations[1]. Les officiers portent un képi à bandeau bleu ciel (avant 1929 le bandeau est violet), avec sur le dessus un nœud hongrois à cinq branches (et non quatre). Pour les Français, le turban et le calot du képi sont garance et les officiers syriens se distinguent par la couleur kaki du calot et du turban du képi, sur le haut du képi. Avant 1929, leur képi est dépourvu de visière (il s'agit donc d'une toque). Les officiers syriens adoptent dans la pratique le même képi que leurs homologues français[10].

Références

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  1. a b c d e f g h i j k et l Jacques Sicard, « Les troupes spéciales du Levant et leurs insignes: 1. L'infanterie (1926-1945) », Armes Militaria Magazine, Histoire & Collections, no 40,‎ , p. 47-51
  2. Jean-David Mizrahi, « Armée, état et nation au moyen-orient. La naissance des troupes spéciales du Levant à l'époque du mandat français, Syrie, 1919-1930 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 207, no 3,‎ , p. 107–123 (ISSN 0984-2292, DOI 10.3917/gmcc.207.0107, lire en ligne, consulté le )
  3. Jean-David Mizrahi, « Chapitre XI. Hésitations et stabilisation du pouvoir mandataire (1925-1931) », dans Genèse de l’État mandataire : Service des renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920, Éditions de la Sorbonne, coll. « Internationale », , 369–414 p. (ISBN 979-10-351-0372-9, lire en ligne)
  4. Jacques Sicard, « Les troupes spéciales du Levant et leurs insignes : 2. Les formations du désert (1921-1945) », Armes Militaria Magazine,‎ , p. 47-51
  5. a et b (en) N.E. Bou‐Nacklie, « The 1941 invasion of Syria and Lebanon: the role of the local paramilitary », Middle Eastern Studies, vol. 30, no 3,‎ , p. 512–529 (ISSN 0026-3206 et 1743-7881, DOI 10.1080/00263209408701009, lire en ligne, consulté le )
  6. Jean Perez, « Les compagnies méharistes au Levant. 1921-1941. », Revue historique des Armées, vol. 233, no 4,‎ , p. 79–96 (DOI 10.3406/rharm.2003.5545, lire en ligne, consulté le )
  7. Maurice Albord, « Chapitre IV. La période de la relève gaulliste », dans L’Armée française et les États du Levant : 1936-1946, CNRS Éditions, coll. « Moyen-Orient », (ISBN 978-2-271-07859-9, lire en ligne), p. 203–271
  8. a b c et d Maurice Albord, « Chapitre V. L’échec de la France au Levant : 1945 », dans L’Armée française et les États du Levant : 1936-1946, CNRS Éditions, coll. « Moyen-Orient », (ISBN 978-2-271-07859-9, lire en ligne), p. 273–316
  9. Henri de Wailly, « La Honte », dans 1945, l'Empire rompu: Syrie, Algérie, Indochine, Éditions Perrin, (ISBN 978-2-262-04032-1, lire en ligne)
  10. a b c d et e Éric Dagnicourt, « L'officier français des années 1920: V - La grande tenue et la tenue des ville des troupes spéciales du Levant », Armes Militaria Magazine, no 163,‎ , p. 38-41
  11. Jean-David Mizrahi, « Annexes », dans Genèse de l’État mandataire : Service des renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920, Paris, Éditions de la Sorbonne, , 462 p. (ISBN 978-2-85944-396-2, lire en ligne), p. 421-438
  12. (en) N. E. Bou-Nacklie, « Les Troupes Spéciales: Religious and Ethnic Recruitment, 1916–46 », International Journal of Middle East Studies, vol. 25, no 04,‎ , p. 645–660 (ISSN 0020-7438 et 1471-6380, DOI 10.1017/S0020743800059304, lire en ligne, consulté le )
  13. Sami Rihana, Histoire de l’Armée Libanaise contemporaine, t. 2 : Les Troupes spéciales du Levant et l’Armée de l’indépendance – 1926 / 1946, (lire en ligne), p. 40
  14. Bernard Le Marec, Les Français libres et leurs emblèmes, Lavauzelle, (ISBN 978-2-7025-0367-6, lire en ligne), p. 77