Benjamin Bonjour — Wikipédia
Benjamin Bonjour, né le à Frenières-sur-Bex et mort le à Frenières-sur-Bex[1], est un créateur d'art brut suisse.
Biographie
[modifier | modifier le code]Benjamin Bonjour est né dans une famille pauvre. Son père, manœuvre, travaille dans diverses usines à Monthey et à Bex et loue ses bras pour des travaux agricoles et forestiers ; il terminera sa carrière aux salines de Bex. Benjamin Bonjour a donc été élevé dans des conditions matérielles très difficiles. Après le décès de sa mère en 1953, il vécut dès lors avec son frère, son père et ses deux sœurs à Bex.
À l'âge de 20 ans, Benjamin fut victime de convulsions (peut-être les symptômes d'une méningite) dont il gardera des séquelles : il marche depuis de manière saccadée et souffre d'un handicap mental dont il se rend compte.
Benjamin fut colporteur[2] et gagna sa vie en démarchant de village en village de menus objets : fils, lacets, aiguilles, savons, linges, tabliers, laines. Parfois, pour gagner quelque argent de plus, il chantait pour les malades. Dès le début des années 1960, il découvre le dessin. Après la mort de son frère aîné (en 1968), qui s'en est beaucoup occupé, il abandonne progressivement son métier pour vivre reclus avec ses deux sœurs au premier étage d'une petite maison à Bex. Mais c'est à l'âge de 60 ans qu'il cesse toute activité professionnelle pour se consacrer entièrement au dessin et au chant[3] ; les promenades et les offices religieux constituent alors ses seules sorties.
Ce n'est qu'une année avant sa mort, grâce à l'amitié et à la considération d'un ancien syndic et professeur de dessin à la retraite, que la ville de Bex organisa une petite exposition et acquit des œuvres de Benjamin Bonjour. Ce fut la seule reconnaissance locale officielle de son œuvre.
L'œuvre
[modifier | modifier le code]Benjamin Bonjour commence à dessiner à l'âge de 50 ans. C'est pour occuper ses loisirs qu'on lui donne des cahiers de coloriage russes. C'est de ces cahiers que Benjamin Bonjour reprendra plus tard une partie des thèmes répétitifs de ses dessins : oiseaux, fleurs, képis. C'est de ces cahiers aussi que viendra l'influence des architectures orthodoxes, que l'on retrouve fréquemment dans ses églises ou entassements d'églises.
Benjamin Bonjour utilise tous les supports qu'il trouve ou qu'on lui donne[4] : papiers, cartons, prospectus publicitaires, papier d'ordinateurs, ainsi que les anciens plans de l'autoroute. Il apprécie les formats moyens et lorsque le papier est trop grand, au lieu de le découper, il exécute plusieurs dessins l'un à côté de l'autre ou l'un en dessous de l'autre. Il utilise aussi des pages de calendrier paroissiaux ou publicitaires, dessinant des séries de fleurs sur les surfaces les plus claires, n'hésitant pas à recolorier avec des tons acides et de manière forcenée les illustrations photographiques.
Si, dans les premières années, il dessine facilement avec des crayons de couleur, craies grasses, néocolors et parfois stylo-bille, il finira par n'utiliser que des feutres de couleur, car d'une part, le crayon devient trop pénible à cause de ses tremblements, et d'autre part sa sœur cadette lui interdit l'usage des craies et néocolors, trop salissants à ses yeux.
Il offre volontiers ses dessins car ceux-ci n'ont plus grande importance pour lui une fois terminés. Être exposé à la Collection de l'art brut à Lausanne, au musée du Lagerhaus à Saint-Gall, dans la collection de l'Aracine (maintenant déposée au Musée d'Art moderne Lille Métropole) ou au musée de la Musée de la Création Franche à Bègles, n'a aucune importance pour lui ni pour ses sœurs. Tous trois ne retirent aucun prestige des différentes publications, cartes postales ou cartons d'invitation reproduisant des œuvres de Benjamin. Ce n'est qu'une année avant sa mort, grâce à l'amitié et à la considération d'un ancien syndic et professeur de dessin à la retraite, que la ville de Bex organisa une petite exposition[5] et acquit des œuvres de Bonjour. Ce fut la seule reconnaissance officielle de l'œuvre de Benjamin Bonjour.
En 2013, la municipalité de Bex décide de nommer une petite impasse "ruelle Benjamin Bonjour".
Expositions
[modifier | modifier le code]Expositions personnelles
[modifier | modifier le code]Galerie du Glarey, La Grange, Bex, 1998
Hôtel de ville de Tuttligen 1999
Expositions de groupes
[modifier | modifier le code]"Acquisitions 1980" collection de l'art brut, Lausanne[6]
"Acquisition récentes" collection de l'art brut, Lausanne 1984[7]
"les obsessionels" collection de l'art brut, 1993 avec Samuel Fallioubaz, Madge Gill, Raphaël Lonné, Ted Gordon, Gaston Teuscher[8]
"Art Brut Swiss Made" Museo Communale d'arte Moderna, 2018, Ascona
"Art Brut Swiss Made" Aagauer Kunsthaus, Aarau, 2019[9]
Publication
[modifier | modifier le code]- Daniela Camerin, Benjamin Bonjour, Lausanne, Collection de l'art brut, Article dans L'Art brut N°16
Filmographie
[modifier | modifier le code]"Flagrant délire d'imaginaire" de Simon Edelstein, TSR, 29 janvier 1985, 60 minutes, avec Veli Bleiker, Dernest Liniger, Alois Wey, Jean-Pierre Corpateaux, Philippe Visson, Benjamin Bonjour.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Nécrologie », Le Journal du Chablais, , p. 15 (lire en ligne)
- Odette Mudry, « Le défi d'artistes buissonniers », Radio TV je vois tout, , p. 67 (lire en ligne)
- Benjamin Bonjour, sur abcd-artbrut.net
- « La commission culturelle présente les oeuvres de Benjamin Bonjour », La Presse Riviera/Chablais, , p. 28 (lire en ligne)
- « Benjamin Bonjour expose », Le Journal du Chablais, , p. 6 (lire en ligne)
- Michel Thévoz, « Collection de l'art brut : acquisitions 1980 », Nouvelle Revue de Lausanne, , p. 9 (lire en ligne)
- « Art Brut : des acquisitions récentes », Nouvelle Revue de Lausanne, (lire en ligne)
- Mireille Descombes, « Art brut : les ressorts de l'obsession », L'Hebdo, , p. 106
- (de) « Collection de l'Art Brut - Kunst im Verborgenen », Kultur Online, (lire en ligne)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Benjamin Bonjour, sur le site de la collection de l'art brut à Lausanne
- Présentation à la Création Franche