Bibliothèque oumarienne de Ségou — Wikipédia

Bibliothèque oumarienne de Ségou
El Hadj Oumar Tall
El Hadj Oumar Tall
Présentation
Pays Mali
Ville Ségou
Fondation 1841
Fermeture 1890
Protection monument historique
Informations
Conservateur Bibliothèque Nationale de France
Site web https://gallica.bnf.fr/html/und/afrique/la-bibliotheque-oumarienne-de-segou?mode=desktop
Nombre de livres 518

La bibliothèque oumarienne de Ségou a appartenu au savant soufi tidjane et chef de guerre fondateur de l’empire toucouleur El Hadji Oumar Tall ou al-Hājj ‘Umar, puis à son fils Ahmadou Tall ou Aḥmad al-Kabīr al-Madanī avant d’être pillée par les troupes française d’Archinard. La collection de manuscrits est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France à Paris.

En avril 1890, la ville de Ségou, capitale de l’Empire Toucouleur, fondée par El Hadj Oumar Tall est occupée par les forces militaires françaises commandées par le colonel Louis Archinard[1]. La capitale des États d’Ahmadou est prise presque sans combat alors que le Sultan Ahmadou était en voyage[2]. À la suite de cette chute, le colonel Archinard et ses troupes procèdent au pillage de la ville et les possessions d’Ahmadou sont saisies. Les biens de la famille Tall, notamment des objets personnels appartenant à El Hadji Omar et à Ahmadou sont confisqués[3]. Ces biens sont composés des manuscrits constituant aujourd’hui la « bibliothèque oumarienne de Ségou », d’un sabre dit d’El Hadji Oumar, et de bijoux. Dès lors, les possessions d’Ahmadou deviennent un trophée de guerre et sont désormais connues sous le terme de « trésor de Ségou ». Le 31 mai 1890, une commission, « composée d’un capitaine d’artillerie, d’un aide-commissaire et d’un pharmacien[4] » est instituée à Kayes pour examiner l’ensemble des biens et un tri est opéré. Les éléments jugés importants sont mis dans 14 caisses et chargés à Kayes sur le bateau Vauban pour être transférés à Paris au Magasin central des colonies[5]. Ce trésor est à son arrivée éparpillé en France. La bibliothèque composée d’environ 518 manuscrits[6] est déposée en 1892 à la Bibliothèque nationale de France.

Préservation et restitution de la Bibliothèque

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En 1892, la Bibliothèque Nationale de France reçut quatre caisses contenant les manuscrits. Le personnel de la Bibliothèque procéda à la reliure du fonds entre 1898 et 1901 et le mit à la disposition des chercheurs au département des Manuscrits Orientaux dans le Fonds Arabe. La bibliothèque fut longtemps méconnue et peu exploitée, jusqu’à ce qu’en 1976, l’UNESCO l’insère dans le « Guide des sources de l’Histoire de l’Afrique », pour faire connaître ce patrimoine. Ceci avait été rendu possible par les travaux du professeur Georges Vajda qui entame en 1947 un travail d’inventaire et rend accessible le catalogue de l’ensemble de la collection à partir de 1952[7]. Plus tard en 1985, près d’un siècle après l’arrivée des collections à la BnF, Noureddine Ghali publie un second inventaire beaucoup plus détaillé de la Bibliothèque « ‘Umarienne de Ségou » réalisé entre 1979 et 1982.

Le souvenir de cette bibliothèque reste encore vif dans la mémoire des ouest-africains. En 1993, un des descendants d’El Hadj Oumar, Thierno Mountaga Tall s’est rendu en France à la Bibliothèque nationale pour négocier la restitution des manuscrits. Il a acquis, par ses propres moyens, une version microfilmée de la collection composée de 272 bobines[8]. En 2021, dans le cadre de l’actualité de la restitution des biens culturels, la Bibliothèque nationale de France, restitue à la Bibliothèque universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar la version numérique de la bibliothèque. Néanmoins les originaux font toujours l’objet de demande de retour[9].

Collections

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  • Unicité divine
  • Histoire (des Songhai et de Tombouctou, des sultans d’Afrique noire, etc.)
  • Statut des divers types d’esclaves originaires d’Afrique noire
  • Jurisprudence
  • Lexicographie
  • Biographie des compagnons du prophète Muhammad
  • Biographie du prophète Muhammad
  • Traité
  • Grammaire
  • Hadith
  • Médecine
  • Littérature et histoire littéraire
  • Soufisme
  • Éthique. Conseils et exhortations
  • Correspondances
  • Proverbes et sentences
  • ·Géométrie
  • Formules de prière
  • Géographie (détermination de la qibla en un lieu donné)
  • Sciences (la construction d’un cadran solaire)
  • Questions religieuses
  • Prosodie
  • Logique
  • Philosophie. Dialectique
  • Conseils
  • Naissance et généalogie du Prophète
  • Arithmétique
  • Rhétorique
  • Panégyriques
  • Hagiographie
  • Invocations

Notes et références

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  1. Abdoulaye Camara, « Butins et trophées de guerre: le trésor de Ségou » dans Mémoire africaine en péril, Frankfurt am Main, Africa Magna Verlag, 2015, p. 13‑20.
  2. Daniel Foliard, « Les vies du “trésor de Ségou” », Revue historique, 2018, vol. 688, no 4, p. 869‑898.
  3. Saliou Mbaye, « Un patrimoine africain en france: le trésor de Ségou » dans Bicentenaire de la naissance du cheikh El Hadj Oumar Al-Futi Tall, 1797-1998, Rabat, Institut des études africaines, 2001, p. 361‑371.
  4. FR ANOM 1601 COL 2 bis, Procès-verbal de visite et de classement des objets d’or provenant de la prise de Ségou, 31 mai 1890, cité par Daniel Foliard, « Les vies du “trésor de Ségou” », Revue historique, 2018, vol. 688, no 4, p. 877.
  5. S. Mbaye, « Un patrimoine africain en france: le trésor de Ségou », art cit. p. 363.
  6. D’autres manuscrits d’Ahmadou, supposé pris de Bandiagara lieu où Ahmadou semblait se refuger lors de la prise de Ségou, ont été offert par Le Général Archinard à son neveu le Général Réquin. Ce « fonds Réquin » est conservé par la Bibliothèque du Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie.
  7. Georges Vajda, « Contribution à la connaissance de la littérature arabe en Afrique Occidentale », Journal des Africanistes, 1950, vol. 20, no 2, p. 229‑237.
  8. S. Mbaye, « Un patrimoine africain en france: le trésor de Ségou », art cit. p. 366.
  9. La première œuvre qui est “restituée” à l’Afrique est un objet européen

Bibliographie

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  • David Robinson, The Holy War of Umar Tal: The Western Sudan in the Mid-Nineteenth Century (Oxford: Oxford University Press, 1985).
  • Madina Ly-Tall, Un Islam militant en Afrique de l’ouest aux XIXe siècle: la Tijaniyya de Saïku Umar Futiyu contre les pouvoirs traditionnels et la puissance coloniale (Paris: L’Harmattan, 1991).
  • John R. Willis, In the Path of Allah Umar: An Essay into the Nature of Charisma in Islam (London: Frank Cass, 1989).
  • Amir Syed, “al-Hajj ʿUmar Tal and the Realm of the Written: Mastery, Mobility and Islamic Authority in 19th Century West Africa” (Ph.D. dissertation, University of Michigan, 2016)
  • Sidi M. Mahibou, Jean Louis Triaud (ed. and trans.), Voilà ce qui est arrivé : Bayân mâ Waqaʻa d’al-Hâgg ʻUmar al-Fûtî: plaidoyer pour une guerre sainte en Afrique de l’Ouest Au XIXe siècle (Paris: CNRS, 1983).
  • Colonel Archinard, Le Soudan en 1893, Le Havre, Imprimerie de la Société des Anciens Courtiers, 1895, 62 p.
  • Abdoulaye Camara, « Butins et trophées de guerre: le trésor de Ségou » dans Mémoire africaine en péril, Frankfurt am Main, Africa Magna Verlag (coll. « Journal of African archaeology. Monograph series »), 2015, p. 13‑20.
  • Cheikh Moussa Kamara, La Vie d’El Hadji Omar, Dakar, Hilal, 1975, 187 p.
  • Saliou Mbaye, « Un patrimoine africain en france: le trésor de Ségou » dans Bicentenaire de la naissance du cheikh El Hadj Oumar Al-Futi Tall, 1797-1998, Rabat, Institut des études africaines, 2001, p. 361‑371.
  • Taïna Tervonen, Les otages: contre-histoire d’un butin colonial, Paris, Éditions Marchialy, 2022, 237 p.
  • Daniel Foliard, « Les vies du “trésor de Ségou” », Revue historique, 2018, vol. 688, no 4, p. 869‑898.
  • Mbaye Saliou, « Sources de l’histoire africaine aux XIXe et XXe siècles », Bibliothèque de l’École des chartes, 2004, vol. 162, no 2, p. 483‑496.

Liens externes

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