Blaming the victim (William Ryan) — Wikipédia

Blaming the victim, en français «Blâmer la victime», est un essai du psychologue américain William Ryan (en) paru en 1971. Le livre critique le discours qui impute aux Afro-Américains pauvres la responsabilité de leur condition socio-économique dévalorisée - un discours qui s'est diffusé dans les années 1960[1].

Thèses principales

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Le livre de Ryan déconstruit notamment les théories exposées dans un rapport intitulé The Negro Family : The Case for National Action, rédigé en 1965 par Daniel Patrick Moynihan[1]. Ce rapport attribue la pauvreté de certains quartiers de villes américaines à la déstructuration des familles afro-américaines, et considère que pour lutter contre la misère il faudrait consolider les familles noires[1]. William Ryan souligne des causes cruciales de la pauvreté occultées dans le rapport, comme les facteurs économiques[1], ou le racisme institutionnel aux Etats-Unis qui rend les chances inégales pour les Blancs et les Noirs[2].

L'auteur analyse également les biais qui expliquent l'importance disproportionnée accordée à de prétendus facteurs familiaux lorsqu'il s'agit des Afro-Américains, et la relégation à l'arrière-plan, dans l'analyse de leur situation, d'autres relations de causalité habituellement admises[1]. L'ouvrage de W. Ryan présente les auteurs de réformes sociales comme des « blâmeurs de victimes » qui, selon lui, «collaborent à l’oppression des pauvres en leur trouvant des défauts inhérents, tout en ignorant les forces sociales et économiques qui engendrent et perpétuent la pauvreté»[1].

Pour William Ryan, le « blâme de la victime » est une idéologie. L'auteur fait référence à « l’idéologie de la pathologie sociale » telle que définie par Charles W. Mills : les sociologues et psychologues blâmeurs de victimes évitent d'envisager la possibilité d'une distribution plus équitable des richesses à l'échelle de la société entière, et isolent une pseudo «pathologie culturelle» qui serait spécifique à un groupe, une sorte de maladie affectant une catégorie de personnes pauvres qu'il suffirait de traiter pour apporter une réponse aux inégalités et aux injustices sociales[1].

Le livre est à l'origine de la diffusion et de la popularité de l'expression « victim blaming », ou culpabilisation de la victime[3],[4],[5].

Bibliographie

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  • Robert Coles, « Review of Blaming the Victim. », American Journal of Sociology, vol. 78, no 2,‎ , p. 448–450 (ISSN 0002-9602, lire en ligne, consulté le )
  • Michael Schwartz, « Review of William Ryan, Blaming the Victim », Contemporary Sociology,‎ (lire en ligne, consulté le )

Références

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  1. a b c d e f et g Alyson Cole, «Verbicide. D’une vulnérabilité qui n’ose dire son nom», Cahiers du Genre, n° 58/2015, traduit de l’anglais (États-Unis) par Maxime Boidy, Pages 135 à 162
  2. (en) George Kent, « Blaming the Victim, Globally », UN Chronicle, no 3,‎ , p. 59-60 (lire en ligne)
  3. Donald Alexander Downs, More Than Victims: Battered Women, the Syndrome Society, and the Law, University of Chicago Press, (ISBN 9780226161600, lire en ligne), p.24
  4. George Kent, « Blaming the Victim, Globally », United Nations Department of Public Information, vol. XL, no 3,‎ (lire en ligne [archive du ])
  5. George N. Katsiaficas, Robert George Kirkpatrick et Mary Lou Emery, Introduction to Critical Sociology, Ardent Media, (ISBN 9780829015959, lire en ligne), p.219