Bourg-l'Abbesse — Wikipédia

Le Bourg-l'Abbesse est le nom porté par un ancien faubourg de Caen. Ce bourg qui dépendait de l'abbaye aux Dames occupait approximativement le quart nord-est de l'actuelle ville de Caen.

Localisation

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Le bourg était situé à l'est du Bourg-le-Roi (centre-ville ancien de Caen). Il était le pendant du Bourg-l'Abbé, faubourg situé à l'ouest de la ville de Caen et dépendant de l'abbaye aux Hommes.

Structure urbaine

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Les limites du bourg correspondaient à celle de la paroisse Saint-Gilles[1]. Cette paroisse s'étendait sur un vaste territoire allant d'ouest en est des hauteurs du Vaugueux jusqu'au lieu-dit La Rochelle (limite avec Hérouville) et du nord au sud, du hameau de Couvrechef (limite avec Saint-Contest) jusqu'aux prairies Saint-Gilles (actuelle presqu'île portuaire)[2]. Certains textes du XIVe siècle situent toutefois « dans la paroisse Saint-Pierre, au Bourg-l'Abbesse » certains immeubles situés entre la paroisse Saint-Gilles et les murs de la ville[1].

Historiquement, le Bourg-l'Abbesse était constitué de plusieurs pôles, par ordre d'éloignement de la ville fortifiée :

  • le faubourg (autour de l'église Saint-Gilles), sur les hauteurs de la vallée de l'Orne et de l'Odon ;
  • les prairies Saint-Gilles dans les boucles de l'Orne (avant son redressement et avant le percement du canal) sur lequel a été développé le port ;
  • le village de Calix, plus à l'Ouest, sur le plateau ;
  • le village de Couvrechef, au nord, vers Épron, également sur le plateau.

L'église principale du bourg était l'église Saint-Gilles de Caen. Le bourg comptait également dans sa partie urbaine. :

  • une abbatiale (la Trinité de l'abbaye aux Dames de Caen) ;
  • une collégiale (collégiale du Saint-Sépulcre de Caen) ;
  • la chapelle Sainte-Anne, à partir de laquelle est construite la deuxième (et actuelle) collégiale du Saint-Sépulcre au XVIIIe siècle ;
  • la chapelle Sainte-Agathe, située au niveau de l'actuelle venelle Sainte-Agathe.

Dans sa partie rurale, il existait deux chapelles (Saint-Thomas-l'Abattu et Sainte-Marguerite[2]) situées sur la route d'Hérouville, à la limite avec cette paroisse[note 1].

La partie urbaine du bourg était structurées par plusieurs rues orientées ouest-est et plus ou moins parallèles entre elles, du nord au sud[4] ;

  • rue de la Pigacière (qui marquait la limite nord du bourg urbain) ;
  • rue des Cordes ;
  • rue Sainte-Anne ;
  • rue des Carrières (actuelle rue Segrais) ;
  • rue des Chanoines (ou Saint-Gilles)[note 2] ;
  • rue Haute (dont seule une partie existe toujours) ;
  • rue Basse (située comme son nom l'indique en contrebas et qui marquait la limite sud du bourg urbain).

À l'ouest, les rues des Cordes, Sainte-Anne, des Carrières et Haute étaient reliées par la rue Leroy. Cette rue était connectée à la rue du Puits-ès-Botte qui permettait d’accéder à la rue du Vaugueux (et de là à la porte au Berger)[5]. La rue Basse était accessible depuis le haut du quartier par la venelle Maillard à l'ouest et les venelles Manissier et Sainte-Agathe à l'est.

À l'est, il existait trois places :

  • la grande place Saint-Gilles (à l'emplacement de l'actuelle place Maurice-Fouques) ;
  • la petite place Saint-Gilles ;
  • la place Reine-Mathilde (où se trouvait la porte de l'abbaye).


Selon les fouilles archéologiques, l'occupation permanente de cette partie de la ville remonte au VIIIe siècle. Il est fort probable qu'un cimetière fut organisé avant même la construction de l'église Saint-Gilles qui aurait été fondée dans la seconde moitié du Xe siècle[6]. Elle est donc antérieure à la fondation de l'abbaye aux Dames en 1059 qui est à l'origine du bourg l'Abbesse.

La dédicace de l'abbaye a lieu le [7]. Dès lors, la zone qui entoure l'abbaye et son enceinte concomitante est qualifiée de bourg[8]. Mais l'habitat y semble peu développé contrairement au bourg l'Abbé et il existe des villae en dehors de l'enceinte comme Calix. Un acte daté du du duc de Normandie confirme à la Trinité « la partie de son bourg située aux confins des territoires de Calix et de Caen à l'extérieur du mur » et la possibilité d'étendre celui-ci dans des limites clairement établies[7].

L'abbaye aux Dames reçoit en 1359 l'autorisation de collecter une taxe afin de renforcer ses défenses[9]. En février 1433, Henri VIII d'Angleterre, qui occupe la ville depuis 1417, ordonne l'abaissement des murs des bourgs abbatiaux. Les murailles sont en fait conservées, mais les fossés de l'abbaye aux Dames sont comblés[10]. Les vestiges de l'enceinte de l'abbaye, notamment la porterie, sont détruits dans les années 1820 au moment du prolongement de la rue des Chanoines.

Pendant la bataille de Caen en 1944, une grande partie du quartier est détruit lors des bombardements. Il est reconstruit en conservant presque intégralement le réseau viaire existant[11].

Monument Adresse Coordonnées Notice Protection Date Illustration
Ancienne abbaye aux Dames (actuel siège du conseil régional de Normandie) Place de la Reine-Mathilde 49° 11′ 13″ nord, 0° 21′ 09″ ouest « PA00111123 » classé 1840
1976
Ancienne abbaye aux Dames (actuel siège du conseil régional de Normandie)
Ancienne collégiale du Saint-Sépulcre 49° 11′ 11″ nord, 0° 21′ 33″ ouest « PA00111126 » Classé 1934
Ancienne collégiale du Saint-Sépulcre
Maison des Templiers 45 rue Haute 49° 11′ 09″ nord, 0° 21′ 17″ ouest « PA00111182 » Inscrit 1929
Maison des Templiers
Portail du Clos des Coutures 3 avenue Georges-Clemenceau (anciennement rue de Ouistreham) 49° 11′ 16″ nord, 0° 21′ 15″ ouest « PA00111128 » Inscrit 1927
Portail du Clos des Coutures
Maison Sainte-Blaise 88 rue Basse 49° 11′ 08″ nord, 0° 20′ 58″ ouest « PA00111168 » Inscrit 1948
Maison Sainte-Blaise
Maison des Gens d'Armes 161 rue Basse 49° 11′ 07″ nord, 0° 20′ 32″ ouest « PA00111169 » Classé 1862
Maison des Gens d'Armes
Manoir du Vaubenard Rue de la Masse (dans l'enceinte de l'Hôpital Clemenceau) 49° 11′ 16″ nord, 0° 20′ 43″ ouest « PA00111189 » Inscrit 1973
Manoir du Vaubenard

Bâtiments détruits

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Monument Adresse Coordonnées Notice Protection Date Illustration
Ancienne église Saint-Gilles (ruines) Place Saint-Gilles 49° 11′ 12″ nord, 0° 21′ 17″ ouest « PA00111133 » Classé 1862
Ancienne église Saint-Gilles (ruines)
Hôtel de Matignon (façade sur rue avec échauguette)[12] 27 rue des Chanoines à géolocaliser Inscrit ?

Image manquante

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Maison (façade)[13] 14 Grande-place Saint-Gilles à géolocaliser Inscrit 1929

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Notes et références

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  1. Sur le cadastre de 1810, il existe encore une parcelle nommée « les Chapelles »[3]. L'actuel cimetière Nord-Est a été aménagé à cet emplacement.
  2. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle que la rue des Chanoines est prolongée à l'ouest et vient se connecter à la rue Montoir-Poissonnerie, prolongée elle aussi vers l'est. La rue des Chanoines est également élargie à l'est, ce qui entraine la démolition du chœur de l'église Saint-Gilles.

Références

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  1. a et b Georges Huard, La paroisse et l'église Saint-Pierre de Caen, des origines au milieu du XVIe siècle (lire en ligne), p. 33-34
  2. a et b « Carte géométrique de la paroisse Saint-Gilles de Caen, ensemble les limites des 9 paroisses qui l'environne. Levée par les ordres de Madame de Belsunce de Castelmoron, abbesse de Sainte-Trinité de ladite ville. Signé Noël, rue des Capucins à Caen - CPL/264 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
  3. « Cadastre de la commune de Caen - Section B2 de Couvrechef - 3P/1932 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
  4. « Cadastre de la commune de Caen - Section K2 de l'abbaye aux Dames - 3P/1932 », sur Archives départementales du Calvados (consulté le )
  5. « Cadastre de la commune de Caen - Section K1 de L'Abbaye aux Dames - 3P/1932 », sur Archives départementales du Calvados,
  6. Pascal Leroux, Pierre Margerie et Jean-Yves Marin, Archéologie des villes dans le Nord-Ouest de l'Europe (VIIe-XIIIe siècle) : Actes du IVe Congrès International d'Archéologie Médiévale, , « Les églises de Caen du VIIe au XIIe siècle, d'après les fouilles récentes »
  7. a et b Lucien Musset, « La reine Mathilde et la fondation de la Trinité de Caen (Abbaye aux Dames) », Mémoire de l'Académie nationale des Sciences, Arts et Belles Lettres de Caen, vol. 21,‎ , p. 191-210
  8. Laurence Jean-Marie, Caen aux XIe et XIIe siècles : espace urbain, pouvoirs et société, Cormelles-le-Royal, La Mandragore, (ISBN 2-912468-08-6)
  9. Bulletin de la société des ducs de Normandie, Caen, Bigot, années 1930–1931, t. 39, p. 499 [lire en ligne].
  10. Gabriel Desert (dir.), Histoire de Caen, Privat, , p. 105
  11. « Plans topographiques de la Reconstruction (31FI, 1FI) », sur Archives départementales du Calvados (consulté le ).
  12. « Inventaire des monuments historiques objets d’art, sites et monuments naturels de la Normandie. III. - Le département du Calvados », Études Normandes, livraison 9, no 28,‎ 4e trimestre 1953, p. 597-605 (lire en ligne)
  13. Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, 1928–1929, tome 38, p. 561 [lire en ligne]