Céphale et Procris — Wikipédia

Éos enlevant le jeune Céphale, lécythe attique à figures rouges, v. 470-460 av. J.-C., musée archéologique national de Madrid (Inv. 11158).

Céphale et Procris (en grec ancien Κέφαλος καὶ Πρόκρις / Képhalos kaì Prókris) sont un couple d'amants de la mythologie grecque. Ils ont pour fils Arcésios, roi d'Ithaque.

Céphale, prince thessalien, fils de Déion et de Diomédé, avait épousé Procris, une des filles d'Érechthée, roi d'Athènes. Elle était d'une beauté remarquable. Céphale inspira une vive passion à Éos (l'Aurore). Celle-ci, pour le détacher de Procris, l'engagea à éprouver la fidélité de son épouse. Dans ce but, il s'introduisit près d'elle, caché sous un déguisement. Ayant réussi à la séduire, il la chassa de sa présence. Procris, honteuse, s'enfuit en CrèteArtémis lui fit don d'un chien et d'un javelot magique. Plus tard, Procris revint dans son foyer sous l'aspect d'une séduisante jeune fille, et s'offrit à l'amour de Céphale en échange des cadeaux de la déesse. Céphale accepta et Procris se fit alors reconnaître.

Coupe de Procris et Céphale, 425 av. notre ère, Céramique grecque à figures rouges, musée d'Ensérune.

Les deux époux se réconcilièrent. La jalousie cependant étreignait le cœur de Procris qui pensait que son époux rejoignait Éos lors de ses parties de chasse. Une nuit, elle le suivit donc en cachette. Par mégarde elle remua une branche. Pensant qu'un gibier se cachait derrière le feuillage, Céphale lança son javelot et perça le corps de sa chère Procris. Désespéré par cette mort, il se tua avec le même javelot. Selon une autre version, l'aréopage le bannit pour ce meurtre. Il se retira dans l'île qui prit de lui le nom de Céphalonie. Là, hanté par le fantôme de sa bien-aimée, il finit par se jeter à la mer.

Interprétations

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Selon Michael Janda, le mythe de Céphale « qui a une « tête » » serait à rapprocher du mythe du chasseur Orion et de celui de Prajapati, amant de sa fille Uṣas « la Brillante », personnifiant l'Aurore[1].

Bernard Sergent, dans son ouvrage Celtes et Grecs[2], pense déceler une origine commune à ce mythe et au mythe celtique de Celtchar. On y trouve en effet les mêmes motifs de la femme infidèle, de la lance infaillible et du chien extraordinaire.

Évocations artistiques

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Cette légende a inspiré :

La Mort de Procris, par Piero di Cosimo, vers 1486-1510, National Gallery, Londres.
  • Mort de Procris tuée d'une flèche dans la poitrine (Sébastien Leclerc, pour Les Métamorphoses d'Ovide en rondeaux, 1676)
    Sébastien Leclerc représente cet épisode pour les Métamorphoses d'Ovide en rondeaux, un projet de traduction et illustration des mythes d'Ovide commandé à Isaac de Benserade par Louis XIV et publié en 1676. Ses 39 illustrations sont gravées en taille-douce et eau-forte. Il choisit de faire de Procris une figure éminemment tragique, en jouant notamment avec lumière claire et franche qui éclaire son corps. Elle n'est pas encore complètement tombée, Leclerc l'immortalise alors même qu'elle vient d'être touchée, pas encore morte, encore surprise. Par contraste, Céphale est dans l'ombre, en arrière-plan, il apparaît effrayé, dans un mouvement en avant; il se précipite vers son amante alors qu'il prend conscience du drame qui vient se passer.
  • un cabinet en ébène réalisé par Pierre Gole, menuisier parisien, vers 1645, conservé au château d'Ambleville[réf. nécessaire].
  • Le jeu vidéo Assassin's Creed Odyssey commence sur l'île où s'est déroulé ce drame. De nombreuses références sont faites à ce mythe et l'une des quêtes consiste à retrouver le javelot avec lequel Procris fut tuée.

Bibliographie

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Sources antiques

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Notes et références

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  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  1. (en) Michael Janda, The night sky of the Indo-Europeans, In: Larsson, J., Olander, T., & Jørgensen, A. R. (eds.), Indo-European Interfaces: Integrating Linguistics, Mythology and Archaeology, pp. 149-163. Stockholm: Stockholm University Press, 2024
  2. Bernard Sergent, Celtes et Grecs, tome I, Le Livre des héros, 1999, éditions Payot & Rivages, Paris. (ISBN 2-228-89257-2).

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Liens externes

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