Caracara huppé — Wikipédia
Caracara plancus
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Aves |
Ordre | Falconiformes |
Famille | Falconidae |
Genre | Caracara |
Statut CITES
Le Caracara huppé ou Caracara à crête (Caracara plancus) est une espèce de rapaces de grande taille de la famille des falconidés, qui réside dans toute l'Amérique du Sud et centrale.
Description
[modifier | modifier le code]Il a une longueur de 49 à 64 cm et une envergure de 120 cm, pour un poids d'environ 1 kg ; les individus méridionaux seraient potentiellement plus grands que ceux vivant près de l'équateur[1]. Le capuchon, le ventre, les cuisses, la plus grande partie des ailes et l'extrémité de la queue sont de couleur marron foncé, les oreilles, la gorge et la nuque sont blanchâtres, la poitrine, le cou, le dos, le dessus de la queue, le crissum et la partie basse de la queue sont blanchâtres, rayés de brun foncé. En vol, les plumes les plus externes des ailes forment une grande tache blanche remarquable comme chez les autres espèces de caracaras. Ses pattes sont de couleur jaune, et les pourtours de son bec et le dessous des yeux sont dépourvus de plumes, avec une couleur variant du jaune au rouge-orange. Le bec est couleur bleu ciel[2].
Les jeunes ressemblent aux adultes, mais sont plus pâles, avec des stries sur la poitrine, le cou et le dos, les jambes sont grises et la peau nue est blanchâtre devenant plus tard rose-violet, de même que les cires. Le plumage adulte n'est obtenu qu'entre 2 et 4 ans[2].
Répartition et habitat
[modifier | modifier le code]Répartition
[modifier | modifier le code]On le trouve dans toute l'Amérique du Sud et centrale, depuis la Terre de Feu, dans le parc national Tierra del Fuego et la réserve naturelle de l'île des États, jusque au nord du Mexique. Une population de 500 couples vit sur les îles Malouines[3].
En Amérique du Nord, on le trouve dans certains États américains ; il est assez commun au Texas, mais rare et localisé en Arizona et très localisé en Floride[4]. On le trouve également sur plusieurs îles des Caraïbes, dont notamment Cuba et les îles proches de la côte sud-américaine. On peut très exceptionnellement l'observer plus au nord, jusqu'au Canada[5],[6].
Habitat
[modifier | modifier le code]On retrouve principalement le caracara huppé dans les espaces ouverts, comme les prairies, les collines, les steppes ou les bords des rivières[7],[8]. Il se nourrit fréquemment d'animaux blessés ou tués par le trafic routier et peut donc fréquemment se rapprocher des routes[9]. Il s'habitue très bien aux milieux périurbains, étant capable de tirer parti des espaces ouverts et des sources de nourriture liées aux humains (notamment les déchets)[10],[11].
Écologie et comportement
[modifier | modifier le code]Alimentation
[modifier | modifier le code]Le caracara huppé est une espèce opportuniste, il se nourrit majoritairement d'arthropodes, notamment des coléoptères et des ténébrionidés, et de mammifères, en particulier des carcasses de moutons ainsi que des lagomorphes et des rongeurs. Son régime change selon les saisons, avec une majorité d'arthropodes au printemps et en été, et de plus gros animaux en automne et hiver[12],[13]. Il passe une bonne partie de son temps au sol à la recherche de proies, ou en vol à la recherche de carcasses[2].
Il est également capable de consommer des fruits comme le péqui, participant ainsi à la dissémination de ses graines[14].
Il est dominant par rapport à l'Urubu noir et à l'Urubu à tête rouge sur les carcasses. Il est généralement solitaire, mais plusieurs individus peuvent se regrouper sur une grande source de produits alimentaires (par exemple, les décharges) ; il n'est pas rare que plusieurs caracaras soient en compétition pour une même carcasse[2].
Reproduction
[modifier | modifier le code]La période de reproduction se situe au printemps et à l'été dans la partie sud de son aire de répartition, mais le calendrier est moins strict dans les régions plus chaudes. Le nid est une grande structure de branchages, d'herbes et de duvet, généralement placée au sommet d'un arbre ou d'un palmier mais qu'on trouve parfois à même le sol. La ponte est en moyenne de deux à trois œufs[15] et l'incubation de 28 à 32 jours[16].
Comportement
[modifier | modifier le code]Des cas d'allopreening, c'est-à-dire de nettoyage mutuel entre différentes espèces d'oiseaux, ont été observés entre le caracara et l'Urubu noir[17].
Systématique
[modifier | modifier le code]L'espèce Caracara plancus a été décrite par le naturaliste britannique John Frederick Miller en 1777, sous le nom initial de Falco plancus. L'espèce était auparavant placée dans le genre Polyborus (désormais désuet).
Le caracara huppé est actuellement divisé en deux sous-espèces. La sous-espèce C. p. cheriway était anciennement considérée comme une espèce à part, nommée Caracara cheriway (Caracara du Nord) ; la fusion des deux espèces a été proposée et acceptée par le SACC en 2020[18],[19], et est aujourd'hui acceptée par les principales références ornithologiques[20]. Cette fusion revient sur la séparation proposée en 2000, avant laquelle Caracara plancus était divisé en trois sous-espèces, regroupant l'actuel Caracara huppé, le Caracara de Guadalupe et le Caracara du Nord[21],[22]. Les deux sous-espèces possèdent une vaste zone d'hybridation à l'échelle de la forêt amazonienne ; les individus sont difficilement assignables à l'une ou l'autre dans cette zone[18].
Les sous-espèces actuelles sont[2] :
Sous-espèces | |||
---|---|---|---|
Nom | Découvreur | Répartition | Commentaire |
C. p. plancus | John Frederick Miller, 1777[23] | Amérique du Sud, jusqu'au nord du Brésil et du Pérou | Sous-espèce nominale. |
C. p. cheriway | Joseph Franz von Jacquin, 1784[24] | Nord du Brésil et du Pérou jusqu'au sud des États-Unis, Cuba, Île de la Jeunesse, Îles Tres Marías, Aruba et Trinidad | Diffère de la sous-espèce nominale principalement par son plumage plus noir. Sa tête est également plus blanche[2]. La femelle est plus grande que le mâle, à l'inverse de la sous-espèce nominale[18]. |
Les sous-espèces audubonii et pallidus étaient anciennement reconnues comme sous-espèces de Caracara cheriway, puis de Caracara plancus à la suite de la fusion. Elles étaient en particulier reconnues par Clements[25] qui les a finalement abandonnées et regroupées avec cheriway en octobre 2022[26]. Elles occupaient les zones situées au nord du Panama et Cuba (audubonii), et les îles Tres Marias (pallidus).
Synonymes
[modifier | modifier le code]- Falco plancus J.F.Miller, 1777 protonyme
- Polyborus plancus
Le caracara huppé et l'humain
[modifier | modifier le code]Conservation
[modifier | modifier le code]Le caracara huppé est classé comme "préoccupation mineure" par l'UICN, en raison de l'étendue de son aire de répartition ; sa population n'est pas connue mais est probablement en augmentation, en raison de l'apparition de nouveaux habitats favorables au caracara provoquée par la déforestation[27].
Mythologie
[modifier | modifier le code]Dans les années 1960, l'ornithologue et anthropologue Rafael Martín del Campo suggère que les Aztèques vénéraient le caracara huppé plutôt que l'Aigle royal contrairement à ce qui est communément admis, en se fondant sur certaines représentations pré-hispaniques[28].
Galerie
[modifier | modifier le code]- Caracara huppé en pied.
- Un Caracara huppé en vol.
- Caracara huppé en vol dans le Pantanal. Septembre 2015.
- Caracara plancus (Mato Grosso, Brésil)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Rodrigo Aráoz, Diego Ortiz et Patricia Capllonch, « Biometrics and body masses of some birds of prey of Argentina », Revista Brasileira de Ornitologia, vol. 24, no 4, , p. 344–348 (ISSN 2178-7875, DOI 10.1007/BF03544365, lire en ligne, consulté le )
- (en) Joan L. Morrison et James F. Dwyer, « Crested Caracara (Caracara plancus), version 1.0 », Birds of the World, (DOI 10.2173/bow.y00678.01, lire en ligne, consulté le )
- Site de Falklands.net
- Birds of America / Smithsonian handbooks et observations personnelles en Floride du Sud dans le County de Hendry, entre Labelle et Immokalee (County de Collier) le long de la Route d'État 29 où il prédominait sur des carcasses d'animaux, effrayant les vautours noirs et les vautours "Turkey" (dinde)
- « 'Extremely rare' bird shows its face in New Brunswick », sur CBC, .
- « Crested Caracara Spotted in Alberta for the First Time », sur audubon.org, .
- Julieta Pedrana, Juan Pablo Isacch et María Susana Bó, « Habitat relationships of diurnal raptors at local and landscape scales in southern temperate grasslands of Argentina », Emu - Austral Ornithology, vol. 108, no 4, , p. 301–310 (ISSN 0158-4197, DOI 10.1071/MU07075, lire en ligne, consulté le )
- Laura B. Rivera-Rodríguez et Ricardo Rodríguez-Estrella, « Breeding Biology of the Crested Caracara in the Cape Region of Baja California, Mexico (Biología Reproductiva del Caracara en la Región del Cabo de baja California, México) », Journal of Field Ornithology, vol. 69, no 2, , p. 160–168 (ISSN 0273-8570, lire en ligne, consulté le )
- (en) Sergio A. Lambertucci, Karina L. Speziale, Thomas E. Rogers et Juan M. Morales, « How do roads affect the habitat use of an assemblage of scavenging raptors? », Biodiversity and Conservation, vol. 18, no 8, , p. 2063–2074 (ISSN 1572-9710, DOI 10.1007/s10531-008-9573-3, lire en ligne, consulté le )
- (en) Carlos Eduardo, Alencar Carvalho et Miguel Ângelo Marini, « Distribution patterns of diurnal raptors in open and forested habitats in south-eastern Brazil and the effects of urbanization », Bird Conservation International, vol. 17, no 4, , p. 367–380 (ISSN 0959-2709 et 1474-0001, DOI 10.1017/S0959270907000822, lire en ligne, consulté le )
- Hevana S. Lima, Daniele Mariz, Bruna M. Da Silva Costa et Lays De F. Viturino, « Adaptation of Crested Caracaras (Caracara plancus) to Urban Environments: First Report of a Nest Made of Human-Made Materials », Journal of Raptor Research, vol. 56, no 3, (ISSN 0892-1016, DOI 10.3356/jrr-22-07, lire en ligne, consulté le )
- Rodrigo J. Vargas, María Susana Bó et Marco Favero, « DIET OF THE SOUTHERN CARACARA (CARACARA PLANCUS) IN MAR CHIQUITA RESERVE, SOUTHERN ARGENTINA », Journal of Raptor Research, vol. 41, no 2, , p. 113–121 (ISSN 0892-1016 et 2162-4569, DOI 10.3356/0892-1016(2007)41[113:DOTSCC]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le )
- (en) A. Travaini, J. A. Donázar, O. Ceballos et F. Hiraldo, « Food habits of the Crested Caracara (Caracara plancus) in the Andean Patagonia: the role of breeding constraints », Journal of Arid Environments, vol. 48, no 2, , p. 211–219 (ISSN 0140-1963, DOI 10.1006/jare.2000.0745, lire en ligne, consulté le )
- (en) W. S. Paula, R. N. Souza et E. G. Santos, « Fruit consumption and seed dispersal of Caryocar brasilense (Caryocaraceae) by Caracara plancus (Falconidae) », Brazilian Journal of Biology, vol. 81, , p. 1127–1128 (ISSN 1519-6984 et 1678-4375, DOI 10.1590/1519-6984.234498, lire en ligne, consulté le )
- Site de Colliergov.net
- Site de Peregrinefund.org
- Cleverton Da Silva et Ricardo S. Carmo, « Comportamento Allopreening entre urubu-de-cabeça-preta (Coragyps atratus) e caracará (Caracara plancus) no nordeste brasileiro », Atualidades Ornitológica, vol. 184, (lire en ligne)
- « Treat Caracara cheriway as conspecific with Caracara plancus », sur www.museum.lsu.edu (consulté le )
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- (en) Clements, J. F., T. S. Schulenberg, M. J. Iliff, S. M. Billerman, T. A. Fredericks, J. A. Gerbracht, D. Lepage, B. L. Sullivan, and C. L. Wood., « The eBird/Clements checklist of Birds of the World: v2021 », Clements Checklist, (lire en ligne)
- Carla J. Dove et Richard C. Banks, « A Taxonomic Study of Crested Caracaras (Falconidae) », The Wilson Bulletin, vol. 111, no 3, , p. 330–339 (ISSN 0043-5643, lire en ligne, consulté le )
- « Forty-Second Supplement to The American Ornithologists' Union Check-List of North American Birds », The Auk, vol. 117, no 3, , p. 847–858 (ISSN 1938-4254 et 0004-8038, DOI 10.1093/auk/117.3.847, lire en ligne, consulté le )
- John Frederick Miller et Carl von Linné, [Icones Animalium et Plantarum], vol. 1, [s.n.], (lire en ligne), Tabula XVII
- Joseph Franz Jacquin, Beyträge zur Geschichte der Vögel, Gedruckt und verlegt bey C. F. Wappler, (lire en ligne), p. 17
- « Caracara plancus audubonii (Caracara huppé (audubonii)) - Avibase », sur avibase.bsc-eoc.org (consulté le )
- « October 2022 | Clements Checklist », sur www.birds.cornell.edu (consulté le )
- (en) IUCN, « Caracara plancus: BirdLife International: The IUCN Red List of Threatened Species 2016: e.T22733377A95058702 », IUCN Red List, International Union for Conservation of Nature, (DOI 10.2305/iucn.uk.2016-3.rlts.t22733377a95058702.en, lire en ligne, consulté le )
- (es) « El iztaccuauhtli y el águila mexicana ¿Cuauhtli o águila real? », sur Arqueología Mexicana, (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (fr) Référence Oiseaux.net : Caracara plancus (+ répartition)
- (en) Référence Congrès ornithologique international : Caracara plancus dans l'ordre Falconiformes (consulté le )
- (en) Référence Zoonomen Nomenclature Resource (Alan P. Peterson) : Caracara plancus dans Falconiformes
- (fr + en) Référence Avibase : Caracara plancus (+ répartition)
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Caracara plancus
- (en) Référence Animal Diversity Web : Caracara plancus
- (en) Référence Catalogue of Life : Caracara plancus (J. F. Miller, 1777) (consulté le )
- (en) Référence CITES : espèce Caracara plancus (J.F.Miller, 1777) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Polyborus plancus (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Caracara plancus (consulté le )