Chariot de supermarché — Wikipédia
Type | Véhicule non motorisé (d) |
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Matériaux |
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Moteur | Énergie humaine (d) |
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Usage |
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Un chariot ou charrette de supermarché, aussi appelé panier d'épicerie[1] au Québec, est un chariot, métallique ou en matière plastique, conçu pour faciliter le transport des marchandises achetées dans un supermarché ou d'autres types de magasins.
Caddie est une marque, propriété de la société française Ateliers réunis Caddie[2]. Le terme « caddie » est par antonomase entré dans le langage courant pour désigner un chariot de supermarché, bien que l'entreprise intervienne régulièrement pour s'opposer à ce que le nom de ses produits soit utilisé comme tel.
Historique
[modifier | modifier le code]En 1936, Sylvan N. Goldman conçoit l'ancêtre du chariot de supermarché, pliable, afin de permettre aux clients de sa chaîne de supermarchés de faire davantage d'achats[3] ; il permet de poser deux paniers, l'un au-dessus de l'autre[3]. Un exemplaire est depuis conservé à la Smithsonian Institution[3]. Sylvan Goldman est également l'inventeur du chariot à bagages.
En 1946, Orla E. Watson conçoit des prototypes de chariots encastrables horizontalement ; contrairement au chariot de Goldman, les paniers sont cette fois inclus au chariot. Ces chariots, d'une capacité de 40 litres[4], sont par conséquent plus rapides à ranger après emploi ou à sortir de leur rangement en vue de leur utilisation[3].
En 1948, l'entreprise de Goldman commercialise des chariots encastrables semblables à ceux conçus par Watson, à panier unique, plus grand. L'entreprise de Watson engage des poursuites contre celle de Goldman, mais en 1949, Watson accorde à Goldman une licence exclusive (à l'exception de trois licences déjà accordées) d'exploitation du brevet qu'il a déposé[3].
Les Ateliers Réunis, une entreprise fondée en 1929 par Raymond Joseph (décédé en 1984) et ayant son siège à Drusenheim, en Alsace, fabrique également des chariots de manutention, des poussettes de marché, etc. Caddie détient, dans les années 1980, environ 80 % du marché européen du chariot de supermarché.[réf. nécessaire]
Le premier chariot Caddie est créé dans les années 1960, en Alsace, pour le compte des premières enseignes de supermarchés ; il est composé d'un bâti à roulettes sur lequel on accroche deux paniers métalliques, lesquels sont ensuite remplacés par un panier soudé au bâti, dans sa forme actuelle.[réf. nécessaire]
Pouvant atteindre une capacité de 240 litres, soit 210 kg de marchandises pour le modèle Standard[5], un chariot parcourt en moyenne 28 000 km dans sa durée de vie (maximum 7 ans) à 2 ou 6 km/h, ce qu'il fait qu'il transporte 10 000 fois son poids de marchandises. Il est le plus souvent constitué d'une cage en fil d'acier ou parfois en plastique (ce qui le rend compatible avec la facturation automatique[6] par le moyen d'étiquettes RFID Radio-identification et de portiques dédiés)[4].
Pour lutter contre le vol, les chariots ont été dotés de monnayeurs pendant plusieurs décennies. Toutefois, le monnayeur nécessite une pièce d'un montant particulier, et pour éviter cette contraintes, d'autres technologies anti-vol sont développées[7].
Terminologie
[modifier | modifier le code]Nom « caddie »
[modifier | modifier le code]Le mot anglais « caddie » (ou sa variante orthographique « caddy ») désigne à la base un garçon (un « cadet ») chargé de transporter les clubs de golf d'un joueur de golf, soit en portant le sac contenant les clubs, soit en tirant celui-ci sur un petit chariot. C'est ainsi que le « chariot de caddie », puis « caddie » tout court, est entré par la suite dans la langue française, et apparaît en 1952 dans le dictionnaire Le Robert sous cette définition : « petit chariot métallique pour transporter les denrées dans les libres-services et les bagages dans les gares ou les aéroports »[8].
En 1987, la société Ateliers réunis Caddie, qui fabrique entre autres des chariots de supermarché, dépose auprès de l'Institut national de la propriété industrielle la marque commerciale "Caddie",[8]. Elle déposera également le nom « Caddy ». Ces marques sont régulièrement renouvelées depuis[9]. L'utilisation de ces termes est donc soumise aux règles du droit des marques, qui exige qu'un signe conserve son caractère distinctif pour pouvoir prétendre à la protection et ne pas devenir un terme générique (à l'instar de « frigidaire » ou de « kleenex »).
La société Caddie intervient régulièrement pour protester contre les usages impropres de ses marques et s’opposer à ce qu’elles soient utilisées par antonomase comme synonymes de « chariot de supermarché ». Elle a notamment obtenu la condamnation de plusieurs journaux, comme Le Figaro ou Libération, pour avoir fait un tel usage de ce nom[8]. Elle a demandé fin 2009 au Figaro de préciser que le terme « caddie » ne peut être employé comme synonyme de « chariot de supermarché »[10].
L'utilisation du nom « caddy » pour la Volkswagen Caddy a été soumise à une autorisation des Ateliers réunis Caddie accordée à Volkswagen[11].
Adaptations
[modifier | modifier le code]Le chariot de supermarché est généralement conçu pour asseoir un enfant face à la poignée et placer un casier de bouteilles sous le panier.
Il existe aussi des chariots pourvus d'un siège-bébé et d'autres adaptés aux personnes handicapées moteur, ainsi que des chariots de dimension réduite destinés aux enfants et généralement équipés d'un fanion permettant de les repérer à distance.
- Chariot avec siège-bébé.
- Chariot pour handicapé moteur.
- Chariots pour enfants.
Détournement dans l'art, le design, la société et la critique de la consommation
[modifier | modifier le code]Les fabricants de chariots libre-service comme Caddie, Wanzl ou Brüder Siegel ont entretenu depuis le lancement du chariot libre-service sur le marché d'intenses relations commerciales réciproques, directes et indirectes, avec des artistes, des graphistes, des designers industriels et de mobilier comme Charles Eames, Harry Bertoia ou Verner Panton - non seulement pour le développement et l'amélioration de leurs propres chariots libre-service et articles de corbeille métallique, mais aussi à des fins publicitaires et de relations publiques. Olivier Mourgue[12], Otl Aicher, Stiletto et d'autres créateurs ont fait fabriquer des meubles en fil métallique ou des œuvres d'art par des fabricants de caddies.
L'une des thématisations les plus connues d'un chariot de supermarché dans l'art est la sculpture critique de la consommation « Supermarket Lady » de l'artiste américain du pop art, Duane Hanson, de 1970[13],[14].
En 1983, le « Ein-Mann-Künstlergruppe » (groupe d'artistes d'un seul homme) Stiletto Studio,s[15] a détourné un chariot de supermarché « égaré » en le transformant en un fauteuil en fil de fer cantilever « renversé » selon le principe de l'objet trouvé[16],[17]. En tant que simulation de design critique à l'égard du design et de la culture de consommation, l'œuvre intitulée ironiquement par Stiletto « Consumer's Rest Lounge Chair »[16],[18],[19],[20] se référait au fait que les meubles en fil de fer d'Eames et de Bertoia étaient déjà des adaptations suresthétisées de l'apparition contemporaine des chariots de supermarché aux États-Unis et donc déjà eux-mêmes des récurrences au contexte révolutionnaire de la consommation du style international en architecture et en design[21],[22].
Les chariots d'achat qui sont, de loin, les plus nombreux à être volés, non restitués et abandonnés en dehors de leur lieu d'implantation, sont cependant détournés par des réutilisateurs et seconds utilisateurs occasionnels, sans aucune intention artistique ou de critique culturelle Ready-made, comme solutions d'urgence - entre autres comme improvisations. (par exemple comme panier à linge), ou meuble nomade[23] universel pour le mobilier des sans-abri, ou encore, au mépris du fait que les revêtements en zinc et en plastique des surfaces en fil métallique sont nocifs lorsqu'ils sont chauffés, comme barbecue ad hoc.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « panier d'épicerie », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
- « INPI – Service de recherche marques », sur bases-marques.inpi.fr (consulté le ).
- [PDF] Catherine Garndclément et Franck Cochoy, « Histoires du chariot de supermarché », sur cairn.info
- Nicole Penicaut, « Le Caddie parcourt 28.000 km dans sa vie à 2 ou 6 km/h. Vie et maux des Caddies », sur libération.fr,
- [PDF] « Notice d'utilisation », sur caddie.fr (consulté le )
- « Polycart - 100% Compatible avec la Facturation Automatique par le Moyen d'Ètiquettes RFID », sur polycartgroup.com
- Marion Biosse Duplan, « Carrefour va supprimer le traditionnel jeton pour les chariots de course », Le Figaro, (lire en ligne , consulté le ).
- « 50 000F pour un caddie. Libération est condamné pour avoir utilisé le mot, nom déposé », lire en ligne sur liberation.fr
- Par exemple le 11 juin 2007, sous le numéro 1.419.775.
- « Précision de la société Caddie », lire en ligne
- « Le nom Caddy est une marque déposée de la société Caddie S.A. et est utilisé par Volkswagen Commercial Vehicles avec l'aimable autorisation de Caddie SA. », dans Le nouveau Caddy
- « Le premier caddie de l'histoire du design à avoir été transformé en chaise », sur design-recyclers, (consulté le ).
- « Ludwig Forum - Duane Hanson », sur Internet Archive (consulté le ).
- « ludwigforum.de/museum/restaura… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- "Stiletto, who describes himself as an ‘antipreneurship expert’ and the ‘head of one-man artist group Stiletto Studio,s’, started Design Vertreib (Vertreib is a made-up term, deliberately misspelling Vertrieb (distribution), in order to take on the meaning of Vertreibung (expulsion – as in ... from a consumer's paradise) as a deconstructive means of processive disturbation. Also Vertreib is the second half of the German word Zeitvertreib (pasttime, diversion). It also recurs to one of Duchamp's explanations of Readymades as pastimes attempting the disposal of art.) in the 1990s as an undertaking for ‘Beleuchtungskörperbau’.(Reinvented compound word, derived from Körperbau (physique, build) and the old-fashioned technical term Beleuchtungskörper (lighting fixture). Though completely uncommon, outdated and superficially suggesting an ironic neologism, originally it simply means lighting fixture engineering.) Building upon the Readymade principle of his 1980s design-critical artworks, he follows a modular construction principle, relying almost entirely on pre-existing standard industrial components, that he describes as ‘liberated from design’." dans : Vitra Design Museum : Atlas of Furniture Design, Weil am Rhein, Allemagne, 2019, sur CONSUMER'S REST Lounge Chair par Stiletto (Stiletto Studio,s), page 726 (trad.: Stiletto, qui se décrit lui-même comme un "expert en antipreneuriat" et le "chef du groupe d'artistes unipersonnel Stiletto Studio,s", a lancé Design Vertreib (Vertreib est un terme inventé, délibérément mal orthographié Vertrieb (distribution), afin de reprendre le sens de Vertreibung (expulsion - comme dans ... du paradis des consommateurs) comme moyen déconstructif de perturbation processive. Vertreib est également la seconde moitié du mot allemand Zeitvertreib (passe-temps, distraction). Il renvoie également à l'une des explications de Duchamp sur les Readymades en tant que passe-temps visant à éliminer l'art.) dans les années 1990 comme une entreprise de "Beleuchtungskörperbau" (mot composé réinventé, dérivé de Körperbau (physique, construction) et du vieux terme technique Beleuchtungskörper (appareil d'éclairage). Bien qu'il soit tout à fait inhabituel, désuet et qu'il suggère superficiellement un néologisme ironique, il signifie simplement à l'origine "ingénierie des appareils d'éclairage"). S'appuyant sur le principe Readymade de ses œuvres d'art critiques des années 1980, il suit un principe de construction modulaire, reposant presque entièrement sur des composants industriels standard préexistants, qu'il décrit comme "libéré du design".)
- Cooper Hewitt, Smithsonian Design Museum, « Stiletto Studios », Smithsonian Institution (consulté le )
- "In 1989, Stiletto commissioned a shopping trolley manufacturer to produce the Consumer's Rest industrially as a limited multiple. Through this conceptual strategem, he further withdrew his work from all commonly used criteria for classification attempts applied to artistic ready-mades and product design so far." dans: Vitra Design Museum: Atlas of Furniture Design, Weil am Rhein, Germany, 2019, sur CONSUMER'S REST Lounge Chair par Stiletto (Stiletto Studio,s), page 726 (trad.: En 1989, Stiletto a chargé un fabricant de chariots de supermarché de produire industriellement le Consumer's Rest en tant que multiple limité. Grâce à cette stratégie conceptuelle, il a en outre soustrait son œuvre à tous les critères communément utilisés pour les tentatives de classification appliquées jusqu'ici aux ready-mades artistiques et au design de produits.)
- (en) « Centuryofthechild », sur Internet Archive (consulté le ).
- « Berlin, les avant-gardes du mobilier », sur Centre Pompidou (consulté le ).
- (de) « AdA Object Talk : Stiletto, Short Rest », sur Internet Archive, (consulté le ).
- "While other German artists and even designers at the time also worked with found objects, Stiletto emphasizes that his approach differed from that of the exponents of Neues Deutsches Design (Nouveau design allemand), who actually coined the term. He regards the Consumer’s Rest as a work of conceptual art which critiques design, remarking: ‘In the beginning, I simply wanted to transcycle a standard shopping cart into an authentistic Wire Chair imitation. After all, it was Eames and Bertoia, not me, who redesigned shopping carts as furniture. And they did so in a country and at a time when wastefully packaged mass consumption and overflowing shopping carts weren’t yet considered antisocial but rather an aspirational lifestyle in an era of booming capitalism.’ Indeed, Charles Eames mentioned the construction principle of the shopping trolley as one of his inspirations for the Wire Chair (>477)." dans: Vitra Design Museum: Atlas of Furniture Design, Weil am Rhein, Germany, 2019, sur CONSUMER'S REST Lounge Chair par Stiletto (Stiletto Studio,s), page 726 (trad.: Si d'autres artistes allemands et même des designers de l'époque ont également travaillé avec des objets trouvés, Stiletto souligne que son approche diffère de celle des représentants du nouveau design allemand, qui ont en fait inventé le terme. Il considère le Consumer's Rest comme une œuvre d'art conceptuelle qui critique le design, et déclare : "Au début, je voulais simplement transformer un chariot de supermarché standard en une authentique imitation de Wire Chair. Après tout, ce sont Eames et Bertoia, et non moi, qui ont transformé les caddies en meubles. Et ils l'ont fait dans un pays et à une époque où le gaspillage de la consommation de masse et les caddies débordants n'étaient pas encore considérés comme antisociaux, mais plutôt comme un style de vie ambitieux dans une ère de capitalisme florissant". En effet, Charles Eames a mentionné le principe de construction du chariot de supermarché comme l'une de ses inspirations pour la Wire Chair (>477).)
- Paragraphe Vom Klappstuhl zum Einkaufswagen dans Claudia Falter : "Einkaufen", p. 1007ff et ill. p. 1017, dans Im Designerpark | Leben in künstlichen Welten, Kai Buchholz et Klaus Wolbert (Hrsg.), Häusser.media Verlag, Darmstadt, 2004, (ISBN 3-89552-100-0)
- Victor Papanek & Jim Hennessey (1973). Nomadic furniture: how to build and where to buy lightweight furniture that folds, collapses, stacks, knocks-down, inflates or can be thrown away and re-cycled, New York, Pantheon Books. (ISBN 0-394-70228-X)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Catherine Grandclément et Franck Cochoy, « Histoires du chariot de supermarché. Ou comment emboîter le pas de la consommation de masse », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 91, no 3, , p. 77–93 (ISSN 0294-1759, DOI 10.3917/ving.091.93, lire en ligne).
- Catherine Grandclément, « Le chariot de supermarché », dans Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre (dir.), Le magasin du monde : La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 2e éd. (1re éd. 2020), 460 p. (ISBN 9782818506882, présentation en ligne), p. 365-369.