Charles Dullin — Wikipédia

Charles Dullin
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Charles Dullin en 1947.
Nom de naissance Charles Édouard François Marie Dullin
Naissance
Yenne, France
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 64 ans)
12e arrondissement de Paris
Profession Acteur
Metteur en scène et directeur de théâtre

Charles Dullin est un metteur en scène, acteur de théâtre et cinéma français, né le à Yenne (Savoie) et mort le à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

Il est l'un des fondateurs en 1927 du Cartel des quatre avec Louis Jouvet, Gaston Baty et Georges Pitoëff.

Origines et jeunesse

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La maison forte du Châtelard, lieu de naissance de Charles Dullin.

Charles Édouard François Marie Dullin est né à Yenne (Savoie) le 12 mai 1885, fils de Jacques Dullin, notaire et juge de paix, et de Camille Vouthier son épouse[1]. Il est le dernier né de dix-huit enfants[2]. Ses parents vivent à la maison-forte du Châtelard à Yenne dont a hérité son père[3].

Selon le vœu de sa mère, qui souhaitait faire de lui un prêtre, il entre en 1896 au petit séminaire de Pont-de-Beauvoisin (Savoie). Il y part contraint et pleurant de rage[4]. Ce n'est qu'après la mort de ses parents que Charles Dullin, âgé de 17 ans, quitte le séminaire et commence à s'orienter vers le théâtre. Il habite d'abord Lyon, chez l'une de ses sœurs, et exerce différents emplois (chez un huissier de justice, dans une bonneterie, etc.) qui ne lui conviennent guère. Il se lie d'amitié avec Henri Béraud, Albert Londres, Achille Berger et Georges Rouquayrol, tous jeunes et désargentés. En 1903, ils décident de quitter Lyon pour Paris.

La naissance d'une vocation

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Charles Dullin joue son premier rôle au théâtre des Gobelins dans les Aventures du Capitaine Corcoran (1904). Ce n’est qu’un très modeste début et, dans le même temps, il déclame des vers (notamment Baudelaire, Verlaine et Villon) au cabaret du Lapin Agile. Il joue également de petits rôles pour le théâtre de Grenelle (sous la direction de Larochelle). Il entre en 1906 au théâtre de l'Odéon dirigé par André Antoine (qui l’avait remarqué au Lapin Agile), où il interprète le rôle de Cinna dans Jules César. Mais c’est en 1911 que Charles Dullin rencontre son premier véritable succès. Il est remarqué au Lapin Agile par Robert d'Humières que sa récitation de la « Ballade des Pendus » de Villon impressionne. C’est donc au théâtre des Arts (dirigé par d’Humières), que Dullin crée son premier grand rôle, celui de Smerdiakov dans Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski, mis en scène par Jacques Copeau.

Sous l’égide de ce dernier et en collaboration avec Louis Jouvet (qui tenait aussi un rôle dans les Frères Karamazov), Charles Dullin participe à la création du théâtre du Vieux-Colombier en 1913. Devenu le bras droit de Copeau, il séjourne chez lui dans sa propriété du Limon où se réunit la troupe qu’ils ont su constituer : Blanche Albane, Jane Lory, Roger Karl, Jean Villard, Suzanne Bing et Louis Jouvet. Il perfectionne son jeu du personnage d’Harpagon dans l’Avare de Molière, qui sera vraiment sa « spécialité » tout au long de sa carrière, ayant même le physique adéquat puisqu’un début de convulsions dans sa petite enfance avait laissé à Dullin une colonne vertébrale voutée qui lui donnait un aspect particulier. Il joue aussi L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel. C’est durant cette période qu’il réfléchit sur la nécessité de fonder personnellement une école d’art dramatique et une compagnie théâtrale. Sa compagne d'alors, la danseuse Caryathis, future épouse de Marcel Jouhandeau, l'encourage à prendre son autonomie.

L'homme de théâtre

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En 1914, il est réformé mais il rejoint le front comme engagé volontaire dans un régiment de dragons à pieds. Durant deux ans, il vit dans les tranchées et récite des vers pour les soldats. Il est blessé en 1917 et démobilisé. Dullin quitte donc la France et rejoint la troupe du Vieux-Colombier aux États-Unis. C’est avec Copeau, au Garrick Theater de New York, qu’il continue l’aventure.

De retour en France en 1919, il quitte le Vieux-Colombier et entre dans la troupe de Firmin Gémier, avec qui il joue notamment La Mégère apprivoisée de Shakespeare. Il part en tournée avec Gémier en Allemagne occupée. Mais l’idée d’avoir personnellement une compagnie théâtrale le tente. Il quitte donc Gémier à son retour en France et part en juillet 1921 pour le hameau de Néronville (Château-Landon, Seine et Marne) où il joue sur des tréteaux. Génica Athanasiou (jeune comédienne roumaine), Marguerite Jamois (ancienne comédienne de Gémier), Magdeleine Bérubet, Jean Mamy, Vassili Kouchitachchvili (dit Kouchita) et Lucien Arnaud l’accompagnent[5].

Plaque 7 rue Honoré-Chevalier (6e arrondissement de Paris).

Le théâtre de l'Atelier

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Cette compagnie nouvelle prend le nom d’Atelier, par un manifeste qui indique que « l’Atelier n’est pas une entreprise théâtrale, mais un laboratoire d’essais dramatiques ». Elle s’installe à Paris au no 7 rue Honoré-Chevalier, près de Saint-Sulpice, rue des Ursulines, au Vieux-Colombier (invité par Copeau) avant de se fixer définitivement, en octobre 1922, place Dancourt, dans l’ancien théâtre Montmartre, qui devient le Théâtre de l'Atelier. Ce nouveau théâtre, où Dullin transmet les leçons reçues de Copeau (formation des comédiens et priorité du texte), rencontre un vif succès avec Chacun sa Vérité de Pirandello et Voulez-vous jouer avec moa ? de Marcel Achard. Il monte aussi des auteurs contemporains comme Armand Salacrou, sans exclure les classiques tel Shakespeare ou Aristophane, et rencontre des succès critiques grâce aux mises en scène de Volpone de Ben Jonson (1928, adapté par Jules Romains et Stefan Zweig) et de L’Avare[6] de Molière. Dans son école "laboratoire", Dullin forme alors des comédiens tels qu'Antonin Artaud (qui y rencontre son grand amour, Génica Athanasiou), Tania Balachova, Raymond Rouleau, Julien Bertheau, Marcel Herrand, Étienne Decroux, Jean-Louis Barrault, Jean Marais, Madeleine Robinson, Jean Vilar...

Avec Louis Jouvet, Gaston Baty et Georges Pitoëff en 1927, il fonde le « Cartel des quatre », visant à faire entendre le théâtre non mercantile et l’opposition au « théâtre de boulevard ». Le Cartel des Quatre, au côté d'André Barsacq, Jean-Louis Barrault, Jean Vilar et Jean-Paul Sartre, impulse le mouvement de renouvellement français qui aboutira à un « théâtre décentralisé populaire ».

En 1930, il s’installe dans un hameau de la ville de Crécy-la-Chapelle où il écrira plusieurs scènes.

En 1940, Charles Dullin cède le théâtre de l'Atelier à André Barsacq, qui était son décorateur depuis 1927. Il prend alors la direction du théâtre Sarah-Bernhardt, rebaptisé théâtre de la Cité (actuel théâtre de la Ville). Il y déplace son école d’art dramatique (dont les professeurs sont alors Fernand Ledoux, Jean-Louis Barrault, Madeleine Robinson et Jean-Paul Sartre). C’est donc au théâtre de la Cité qu’est créée par Dullin, en 1943, la pièce de Sartre, Les Mouches.

Charles Dullin dans L'Avare en 1944.

Durant cette période, il habite à Paris au no 49 rue de La-Tour-d'Auvergne, dans un appartement qu'avait occupé, au siècle précédent, Juliette Drouet, et fait de fréquents séjours dans la maison que possède Simone Jollivet à Férolles (Crécy-la-Chapelle). Il y retrouve Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre, cousin de S. Jollivet.

À la suite de graves démêlés avec la ville de Paris, Charles Dullin quitte la direction du théâtre de la Cité en 1947. Il refuse la direction d’un théâtre européen à Genève, et rejoint l’équipe du théâtre Montparnasse, dirigé par une de ses anciennes élèves de l'Atelier, Marguerite Jamois. Il y crée l'Archipel Lenoir de Salacrou. Au cours d’une tournée à Lyon (où il monte la Marâtre de Simone Jollivet), il tombe gravement malade.

Enseignement

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Réputé pour la qualité de ses cours, à base d'improvisation, de mime et d'étude des classiques, il a eu, entre autres élèves, Madeleine Robinson, Jean Marais[7], Jean-Jacques Lagarde, Marcel Marceau, Jean Vilar, Jean-Louis Barrault, Roger Blin, Roland Petit, Jacques Dufilho, Pierre Clémenti, Georges Vandéric, Alain Cuny, Isaac Alvarez, Serge Lhorca et Tonia Cariffa.

Vie privée

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Le , Charles Dullin épouse une comédienne de l’Odéon, Marcelle Jeanniot, dans le 17e arrondissement de Paris[1], fille du peintre Pierre Georges Jeanniot et divorcée de André Lebey. Pendant la période du théâtre de l'Atelier, probablement dans les années 1930, il se sépare de Marcelle (morte en 1965) et vit avec Simone Jollivet, comédienne et metteur en scène de sa troupe.

Charles Dullin meurt le , à l'hôpital Saint-Antoine dans le 12e arrondissement de Paris[1]. Il est inhumé au cimetière de Crécy-la-Chapelle côté Rue Sente des gains (Seine-et-Marne)[8].

Années 1900

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Années 1910

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Années 1920

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Années 1930

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Années 1940

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Metteur en scène

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Théâtre de l'Atelier

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1922-1930

Théâtre de Paris

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Théâtre de la Cité, théâtre Sarah-Bernhardt

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Filmographie

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Publications

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  • Souvenirs et notes de travail d'un acteur, Odette Lieutier éditeur, 1946, (BNF 32055087) ; réédition Librairie théâtrale, 1985 (ISBN 273490022X)
  • Ce sont les dieux qu'il nous faut, édition établie et annotée par Charles Charras, préface d'Armand Salacrou, collection Pratique du théâtre, Éditions Gallimard, 1969, (BNF 32987929)
  • Charles Dullin, choix de textes par Joëlle Garcia, collection Mettre en scène, Actes Sud, 2011 (ISBN 2330001797 et 9782330001797)
Plusieurs théâtres en France portent son nom
Festivals - Rencontres théâtrales
  • les Rencontres Charles Dullin [11] qui deviennent Les Théâtrales Charles Dullin en Val-de-Marne
  • la Biennale Charles Dullin[12] à Aix-les-Bains (Savoie) dans le cadre prestigieux du théâtre du Casino Grand Cercle, remise du prix national de théâtre amateur Charles Dullin.
  • Cie Théâtre de l'horizon / l'Industrie théâtre à Bourg-en-Bresse Ain situé au 7 rue de l'Industrie[13].
Iconographie
Voirie

En 1957, la Place Dancourt, située devant le théâtre de l'Atelier, devient en son hommage la place Charles-Dullin. Depuis 1979, une rue Charles-Dullin existe à Reims. On trouve également une rue Charles-Dullin ainsi qu'une impasse Charles-Dullin à Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne). Enfin la place principale de son village de Yenne, en Savoie, porte maintenant son nom.

Notes et références

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  1. a b et c « Acte de naissance no  22 (vue 77/268) du registre d'état civil des naissances, mariages et décès de Yenne (cote : 3E 3171) », sur archives-numeriques.savoie.fr (consulté le )
  2. Monique Surel-Tupin, Charles Dullin, Presses Universitaires de Bordeaux, 1984, page 11.
  3. Pauline Teillon-Dullin et Charles Charras, Charles Dullin ou les Ensorcelés du Châtelard, Paris, Publications de la Société d'histoire du théâtre, 1955, page 27.
  4. Monique Surel-Tupin, Charles Dullin, Presses Universitaires de Bordeaux, 1984, page 13.
  5. Alexandre Arnoux 1951.
  6. « L'avare - acte 4, sc. 6, monologue d'Harpagon (Molière) Charles Dullin », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  7. Henry-Jean Servat, Jean Marais, l'enfant terrible, Paris, Albin Michel, 1999, p. 24 (ISBN 2-226-10924-2).
  8. Cimetières de France et d'ailleurs
  9. Comoedia illustré du 15 mai 1920
  10. Propos d'André Degaine lors de l'émission radiophonique Le Masque et la Plume diffusée sur France Inter le 3 mai 2009.
  11. Rencontres Charles Dullin
  12. Biennale Charles Dullin
  13. /spectacles tout public / Charles Dullin, le jardinier d'homme

Bibliographie

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  • Jean Sarment, Charles Dullin, Paris, éditions Calmann-Lévy, 1950.
  • Alexandre Arnoux, Charles Dullin : portrait brisé, Paris, Émile-Paul Frères, , 104 p..
  • Lucien Arnaud, Charles Dullin, préface de Jean Vilar, volume 2 de la collection Le Théâtre et les Jours, L'Arche éditeur, Paris, 1952.
  • Pauline Teillon-Dullin et Charles Charras, Charles Dullin ou les Ensorcelés du Châtelard, préface de Jean-Louis Barrault, suivi de lettres de Charles Dullin à sa sœur Pauline, Société d'histoire du théâtre, Paris, éditions Michel Brient, 1955. Réédition en 1980 sous le titre Les Enfants du Chatelard, éditions du Prieuré.
  • Clément Borgal, Metteurs en scène, éditions Fernand Lanore, 1963.
  • Paul-Louis Mignon, Charles Dullin, éditions de La Manufacture, Paris, 1990.
  • Marie-Françoise Christout, Noëlle Guibert et Danièle Pauly, Théâtre du Vieux-Colombier, 1913-1993, éditions Norma, 1993.
  • Chantal Meyer-Plantureux, Les Enfants de Shylock, ou l'Antisémitisme sur scène, Paris, éditions Complexe, 2005 (ISBN 2804800245 et 9782804800246) Lire en ligne sur Google livres
  • Min Tian, "Theater of Transposition: Charles Dullin and the East Asian Theater", Comparative Drama 48.4 (Winter 2014): 333-370.

Documentaire

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Iconographie

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Liens externes

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