Charlotte Tiedemann — Wikipédia

Charlotte Tiedemann
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Charlotte Tiedemann en 1979 à Lausanne.

Titre

Épouse civile du prétendant légitimiste
au trône de France


(25 ans, 7 mois et 17 jours)

Prédécesseur Emmanuelle de Dampierre (droit civil)
Successeur Carmen Martínez-Bordiú y Franco (droit civil)
Biographie
Nom de naissance Charlotte Luise Auguste Tiedemann
Naissance
Königsberg (province de Prusse-Orientale)
Décès (à 60 ans)
Berlin (Allemagne de l'Ouest)
Sépulture Cimetière boisé de Berlin-Zehlendorf
Père Otto Eugen Tiedemann
Mère Luisa Amalia Klein
Conjoint Franz Büchler
Fritz Hippler
Jacques-Henri de Bourbon, « duc d'Anjou, de Ségovie, de Madrid et de Tolède »
Enfants Helga Büchler épouse Vulliez

Charlotte Luise Auguste Tiedemann (en espagnol : Carlota Tiedemann), « titrée S.A.R. Mme la Duchesse »[1], née le à Königsberg en province de Prusse-Orientale et morte le à Berlin en Allemagne de l'Ouest, est la seconde épouse (civile) de Jacques-Henri de Bourbon, « duc d'Anjou, de Ségovie, de Madrid et de Tolède », prétendant légitimiste au trône de France et prétendant alphonsiste et carliste au trône d'Espagne de 1941 à 1975[2]. C'est également une cantatrice et une actrice de cinéma allemande.

Carrière musicale et cinématographique

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Née de parents allemands (un père catholique, directeur d'une usine automobile, et une mère protestante luthérienne), dont elle est la fille unique, Charlotte Tiedemann est élevée dans la religion de sa mère.

Très attirée par le milieu artistique, elle quitte sa ville à l'âge de 17 ans pour Berlin. Elle suit des cours de comédie et entre, en 1939, à la Hochschule für Musik comme mezzo soprano. Elle chante ensuite à l'opéra de Berlin : Carmen en 1941 sous la direction de Heinz Hentschke puis dans La Flûte enchantée de Mozart, La Chauve-Souris de Johann Strauss fils. Le compositeur Heino Gaze (de) crée pour elle la chanson « Opapa » qu'elle chante à de nombreuses reprises pour les soldats allemands, avant d'être interdite par Goebbels qui trouve ce morceau trop « jazzy »[3].

Elle pose comme mannequin pour la firme de voitures Ford[4]et pour de nombreuses revues de mode .

Le à Königsberg, elle a tout juste vingt ans quand elle épouse religieusement Franz Büchler, un ingénieur du son autrichien rencontré lors de l'enregistrement de l'un de ses concerts. Ils divorcent six mois plus tard, mais de cette union naît une fille, Helga Charlotte.

En 1943, Charlotte Tiedemann est engagée pour un contrat de cinq films par la firme UFA. Elle joue entre autres dans Titanic (d'Herbert Selpin et Werneer Kinger). On lui prête alors une idylle avec le maréchal Kesselring[5] mais elle se remarie la même année avec le Obersturmbannführer Fritz Hippler (1908-2002), chef du service cinématographique au ministère de la Propagande, sous les ordres de Joseph Goebbels. Celui-ci tourne en 1939 à Łódź le film Le Juif éternel (Der Ewige Jude)[6]. Le couple divorce en 1947.

Après la guerre, Charlotte Tiedemann essaie de reprendre sa carrière en Italie sous le nom de Micaela Carlotta, donne des concerts et joue dans quelques films, dont Le Loup de la Sila (Il lupo della Sila).

Mariage avec le duc d'Anjou et de Ségovie

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Charlotte Tiedemann vers 1940.

Elle rencontre alors le prétendant légitimiste au trône de France, Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Ségovie et infant d'Espagne, fils aîné du roi Alphonse XIII et de la reine Victoria Eugenia d'Espagne[7] lors d'une soirée à Rome au restaurant Il Faro, le [8].

Ils se marient civilement le 3 août 1949 en Autriche (Jacques de Bourbon avait eu un premier mariage en 1935 avec Emmanuelle de Dampierre avec qui il eut deux fils : Alphonse de Bourbon, titré plus tard duc de Cadix par le général Franco dont il épousa une petite-fille, Carmen Martínez-Bordiú y Franco, et Gonzalve de Bourbon). Elle l'aide à améliorer son expression orale et sa diction, le prince ayant des difficultés d'élocution, étant sourd depuis l'âge de 7 ans[9].

Après les formalités du mariage civil, ils rendent visite à leur témoin de mariage[10], le feld-maréchal prince Eugène de Habsbourg-Lorraine (86 ans), grand-oncle paternel du duc d'Anjou, qui habite dans une modeste petite villa à Igls, à quelques kilomètres du centre-ville d'Innsbruck. Ils passent la soirée chez ce vieil archiduc célibataire, qui les accueille avec une « affectueuse sympathie »[11], au milieu de tous ses souvenirs de régiment et ses trophées de la guerre franco-prussienne (le cadeau du prince fut un grand buste en porcelaine de Vienne représentant un membre de la famille impériale). Ils habitent en France pendant une vingtaine d'années, à Cannes, à la villa Segovia à Rueil-Malmaison puis avenue Ingres[12],[13] et avenue de Suffren à Paris, et enfin boulevard des Sablons à Neuilly-sur-Seine.

À la fin de l'été 1970, ils emménagent à Lausanne (un an après le décès de l'ancienne reine Victoria Eugenia, veuve du roi Alphonse XIII), « dans une résidence moderne qui tenait davantage de l'H.L.M. améliorée que de l'immeuble de luxe »[14] (résidence de 450 M2 sur les hauteur de Ouchy, au 6 rue Primerose, mis à disposition par l'état espagnol), ayant pour voisins les Ducs de Cadaval et un membre de la famille Patino. (source Yvan de Wilde). Mais d'une santé déjà fragile, Jacques-Henri de Bourbon meurt le après une chute sur la voie publique[15].

Veuvage et soucis financiers

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Malgré un testament rédigé en termes élogieux en sa faveur, désemparée et malade, mal conseillée par son notaire et harcelée par ses beaux-fils[citation nécessaire], Charlotte Tiedemann abandonne ses droits en échange du droit d'occupation de l'appartement de Lausanne concédé par l'État espagnol sous la dictature de Franco[16].

Elle entre dans la religion catholique le 8 avril 1979 baptisée par l'évêque traditionaliste Lefebvre, à Écône.

Sans revenus et très souffrante (diabète et addiction), abandonnée de tous, elle fait une demande d'aide sociale auprès de la ville de Lausanne[17]. Interpellé alors par l'ancien secrétaire de son mari, Patrick Esclafer de La Rode (membre fondateur de l'institut de la maison de Bourbon) en juin 1979, le roi Juan Carlos, ignorant cette situation, prend certains engagements (à travers le chef de sa maison, Nicolas Cotoner y Cotoner, 22e marquis de Mondéjar (es), chevalier de la Toison d'or et chef de la maison du roi de 1975 à 1990). Est alors évoquée l'attribution d'une pension militaire de veuve de général, l'infant ayant été chef de régiments en Espagne sous le règne de son père le roi Alphonse XIII. Il n'y aura pas de suites car Charlotte meurt le 3 juillet 1979 au cours d'un voyage à Berlin en rendant visite à sa mère.

Elle repose auprès de sa mère (de Wilde), Elisabeth Tiedemann (1893-1982), au cimetière de Zehlendorf à Berlin, témoin, une simple stèle en granit rose où figure l'inscription : « CHARLOTTE HERZOGIN v. SEGOVIA * 2·1·1919 † 3·7·1979 ».(de Wilde photographie de la stèle reproduite)

Titulature et Honneurs

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Les titres portés actuellement par les membres de la maison de Bourbon n’ont pas d’existence juridique en France — ni le titre ducal de Ségovie en Espagne — et sont considérés comme des titres de courtoisie. Ils sont attribués par l’aîné des Bourbons. Épouse puis veuve du duc d’Anjou et de Ségovie, Charlotte Tiedemann porta les titres suivants :

  • 3 août 1949 - 20 mars 1975 : Son Altesse Royale la duchesse d’Anjou et de Ségovie ;
  • 20 mars 1975 - 3 juillet 1979 : Son Altesse Royale la duchesse douairière d’Anjou et de Ségovie.
  • Ordre de la Rose d’Or[18].

Bibliographie

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Biographies de Charlotte Tiedemann

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  • Yvan de Wilde et Nicole Dubus Vaillant, Don Jaime et Charlotte de Bourbon, Duc et Duchesse de Ségovie, Antibes, Éditions Vaillant, (ISBN 978-2-916986-52-4)
  • Yvan de Wilde et Nicole Dubus Vaillant (préf. Patrick Esclafer de La Rode), À l'ombre du trône d'Espagne, Charlotte de Bourbon, duchesse de Ségovie, Antibes, Éditions Vaillant, , 256 p. (ISBN 978-2-916986-43-2, BNF 43749284) Prix d'histoire 2014 de l'Académie des lettres et des arts du Périgord

Ouvrages consacrés au duc de Ségovie et à son épouse

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  • Ramón de Alderete, Les Bourbons que j’ai connus : Contribution à l’étude de la préparation de l’instauration d’un régime franquiste-bourbonien en Espagne, Asnières, Imprimerie Lelong, coll. « Souvenirs d’un journaliste » (OCLC 431946662)
  • (es) Ramón de Alderete, ...y estos Borbones nos quieren gobernar : Recuerdos de veinte años al servicio de S.A.R. Don Jaime de Borbón, Asnières (2, rue Pilaudo), Ramon de Alderete (Edicion del autor) – imprimerie S.E.G. (Châtillon-sous-Bagneux), , 139 p. (BNF 35332852)
  • Jean-Fred Tourtchine (dir.) (préf. Juan Balansó), Le Royaume d’Espagne, vol. III, Paris, Cercle d’études des dynasties royales européennes, coll. « Les Manuscrits du CEDRE » (no 17), , 213 p. (BNF 36180392)

Articles de presse

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Conseil de Monseigneur le duc d'Anjou, État présent de la Maison de Bourbon, pour servir de suite à l’Almanach royal de 1830 et à d'autres publications officielles de la Maison ; 1re édition, Paris, Éditions du Palais Royal, Publications de l'Institut de la Maison de Bourbon, , 151 p. (ISBN 2-7777-0204-7), page 61
  2. Fils du roi Alphonse XIII et de la reine Victoire-Eugénie de Battenberg (détrônés en 1931), l'infant Jacques, futur « duc de Ségovie », renonça au trône d'Espagne dans une lettre adressée à son père sur l'ordre de ce dernier, le en faveur de son frère cadet, le futur comte de Barcelone, grand-père de l'actuel roi d'Espagne. Jacques-Henri de Bourbon récusa en 1949 cette renonciation, non ratifiée par les Cortes.
  3. Interview, journal Der Spiegel en 1949
  4. Wilde 2013, Photographies.
  5. Wilde 2013, p. 51.
  6. Mémoires "Korrekturen" Fritz Hippler éditions VGB Verlagsgesellschaft Berg 1985 (ISBN 3 86118 040 5)
  7. Raoul de Warren, Les prétendants aux trône de France, Paris, S.G.R.F, , p. 55.
  8. Alderete 1974, partie 1, « Lo que me contó don Jaime de Borbón », p. 52.
  9. Ghislain de Diesbach, Les secrets du Gotha, Paris, éditions Perrin, .
  10. Ramón de Alderete, Les Bourbons que j’ai connus : Contribution à l’étude de la préparation de l’instauration d’un régime franquiste-bourbonien en Espagne, Asnières, Imprimerie Lelong, coll. « Souvenirs d’un journaliste »
  11. Alderete 1974, partie 1, « Lo que me contó don Jaime de Borbón », p. 55.
  12. Wilde 2013
  13. Guy de Girard de Charbonnières, Les derniers rois, Paris (30 rue Bonaparte), Jean-Cyrille Godefroy éditeur (ISBN 978-2-86553-051-9 et 2-86553-051-5)
  14. Jean-Pierre Ollivier, La Folie des Grandeurs : Mémoires d'un mystificateur, Lausanne, Éditions Pierre-Marcel Favre, Publi SA, , 188 p. (ISBN 2-8289-0066-X (édité erroné)), partie 1 (« La course aux couronnes »), chap. XVII, p. 105.
  15. Wilde 2013, p. 235, témoignage reproduit.
  16. Wilde 2013, Document reproduit.
  17. Wilde 2013, Document reproduit.
  18. Coutau-Bégarie, « FAMILLE ROYALE D'ESPAGNE. Ensemble de communiqués... - Lot 435 », sur Coutau-Bégarie (consulté le )