Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard — Wikipédia

Congrégation des chanoines réguliers des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux
Image illustrative de l’article Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard

Repères historiques
Fondation vers 1050
Fondateur(s) saint Bernard de Mont-Joux
Lieu de fondation Col du Grand-Saint-Bernard
Siège Martigny, Drapeau de la Suisse Suisse
Fiche d'identité
Église Catholique
Courant religieux Chanoines réguliers de saint Augustin
Dirigeant Jean-Pierre Voutaz
Membres 29
Localisation Drapeau de la Suisse Suisse, Drapeau de Taïwan Taïwan
Site internet https://www.gsbernard.ch/

La Congrégation des chanoines réguliers des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux (en latin Congregatio Sanctorum Nicolai et Bernardi Montis Iovis, C.R.B.) - plus communément appelée Congrégation des chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard - est une congrégation catholique fondée par saint Bernard de Menthon vers 1050. La congrégation est surtout connue pour sa présence à l'hospice du Grand-Saint-Bernard où elle assure une mission de secours et d'accueil depuis le XIe siècle.

En 2022, une affaire d'abus sexuels sur mineurs est révélée. Étant proscrite le responsable n'a pas été poursuivi.

Le monastère de Bourg-Saint-Pierre

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Construit au pied du col du Grand-Saint-Bernard, dans le Valais actuel, l'abbaye Saint-Pierre de Montjoux apparaît pour la première fois dans les textes dans les années 810-820, mais sa fondation est méconnue : Quaglia[Qui ?] suggère une fondation royale, ainsi qu’un rôle de l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune d’après des données géographiques, politiques, et religieuses. Il suppose également que ce monastère abritait des clercs suivant la règle de Chrodegang de Metz, tout comme l’abbaye valaisanne[réf. nécessaire]. Ce monastère, également nommé Saint-Pierre de Montjoux, possédait des terres jusque dans le pays de Vaud.

Le monastère est occupé par les Sarrasins au Xe siècle, et la capture de l’abbé Mayeul de Cluny a lieu tout près du monastère. Au début du XIe siècle, il est reconstruit et reprend son rôle hospitalier avant d’être offert par le roi Rodolphe III de Bourgogne à son épouse Ermengarde[1],[2]. Ceux-ci[Qui ?] s’engagent à rendre sûr le passage du col, alors occupé par des bandes de pillards organisés. Cela se fait à la fin des guerres de succession au trône du royaume de Bourgogne, à partir des années 1040[réf. nécessaire].

Administration

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Une première église-hospice dédiée à saint Nicolas existait avant 1100 au Mont-Joux (ancien nom du col du Grand-Saint-Bernard). À la suite de la mort de son fondateur Bernard de Menthon, son nom est ajouté au vocable de l’église dès 1149. La dotation de cet hospice est principalement constituée par les comtes de Savoie-Maurienne, et dès 1177, l’église de Saint-Pierre figure dans les textes comme une possession du nouvel hospice, alors que les églises voisines appartiennent à l’évêque de Sion. Les terres ainsi que les droits de cet ancien monastère passent tous à l’hospice. Les religieux sont appelés « clercs » vers le milieu du XIIe siècle, puis « chanoines » dès 1191.

Le col étant très fréquenté, « un mouvement général de générosité » permet de lui constituer une dotation importante, avec des biens s’étendant du diocèse de Londres au sud de l’Italie. Cela nécessite le développement rapide d’une administration pouvant gérer tous ces biens. Il existe alors une vraie unité entre l’église et ses desservants, puisqu’aucun d’entre eux ne peut posséder de biens. Peu à peu, dans les premières décennies du XIIIe siècle, la situation évolue : le prévôt possède son propre sceau, puis c’est au tour du chapitre. Dès 1265, il existe trois organes différenciés : le chapitre conventuel, le chapitre général, et le prévôt.

D’après les premières constitutions connues, qui datent de 1438, le chapitre conventuel est composé de quinze personnes : le prévôt (à la tête de l’ordre), le prieur conventuel, et d’autres chanoines. Il détient le pouvoir exécutif, et siège dans le lieu principal de la prévôté. C’est lui qui procède à l’élection du prévôt, et administre la prévôté en cas de vacance.

Le chapitre général se rassemble tous les ans, soit le 9 mai (jour de la translation des reliques de saint Nicolas) soit le 28 août, fête de saint Augustin, pour plusieurs jours. Il est présidé par le prévôt, et est le seul propriétaire des biens de la prévôté. Tout acte doit être avalisé par lui.

Très tôt, dès le XIIe siècle, la prévôté est dotée de territoires et de biens (églises ou chapelles), soit par des familles nobles, soit par des évêques. Ces biens se situent dans les diocèses de Genève, Fribourg, Lausanne, Sion, mais aussi Turin, Ivrée, et même Londres. Toutefois, c’est dans la région d’Aoste que les dotations sont les plus nombreuses, principalement grâce au culte de saint Bernard.

Le prévôt de l’hospice administre le lieu pour le compte du prieur de Bourg-Saint-Pierre, mais l’hospice devenant progressivement plus important que ce monastère, son recteur devient aussi le premier personnage de l’Ordre. Par la suite, les prévôts ne résidant plus à l’hospice, on y installe un prieur (le premier prieur connut exerçait son activité en 1222). Au début, c’est le prévôt qui est chargé de l’administration de tous les biens de l’hospice, la charge de cellérier n’apparaissant qu’au XVe siècle.

L'apogée de l'ordre se situe entre le tout début du XIVe siècle et la mise en commende de la prévôté, soit 1302 - 1438. L'administration est en place, l'économie florissante grâce aux fermes de Meillerie, Roche, et les prévôts deviennent des personnages influents, conseillers les plus proches des comtes de Savoie. À cette période, les prévôts, bien souvent issus de la noblesse d'Aoste, de Savoie ou du Pays de Vaud, ont déjà délaissé l'hospice (où les conditions de vie sont difficiles) pour des résidences qu'ils se font construire au bord du Léman : le prieuré de Meillerie au XIIIe, le prieuré d'Etoy, la ferme de Roche. Cette tendance va en s'amplifiant : Guillaume de Pizy fait construire un château-hospice dans sa localité d'origine, et Hugues d'Arces achète le château de Rives à Thonon-les-Bains, dans le but de se rapprocher de la cour de Savoie, logée au château de Ripaille.

L'École pratique d'agriculture

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En 1951, l'administration régionale de la Vallée d'Aoste confie à la Congrégation la tâche de fonder et de gérer l'École pratique d'agriculture de Montfleury à Aoste, dans le but de fournir des connaissances théoriques et pratiques aux jeunes souhaitant devenir agriculteurs. L'Institut agricole régional prend le relais en 1982.

Le Château-Verdun

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De 1992 à 2011, une maison d'accueil exerce également le charisme de l'hospitalité à Saint-Oyen, en Vallée d'Aoste, le Château-Verdun. En février 2012, il est confié au diocèse d'Aoste.

Aujourd'hui

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Fin 2020, La congrégation ne comprend plus que cinq maisons avec 31 religieux, dont 25 prêtres[3]. La congrégation possède toujours l'hospice du Grand-Saint-Bernard et l'hospice du Simplon, dont certains chanoines s'occupent de trois zones paroissiales environnantes[N 1] et une troisième maison missionnaire se trouve à Taïwan dans le diocèse de Hualien, auprès des tribus Tarocco, sur la côte est de l'île. Trois chanoines y sont actuellement présents (2012). La maison prévôtale se trouve à Martigny. C'est là que demeurent le prévôt et les chanoines à la retraite. La dernière ordination remonte à 2022.

La congrégation édite une revue Mission du Grand-Saint-Bernard, depuis 1946, avec trois numéros par an[N 2],, consultable en ligne[4].

Abus sexuels

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En avril 2022, il est révélé, par la presse, une plainte pénale pour viol sur une mineure, de 16 ans à l'époque des faits, déposée contre un chanoine du Grand-Saint-Bernard. Les faits sont prescrits car ils datent de plus de trente ans mais une enquête canonique est engagée. Par ailleurs le chanoine incriminé est père d'un enfant dans le cadre d'une autre relation mais cette fois-ci consentie. Mais la mère de l'enfant et l'homme d'Église n'ont pas souhaité se marier. Aussi, en accord avec le supérieur de l’époque, le chanoine a décidé de rester dans la communauté du Grand-Saint-Bernard. Il est maintenant grand-père[5].

Toujours en avril 2022, une autre plainte est révélée. Il s'agit d'un prêtre de la Congrégation du Grand-St-Bernard, enseignant au sein du collège Champittet, auteur d'attouchements d’ordre sexuel sur un enfant de 12 ans dans les années 1980. Le prêtre a reconnu l'agression sexuelle mais les faits sont prescrits et une simple procédure canonique est engagée[6],[7]. Néanmoins ce prêtre a concélébré une messe d’ordination en août 2022. Pour la victime du prêtre pédophile : « l’évêque ni le prévôt ne se rendent compte de la véritable gravité des actes commis par leur camarade. C’est précisément cette lâcheté ordinaire dont ils ont fait preuve en n’osant pas lui interdire d’apparaître à l’ordination, qui fait que des pédocriminels peuvent faire tant de mal tout en gardant la conscience tranquille. » L'évêque Jean-Marie Lovey et le prévôt du Grand-Saint-Bernard Jean-Michel Girard évoquent la présomption d’innocence canonique[8]. À la suite de protestations, dont celle de la victime alléguée, les deux responsables religieux présentent leurs excuses[9]. Le jugement ecclésiastique est rendu en décembre 2022, le chanoine est reconnu coupable d’abus sexuels. Il ne doit plus célébrer les sacrements sauf dans la chapelle de la Maison du Saint-Bernard à Martigny où il doit résider[10].

En 2024, il est publié l'analyse des archives de la congrégation du Grand-Saint-Bernard révèlant cinq cas d’abus sexuels entre 1955 et 1983. Deux cas d’abus sexuels sont déja connus et trois autres sont nouveaux[11].

Gouvernement

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Liste des prévôts

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Le nom des premiers prévôts n'est pas connu avec précision.

Début Fin Nom Remarque
1127 1150 Arman ?
1158 1173 Uldry
1174 ? Guy
1177 ? Guillaume
1181 1206 Pierre de Laucel
1206 1208 Vaucher
1213 1215 Arduce
1219 1224 Guy d'Aigle
1222 ? Nicolas (Quarteri) Ancien prieur de Saint-Bénin
1225 1237 Pierre de la Porte Pertuis Chanoine de Saint-Ours, ancien prieur de Meillerie
1237 ? Armand (ou Armod)
1240 1259 Falcon
1265 1273 Pierre Ancien prieur de Meillerie
1274 1301 Martin Ancien prieur de Meillerie
1302 1316 Jean de Duin Ancien prieur d'Etoy
1317 1353 Guillaume de Thora

[N 3]

Chanoine de la cathédrale d'Aoste
1356 1360 Rodolphe de Billens Ancien prieur de Saint-Maire et chanoine de la cathédrale de Lausanne
1360 1374 Guillaume de Pisy Ancien prébendier d'Etoy,
1374 1393 Aymon Séchal Ancien chanoine de Sion (1374-1393)
1393 1417 Hugues d'Arces Conseiller du duc Amédée VIII de Savoie
1417 1438 Jean d'Arces Neveu du précédent, ancien prieur de Bissy
1438 1458 Jean de Grolée Commendataire, ancien chanoine de Saint-Jean de Lyon
1459 1490 François de Savoie Commendataire, fils du duc Louis Ier de Savoie
1491 1494 Louis de Savoie Commendataire, fils du duc Philippe II
1494 1509 Philippe de Savoie Commendataire, frère du précédent
1510 1524 Jean de La Forest Commendataire
1524 1552 Philibert de La Forest Commendataire, neveu du précédent
1552 1563 Benoît de La Forest, fils naturel de Jean de La Forest Commendataire
1563 1586 René de Tollen Commendataire
1587 1611 André de Tillier
1611 1644 Roland Viot Ancien coadjuteur
1644 1646 Michel Perrinod Ancien coadjuteur
1646 1649 Ours Arnod Vicaire général
1650 1671 Jean-Antoine Buthod Ancien curé d'Etroubles
1671 1693 Antoine Norat Aumônier de la cour de Savoie à Turin
1693 1724 Jean-Pierre Persod Aumônier de la cour de Savoie à Turin
1724 1728 Louis Boniface Ancien coadjuteur
1728 1734 Léonard Jorio Ancien prieur de Meillerie
1749 1752 Jean-Léonard Avoyer
1753 1753 Jean-François Michellod Administrateur général
1753 1758 François-Joseph Bodmer Ancien curé d'Orsières
1758 1775 Claude-Philibert Thévenot Ancien curé de Sembrancher
1775 1803 Louis-Antoine Luder Ancien prieur claustral
1803 1814 Pierre-Joseph Rausis Ancien curé de Liddes
1814 1830 Jean-Pierre Genoud Ancien curé de Sembrancher
1830 1865 François-Benjamin Filliez
1865 1888 Pierre-Joseph Deléglise Ancien curé de Sembrancher
1888 1939 Théophile Bourgeois Ancien prieur claustral
1939 1952 Nestor Adam Évêque de Sion de 1952 à 1977, il meurt en 1990.
1952 1991 Angelin Lovey
1992 2009 Benoît-Barthélémy Vouilloz
2009 2014 Jean-Marie Lovey Nommé évêque de Sion le
2014 2023 Jean-Michel Girard
2023 Jean-Pierre Voutaz

Chanoines renommés

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Notes et références

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  1. Appartenant au diocèse de Sion
  2. Elle s'appelait à l'origine Grand-Saint-Bernard-Thibet
  3. Selon les comptes de la châtellenie d'Entremont et Saxon, un prévôt du Montjoux aurait été assassiné par un certain Jean Mistralis du bourg du Montjoux (Bourg Saint-Pierre) pendant le règne comtal d'Aymon de Savoie, soit entre 1329 et 1343.

Références

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  1. Archives départementales de l'Isère, fonds de l'archevêché de Vienne, cote 1G11 ; une publication partielle sur J. Gremaud, Documents relatifs à l'histoire du Vallais, t. 1 : 300-1255, , p. 54. Voir aussi le document en ligne, sa transcription et sa traduction sur « La première mention écrite de Neuchâtel », sur imagesdupatrimoine.ch (consulté le ).
  2. « Acte du 24 avril 1011 mentionné dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (REG 0/0/1/151) », sur www.digi-archives.org (consulté le )
  3. Annuaire pontifical,
  4. « Revue de la Mission et de la Congrégation du Gd-St-Bernard », sur gsbernard.ch (consulté le )
  5. « Un chanoine du Grand-Saint-Bernard accusé de viol sur mineure. », sur Cath.ch, (consulté le )
  6. Maurice Page, « Nouvelle accusation d’abus au sein des chanoines du Grand-St-Bernard. », sur Cath.ch, (consulté le )
  7. Laurent Grabet, « Abus sexuels en internat catholique: «La honte a changé de camp…». », sur L'Illustré, (consulté le )
  8. Raphaël Zbinden, « Valais: un chanoine abuseur a concélébré une messe d’ordination. », sur Cath.ch, (consulté le )
  9. Bernard Hallet, « Ordination du Châble: Mgr Lovey et Mgr Girard présentent leurs excuses. », sur Cath.ch, (consulté le )
  10. Raphaël Zbinden, « Un chanoine abuseur du Grand-Saint-Bernard sanctionné. », sur Cath.ch, (consulté le )
  11. « Un chanoine abuseur du Grand-Saint-Bernard sanctionné. », sur Tribune de Genève, (consulté le )

Bibliographie

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  • Lucien Quaglia, La Maison du Grand-Saint-Bernard des origines aux temps actuels, Martigny, .
  • Sidonie Bochaton, Le Prieuré de Meillerie, Lyon, mémoire de maîtrise universitaire,
  • Chanoine Jean-Pierre Voutaz et Pierre Rouyer, Découvrir le Grand-Saint-Bernard, Les Éditions du Grand-Saint-Bernard, .
  • Chanoine Jean-Pierre Voutaz et Pierre Rouyer, Là sera ton cœur, Le trésor, l'église, la crypte de l'hospice du Grand-Saint-Bernard, Les Éditions du Grand-Saint-Bernard, .

Articles connexes

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Liens externes

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