Coreidae — Wikipédia

Les Coreidae (coréidés) sont une importante famille d'insectes du sous-ordre des hétéroptères (punaises), comportant plusieurs milliers d'espèces.

Description

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Les Coreidae ont un corps généralement allongé, mais robuste, parfois elliptique ou à côtés parallèles, et de couleurs très variable. Certaines espèces ont des excroissances étranges aux fémurs postérieurs, aux segments 2 et 4 des antennes ou au pronotum. La tête est relativement petite par rapport au corps. Les antennes sont insérées au-dessus de la hauteur de la moitié des yeux. Le 4ème article antennaire est plus épais que les 3 autres. Les fémurs et tibias postérieurs sont souvent élargis, parfois épineux. Elles se caractérisent en particulier par des membranes des ailes avec de nombreuses veines longitudinales, alors que les Lygaeoidea n'en ont que rarement plus que 4 ou 5. Elles ont des tarses de 3 articles, et des ocelles en arrière des yeux. Au sein des Coreoidea, elles se distinguent par l'orifice des glandes odoriférantes bien visible (par contraste avec les Rhopalidae) et sans processus de soie qui en émerge (par contraste avec les Hyocephalidae); par des buccules (petites excroissances entourant la base du rostre) s'étendant vers l'arrière au-delà de la base des antennes (par contraste avec les Alydidae et les Stenocephalidae). Leur taille peut varier de 7 à 45 mm de long dans le monde[3],[4],[5]. Et entre 6 et 25 mm en France[6].

Répartition et habitat

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Les Coreidae sont cosmopolites, avec la plus grande diversité dans les régions tropicales et subtropicales. Les Meropachyinae sont limités à l'écozone néotropicale[4],[7]. En France, ces punaises peuvent se trouver dans tout type de milieux et de strates de végétation mais la majorité des espèces préfèrent les milieux ensoleillés, secs et à végétation dense[6].

Cycle de vie

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Les œufs sont souvent allongés (rarement globuleux) de type Pentatomorphe avec un pseudo-opercule (Coreus) ou sans (les autres espèces). Ils sont souvent collés au substrat ou à d’autres œufs, chez quelques espèces ils peuvent être fixés par un appendice basal à la face inférieure des feuilles. Ils sont généralement pondus par groupe d’une dizaine d’œufs. Chez quelques espèces, les œufs sont empilés les uns sur les autres (Ceraleptus gracilicornis)[6].

Comme chez la plupart des punaises, 5 stades juvéniles se succèdent grâce à des mues, dont la durée de développement varie selon les espèces et la température[6].

Alimentation

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Les Coreidae sont phytophages et vivent pour la majorité dans la végétation, se nourrissant dans le système vasculaire des plantes et sur les parties reproductives (sève, fruis, graine). La plupart des espèces sont polyphages et peuvent se nourrir d'une à plusieurs familles de plantes (30 pour Coreus marginatus)[6]. Occasionnellement, de la coprophagie a été documentée[5]. La sous-famille des Pseudophloeinae se nourrit notamment sur les racines superficielles et les graines. Mais elles ajoutent un régime coprophages et/ou nécrophages par manque de protéines animales. Elles ponctionnent donc des exsudations de cadavres et de matières fécales [6]. En Australie, le genre Amorbus est l'un des rares hétéroptères à exploiter l'Eucalyptus[5]. Souvent, les Coreidae acquièrent dans leur environnement des lignées de Burkholderia pour leur microbiote intestinal, de la même manière que chez les Alydidae et plusieurs Lygaeoidea[8],[4].

Une espèce de Tripanosomidae du genre Phytomonas a été découvert chez la Corée marginée, Coreus marginatus[9].

Moyens de défense

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Ces punaises ont des glandes odorantes au rôle répulsif, contenant parfois des phéromones d’alarmes[6].

Importance économique

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Un certain nombre d'espèces ont un impact économique important en s'en prenant à des plantes cultivées. C'est notamment le cas avec Anasa tristis et quelques autres espèces du même genre, qui s'en prennent aux cultures de Cucurbitaceae en Amérique du Nord. Pseudotheraptus wayi cause des dommages aux cultures de noix de coco en Afrique de l'Est. Des espèces du genre Amblypelta causent des dommages similaires à diverses espèces de noix aux îles Salomon, en Asie et en Australie. Certains Leptoglossus causent des dégâts dans les jardins et les cultures: L. gonagra dans la région Pacifique et le S de l'Afrique, L. phyllopus dans le S des E-U, L clypealis dans les pistachiers de Californie, L corculus et L. occidentalis pour les graines de pins (Pinus) en Amérique du Nord, la dernière ayant gagné l'Europe. Anaplacnemis curvipes attaque plusieurs sortes de récoltes en Afrique tropicale, des espèces de Corecoris les cultures de patate douce dans les zones tropicales et subtropicales de l'hémisphère ouest; Phthia picta aux cultures de tomates dans les Caraïbes. Chez les Pseudophloeinae, Clavigralla gibbosa a été signalé en masse sur les cultures de pois d'Angole, qu'il peut sévèrement détruire. Clavigralla elongata attaque des cultures en Afrique de l'Est, et C. tomentosicollis aux cultures de haricots en Afrique subsaharienne. Cletus sp. s'en prend aux cultures de riz en Asie[4].

Territorialité

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Chez quelques grandes espèces, les mâles défendent vigoureusement des territoires tels que sommités fleuries. On estime que ce comportement est en rapport avec la morphologie élargie et parfois garnie d'épines des pattes postérieures[4].

Agrégations

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Des agrégations d'individus interviennent, notamment chez les juvéniles. Elles se réalisent par l'entremise de phéromones émises et perçues par des récepteurs du dernier segment apical des antennes[10]. Les juvéniles ainsi réunis peuvent, chez Thasus gigas, l'une des plus grandes espèces d'Hétéroptères, éjecter des jets de fluide anal dans l'air ainsi que des excrétions des glandes odoriférantes[4].

Soins parentaux

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Des soins parentaux n'ont été observés que chez une seule espèce de Coreidae, Pyllomorpha laciniata. Les femelles de cette espèce pondent leurs œufs soit sur les plantes, soit sur le dos d'autres individus de leur espèces, mâles ou femelles. Les œufs ainsi portés ont plus de chance d'arriver à l'éclosion, même si les individus porteurs sont plus susceptibles d'être prédatés par des oiseaux[4].

Stridulation

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Certaines espèces peuvent striduler en frottant leur plectrum, situé sous le pronotum (bord interne du prothorax), et leur strigile, correspondant souvent à une nervure[6].

Systématique

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La famille a été décrite relativement tôt par l'entomologiste britannique William Elford Leach en 1815, incluant alors les actuels Rhopalidae et les Alydidae. Les principales divisions de la famille, dont les 4 sous-familles actuelles, Coreinae, Hydarinae, Meropachyinae et Pseudophloeinae, ont été établies par Stål entre 1867 et 1873. Toutefois, cette classification interne n'est pas complètement résolue dans une perspective cladistique. Selon les travaux de X. Li, celui-ci séparerait par exemple les Hydarinae et les Pseudophloeinae des autres Coreidae (ce que des études ultérieures semblent confirmer[11],[12],[13]), en leur donnant le statut de familles et qui seraient plus proches des Alydidae; élèverait au rang de sous-familles les tribus des Chariesterini et des Colpurini, et propose plusieurs nouvelles tribus. Des recherches ultérieures seront nécessaires avec un échantillonnage plus riche pour permettre de meilleurs résultats[14]. La systématique des tribus au sein des Coreinae n'a pas non plus été révisée globalement[4].

Dans sa classification interne, la famille rassemble 4 sous-familles, 37 tribus, pour au moins 264 genres et 1184 espèces[3], ou, selon Schuh et Weirauch[4], respectivement 436 et 2567[7]. En France, la famille est représenté par 35 espèces[6].

Plusieurs fossiles de Coreidae ont été retrouvés, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, appartenant aux Coreinae, aux Pseudophloeinae ou sans sous-famille attribuée. Le plus ancien, Kerjiecoris oopsis, trouvé en Chine, remonterait au Carnien, premier étage du Trias supérieur, donc à entre -237 et −227 millions d'années environ[15]. Certains fossiles retrouvés ont des antennes aux appendices exagérément développés, que l'évolution ne semble pas avoir maintenus au fil du temps, alors que les appendices aux pattes ont continué à exister[16].

Galerie de quelques tribus

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Galerie de quelques espèces européennes

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Liste des sous-familles, tribus et genres

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Selon BioLib (6 août 2022)[2] :


Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

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  1. Species File, consulté le 6 août 2022
  2. a et b BioLib, consulté le 6 août 2022
  3. a et b Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 516, tome 2 pp. 211 et 252 516
  4. a b c d e f g h et i (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 534-543, 184-187, 69-70
  5. a b et c (en) « Australian Faunal Directory - Coreidae », sur www.biodiversity.org.au (consulté le )
  6. a b c d e f g h et i Pierre Moulet, Hémiptères Coreoidea, Pyrrhocoridae, et Stenocephalidae Euro-Méditerranéens (Faune de France 81), , 336 p.
  7. a et b « family Coreidae Leach, 1815: Coreoidea Species File », sur coreoidea.speciesfile.org (consulté le )
  8. (en) Tsubasa Ohbayashi, Hideomi Itoh, Joy Lachat et Yoshitomo Kikuchi, « Burkholderia Gut Symbionts Associated with European and Japanese Populations of the Dock Bug Coreus marginatus (Coreoidea: Coreidae) », Microbes and Environments, vol. 34, no 2,‎ , p. 219–222 (ISSN 1342-6311 et 1347-4405, PMID 31167992, PMCID PMC6594735, DOI 10.1264/jsme2.ME19011, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Alexander O. Frolov, Marina N. Malysheva, Anna I. Ganyukova et Viktoria V. Spodareva, « Development of Phytomonas lipae sp. n. (Kinetoplastea: Trypanosomatidae) in the true bug Coreus marginatus (Heteroptera: Coreidae) and insights into the evolution of life cycles in the genus Phytomonas », PLOS ONE, vol. 14, no 4,‎ , e0214484 (ISSN 1932-6203, PMID 30943229, PMCID PMC6447171, DOI 10.1371/journal.pone.0214484, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Takayoshi Nishida, « Scramble competition polygyny in the coreid bug (Colpula lativentris) », Researches on Population Ecology, vol. 31, no 2,‎ , p. 211–224 (ISSN 1437-5613, DOI 10.1007/BF02513202, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Michael Forthman, Christine W. Miller et Rebecca T. Kimball, « Phylogenomic analysis suggests Coreidae and Alydidae (Hemiptera: Heteroptera) are not monophyletic », Zoologica Scripta, vol. 48, no 4,‎ , p. 520–534 (ISSN 0300-3256 et 1463-6409, DOI 10.1111/zsc.12353, lire en ligne, consulté le )
  12. Dominique Pluot-Sigwalt et Pierre Moulet, « Morphological types of spermatheca in Coreidae: bearing on intra-familial classification and tribal-groupings (Hemiptera: Heteroptera) », Zootaxa, vol. 4834, no 4,‎ , p. 451–501 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4834.4.1, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Xue Dong, Kaibin Wang, Zechen Tang et Yaoyao Zhang, « Phylogeny of Coreoidea based on mitochondrial genomes show the paraphyly of Coreidae and Alydidae », Archives of Insect Biochemistry and Physiology, vol. 110, no 1,‎ (ISSN 0739-4462 et 1520-6327, DOI 10.1002/arch.21878, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Michael Forthman, Christine W. Miller et Rebecca T. Kimball, « Phylogenomic analysis with improved taxon sampling corroborates an Alydidae + Hydarinae + Pseudophloeinae clade (Heteroptera: Coreoidea: Alydidae, Coreidae) », Organisms Diversity & Evolution,‎ (ISSN 1439-6092 et 1618-1077, DOI 10.1007/s13127-022-00548-w, lire en ligne, consulté le )
  15. « Coreidae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  16. Royce T. Cumming et Stephane Le Tirant, « Drawing the Excalibur bug from the stone: adding credibility to the double-edged sword hypothesis of coreid evolution (Hemiptera, Coreidae) », ZooKeys, vol. 1043,‎ , p. 117–131 (ISSN 1313-2970 et 1313-2989, PMID 34163298, PMCID PMC8217075, DOI 10.3897/zookeys.1043.67730, lire en ligne [PDF], consulté le )