Crise existentielle — Wikipédia

Un homme debout sur le rivage de la mer contemplant le sens dans sa vie et l'univers autour de lui.
Dépersonnalisation et remise en question

Au sens étymologique, "Crisis" en latin défini une situation "d'urgence où il faut prendre une décision"[1]. Une crise existentielle (ou crise de la vie) est une crise qui peut se produire au cours de la vie d’un individu. Elle se caractérise par des questionnements sur le sens profond de l'existence et où tout semble perdre sens[2]dont l'identité même de la personne[3]. Elle naît à des stades de vie où les individus se demandent si leur vie a un sens, un but ou de la valeur[4]. Ce phénomène est souvent mais pas nécessairement lié à une dépression[5].La question du sens et du but de l'existence est un sujet traité par le mouvement philosophique existentialiste.

Description

[modifier | modifier le code]

Une crise existentielle peut être assimilée de façon incorrecte, ou être combinée avec les troubles suivants (sans être exhaustif) :

Une crise existentielle est souvent provoquée par un événement marquant [8] traumatisme psychologique, mariage, séparation, perte importante, décès d'un être cher, expérience mettant la vie en danger, nouveau partenaire amoureux, consommation de drogues psychoactives, progéniture quittant le domicile familial, atteinte d’un âge significatif (16 ans, 40 ans, etc.), etc.

Généralement, cette crise provoque chez le souffrant une introspection concernant sa propre mortalité et révélant l’origine de son refoulement. L'individu se met à douter de tout et voit de moins en moins de sens dans ses propres objectifs de vie[2].

Existentialisme

[modifier | modifier le code]
Questionnement sans fin

Une crise existentielle peut ressembler à l'anomie (les conséquences de l'absence de normes sur l'état d'un individu) ou à une crise de la quarantaine. Elle survient d'ailleurs très souvent autour de la cinquantaine[9].Une crise existentielle peut provenir de la nouvelle perception qu'un individu a de la vie et de l'existence. Par analogie, l'existentialisme postule qu'une personne peut et définit le sens de sa vie et de sa raison d'être, et de ce fait doit choisir de résoudre cette crise de l'existence[10].L'existentialisme s'inscrit comme philosophie de vie envers les êtres humains[11]. Elle défend l'idée que l'humain se construit à travers ses actions tout au long de la vie[10].

Dans l'existentialisme, l'expression "crise existentielle" désigne spécifiquement la crise d'un individu lorsqu'il reconnaît l'obligation de définir sa vie à travers des choix. La crise existentielle se produit lorsque l'individu comprend que même la décision de ne pas agir ou de refuser de consentir à quelque chose est, en elle-même, un choix. En d'autres termes, l'humanité est "condamnée" à être libre. De plus, une fois qu'un individu a terminé une crise existentielle, il peut facilement plonger dans une autre, ou ne pas en être complètement sorti.

Psychologie

[modifier | modifier le code]

En psychologie, le terme « crise existentielle » regroupe différents moments liés à un changement d'époque de la vie : crise d'adolescence[12], crise du quart de vie, crise de la quarantaine, mais aussi crise de l'entrée en vieillesse[13].

Pour le médecin Kazimierz Dąbrowski, une crise existentielle peut s'inscrire dans un processus de désintégration positive, et être utile, voire nécessaire à la construction de la personnalité[14].

Soren Kierkegaard.

Contexte culturel

[modifier | modifier le code]

C'est au XIXe siècle que Kierkegaard a identifié que l'angoisse et la crise existentielle pouvaient apparaître lorsque l’individu se trouve dans l'incapacité de gérer des événements inattendus et extrêmes dans son existence[15]. Nietzsche a élargi ce point de vue en suggérant que "Dieu est mort", c'est-à-dire la perte collective de foi en la religion et en une morale traditionnelle, créait une crise existentielle plus large. Il créer une autre voie où l'être humain doit penser à lui et ainsi a le pouvoir sur sa propre vie[16].

En effet, la crise existentielle a été considérée comme un accompagnement inévitable du modernisme. Alors que Durkheim considère les crises individuelles comme un produit de pathologies sociales et d’un manque de normes collectives, certains ont affirmé que l'existentialisme est né de la crise moderne ; de la perte de sens à travers le monde moderne[17].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Avez-vous déjà fait une «crise existentielle»? », sur Le Figaro, (consulté le ).
  2. a et b « Crise existentielle - Psychologue.net », sur psychologue (consulté le ).
  3. Danielle Quinodoz, « La crise existentielle du “ milieu de la vie ? : la porte étroite », Revue française de psychanalyse, vol. 69, no 4,‎ , p. 1071–1086 (ISSN 0035-2942, DOI 10.3917/rfp.694.1071, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Richard James, Crisis Intervention Strategies, Cengage Learning, (ISBN 978-0-495-10026-3, lire en ligne)
  5. a et b « Crise existentielle : qui suis-je ? », sur rh-partners.com (consulté le ).
  6. a et b « Dépression existentielle : 5 symptômes pour reconnaître la crise et la soigner », sur la-clinique-e-sante.com (consulté le ).
  7. a et b Thierry Feller, « La crise existentielle : un séisme intérieur | Ma Personnalité Au TOP.ch », sur ma-personnalite-au-top.ch, (consulté le ).
  8. Herbert Kubat, « Quand le désespoir prend le dessus », sur atupri (consulté le ).
  9. « Crise existentielle : comment la traverser sans se faire mal ? », sur passeportsante.net, (consulté le ).
  10. a et b « Qu’est-ce que l’existentialisme ? | Philosophie, médias et société », sur philomedia.be, (consulté le ).
  11. (en) « Philosophie.ch - Existentialisme », sur philosophie.ch, (consulté le ).
  12. Franck Despretz, « Inquiétante névrose », VST - Vie sociale et traitements, 2003/3 (no 79), p. 12-18, premier paragraphe Lire en ligne
  13. Jean-François Coudreuse, « L'entrée en vieillesse : une nouvelle crise existentielle », dans Les Chaos du vieillissement, Toulouse, ERES, « Pratiques gérontologiques », 2003, p. 45-50. En ligne
  14. Les hyperstimulabilités - la théorie de la désintégration Positive - les surdoués
  15. « Existential depression in gifted individuals », sur davidsongifted.org (consulté le ).
  16. « Nietzsche: DIEU est mort – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie », sur la-philosophie.com (consulté le ).
  17. (en) M.Hardt/K.Weeks, The Jameson Reader, , p. 265

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Pour une bibliographie complète, voir : Danièle Zucker, « Bibliographie », dans Penser la crise. L'émergence du soi, sous la direction de Zucker Danièle', Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, « Oxalis », 2012, p. 199-203. Lire en ligne

  • Christiane Singer, Du bon usage des crises, éditions Albin Michel, 1996.
  • Vincent Légaut, Réflexion critique et crise existentielle : chez Fichte et Sartre, thèse sous la direction de Françoise Dastur, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC), 1999. Notice sur Sudoc.
  • Lisbeth von Benedek, La crise du milieu de vie: Un tournant, une seconde chance, édition Eyrolles, 2015. Lire sur Google Books

Articles & chapitres d'ouvrage

[modifier | modifier le code]
  • Danielle Quinodoz, « La crise existentielle du “milieu de la vie ?' : la porte étroite », Revue française de psychanalyse, 2005/4 (Vol. 69), p. 1071-1086. Lire en ligne
  • Andreoli, A., « Les crises existentielles comme problème de la psychothérapie d’aujourd’hui », Psychothérapies, 3, 1981 pp. 167-174.
  • Marguerite Charazac-Brunel, « 1 . Le désir de suicide comme symptôme d'une crise existentielle », dans Le suicide des personnes âgées, sous la direction de Marguerite Charazac-Brunel Toulouse, ERES, « L'âge et la vie - Prendre soin des personnes âgées et des autres », 2014, p. 21-32. Plan de l'article en ligne.
  • Jean-François Coudreuse, « L'entrée en vieillesse : une nouvelle crise existentielle », dans Les Chaos du vieillissement, Toulouse, ERES, « Pratiques gérontologiques », 2003, p. 45-50. En ligne
  • Elliott Jaques, « Mort et crise du milieu de la vie », in : Anzieu D. et al. Psychanalyse du génie créateur, Paris, Dunod, 1974, p. 277-305 [lire en ligne]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]