Décrottoir — Wikipédia

Décrottoir à Charleville-Mézières, en France.

Un décrottoir ou gratte-boue est un dispositif composé d'une lame de métal, simple ou ouvragé, fixé sur le mur ou sur le sol à la porte d'un bâtiment pour permettre aux visiteurs de gratter la semelle de leurs chaussures avant d'entrer.

Présentation et définition

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Selon le CNTRL[1], le décrottoir, dérivé du verbe décrotter, est une lame de fer, voire quelquefois une boîte garnie de brosses, « placée à côté d'une porte extérieure d'une maison ou d'un appartement, pour qu'on puisse y enlever la terre ou la boue des semelles de chaussures avant d'entrer ».

Le site du Dictionnaire Larousse[2] précise que ce mot désigne également une « pièce de charrue à disques destinée à détacher la terre de la face concave du disque ».

Au XIXe siècle, A. Péter distingue le décrottoir, nom masculin, qui désigne une lame de fer, de la décrottoire, nom féminin, qui désigne une brosse[3].

Description

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Les décrottoirs sont généralement en fonte ou en fer forgé ; il peut s'agir d'un simple lame placée ou fixée sur le sol à côté de la porte d'entrée ou d'un dispositif plus ouvragé, scellé dans le sol ou la façade, ou encastré dans une niche ; à Bruxelles, ils sont souvent de style Art nouveau[4],[5].

Décrottoir à Wallingford au Royaume-Uni.

Les décrottoirs sont apparus en même temps que les trottoirs des grandes villes, à la fin du XVIIIe siècle. À l'origine simplement scellés dans le trottoir, certains modèles ont été interdits car ils constituaient un obstacle dangereux ; ils ont alors été placés dans des niches dans les façades[6],[5]. Très répandus au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle dans de nombreuses métropoles occidentales[7], il en existe encore notamment dans les rues de New York, Londres, ou Bruxelles, où plus de 700 modèles différents ont été recensés[7], ainsi qu'à Paris[8], Marseille[9], Lille[10] et Toulouse[11], Tournai[12], entre autres.

Durant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande de la France, de nombreux décrottoirs ont été récupérés comme métaux ferreux ; ils ont aussi été supprimés au fil du temps lors de l'amélioration des rues et des trottoirs[13], ou des aménagements de voiries[7].

Ce type d'équipements existe également dans les dépendances du château de Versailles et si leur état d'usure indique une utilisation fréquente, il n'est pas certain qu'ils soient contemporains des bâtiments[13].

Au début du XXIe siècle, le décrottoir est tombé en désuétude et est davantage utilisé comme support pour les pots de fleurs ou comme point d'attache pour les vélos plutôt que pour nettoyer les chaussures[4].

Expositions

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Une exposition est organisée en août 2011 avec comme sujet les décrottoirs bruxellois, aux halles Saint-Géry, un ancien marché couvert situé en plein centre de la ville de Bruxelles, avec environ un millier de photos prises par le photographe belge Christophe Holemans, lui-même auteur d'un ouvrage consacré à ces installations[14],[4].

Une exposition, du même photographe, est organisée du 13 au au musée de la Porte à Tubize, dans la province du Brabant wallon, en Belgique. Celle-ci présente l'histoire de cette installation, mais aussi les habitudes de civilité et d'hygiène d'autrefois[15].

Dénominations

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En russe, l'appareil se dénomme « Декроттуар » (dekrottuar), terme directement issu du français.

Dans la littérature

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George Grossmith, dans son roman comique Journal d'un homme sans importance, fait plusieurs allusions au décrottoir à l'entrée de la nouvelle maison du héros, qui lui cause quelques ennuis et sur lequel les visiteurs trébuchent[16].

Notes et références

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  1. « Décrottoir », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  2. « Décrottoir », sur larousse.fr (consulté le ).
  3. A. Péter, Corrigé de la nouvelle cacologie et de la phraséologie ou Dictionnaire des locutions vicieuses, Paris, Hachette, , 326 p., p. 64.
  4. a b et c Anne Leconte et Delphine Wilputte, « Les décrottoirs en exposition aux halles Saint-Géry », sur rtbf.be, (consulté le ).
  5. a et b « Les décrottoirs bruxellois fascinent toujours », sur 7sur7.be, (consulté le ).
  6. « Les décrottoirs d'antan au fil de nos rues », sur visitvar.fr (consulté le ).
  7. a b et c « Grandeur et décadence du décrottoir », sur lepoint.fr, AFP, (consulté le ).
  8. « Les décrottoirs », sur paristoric.com (consulté le ).
  9. Jean-Pierre Cassely, « Marseille vue du sol : quand Marseille s'essuyait les pieds »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur provence-insolite.org (consulté le ).
  10. S.L., « Les décrottoirs, un rituel aujourd’hui oublié », Lille secret, sur lavoixdunord.fr, (consulté le ).
  11. « Les décrottoirs », sur maglm.fr (consulté le ).
  12. Sandra Durieux, « À Tournai : après les empêche-pipi, les décrottoirs », Livre, sur lesoir.be, (consulté le ).
  13. a et b Jacques et Paul Bernaux (textes) et Francis Cahuzac (photographies), « Décrottoirs », sur Commission Française pour la Protection du Patrimoine Historique et Rural, (consulté le ).
  14. « Grandeur et décadence du décrottoir », sur lexpress.fr, AFP, (consulté le ).
  15. Véronique Delforge, « Petit patrimoine : Magnifique exposition au musée de la Porte sur les décrottoirs », Actualités, Expos, sur museedelaporte.be, (consulté le ).
  16. George Grossmith, Journal d'un homme sans importance, L'Âge d'homme, , 211 p. (ISBN 9782825103807 et 2825103802, lire en ligne), p. 13, 17, 23, 48 et 54.

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Bibliographie

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  • Michel Hachet, « Réflexions archéologico-philosophiques inspirées par la progressive raréfaction des décrottoirs (communication du 19 janvier 1996) », Mémoires de l'Académie Stanislas, Nancy, vol. 11,‎ 1995-1996, p. 223-232.
  • Jacky Legge, Les décrottoirs : Pour une typologie : le cas de Tournai, Maison de la Culture de Tournai ; Galerie Koma ; Carré noir, , 84 p. (présentation en ligne).
  • (fr + nl + en) Laurence Rosier et Christophe Holemans, Décrottoirs! Voetschrapers! Boot scrapers!, Bruxelles, Éditions Racine, , 128 p. (EAN 9782873867898, présentation en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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