Déportation de juin — Wikipédia
La déportation de juin (en estonien : juuniküüditamine, en letton : jūnija deportācijas, en lituanien : birželio trėmimai et en roumain deportarea din iunie) fut une déportation massive menée par l'Union soviétique de dizaines de milliers de personnes des territoires occupés en 1940 et 1941 : États baltes, Pologne orientale et Moldavie orientale[1].
Cette déportation massive a été organisée selon les directives établies par le NKVD et le KGB, avec le commissaire du peuple de l'intérieur de l'URSS Lavrenti Beria comme exécuteur principal. Le nom officiel de l'opération top secrète était « Résolution sur l'expulsion des éléments socialement étrangers des républiques baltes, de l'ouest de l'Ukraine, de l'ouest de la Biélorussie et de la Moldavie ». Aux ordres du NKVD, la police soviétique, appelée militsia, a procédé aux arrestations avec la collaboration des membres locaux du Parti communiste soviétique[2].
Déportation
[modifier | modifier le code]La déportation a lieu du 22 mai au 20 juin 1941[3], juste avant l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie. Cependant, le but des déportations est d'éliminer les opposants politiques du gouvernement soviétique, et non de renforcer la sécurité en préparation de l'attaque allemande[4].
La déportation a lieu un an après l'occupation et l'annexion des États baltes, de la Bessarabie et du nord de la Bucovine et vise des « éléments anti-soviétiques » (anciens politiciens, policiers, riches industriels, propriétaires fonciers, etc.)[5]. Il s'agit de la quatrième vague de déportation massive en Pologne occupée[6], elle est alors destinée à combattre l'organisation « contre-révolutionnaire » des nationalistes ukrainiens (OUN)[5].
La procédure pour les expulsions est approuvée par Ivan Serov dans les « Instructions Serov ». Des personnes sont expulsées sans procès par familles entières[6]. Les hommes sont généralement emprisonnés et la plupart d'entre eux meurent dans des camps de prisonniers sibériens ; les femmes et les enfants sont réinstallés dans des colonies forcées[4] dans les oblasts d'Omsk, de Novossibirsk, dans les Kraïs de Krasnoïarsk, de l'Altaï et au Kazakhstan[3]. Le taux de mortalité des déportés estoniens est estimé à 60%[4].
Outre les déportations et la réinstallation, une quarantaine de massacres ont lieu en Lituanie dans la semaine du 22 au 27 juin. 230 prisonniers et civils lituaniens sont tués au camp de concentration de Pravieniškės, tandis que 15 prisonniers sont exécutés dans la prison de Minsk. De plus, entre 70 et 80 prisonniers politiques lituaniens sont tués par le NKVD dans la forêt Rainiai (en), à la suite des désordres du soulèvement de juin[7].
Nombre de déportés
[modifier | modifier le code]Le nombre de personnes déportées comprend:
Pays d'avant-guerre | Nombre de déportés | ||
---|---|---|---|
Aux colonies forcées[8](d'après les rapports officiels du NKVD) | Aux camps de prisonniers et aux établissements forcés | Estimation | |
Estonie | 5 978 | 10 000 à 11 000[4] | |
Lettonie | 9 546[9] | 15 000[9] | |
Lituanie | 10 187 | 17 500[10] | |
Pologne | 11 329 (Ukraine occidentale) 22 353 (Biélorussie occidentale) | 24 412 (Biélorussie occidentale)[11] | 200 000 à 300 000[8],[6] |
Roumanie | 24 360 | 300,000[12] |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « June deportation » (voir la liste des auteurs).
- Nikolaï Féodorovitch Bougaï, (ru) К вопросу о депортации народов СССР в 30-40ч годах (« Sur la déportation des peuples d'URSS dans les années 1930-1940 »), rev. Istorija SSSR n° 6, Moscou 1989 et ouvrage allemand Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581. Cette déportation massive a été organisée selon les directives précises de Lavrenti Beria: « Résolution sur l'expulsion des éléments socialement étrangers des républiques baltes, de l'ouest de l'Ukraine, de l'ouest de la Biélorussie et de la Moldavie ».
- (en) « Lithuania », sur Lithuania | Communist Crimes (consulté le ).
- Donald Bloxham et A. Dirk Moses, The Oxford Handbook of Genocide Studies, Oxford University Press, (ISBN 9780199232116, lire en ligne), p. 403
- Aigi Rahi-Tamm et Andres Kahar, Estonia Since 1944: Report of the Estonian International Commission for the Investigation of Crimes Against Humanity, Tallinn, Estonian International Commission for the Investigation of Crimes Against Humanity, (ISBN 978-9949183005), « The deportation Operation "Priboi" in 1949 », p. 310
- Stephen Lovell, The Shadow of War: Russia and the USSR, 1941 to the present, John Wiley & Sons, (ISBN 9781444351590, lire en ligne), p. 218
- Thomas Lane, Victims of Stalin and Hitler: The Exodus of Poles and Balts to Britain, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-1-349-51584-4, lire en ligne), p. 79
- « Lithuania », sur Communist Crimes.
- Alexander Statiev, The Soviet Counterinsurgency in the Western Borderlands, Cambridge University Press, , 167–168, 184 (ISBN 9780521768337, lire en ligne)
- Leo Õispuu, Name list of persons deported from Estonia 1945-1953, vol. R8/3, Estonian Repressed Persons Records Bureau, (ISBN 978-9985-9914-6-6, lire en ligne), p. 16
- (lt) Vitalija Stravinskienė, « Lietuvos lenkų trėmimai: 1941–1952 m. », Istorija. Mokslo darbai, vol. 87, (ISSN 2029-7181, lire en ligne)
- Grzegorz Hryciuk, Shared History, Divided Memory: Jews and Others in Soviet-occupied Poland, 1939-1941, Leipziger Universitätsverlag, (ISBN 9783865832405, lire en ligne), « Victims 1939–1941: The Soviet Repressions in Eastern Poland », p. 193
- Andrei Brezianu et Vlad Spânu, The A to Z of Moldova, Scarecrow Press, (ISBN 9780810872110, lire en ligne), p. 117