Digger (soldat) — Wikipédia
Digger est un terme d'argot militaire pour désigner les soldats de l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Des traces de son utilisation ont été trouvés dans ces pays dès les années 1850, mais son utilisation dans un contexte militaire n'est devenu courant qu'à partir de la Première Guerre mondiale, lorsque les troupes australiennes et néo-zélandaises commencèrent à l'employer sur le front de l'Ouest vers 1916 ou 1917. Son usage a évolué pendant la guerre, le terme a été lié à la notion de la légende Anzac mais, dans un plus large contexte social, il est lié à la notion de « fraternité égalitaire »[1].
Origine du nom, du mineur au soldat
[modifier | modifier le code]Avant la Première Guerre mondiale, le terme de « digger » était largement utilisé dans l'Australasie pour signifier un mineur[2], et ou dans l'appellation Kauri gum-digger en Nouvelle-Zélande[3]. En Australie comme en Nouvelle-Zélande, le terme de « digger » avait une connotation égalitaire datant de la rébellion d'Eureka de 1854, à l'époque victorienne ; il était donc déjà associé aux principes de « mateship »[4]. Beaucoup de soldats australiens et néozélandais de la seconde guerre des Boers (1899-1902) étaient d'anciens mineurs, et à la bataille de la rivière Elands, les défenseurs australiens se firent une réputation de creuseurs en construisant en toute hâte des défenses dans la terre dure[5],[6].
Le soldat de l'Anzac (1915-1918)
[modifier | modifier le code]Le nom « digger » s'impose
[modifier | modifier le code]À la suite du Débarquement de la baie ANZAC le , pendant la Campagne de Gallipoli, le général Ian Hamilton écrivit au général William Birdwood, commandant de l'Australian and New Zealand Army Corps (ANZAC), en ajoutant en post-scriptum : « Vous avez fait la partie difficile, maintenant vous n'avez qu'à creuser, creuser, creuser, jusqu'à ce que vous soyez en sécurité »[7]. Selon l'écrivain Tim Lycett, il n'y a pas d'autres preuves pouvant suggérer que le message d'Hamilton soit la raison pour laquelle le terme « digger » (« creuseur »') ait été appliqué aux troupes de l'ANZAC en général[3].
W. H. Downing dans Digger Dialects, un glossaire des mots et expressions utilisés par les militaires australiens de la Première Guerre mondiale, explique que le terme digger a été utilisé pour désigner un soldat australien ou néo-zélandais à partir de 1916. Le mot semble être devenu populaire parmi les troupes néozélandaises avant d'être adopté par les Australiens. Le mot n'était pas largement répandu avant 1917[8],[3]. Selon l'auteur Tim Lycett, l'auteur de l'histoire officielle du 44e Bataillon australien Cyril Longmore enregistra l'emploi de ce terme par les membres du bataillon comme synonyme au mot « cobber » alors qu'ils creusaient des tranchées en entraînement sur la plaine de Salisbury à la fin de l'année 1916, alors que la 3e Division se préparait à se déployer sur le front de l'Ouest. Selon le livre et les lettres de Longmore, Lycett a affirmé que le terme gagna en importance à la suite d'un discours à partir du commandant de la 11e Brigade, le brigadier James Cannan, qui parlait des « prouesses » du 44e Bataillon, dont beaucoup des hommes étaient mineurs dans l'Ouest de l'Australie avant de s'enrôler[9].
Le « digger » et la légende de l'Anzac
[modifier | modifier le code]Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, l'Australie et la Nouvelle-Zélande étaient toutes deux de relativement « jeunes » nations, avec peu de visibilité sur la scène internationale. Déployés à Gallipoli au début de l'année 1915, les soldats des deux nations eurent l'occasion de prouver leur valeur. Bien que la campagne de Gallipoli a entraîné de lourdes pertes et qu'elle se termina par la retraite des Alliés, la campagne fut fortement liée à l'émergence de l'identité nationale en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Par la manière dont les soldats australiens et néozélandais endurèrent les épreuves de la bataille, le « digger » est devenu l'un des piliers de la légende de l'Anzac, incarnant les qualités « d'endurance, de courage, d'ingéniosité, de bonne humeur, et [...] de mateship. »[10]. En Australie, alors que la nation devint plus industrialisée et urbanisée, le terme fut aussi plus tard associés au « bushman », comprenant « la rusticité, l'esprit démocratique, le mateship et de la débrouillardise »[11].
Usage
[modifier | modifier le code]Alors que les Australiens et les Néozélandais s'appelleraient les uns les autres « digger », les Britanniques ont tendance à préférer le terme « Kiwi » pour les Néozélandais, et celui de « digger » pour les Australiens. L'équivalent en argot pour un soldat britannique étant le « Tommy » de Tommy Atkins[12].
Équipe de football
[modifier | modifier le code]Entre 1998 et 2003, le terme a été utilisé dans le nom d'une équipe de la Victorian Football League, les Bendigo Diggers[13]. C'était en partie en référence à l'histoire de Bendigo en tant que centre de l'industrie minière de l'or. L'équipe a depuis changé son surnom en « Bombers ». En 2001, l'Athletics Australia a suggéré qu'il pourrait utiliser « Diggers », comme surnom de l'équipe. La proposition fut retirée après un tollé général et la protestation du Returned and Services League of Australia[14].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Digger (soldier) » (voir la liste des auteurs).
- Dennis et al. 1995, p. 214.
- Dennis et al. 1995, p. 213.
- (en) Tim Lycett, « The Genesis of Digger, page 1 », Inside History Magazine, (consulté le )
- « Eurkea Stockade », Australian Federal Government (consulté le )
- Coulthard-Clark 1998, p. 84–85.
- « The Siege of Elands River Post South Africa », Royal Australian Armoured Corps Association (New South Wales Branch), no 460, , p. 1, 3–6 (lire en ligne)
- Moorehead 1997, p. 130.
- Ramson et al. 1990.
- (en) Tim Lycett, « The Genesis of Digger, page 2 », Inside History Magazine, (consulté le )
- « The ANZAC Spirit », Australian War Memorial (consulté le )
- « Bushman and digger », Forging the Nation: Federation – The First 20 Years, Australian War Memorial (consulté le )
- (en) David Payne, « The Australian And New Zealand Army Corps on the Western Front in the Great War », sur The Western Front Association, (consulté le )
- Devaney 2008, p. 35–36.
- « Australian PM enters Diggers row », BBC Sport, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) C. D. Coulthard-Clark, Where Australians fought : the encyclopaedia of Australia's battles, St. Leonards, Nouvelle-Galles du Sud, Allen & Unwin, , 306 p. (ISBN 978-1-86448-611-7, OCLC 39097011).
- (en) Peter Dennis, Jeffrey Grey, Ewan Morris, Robin Prior et John Connor, The Oxford companion to Australian military history, Melbourne, Victoria, Oxford University Press, , 692 p. (ISBN 978-0-19-553227-2, OCLC 34325813).
- (en) John Devaney, The full points footy : encyclopedia of Australian football clubs, vol. 1, Lincoln, Royaume-Uni, Full Points Publications, , 699 p. (ISBN 978-0-9556897-0-3).
- (en) Alan Moorehead, Gallipoli, Ware, Wordsworth Editions, , 319 p. (ISBN 978-1-85326-675-1, OCLC 39504321, lire en ligne).
- (en) W. S. Ramson, W. H. Downing et J. M. Arthur, W.H. Downing's Digger dialects, New York, Oxford University Press, , 257 p. (ISBN 978-0-19-553233-3, OCLC 28724827)
- (en) « Reading List of Sources About the ANZAC Spirit », sur Australian War Memorial (consulté le ).
- (en) Amanda Laugesen, « Aussie Magazine and the Making of Digger Culture During the Great War », NLA News, National Library of Australia, vol. 14, no 2, (lire en ligne).
- (en) Jane Ross, The myth of the digger : the Australian soldier in two world wars, Sydney, Hale & Iremonger, , 251 p. (ISBN 0-86806-038-0, OCLC 12695030).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Histoire militaire de l'Australie pendant la Première Guerre mondiale
- Bataille des Dardanelles
- Campagne du Sinaï et de la Palestine
- Bataille de la Somme
- Bataille de Pozières
- Bataille de Fromelles
- Bataille de Passchendaele
- Bataille de Villers-Bretonneux (1918)
- Bataille du Hamel
- Bataille du mont Saint-Quentin
- Bataille de la ligne Hindenburg
- Circuit du Souvenir
- Pozières
- Fromelles Australian Mémorial Park
- Mémorial national australien de Villers-Bretonneux
- Mémorial australien du Hamel
- Monument aux morts australien du mont Saint-Quentin
Liens externes
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