Doggerland — Wikipédia
Doggerland est le nom donné par les géologues, et en premier par Bryony Coles (en), à l'étendue émergée au début de l'Holocène, qui se situait jadis dans la moitié sud de l'actuelle mer du Nord, reliant la Grande-Bretagne au reste de l'Europe durant les glaciations quaternaires[1]. Le nom « Doggerland » est emprunté au Dogger Bank, un banc de sable situé à la hauteur du Yorkshire.
Cette zone était émergée lors de chaque glaciation à cause de la baisse du niveau de la mer provoquée par la formation de grand inlandsis dans les régions les plus froides de la Terre. Suivant les millénaires, elle était partiellement recouverte par les calottes glaciaires scandinave et britannique ou respectivement par un lac périglaciaire formé par les eaux des fleuves d'Europe du Nord dont l'écoulement était barré par les glaciers. Elle a aussi été habitée par des hommes de la période mésolithique[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]Au dernier maximum glaciaire il y a un peu plus de 20 000 ans, le niveau de la mer était plus bas qu'à l'époque actuelle, d'environ 120 mètres, ce qui faisait émerger une grande partie du fond de l'actuelle mer du Nord et de la totalité de la Manche. Différents fleuves comme le Rhin, la Tamise, la Seine, la Somme, se rejoignaient et formaient le fleuve Manche qui se jetait dans l'Atlantique (ce qui explique que l'on retrouve les mêmes poissons d'eau douce dans ces fleuves actuellement isolés)[3]. D'autres fleuves comme le Trent coulaient vers le nord. La ligne de partage des eaux se situait au niveau des Pays-Bas (et non dans le pas de Calais)[4].
Lorsque la dernière glaciation prend fin, le niveau des eaux commence à monter lors de la transgression flandrienne. Cette augmentation aurait été lente (un ou deux mètres par siècle) et le niveau passe de -80 mètres en 15 000 av. J.-C au niveau actuel en 5 000 av. J.-C. après avoir stagné à – 40 mètres entre −12 000 et –8 000[2]. Pendant ce temps, la montée des eaux est aussi influencée par le rééquilibrage isostatique. Toujours est-il que le Doggerland se retrouva totalement sous l’eau vers la fin du VIe millénaire av. J.-C., faisant de la Grande-Bretagne une île (à partir de -6500[5]). En 6 200 av. J.-C., les terres encore émergées ont été touchées par un tsunami provoqué par un glissement de terrain au large de la Norvège, celui de Storegga[5].
De nos jours, des chalutiers en mer du Nord ont récupéré des restes d'animaux terrestres tels que des mammouths ou des lions des cavernes, ainsi que des outils et des armes préhistoriques. En janvier 2015, l'océanographe britannique Dawn Watson a découvert une forêt engloutie au large des côtes du Norfolk[6].
Cartographie
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Études
[modifier | modifier le code]Les fossiles et micro fossiles remontés par les chalutiers ou collectés via diverses campagnes scientifiques (pollen[7], foraminifères, macrofossiles de plantes, insectes et autres animaux dont ceux de la grande faune préhistorique) commencent à permettre de préciser les paléopaysages et leur évolution après la fin de la dernière glaciation[8].
Source d'inspiration
[modifier | modifier le code]Ce territoire a inspiré le roman Doggerland, d'Élisabeth Filhol[9].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- BBC news (2018), Rare' samples hold North Sea-bed's Doggerland secrets | 15 nov 2018 (avec illustrations)
- BBC news (2014) Prehistoric North Sea 'Atlantis' hit by 5m tsunami, par Paul Rincon Science editor
- "Doggerland, le territoire englouti il y 8.000 ans sous la mer du Nord", L' Obs, 2 août 2018
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Ballin T.B (2017) Rising waters and processes of diversification and unification in material culture: the flooding of Doggerland and its effect on north‐west European prehistoric populations between ca. 13 000 and 1500 cal BC. Journal of Quaternary Science, 32(2), 329-339 (résumé).
- Coles, B.J (2000) Doggerland: the cultural dynamics of a shifting coastline. Geological Society, London, Special Publications, 175(1), 393-401.
- Coles B.J (1999) Doggerlands loss and the Neolithic. In: Coles, B.J., Coles, J. & Schon-Jorgensen, M. (eds) Bog Bodies, Sacred Sites and Wetland Archaeology. WARP Occasional Paper, Exeter, 12, 51–57.
- Coles B.J (1998) Doggerland: a speculative survey. In Proceedings of the Prehistoric Society (Janvier, Vol. 64, pp. 45-81). Cambridge University Press |résumé.
- de Roest K (2013) How to cope with a drowning land- scape? A research history into changing representations of Doggerland in relation to climate change. In: Raemaekers, D. (ed.) A Kaleidoscope of Maritime Perspectives: Essays on the Archaeology, Art History and Landscape History of the Maritime World View. Institute of Archaeology, Groningen, 7–15.
- Dix J, Westley K & Quinn R (2006) The Archaeology of the Continental Shelves: A Submerged Prehistory, English Heritage Report England.
- Erdtman, G. (1992) Some micro-analyses of ‘Moorlog’ from the Doggerbank. Essex Naturalist, 21, 107–112.
- Fischer A. (2004) Submerged Stone Age – Danish examples and North Sea potential. In: Flemming, N.C. (ed.) Submarine Prehistoric Archaeology of the North Sea. Council for British Archaeology, York, 23–36.
- Fitch S, Thomson K & Gaffney V (2005) Late Pleistocene and Holocene depositional systems and the palaeo-geography of the Dogger Bank, North Sea. Quaternary Research, 64, 185–196.
- Fitch S, Gaffney V & Thomson K (2007) In Sight of Doggerland: From speculative survey to landscape exploration. Internet Archaeology, 22(2007), 1-10.
- Gaffney, V. L., Thomson, K., & Fitch, S. (Eds.). (2007). Mapping Doggerland: the Mesolithic landscapes of the southern North Sea. Archaeopress.
- Spinney L (2012) Searching for Doggerland. National Geographic.
- Gearey B.R & al. (2017) Multi-proxy palaeoecological approaches to submerged landscapes: a case study from ‘Doggerland’, in the southern North Sea. The archaeological and forensic applications of microfossils: a deeper understanding of human history. London, The Micropalaeontological Society, Special Publications Geological Society, 35-53.
- Hill, J., Avdis, A., Mouradian, S., Collins, G., & Piggott, M. (2017). Was Doggerland catastrophically flooded by the Mesolithic Storegga tsunami?. arXiv preprint arXiv:1707.05593.
- Ward, I., Larcombe, P., & Lillie, M. (2006)
The dating of Doggerland–post-glacial geochronology of the southern North Sea. Environmental archaeology, 11(2), 207-218.
- Wenninger, B., Schulting, R. et al. (2008) The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga slide tsunami. Documenta Praehistorica, 35, 1–24.
- Whitehead, H. & Goodchild, H. (1909) Some notes on ‘Moorlog’ a peaty deposit from the Doggerbank in the North Sea. Essex Naturalist, 16, 51–60.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Doggerland Project, University of Exeter Department of Archaeology
- [PDF] Patterson, W, Coastal Catastrophe (paleoclimate research document)
- H. Persat et P. Keith, La répartition géographique des poissons d'eau douce en France : qui est autochtone et qui ne l'est pas ?, Bull. Fr. Pêche Piscic. (1997) 344-345 : 15-32.
- Coles, BJ, Doggerland : a speculative survey (Doogerland : une prospection spéculative), Proceedings of the Prehistoric Society, ISSN 0079-497X, 1998, vol. 64, p. 45-81 (3 p.1/4).
- (en) Bernhard Weninger et al., The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami, Documenta Praehistorica XXXV, 2008.
- "Une forêt sous-marine vieille de 10 000 ans découverte au large de l'Angleterre", Maxiscience
- Behre K-E & Menke B (1969) Pollenanalytische Unter-suchungen an einem Bohrkern der su ́dlichen Doggerbank. Beitra ̈ge zur Meereskunde 24, 25, 122–129.
- Krüger, S., Dörfler, W., Bennike, O., & Wolters, S. (2017). Life in Doggerland–palynological investigations of the environment of prehistoric hunter-gatherer societies in the North Sea Basin. E & G Quaternary Science Journal, 66(1), 3-13.
- Filhol E (2019), Doggerland, 352 pages, 140 x 205 mm ; Gallimard, Collection Fiction, P.O.L | 01-12-2018 ; (ISBN 9782818046258) - Gencode : 9782818046258