Edmond de La Fosse — Wikipédia

Edmond de La Fosse
Biographie
Naissance
Décès

Edmond de La Fosse, né en 1481 à Abbeville et mort en 1503 à Paris, est un écolier hérétique exécuté à la butte Saint-Roch pour avoir profané des hosties.

Le vendredi , un écolier de 22 ans nommé Edmond de La Fosse, étant entré dans la Sainte-Chapelle pendant la Grand'Messe, arracha la Sainte Hostie des mains d'un Prêtre qui disait la messe dans la nef et s'enfuit.
Comme il vit qu'on courait après lui, il la mit en pièces dans la cour du Palais devant la chambre des comptes. Il fut arrêté et mis à la Conciergerie.
Dès que la Grand'Messe fut finie, le Prêtre officiant accompagné de tout le Clergé de la Sainte-Chapelle alla processionnellement recueillir ce qui était resté de la Sainte Hostie sur le pavé. On mit durant quelques jours un drap d'or et deux cierges allumés à l'endroit où l'Hostie avait été jetée. Le pavé fut levé, porté avec des morceaux de l'Hostie au Trésor de la Sainte-Chapelle et honoré comme Relique[1].
Le dimanche suivant, le collège de la Sainte-Chapelle accompagné des quatre[2] ordres Mendiants et des religieux des Mathurins fit une procession solennelle du Saint Sacrement, tant pour la réparation du sacrilège que pour la conversion du coupable.
Le père et la mère dans l'intervalle vinrent d'Abbeville où ils vivaient en gens de bien et en grand crédit dans le pays. Le père n'ayant pu vaincre l'obstination de son fils, le renia de dépit et voulut même le tuer. La mère mourut d'affliction.
Edmond de La Fosse eut le poing coupé à l'endroit où l'Hostie avait été rompue, puis la langue coupée et il fut, ensuite, conduit au marché aux Pourceaux où il fut brûlé vif et réduit en cendres. Il avait été assisté jusqu'à la mort par Jean Standonck et deux religieux, l'un jacobin et l'autre cordelier, tous trois docteurs en théologie. Edmond de La Fosse persista jusqu'à la fin à dire qu'il tenait à la loi de nature[3] et on prétendait que son erreur venait d'avoir fréquenté certains écoliers espagnols qui prirent la fuite quand ils surent son attentat.
Les médecins qui avaient visité Edmond de La Fosse l'avaient jugé manique et insensé[4].

Voici la poésie de Pierre Grognet contant ce fait :

Edmond de La Fosse, escollier
hérétique particulier
avait prins et cierge et chasuble
sainctement en pensée nuble
comme le diable le menoit
et à son voulloir prouvenoit
des mains d'ung prebstre, il osta
la Sainte Hostie et la brisa
dont l'une des parties cheut
près de l'autel dont trop lui mescheut
l'endroit fut ou elle cheut à terre
près de l'autel sainct Pol et sanct Pierre
en la Saincte-Chapelle au lieu
de Parisdédié à Dieu
et l'autre part comme on revelle
près les degrés de la chapelle
tomba, dont par cellui meffaict
en paroles de grant effect
par trop vil et destestables
qu'il disoit trop déraisonnables
contre Dieu fut jugé avoir
le poing couppé pour son debvoir
ce qu'il eust devant les degrés
de celle chapelle et aux grés
du juge eut la langue couppée
et à sa très malle journée
sur tout vif, os, chair, cuyr et peaulx
bruslés aux marches des Pourceaulx.
Ce cas advint un vendredy
vingt cinquième jour en novembre
l'an mil cinq cent et troys, je dy
qui fut pour lui piteux en combre.

— Pierre Grognet[5]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses Tome 1 par Jean-Paul Kurtz page 267
  2. Les Franciscains, les Carmes, les Dominicains et les Augustins.
  3. Jean-Pierre Babelon, Paris au XVIe siècle, Paris, Diffusion Hachette, , p. 397.
  4. Histoire de la Sainte-Chapelle Royale du Palais par Sauveur-Jérôme Morand chanoine de ladite église, p. 183-184.
  5. Pierre René Auguis, Les poëtes françois depuis le XIIe siècle jusqu'à Malherbe, t. III, Crapelet, (lire en ligne), p. 468.