Enrésinement — Wikipédia
L'enrésinement, au sens strict, est le processus dit de « transformation », de remplacement total ou partiel d'un peuplement d'arbres feuillus par des résineux[1].
Au sens large, il désigne aussi le boisement de terres non forestières (landes, terres incultes, prairies, jachères…) par des résineux. Ce fut le cas au XIXe siècle du boisement massif par des pins des Landes, de la Sologne et de la Champagne.
Ce terme d’« enrésinement » n’a pas d’équivalent dans d’autres langues (en anglais on peut le traduire par « afforestation with conifers »). Il a été employé pour la première fois au début du XXe siècle pour qualifier la conversion de taillis sous futaie peu productifs en futaies résineuses [2].
Depuis le milieu du XIXe siècle, il suscite des oppositions[3],[4].
Impact écologique
[modifier | modifier le code]L'enrésinement artificiel a plusieurs effets environnementaux négatifs ; au moins quatre grands problèmes sont cités par la littérature :
- Diminution de la biodiversité et de la naturalité[5] ;
- Possible dégradation des sols, par un humus acide de type mor[6] ;
- sensibilité accrue aux feux de forêts[7] ;
- réchauffement climatique par la diminution de l'albédo[8].
En France
[modifier | modifier le code]L'enrésinement a été massivement pratiqué, d'abord avec l'introduction de pins dans les landes et sur d'autres littoraux sableux, puis dans les années 1960 et 1970 parce qu'encouragé par le Fonds forestier national dans tous les massifs forestiers de France, avec des essences souvent exotiques (épicéa de Sitka, sapins de Douglas, pins noir d'Autriche, etc.).
Les premières oppositions à l'enrésinement datent de la première moitié du XIXe siècle notamment par les peintres de l’École de Barbizon en forêt de Fontainebleau.
Les subventions publiques à l'enrésinement ont été en grande partie abandonnées depuis les années 1990, du fait de la prise en compte des facteurs environnemental et paysager.
Cependant dans la perspective d'atténuer le changement climatique, l'INRA avec ses partenaires de la filière bois, projette un vaste plan de reboisement de résineux sur 500 000 ha entre 2020 et 2030[9],[10].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Vincent Moriniaux (résumé et texte complet téléchargeable ; 951 p.), Les Français face à l’enrésinement : XVIe – XXe siècles. (Thèse de Géographie), Paris, Université Paris-Sorbonne, , 2 vol., 568 p. et 348 p. (lire en ligne)
- Vincent Moriniaux (référence bibliographique), « Les Français face à l’enrésinement : XVIe – XXe siècles. », Annales de Géographie, nos 609-610, , p. 660-663 (lire en ligne, consulté le )
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Définition de enrésinement - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
- (Moriniaux 1999, p. 205)
- Philippe Riou-Nivert, « Les résineux : écologie et pathologie ; tome 2 », La peur de l’enrésinement (pp. 366-376) et la peur des exotiques (pp. 377-391), sur books.google.fr, (consulté le )
- (Moriniaux 1999, p. 245-360, chapitre 3 : « La haine de l’arbre vert »)
- Jean-Luc Dupouey et al., « Impacts des changements d’usage sur la biodiversité et les sols. Mieux produire et préserver : Quelles approches pour les forêts au sein des territoires ? », in projet FORGECO ; résumé ; effets des enrésinements en forêt d’Orléans sur les communautés de coléoptères saproxyliques par Christophe Bouget et al. et sur les communautés végétales par Laurent Bergès et al., sur prodinra.inra.fr, (consulté le )
- Maurice Bonneau, « Les enrésinements risquent-ils de diminuer la fertilité des sols ? », Revue forestière française, (consulté le )
- René et Roger Molinier, « La forêt face aux incendies », Revue forestière française, (consulté le )
- (en) J. Otto et al., « Forest summer albedo is sensitive to species and thinning : how should we account for this in Earth system models ? », article 17 p., sur biogeosciences.net, (consulté le )
- J.F. Dhote (dir.) et al., Quel rôle pour les forêts et la filière forêt-bois françaises dans l’atténuation du changement climatique ? : Une étude des freins et leviers forestiers à l’horizon 2050 (Rapport d’étude pour le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, INRA et IGN,), , 102 p. (lire en ligne), p. 12, 41-47, 51-52
- J. F. Dhote (dir.), A. Bailly et al., Annexes au rapport « Quel rôle pour les forêts et la filière forêt-bois françaises dans l’atténuation du changement climatique ? », , 234 p. (lire en ligne), Annexe 6 - 38 p.