Ephedra distachya — Wikipédia

Ephedra distachya, le raisin de mer[N 1], est une espèce de sous-arbrisseaux trapus de la famille des Ephedraceae.

Description

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Ephedra distachya

Appareil végétatif

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L'Ephedra distachya est une plante vivace, au port de sous-arbrisseau de 15 à 100 cm de hauteur[1].

Ses tiges, fines, flexibles et striées par de fines côtes, sont segmentées de façon régulière. À chaque articulation se trouvent de petites gaines triangulaires, souvent rougeâtres, situées de part et d'autre de la tige, généralement considérées comme des "feuilles" non développées ou atrophiées[2]. La réduction des feuilles à de petites structures écailleuses permet de réduire la perte d'eau, réalisant ainsi une adaptation au milieu très aride dans lequel la plante peut vivre. Les tiges chlorophylliennes assurent la photosynthèse. Les stomates sont enfoncés dans l'épiderme revêtu de cire[3].

Les tiges présentent des ramifications, souvent d'une teinte vert-jaunâtre, en position alternée ou en faisceau.

Rampante, la plante propulse ses tiges sur le sol, au point de le recouvrir presque entièrement et de former des tapis ras, sur les dunes ventées du littoral.

Appareil reproducteur

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La période de floraison se déroule d'avril à juin sur le littoral méditerranéen[4] et de mai à mi-juin sur les côtes atlantiques françaises[réf. nécessaire].

Le raisin de mer est généralement dioïque, c'est-à-dire qu'il y a des pieds mâles et des pieds femelles. Les organes reproducteurs sont des cônes[N 2] de couleur jaune.

Un cône mâle consiste en 2-3 paires de bractées stériles et 2-3 bractées fertiles portant une colonne staminale terminée par 8 anthères (synangium)[réf. nécessaire].

Le cône femelle est protégé par 3 ou 4 paires d'écailles et est formé par une seule paire d'ovules[1]. Des gouttelettes de pollinisation sont émises par le nucelle et sortent à l'extrémité du tube du micropyle. Elles servent à capter le pollen transporté par le vent. C'est donc une espèce anémophile[5].

Les graines sont recouvertes d'écailles charnues rouge vif, ce qui donne à l'ensemble un aspect de baie globuleuse. Elles sont comestibles[1] et sont à l'origine du nom vernaculaire "raisin de mer".

Fleurs mâles Graines recouvertes
de leurs écailles rouges

Répartition et habitat

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Ephedra distachya se rencontre communément en France, sur les côtes atlantiques de l'ouest et du sud. Sa limite nord est le Finistère. Elle est assez commune en région méditerranéenne.

En Europe, on la trouve aussi[6] en Allemagne, Hongrie, Slovaquie, Suisse, Ukraine, fédération de Russie, ex-Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Italie, Espagne. Elle croît aussi en Asie tempérée : Azerbaïdjan, Géorgie, fédération de Russie, Kazakhstan.

En France, elle pousse dans les zones côtières sablonneuses et sur l'arrière des dunes stabilisées (dites "dunes grises"). C'est une plante xérophile, psammophyte et pionnière.

Le raisin de mer participe à la stabilisation des dunes ; il est profondément enraciné, assure un bon recouvrement du sol et supporte un ensevelissement léger et lent.

Fig.1 - Uvette (Ephedra distachya), pied femelle. Dune près de la Grande Maïre, Sérignan-Plage, Biterrois, Hérault.

Sur le littoral de la région de Béziers, il vient d'être démontré par A.Lopez (2019) qu' Ephedra dlstachya n'est pas inféodée aux sables et dunes de la côte, entre la Maïre et Portiragnes, (Fig.1) mais se retrouve profondément à l'intérieur des terres, sur les communes de Lespignan, Nissan et Fleury d'Aude, à proximité des étangs de Vendres et de la Matte, jusqu'au sud de celui de Capestang. Souvent mêlée à des herbacées de la garrigue, elle y pousse sur les calcaires et les marnes de falaises miocènes (Fig.2,3). Cette situation insolite permet d'envisager que dans l' Antiquité, elle prospérait sur les rivages encore sablonneux du Palus Hélicé d' Avienus (Ora maritima),partie orientale du Lacus rubresus isolée de cette immense lagune narbonnaise primordiale par les atterrissements de l'Aude. Ephedra distachya parait ainsi se présenter comme un marqueur biologique d' ancien rivage marin en tant que "relique"[7].

Ephedra distachya n'est pas une plante à fleurs mais appartient au groupe des Gnétophytes que les dernières études moléculaires invitent à classer dans les Gymnospermes ou près d'elles. Des études sur la morphogenèse des structures reproductives mâles[8], amènent à considérer que les Gnetales, les Cordaitales et les conifères descendent d'un même ancêtre commun. Les ovules ne sont pas contenus dans un ovaire et le pollen est recueilli directement par le micropyle[3].

Synonymes :

  • Ephedra helvetica C. A. Mey. [≡ Ephedra distachya subsp. helvetica]
  • Ephedra monostachya L. [≡ Ephedra distachya subsp. monostachya]
    Fig.2 - Uvette (Ephedra distachya), pied femelle avec ses pseudo-"baies". Falaise calcaire du Puech Blanc, près de l' Etang de Vendres, Lespignan, Biterrois, Hérault .
  • (=) Ephedra vulgaris Rich.elle

Étymologie et histoire

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Pour le latiniste Jacques André, Pline au Ier siècle, emploie les termes d' ephedra, ephedron (HN, 26, 125; 133), en transcription latine du grec εφεδρα, εφεδρον, εφεδρανον (Dioscoride), proprement « situé près de », pour nommer des plantes dressées contre les troncs, à savoir une espèce de prêle[9] (Equisetum sylvaticum L.). Cependant les botanistes de l'Antiquité européenne, connaissaient aussi ce qu'on appelle maintenant le raisin de mer ou éphèdre (Ephedra distachya) sous le nom de tragos (Pline, HN, 116 ; 27 142; Dioscoride 4, 48). La description qu'en donne Dioscoride est suffisamment précise pour l'identifier : « Tragus pousse près de la mer. C'est un arbrisseau, bas sur le sol, d'une vingtaine de centimètres. Sans feuilles mais portant de nombreuses petites graines rouges, de la grosseur du grain de froment, pointues, astringentes au goûter. Dix de ces graines prises avec du vin sont bonnes pour l'estomac et le flux des femmes (menstrues)... » (De materia medica). En fait, il semble que ce médecin et botaniste grec ait confondu la couleur des graines avec celle des écailles !

En 1753, Linné[10] choisit le terme ephedra pour désigner un genre regroupant des plantes qui comme les prêles, n'ont pas de feuilles développées mais seulement des tiges régulièrement segmentées. Il donne pour synonyme : Tragum. Cam. hort. 171. t. 46.

Le terme distachya, d'origine latine se décompose en : di qui signifie « deux, double », et stachys (latin) ou stakus (grec) qui signifie « 

Fig.3 - Uvette (Ephedra distachya), pied mâle avec ses cônes opposés. Falaise calcaire du Puech Blanc, près de l' Etang de Vendres, Lespignan, Biterrois, Hérault .

épiaire, épi », en référence aux cônes mâles disposées par paires[1].

Propriétés

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Ephedra distachya dans la région de Saratov (Russie)
  • Composition chimique

Les nombreuses espèces d'éphèdres de par le monde renferment des protoalcaloïdes (Bruneton[11],2009) : éphédrine, pseudoéphédrine. Les rameaux renferment de faibles quantités d'un alcaloïde dérivé de la spermidine, l'orantine (idem.).

Suivant Bruneton[11], la plupart des éphèdres européens, à l'exception d' Ephedra major, auraient une teneur en alcaloïdes nulle ou négligeable. Par contre, les espèces asiatiques renferment une quantité notable d'alcaloïdes. L'Ephedra sinica, éphèdre chinois ou mahuang, est utilisé à des fins médicinales en Chine depuis deux mille ans.

  • Action pharmacologique

L'éphédrine est structuralement très proche de l'adrénaline aussi provoque-t-elle la libération des catécholamines endogènes des fibres sympathiques post-ganglionnaires. On la qualifie donc de sympathomimétique indirect. Elle stimule l'automatisme cardiaque, accélère les mouvements respiratoires, elle est bronchodilatatrice (idem.)

L'éphèdre n'est plus décrit par la plupart des pharmacopées depuis longtemps, seule l'éphédrine, synthétique, conserve quelques emplois.

  • Rôle écologique

Très bien adaptée au milieu dans lesquels elle vit, cette plante participe à la stabilisation des dunes[1].

  1. aussi nommé uvette ou éphèdre à chatons opposés (voir (fr) Référence INPN : Ephedra distachya (TAXREF))
  2. on parle de cônes depuis qu'on considère les éphédras comme proches des conifères ; jadis on parlait de chatons quand on les considérait proches des angiospermes

Références

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  1. a b c d et e (en) J. C. Rameau, Flore forestière française tome 3 : Région méditerranéenne, Institut pour le développement forestier, , 2426 p. (ISBN 978-2-904740-93-0 et 2-904740-93-7, lire en ligne)
  2. Cambridge Un.
  3. a et b (en) Christian Bock, Guide des plantes du bord de mer : Atlantique et Manche, BELIN LITTERATURE ET REVUES, (ISBN 978-2-7011-5417-6 et 2-7011-5417-0)
  4. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 86
  5. « Bolinder Uppsala Univ »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  6. (en) Référence GRIN : espèce Ephedra distachya
  7. Lopez,A, « L'Uvette ou Raisin de Mer (Ephedra distachya : Ephedraceae), un possible marqueur biologique de rivages antiques autour des étangs du Sud-Biterrois. in "Romanité et Milieux naturels du Littoral biterrois" 2019-2020. Sous la direction de Monique Clavel-Lévêque. », Cahier spécial de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers,‎ sous presse
  8. Marcus Mundry, « Morphogenesis of the reproductive shoots of Welwitschia mirabilis and Ephedra distachya (Gnetales), and its evolutionary implications », Organisms Diversity & Evolution, vol. 4, nos 1–2,‎ , p. 91-108 (ISSN 1439-6092, DOI 10.1016/j.ode.2004.01.002, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Jacques André, Les noms des plantes dans la Rome antique, Belles Lettres, , 332 p. (ISBN 978-2-251-32881-2 et 2-251-32881-5)
  10. BHL
  11. a et b Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Lopez,A.2019 - L'Uvette ou Raisin de Mer (Ephedra distachya : Ephedraceae), un marqueur biologique témoin d'anciens rivages dans le Sud-Biterrois (Vendres-Lespignan-Nissan). Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers,2019, p.11-31.

Liens externes

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