Escadrille La Fayette — Wikipédia

Escadrille La Fayette
Image illustrative de l’article Escadrille La Fayette
Le second des deux emblèmes de l'escadrille La Fayette : une tête de Sioux.

Création 1916
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de la France France
Branche Aéronautique militaire
Type Escadrille
Guerres Première Guerre mondiale

L'escadrille La Fayette est une unité de volontaires américains constituée en 1916 sous commandement français afin de venir en aide à la France lors de la Première Guerre mondiale. Elle fut nommée en mémoire du marquis de La Fayette, héros français de la guerre d'indépendance des États-Unis. Ces volontaires américains, étrangers donc, étaient immatriculés à la Légion étrangère. Les couleurs de la Légion, le vert et le rouge, apparaissent dans l'insigne de l'escadrille.

Dr Edmund L. Gros.
De gauche à droite : Kiffin Rockwell, Capt. Georges Thenault, Norman Prince, Lt. Alfred de Laage de Meux, Elliot Cowdin, Bert Hall, James McConnell et Victor Chapman avant 1917.
Les mascottes de l'escadrille Lafayette, les deux lionceaux « Whiskey » et « Soda ».

Alors que les États-Unis ont déclaré leur neutralité vis-à-vis du conflit européen, le Dr Edmund Louis Gros, le directeur médical de l'American Field Service (AFS) et Norman Prince, un Américain expatrié en France, entreprennent de persuader le gouvernement français de l'intérêt que pouvait avoir une escadrille de volontaires américains combattant aux côtés de la France. L'objectif est alors que les efforts de ces volontaires soient reconnus par le public américain et donc, que la publicité créée par leurs actions, éveillerait l'opinion publique américaine et la conduirait à demander l'abandon de la neutralité.

Autorisée par le Département de l'Air le , l’Escadrille américaine N 124 est déployée à partir du à Luxeuil-les-Bains. Ses avions sont des Nieuport 11 et ont pour mission l'escorte de bombardiers anglais et français[1].

Le , la base aérienne subit un bombardement aérien qui blesse six hommes, dont le soldat Pierre Massé qui décèdera peu après[2].

Escadrille Lafayette -- Aviateurs et mécaniciens de la France Libre en formation aux États-Unis.

Le , l'escadrille recense sa première victoire lorsque Kiffin Rockwell abat un biplan[3].

En juin elle s'installe à Bar-le-Duc pour prendre part à la bataille de Verdun, où elle remporte 13 victoires homologuées en 146 combats[4]. Elle déplore en ce mois son premier pilote mort au combat : Victor Chapman (en).

Elle reprend ensuite ses missions d'escorte au profit des bombardiers, puis est engagée dans la bataille de la Somme, après avoir troqué ses Nieuport XI pour des Nieuport 17 et des SPAD S.VII[5]. Elle subit là sa seconde perte Kiffin Rockwell.

Tous les pilotes américains n'appartenaient pas à l'escadrille Lafayette, un grand nombre de volontaires américains servaient au sein du Royal Flying Corps, du Royal Naval Air Service, et de la Royal Air Force.

En octobre, le capitaine Georges Thenault choisit le premier emblème collectif de l'unité : une tête de Séminole. En février 1917 est adopté un second emblème : une tête de Sioux[2].

En décembre 1916 une objection allemande parvient au gouvernement américain sur l'utilisation du nom d' Escadrille américaine pour l'unité d'aviation, alors que les États-Unis sont supposés neutres. Ce même mois est donc adopté le nom d' Escadrille Lafayette.

Lorsqu'en 1917 les États-Unis entrèrent en guerre aux côtés de l'Entente, l'escadrille fut intégrée à l'aviation américaine sous l'appellation de 103rd Aero Squadron (en), et placée sous le commandement de William Thaw II.

Fanion de l'escadrille, Première Guerre mondiale.

L'escadrille La Fayette est constituée de volontaires, elle compte à l'origine 42 aviateurs dont 4 officiers Français. Elle est financée par des Américains francophiles qui s'engagèrent au côté de la France, tels que Norman Prince, le fils d'une famille de riches industriels américains habitant la ville de Pau, qui périt en combat aérien. Puis avec un plus grand nombre de volontaires, son nom devient le Corps d'Aviation La Fayette (Flying Corps Lafayette) dans lequel 209 aviateurs ont servi, parmi lesquels Kiffin Rockwell, Norman Prince, Raoul Lufbery, Eugene Jacques Bullard (premier pilote de chasse noir, et unique de la Première Guerre mondiale). En 1917, lors de l'entrée en guerre des États-Unis, de nombreux pilotes de l'escadrille La Fayette rejoignent l’United States Army Air Service américain, mais pas tous. Ainsi, l'USAAS refuse l'intégration du noir Bullard. Edwin Parsons, entre autres, refuse de quitter ses camarades de combat français et de se retrouver sous l'autorité d'officiers américains qui ne se sont jamais battus. En décembre 1917, l'escadrille est basée sur l'aérodrome de la Noblette[2].

L'escadrille cesse d'exister le 18 février 1918 et c'est le 103e escadron de poursuite aérienne qui reprend ses insignes et ses traditions dans la force aérienne américaine. Actuellement c'est l'Escadron de chasse 2/4 La Fayette qui a repris le nom dans l'armée de l'air française[6].

L'escadrille La Fayette est aujourd'hui peu présente dans les mémoires américaines, mais un mémorial, le mémorial de l'Escadrille La Fayette, leur est dédié à Marnes-la-Coquette[7]. En avril 2016, une cérémonie commémorant le centenaire de l'arrivée des aviateurs américains fut organisée en présence de Deborah Lee James, secrétaire d’État des services de l'armée de l'air américaine, Jane D. Hartley, ambassadrice des États-Unis à Paris et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État aux Anciens combattants[8].

On ne peut omettre de citer deux membres de l'escadrille entrés dans la légende : le lion "Whiskey" et la lionne "Soda", mascottes de l'unité, éternellement liés à son souvenir. Fin 1917 ils furent confiés à un zoo parisien, parce qu'ils perturbaient trop la vie des pilotes.

Debout (de gauche à droite) Soubiron, Doolittle, Campbell, Persons, Bridgman, Dugan, MacMonagle, Lowell, Willis, Jones, Peterson et de Maison Rouge. Assis (de gauche à droite) Hill, Masson avec « Soda », Thaw, Thenault, Lufbery avec « Whiskey », Johnson, Bigelow et Rockwell.

Il existe une certaine confusion entre les pilotes qui faisaient partie de l'escadrille Lafayette et du Lafayette Flying Corps, en particulier dans le film Flyboys. L'escadrille était composée de ces cinq officiers français et de 38 pilotes américains (également connu sous le nom de The Valiant 38)[9].

Officiers français

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Pilotes américains

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Le symbole « † » indique que ces individus ont été tués au combat, y compris ceux entrés par la suite dans l'Air Service, ou morts des blessures reçues au combat.

  1. Horace Clyde Balsley
  2. Stephen Sohier Bigelow
  3. Ray Claflin Bridgman
  4. Andrew Courtney Campbell, Jr.†
  5. Victor Emmanuel Chapman (en)
  6. Elliott Christopher Cowdin
  7. Charles Heave Dolan
  8. James Ralph Doolittle
  9. John Armstrong Drexel
  10. William Edward Dugan, Jr.
  11. Christopher William Ford
  12. Edmond Charles Clinton Genet (en)
  13. James Norman Hall
  14. Bert Hall (en)
  15. Willis Bradley Haviland (en)
  16. Thomas Moses Hewitt, Jr.
  17. Dudley Lawrence Hill
  18. Edward Foote Hinkle
  19. Ronald Wood Hoskier†
  20. Charles Chouteau Johnson
  21. Henry Sweet Jones
  22. Walter Lovell (en)
  23. Raoul Lufbery
  24. James Rogers McConnell (en)
  25. Douglas MacMonagle
  26. Kenneth Archibald Marr
  27. Didier Masson
  28. Edwin Charles « Ted » Parsons
  29. Paul Pavelka†
  30. David McKelvey Peterson (en)
  31. Frederick Henry Prince, Jr. (en)[11]
  32. Norman Prince
  33. Kiffin Yates Rockwell
  34. Robert Lockerbie Rockwell
  35. Laurence Dana Rumsey, Jr.
  36. Robert Soubiran
  37. William Thaw II
  38. Harold Buckley Willis (en)
  39. Eugene James Bullard

Le Groupe La Fayette totalise huit citations à l'ordre de l'Armée aérienne, il a droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918, ainsi qu'au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire.

Mémorial de l'escadrille La Fayette à Marnes-la-Coquette.

Le 1er janvier 1918, au moment où elle disparaît officiellement, son bilan est le suivant :

  • 267 Américains se sont engagés dans l'aviation française ;
  • 255 ont reçu leur brevet de pilote ;
  • 180 servirent au front ;
  • 66 moururent, dont 51 au combat ;
  • 19 furent blessés ;
  • 15 furent faits prisonniers ;
  • 199 victoires furent officiellement reconnues.

Escadrille américaine durant la guerre du Rif

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Durant la guerre du Rif, les difficultés qu'a connues l'armée française ont fait surgir l'idée d'une escadrille de mercenaires. Neuf officiers et sept sous-officiers américains, anciens pour l'immense majorité de l'escadrille La Fayette participèrent donc en 1925 à ce conflit avec sept avions mais l'opinion publique et l'administration américaine étaient contre cette présence[12].

Membres d'honneur

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  • Amelia Earhart le 6 juin 1932, quelques jours après être devenue la première aviatrice à traverser l'Atlantique en solitaire, fut faite membre d'honneur de l'escadrille La Fayette[13].

Seconde Guerre mondiale

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Transfert officiel de 12 Curtiss P-40F Warhawk de l'USAAF au groupe de chasse 2/5 le 9 janvier 1943 à Casablanca.

L'escadrille La Fayette devient la troisième escadrille du Groupe de Chasse 2/5 La Fayette.

Commandant de la troisième escadrille
Nom Prise de commandement Fin de commandement
Capitaine Monraisse septembre 1939 3 octobre 1940
Lieutenant Villacèque 4 octobre 1940 19 janvier 1944
Lieutenant de Monplanet 20 janvier 1944 8 mai 1945
P47D groupe de chasse II/5 Lafayette.
Appareils en service dans l'escadrille
Appareils Début Fin
Curtiss H75 septembre 1939 novembre 1942
Curtiss H75A-1 juillet 1940 septembre 1940
Dewoitine D.520 octobre 1942 novembre 1942
Curtiss P-40 Warhawk (P-40F) novembre 1942 mars 1943
Curtiss P-40 Warhawk (P-40L) mars 1943 mars 1944
Republic P-47 Thunderbolt (P-47D) mars 1944 mai 1945

Dans les arts et la culture populaire

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Filmographie

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Le mémorial de l'escadrille Lafayette en 2021.

Il existe un mémorial de l'escadrille La Fayette à Marnes-la-Coquette. Il est composé de 2 étages : un sous-sol, où sont enterrés les aviateurs, et une plate-forme, avec le symbole de l'escadrille et les noms des aviateurs sur les murs.

Ce mémorial a été inauguré le 4 juillet 1928. Érigé en mémoire des aviateurs français et américains, tous volontaires de l'Escadrille La Fayette engagés durant la Première Guerre mondiale, dont un des As, le Major Raoul Gervais Lufbery (1885-1918), comptant 17 victoires homologuées.

Une crypte souterraine contient les restes de la plupart de ces aviateurs tués au combat. Le mémorial se trouve dans le parc jouxtant le musée des Applications de la Recherche Louis Pasteur. Ce monument, situé 5, boulevard Raymond-Poincaré, est constitué d'un « arc monumental »[14].

Notes et références

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  1. (en) Jon Guttman, SPA124 Lafayette Escadrille : American Volunteer Airmen in World War I, Oxford, Osprey,
  2. a b et c Albin Denis, « Escadrille 124 La Fayette », http://albindenis.free.fr (consulté le )
  3. « Esprit sioux toujours là », Air Actualités, no 510,‎ , p. 24 (ISSN 0002-2152)
  4. Laurent Lagneau, « Verdun 1916-2016 – L’Escadrille La Fayette est créée », opex360.com, (consulté le )
  5. « Zone Militaire », sur Zone Militaire (consulté le ).
  6. « Traditions de la N 124 », sur Traditions-air (consulté le ).
  7. « Lafayette flying corps » (consulté le ) - Un site internet est consacré à ce mémorial.
  8. Jérôme Bernatas, « Cent ans après, les pilotes américains honorés », leparisien.fr, (consulté le ).
  9. (en) Liste de pilotes. pagesperso-orange.fr. consulté le 19 août 2010.
  10. a b c d e et f May 1, 1928 directory published by Memorial De L'Escadille Lafayette.
  11. Frederick Henry Prince Jr., fils de Frederick H. Prince (en).
  12. William Dean, « Des Américains dans la guerre du Rif », Revue historique des armées, no 246,‎ , p. 46–55 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « Amelia becomes honorary member of Lafayette Escadrille », sur Purdue e-archives (consulté le ).
  14. Notice no IA00051397, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Bibliographie

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  • Maurin Picard, L'Épopée La Fayette, Alisio Histoire, 2024.

Articles connexes

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Au même titre de reconnaissance pour l'aide apportée au moment de leur indépendance, des aviateurs américains fondèrent une escadrille en Pologne. Elle s'appelait Escadrille Kościuszko et participa à la guerre russo-polonaise de 1920. Ses héritiers s'illustrèrent ensuite pendant la seconde Guerre mondiale. L'escadrille, appelée alors 303e escadrille de chasse polonaise, fut un élément indispensable pendant la Bataille d'Angleterre.

Liens externes

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