Fédération anarchiste (francophone) — Wikipédia
Fédération anarchiste | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Secrétaire général | Renouvelé tous les ans (structure autogestionnaire) |
Fondation | 1953 |
Siège | 145, rue Amelot 75011 Paris |
Positionnement | Extrême gauche[1] |
Idéologie | Anarchisme[1] Anarcho-syndicalisme Anarchisme individualiste Synthèse anarchiste Communisme anarchiste |
Affiliation internationale | Internationale des fédérations anarchistes |
Couleurs | Noir |
Site web | federation-anarchiste.org |
La Fédération anarchiste (FA) est une organisation anarchiste synthétiste francophone fondée en 1953[2].
Son but proclamé est la construction d'« une société libre sans classes ni États, sans patries ni frontières »[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]En 1943 à Toulouse, se réunissent : Arru, les frères Laisant, deux des frères Lapeyre : Aristide Lapeyre (juste libéré par les nazis) et Laurent Lapeyre, Louis Laurent, Georges Vincey, Voline. A Paris, des réunions clandestines ont lieu à la bourse du travail. Le 21 décembre 1944, republication du journal Le Libertaire[4].
La première Fédération de 1945
[modifier | modifier le code]Le 9 octobre 1945 à la salle des sociétés savantes[5], après la Seconde Guerre mondiale, dans un souci de rassembler les militants anarchistes dispersés durant la guerre, la Fédération anarchiste ce construit afin de tous les réunir dans une même structure[6]. Elle réunit, lors de son congrès de fondation, des militants venus des deux principales organisations d'avant-guerre (Union anarchiste (UA) et Fédération anarchiste française). Le congrès suivant se tint à Dijon en septembre 1946. La FA publia Le Libertaire et Le Trait d’Union (Paris, 1949-1950), bulletins intérieurs des groupes de la région parisienne.
Des partisans d’une organisation structurée avec une ligne politique unique (communiste libertaire) constituent en 1949 une tendance clandestine l'Organisation Pensée Bataille (OPB). Lors du congrès de Bordeaux (du 31 mai au 2 juin 1952) des membres de l'OPB sont élus aux postes de responsabilité. Au congrès de Paris (23-25 mai 1953) l'orientation communiste libertaire plateformiste (porté par Georges Fontenis et l'OPB) et l'orientation anarchiste synthésiste (porté par Maurice Joyeux) s'opposent[7]. La première l'emporte et change ainsi l'organisation en profondeur devenant la Fédération communiste libertaire (FCL), adoptant le drapeau rouge et noir[8], tout en gardant les appareils de la première FA, dont Le Libertaire. La FCL, après des dérives marxistes, autoritaristes, léninistes et électoralistes, cesse d'exister en 1957.
En 1953, une nouvelle Fédération
[modifier | modifier le code]Parallèlement, en 1953, une nouvelle Fédération anarchiste s'est construite entre les partisans de la synthèse anarchiste de Sébastien Faure et des militants ouvriéristes, favorables à une organisation fédérale. Son action se base alors sur la possibilité et la nécessité de l'existence de toutes les tendances libertaires au sein de l'organisation, l'autonomie de chaque groupe, la responsabilité individuelle, et un organe de presse intitulé Le Monde libertaire.
La scission du congrès de Bordeaux en novembre 1967
[modifier | modifier le code]Au printemps 1967, l'écrivain anarchiste Maurice Joyeux, qui avait milité activement avec un grand nombre de syndicalistes de la FA au sein de la CGT-Force ouvrière et défendu à partir de 1947 la notion « grève gestionnaire »[9], s'inquiète de la "marxisation"[10] et de voir de jeunes groupes de la Fédération anarchiste influencés par le situationnisme et décide de rédiger un bref historique du mouvement anarchiste en France[9], dans un texte titré L'hydre de Lerne, et sous-titré « la maladie infantile de l'anarchie »[9]. Il dénonce en particulier l'influence des idées marxistes[11] et les « révolutionnaires de salon »[11]. Sont visés par ce brûlot quelques militants dont Helène Gouroussi, Blachier et Marc Prévotel, du groupe des « liaisons internationales » mais aussi les groupes locaux de Lyon, Chambéry et Ménilmontant, et surtout les situationnistes[11]. Dans le collimateur de l'écrivain on compte aussi les militants anarchistes étudiants de Nanterre, parmi lesquels Jean-Pierre Duteuil, membre du comité de rédaction du Monde libertaire depuis 1966 et qui publie aussi L'Anarcho de Nanterre, un bulletin ronéoté se heurtant aux militants communistes de la ville[12].
Le texte de Maurice Joyeux est distribué lors du 21e congrès de la Fédération anarchiste à Bordeaux du 10 au 12 novembre 1967. L'affrontement idéologique provoque des départs et des exclusions parmi lesquelles ceux des étudiants anarchistes de Nanterre, souvent du département de sociologie, selon leur leader local Jean-Pierre Duteuil[9].Il quitte ainsi ce congrès de Bordeaux avec une quinzaine d'autres groupes de jeunes militants, jusque là suivant la Fédération, qui vont former ensuite l'ossature du groupe "Noir et Rouge" et pour certains participer au Mouvement du 22 Mars créé plus tard en 1968, lors de l'occupation de la tour administrative de l'Université de Nanterre.
Ce congrès de Bordeaux de 1967 et ses suites donnent lieu à une scission, une partie des militants incriminés créant l'Organisation révolutionnaire anarchiste (1967–76) qui édite le journal L'Insurgé et met en place une certaine coordination internationale, avec des tendances organisées également au Royaume-Uni et en Italie, qui en 1970 se retrouvent comme organisations à part entière dans leurs pays respectifs[11].
Depuis les années 1970
[modifier | modifier le code]Dans les années 1970, ses principes de bases évolueront vers un compromis entre la synthèse de Voline et quelques idées plateformistes, qui intégreront en particulier la lutte des classes.[réf. nécessaire]
Fonctionnement
[modifier | modifier le code]Un congrès, seule instance décisionnelle, se tient tous les ans et prend des décisions à l'unanimité des participants ; il décide des orientations générales de l'organisation, des campagnes de propagande à mener dans l'année et mandate les différents secrétaires et administrateurs.
Trois fois par an, des Comités de relations élargis (CRE) sont organisées afin d'analyser la situation sociale et de réagir rapidement au niveau des campagnes fédérales. La règle de la responsabilité individuelle est appliquée, ce qui signifie que le mandatement est individuel et non collectif.
Moyens
[modifier | modifier le code]À l'heure actuelle, la Fédération anarchiste compte plus de 110 groupes et liaisons en France mais aussi en Belgique et en Suisse (113 groupes et liaisons en avril 2015). Cela permet à la Fédération anarchiste de couvrir un réseau assez dense et régulier sur l'ensemble du territoire et fait d'elle l'organisation anarchiste spécifique française la mieux implantée et la plus développée.
La Fédération anarchiste a publié un journal hebdomadaire de 24 pages, Le Monde libertaire, diffusé dans les points de vente militants, à la vente à la criée et par abonnement, et diffusé en kiosque, jusqu'en juin 2015. La FA édite aussi Le Monde libertaire hors-série de 68 pages diffusé en kiosque. Depuis 2016[13], c'est une formule mensuelle qui est diffusée en kiosque et dans les points de vente militants, associé au site internet monde-libertaire.net.
La Fédération a également créé en 1981 une radio locale, Radio libertaire, qui émet sur l'ensemble de la région parisienne sur le 89,4 MHz FM ; cette radio émet par ailleurs dans le monde entier à travers son site internet. Cette radio est un organe fédéral directement géré par le congrès. C'est le cas aussi pour les éditions du Monde Libertaire, qui publient chaque année brochures et livres. Ainsi que la Librairie du Monde Libertaire aussi appelée Librairie Publico (au 145 rue Amelot à Paris), librairie anarchiste connue mondialement, constituée d'un fonds de près de 4 000 ouvrages sur l'histoire et l'actualité des mouvements anti-autoritaires. De nombreuses activités y sont organisées, comme des projections de films, des rencontres/débats autour d'un livre, des concerts.
Les différents groupes de la Fédération anarchiste gèrent des locaux, la bibliothèque anarchiste La Rue à Paris, l'Autodidacte à Besançon, l'Insoumise à Rouen, La Commune à Rennes, L'Athénée libertaire à Bordeaux, l’Étoile Noire à Laon.
La Fédération anarchiste s'est largement investie dans la mobilisation anti-G8 de 2003 à Annemasse avec la construction d'un village libertaire (le VAAAG) et dans la Coordination des luttes anti-autoritaires et anti-capitalistes (CLAAAC) ainsi que dans le Forum Social Libertaire de Saint-Ouen. Plus récemment, la Fédération anarchiste a coorganisé avec des organisations libertaires suisses les Rencontres internationales de l'anarchisme de Saint-Imier en parallèle au 9e Congrès de l'Internationale des fédérations anarchistes (IFA) qui ont attiré près de 4 000 personnes entre les 8 et 12 août 2012.
Bibliographie et sources
[modifier | modifier le code]- Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, de 1914 à nos jours, tome 2, Paris, Gallimard, 1975, extraits en ligne.
- Jean Maitron (s/d), L'anarchisme, ici et là, hier et aujourd'hui, Le Mouvement social, no 83, avril-juin 1973, texte intégral.
- Thierry Caire, Sociologie de l'engagement politique : l'engagement militant dans la Fédération anarchiste en 1995, mémoire de maîtrise en sociologie, sous la direction de Pierre Lantz, Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis, 1996.
- Thierry Caire, Militants à la Fédération anarchiste, in Actualité de l'anarchisme, L'Homme et la société, no 123-124, 1997, p. 91-103, DOI 10.3406/homso.1997.2881, [lire en ligne].
- Cédric Guérin, Anarchisme français de 1950 à 1970, Mémoire de Maîtrise en Histoire contemporaine sous la direction de M. Vandenbussche, Villeneuve-d'Ascq, Université Lille III, 2000, texte intégral, pdf.
- Roland Biard, Histoire du mouvement anarchiste en France (1945-1975), Éditions Galilée, 1976, (ISBN 2-7186-0045-4).
- Maurice Joyeux, Sous les plis du drapeau noir, Éditions du Monde libertaire, 1988.
- Christophe Bourseiller, Les anarchismes, in Extrémismes : enquête sur une grande peur contemporaine, CNRS Éditions, 2012, p. 123-124, [lire en ligne].
- (en) Robert Graham, Anarchism : A Documentary History of Libertarian Ideas, The Emergence of the New Anarchism (1939 to 1977), volume II, Black Rose Books, 2009, lire en ligne.
Sources primaires
[modifier | modifier le code]- Dans les numéros 28, 30 et 31 de la revue La Rue, Maurice Joyeux, publie trois articles intitulés « L’affaire Fontenis », « La reconstruction de la Fédération anarchiste » et « La Fédération anarchiste reprend sa place » qui retracent l'histoire de cette organisation de 1945 à 1965[14]
Commentaires
[modifier | modifier le code]- Une section est consacrée à la Fédération anarchiste dans le rapport des Renseignements généraux baptisé « Extrême gauche 2000 »[15],[16],[17].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Laurent de Boissieu, « Fédération Anarchiste (FA) », France Politique, (lire en ligne)
- Rédaction, Le courant anarchiste, Le Monde, 3 avril 1970, [lire en ligne].
- LA FA, présentation sur le site officiel du mouvement federation-anarchiste.org
- Maurice Joyeux, L'hydre de Lerne. éditions du monde libertaire, Paris, 1967, pages 1 et 2
- Maurice Joyeux, L'hydre de Lerne. éditions du monde libertaire, Paris, 1967, page 3
- Simon Luck et Irène Pereira, « Délibération et liberté politique dans les organisations anarchistes », Réfractions, no 27, (lire en ligne)
- Mathieu Le Tallec, « L’unité d’action des trotskystes, anarchistes et socialistes de gauche autour de l’anticolonialisme et de l’anti-bonapartisme (1954-1958) », Diacronie. Studi di Storia Contemporanea, no N° 9, 1, (ISSN 2038-0925, DOI 10.4000/diacronie.3077, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Buton, « L’iconographie révolutionnaire en mutation », Cultures & Conflits, nos 91/92, , p. 31–44 (ISSN 1157-996X, DOI 10.4000/conflits.18777, lire en ligne, consulté le )
- Biographie Maitron de Maurice Joyeux [1]
- Maurice Joyeux, L'hydre de Lerne. éditions du monde libertaire, Paris, 1967, page 13 et 14(réed 1983)
- "Voyage en outre-gauche: Paroles de francs-tireurs des années 68" par Lola MIESSEROFF aux Éditions Libertalia [2]
- Biographie Maitron de Jean-Pierre Duteuil [3]
- « Le Monde Libertaire », sur monde-libertaire.net (consulté le )
- Maurice Joyeux, « Histoire de la Fédération anarchiste », sur florealanar.wordpress.com.
- Laurent Valdiguié, 155 personnalités « fichées » à l'extrême gauche, Le Parisien, 8 juin 2001, [lire en ligne].
- Consultable partiellement et modifié sur Gauche 2000 et scribd.com.
- Patricia Tourancheau, Les RG en fichent pas mal, Libération, 9 juin 2001, [lire en ligne].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Vidéographie
[modifier | modifier le code]- Jacqueline Lamant, Foi d'anar. Maurice Joyeux. Portrait d'un anarchiste , France Régions 3, 16 septembre 1984, 58 min, voir en ligne.
- Chrisitian Mottier, Ni Dieu ni maître, Temps présent, Radio télévision suisse, 3 avril 1970, voir en ligne.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Anarchisme - Anarchisme en France - Communiste libertaire - Individualisme libertaire - Synthèse anarchiste
- Chronologie des Congrès de la Fédération anarchiste
- Le Monde libertaire - Ras les murs
- Giliana Berneri - Suzy Chevet - Maurice Joyeux - André Devriendt - André Bernard - Maurice Fayolle - René Lochu - Gilbert Roth - Hellyette Bess
- Liste d'organisations anarchistes
Liens externes
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- Site officiel
- Librairie Publico et le site des événements de la librairie
- Le Monde libertaire
- Radio libertaire FM 89.4 MHz seulement en région parisienne.
- Les Éditions du Monde libertaire
- Floréal Melgar, Histoire de la Fédération anarchiste, 26 février 2013, texte intégral