Félix Aroux — Wikipédia
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Sépulture | Cimetière de Foucart (d) |
Nom de naissance | Guillaume-Félix Aroux |
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Félix Aroux, nom de convenance de Guillaume-Félix Aroux, né le à Yébleron[1] et mort le à Foucart, est un industriel, fabricant innovateur de drap à Elbeuf avant de devenir horticulteur et journaliste positiviste français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Félix Aroux débute dans la draperie à Elbeuf comme commis de fabrique. À 24 ans, il s'installe manufacturier de draperie à Elbeuf, d'abord avec des associés, et depuis 1840 seul propriétaire. Cofondateur, en 1839-1840, de la Société de bienfaisance pour l'emploi des déchets de fabrique, il s'occupe activement du bien-être des ouvrières[2].
Il réussit en affaires : en 1844, il est avec 400 ouvriers le 5e grand producteur de la ville. En plus de la maison et les ateliers à Elbeuf, il a des propriétés à Caudebec-en-Caux, Montaure, Louviers, Foucart et Paris [3].
Félix Aroux investit dans la création de nouveaux tissus. Il obtient en 1837 un brevet pour un tissu élastique en pure laine à côtes transversales. Ainsi, il est le premier à introduire à Elbeuf la fabrication du drap de côte (sorte de velours côtelé)[4],[5]. En 1844, il introduit une machine à vapeur de faible consommation de charbon[6]. À l'exposition des produits de l'industrie française de 1844, il obtient la médaille d'or pour sa contribution au progrès de l'industrie drapière[7].
En 1846, il fait une expérience avec une trieuse mécanique anglaise. Cette mécanisation du travail cause une émeute à Elbeuf : les ouvriers attaquent en mai l'usine d'Aroux et maltraitent son mécanicien anglais[8],[9],[10].
En 1848, il s'essaye à la politique, mais en réalisant que ses idées ne sont difficilement conciliables avec sa position de patron, il se retire des affaires[11]. Aroux avait des idées socialistes et il « envisageait soit le partage de ses biens entre ses ouvriers, soit la constitution de sa fabrique en coopérative ouvrière de production »[12].
Il est déjà retraité quand il est poursuivi après le coup d'État du 2 décembre 1851 à cause de ses opinions socialistes. Il est condamné et emprisonné, ensuite gracié en [13].
Il s'essaye à l'horticulture, ce qui lui vaut un article sur la collection de ses chrysanthèmes[14]. Il développe aussi une nouvelle méthode de semence, ce qu'il fait breveter[15].
En 1867, il devient adepte du positivisme, courant philosophique du milieu du XIXe siècle, et participe au premier numéro du journal Philosophie positive d'Émile Littré. Sa carrière journalistique est pourtant restée maigre ; quelques textes sur le socialisme et les émeutes d'Elbeuf. Après une longue maladie, il meurt en 1875 à Foucart, où il est enterré[16].
Félix Aroux s'est marié le à Rouen avec Marie-Thérèse Lemarchand[17],[18]. Le couple est resté sans enfant. Un des frères de Félix, Isidore Aroux, était aussi fabricant de draperie à Elbeuf.
Œuvres
[modifier | modifier le code]- 1848 : Idée nouvelle sur la question du travail, sa solution ainsi que les moyens d'anéantir les hopitaux et les maisons de bienfaisance, N. Chaix.
- 1848 : Organisation électorale et de la fraternité, N. Chaix.
- 1858 : Nouvelle méthode de culture et d'ensemencement des céréales, Rouen, D. Brière.
- 1858 : Nouvelle méthode de culture du colza, Rouen, D. Brière.
- 1867 : « Comment on devient positiviste », La Philosophie positive: revue, volume 1, 1867 [lire en ligne].
- 1870 : Ce que c'est-ce que le socialisme [lire en ligne].
- 1873 : L'égratonneuse de laine ; l'émeute dont elle a été le prétexte à Elbeuf et ses conséquences, Paris, G. Baillière.
- 1875 : « Dernières pensées d'un mourant positiviste », La Philosophie positive: revue, volume 15, 1875 p. 449-450.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Poursuivis à la suite du coup d'État de décembre 1851 ; 1802 est la date portée sur sa tombe.
- Bulletin des lois de la République Française, Volume 16, Impr. Nat. des Lois, 1840 p. 436-446.
- Alain Becchia, La draperie d'Elbeuf: (des origines à 1870), Publications de l'Université de Rouen, 2000, p. 726
- Brevets de 1843 p. 266, 269.
- Archives du Commerce, Volume 35, 1845, p. 561.
- « Description d'une machine à vapeur d'une force de 30 chevaux, construite en Angleterre par M. Sims, introduite en France par M. Félix Aroux et introduite par lui dans sa manufacture à Elbeuf », Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, volume 47, 1848, p. 306-310. Il s'agit de l'ingénieur anglais James Sims (1795-1862)
- Rapport du Jury Central, Volume 1, Exposition des Produits de l'Industrie Française, Jury Central sur les Produits de l'Industrie Française, 1844, p. 81.
- François Jarrige, L'émeute contre la trieuse de laine à Elbeuf, in : Au temps des tueuses de bras: les bris de machines à l'aube de l'ère industrielle, 1780-1860, Presses universitaires de Rennes, 2009.
- François Jarrige, Le genre des bris de machines : violence et mécanisation à l’aube de l’ère industrielle (Angleterre-France, 1750-1850), in: Clio 38-2013 : Ouvrières, ouvriers, p. 17-40
- « Troubles à Elbeuf », L'Illustration, 30 mai 1846, p. 1-2
- Alain Becchia, op. cit., p. 736
- Le Maitron, notice sur Félix Aroux (faussement orthographié Arioux).
- Aroux - Guillaume Félix, sur le site Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851.
- M.A. Dufoy, « Sur la collection des chrysanthèmes de M. Félix Aroux », Jardins de France, volume 3, Société nationale d'horticulture de France, 1857, p. 250-251
- Félix Aroux, « Improvements in seed drills », English Patents of Inventions, A.D. 1857 n° 2094.
- « Nécrologie. Mort de M. Félix Aroux », La Philosophie positive: revue, volume 15, 1875, p. 309.
- Archives départementales de Seine-Maritime, 3E00999, état civil de Rouen.
- Alain Becchia, op. cit., p. 728.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marie-Claire Prudhomme, « Félix Aroux (1802-1875) : un socialiste positiviste », Bulletin de la Société de l'histoire d’Elbeuf, no 35, , p. 36-44.
Liens externes
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