Florimond Ier Robertet — Wikipédia
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Mère | Louise Chauvet (1425?) (d) |
Conjoint | Michelle Gaillard (d) (à partir de ) |
Enfants | Claude Robertet d'Alluye François Robertet Françoise Robertet (d) |
Propriétaire de | Château de Bury, château d'Alluyes (d), hôtel d'Alluye |
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Distinction |
Florimond Ier Robertet, parfois appelé Florimond Ier Robertet d'Alluye, né vers 1460-1465 à Montbrison et mort le 29 novembre 1527 à Paris[1], est un homme d'État français de Charles VIII à François Ier.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Frère cadet de François Ier Robertet, Florimond est le plus connu des fils de Jean III Robertet, celui dont la carrière brillante et l’existence fastueuse font image à l’époque de la Renaissance[2]. Il est issu d'une famille de notables financiers de Montbrison, familiers des ducs de Bourbon et parfaitement insérés dans les structures administratives du comté de Forez depuis le début du XVe siècle[1]. Pendant près d'un siècle, le clerc de la Chambre des Comptes de Montbrison est un Robertet[1]. Monopole d'autant plus prégnant que contrairement aux autres chambres du duché, notamment celle de Moulins, le clerc de Montbrison est unique dès le milieu du XVe siècle[3].
Il fait de brillantes études, ses humanités à Lyon, son droit à Orléans ; il voyage beaucoup, parle couramment quatre langues, et son ardeur au travail est extrême. Son père l’introduit, de bonne heure, dans ce monde intelligent, actif et fortement italianisé qui gravite autour des ducs de Bourbon et, par leur intermédiaire, auprès des rois de France.
Carrière politique
[modifier | modifier le code]Débuts au service des ducs de Bourbon en Forez
[modifier | modifier le code]Suivant les traces de son père et la tradition familiale, Florimond entre au service des ducs de Bourbon en tant que secrétaire retenu à la signature des finances en 1485 et devient châtelain de Montbrison en 1488[1]. Mais contrairement à son frère François, il choisit quelques années plus tard de résigner ses offices en Forez et de succéder à son père dans ses charges au service du roi dès 1490.
Entrée au service du roi
[modifier | modifier le code]Alors que son père se retire progressivement de ses charges, Florimond Robertet lui succède en tant que notaire et secrétaire du roi, ainsi que greffier de l'Ordre de Saint-Michel dès 1490. Cette dernière fonction avait été obtenue par son père en 1469 auprès de Louis XI , dont il était devenu l'un des favoris[1]. Il intègre donc de fait le collège dit des "six vingt", corps constitué de notaires et de secrétaires du roi. Depuis une ordonnance de 1482, ce corps était doté de privilèges et bénéficiait de l'anoblissement d'office. Il possédait le monopole de la rédaction et de l'expédition des actes royaux passées en chancellerie[1],[4].
Toutefois, la fin du XVe siècle voit l'intensification de la production de documents émanant du roi passés hors chancellerie notamment les lettres missives : se développent alors des charges de secrétaires de la Chambre. Lors des premières guerres d'Italie, il accompagne le roi Charles VIII lors de la conquête du royaume de Naples et reçoit ses lettres de provisions en tant que secrétaire signant en finances en 1495[1].
La qualité de ses services lui permirent d'obtenir la confiance du roi et sa faveur, cette dernière étant indispensable pour pouvoir faire une prestigieuse carrière au service du prince à l'aube du XVIe siècle.
Au XVIIe siècle, Antoine Fauvelet du Toc, compilant son histoire des secrétaires d’État français, reconnaît Florimond Robertet comme « le père des secrétaires d’Estat »[5]. Il justifie ce titre comme suit : « puis qu’en effet, c’est luy qui commença à donner à ses emplois le degré d’élévation et de pouvoir dans lequel ils se sont enfin établis ».
Les textes tracent de lui un portrait flatteur : « le bon Florimond », conseillé éclairé des rois, le trésorier de France intègre, l’ambassadeur indispensable, l’intendant « aussi célèbre en son temps que Sully en le sien ». Son ambition était extrême et il fut assurément l’un des banquiers du roi, qui ne pouvait se passer de faire appel à lui. Encore y fallait-il un réel courage car les exemples tragiques de ses prédécesseurs Jacques Cœur et Semblançay ne devaient pas quitter sa mémoire.
Ses qualités d’administrateurs sont vite remarquées et, lorsque Charles VIII part pour la guerre d’Italie, en 1494, il lui confie de lourdes responsabilités. En effet, il est chargé de la rédaction de dépêches fort importantes, soit dans la capitulation de Naples, soit dans les négociations avec le pape Alexandre VI. Il est bientôt compté parmi les « officiers du roi », puis « les secrétaires de la chambre » ; en 1495, il devient trésorier de France. Le , il est fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel et greffier de l’ordre. Son influence devient prépondérante, ainsi qu’en témoigne la lettre qu’Anne de France, dame de Beaujeu, envoie de Chantelle, « le XIe jour de décembre au trésorier Robertet », pour lui demander son aide auprès du roi, en ajoutant : « je vous prie, Monseigneur le Trésorier, que, de vostre part, m’y vueillez estre aydant mondit seigneur, et je m’en tiendrais bien tenue à vous, avec autres plaisirs que m’avez toujours faitz, et à Dieu, Monseigneur le Trésorier, que vous donne ce que vous désirez ».
Il participe aux pourparlers qui suivent la campagne d’Italie, accomplit plusieurs voyages et se tourne vers la diplomatie. Louis XII lui confie nombre de missions dont il s’acquitte au mieux, et qui lui rapportent, d’après la correspondance diplomatique, beaucoup d’argent et plus encore de cadeaux. Le plus notable est le David de bronze, commandé par Florence à Michel-Ange en 1502 et remis à Florimond en 1508. Il l'installera dans son château de Bury[6]. Il est adoubé chevalier vers 1508/1509 (peut-être à Agnadel). Le Fra Pietro da Novellara, écrit à Isabelle d'Este que Léonard de Vinci est occupé par la Vierge aux fuseaux destinée à « un certain Robertet », à savoir Florimond, et par un engagement non précisé auprès du roi de France Louis XII dont l’artiste souhaite s’acquitter en un mois[7]. L'inventaire des biens de Florimond Robertet dressé en 1532 ne mentionne pas le tableau qu'il avait pourtant reçu fin 1506 ou début 1507[8] et le tableau retrouvé par la suite ne sera rapproché de Léonard qu'à partir du XIXe siècle après son exposition à Londres en 1898.
Cependant, sa charge de secrétaire et trésorier du roi le retient habituellement à la cour où son importance croît sans cesse. Il conseille certaines mesures financières qui se seraient révélées heureuses (il réussit à faire diminuer les impôts de moitié) et, en 1505, devient membre du conseil de régence, auprès des plus hauts dignitaires du royaume.
C’est à cette époque, qu’il fait entreprendre, à Blois, la construction d’une résidence seigneuriale (ap. 1498-1508), l’hôtel d'Alluye, où l’on retrouve toute la grâce de la Renaissance française.
Par la suite, il acquiert les baronnies, seigneuries ou châtellenies d'Alluyes (en 1514/1518 ; baronnie acquise sur Antoine de Luxembourg-Brienne), de Brou au Perche-Gouët (1509 ; Brou porte toujours aujourd’hui les armes des Robertet), La Guierche au Maine (1508), Paray, Roche-en-Régnier (de 1507 à 1510), Bury-en-Blésois (1511), et les terres et châtellenies de Villemomble en 1507 sur Aymar de Prie-Buzançais. C’est à Bury qu’il fait commencer par un architecte italien (on a des raisons de penser que Léonard de Vinci, séjournant à Amboise, a été consulté à ce sujet), la construction d’un château très caractéristique de l’époque d’une envergure telle, qu’on ne pouvait le comparer qu’avec Chambord. C’était plus une demeure de plaisance qu’une forteresse, l’un des premiers châteaux d’agrément du Val de Loire. Vers 1518, Florimond Robertet remplace l'ancien manoir féodal situé à Villemomble près Paris, par un château Renaissance assez vaste pour y recevoir François Ier.
L’avènement de François Ier le porte au fait des honneurs et il joue un rôle important pour favoriser le mariage du roi avec la princesse Claude de France. En récompense de ses services éminents, François Ier le nomme baron d’Alluye et lui fait don des sommes nécessaires pour terminer Bury. Il participe à l’expédition d’Italie, assiste aux audiences du roi au camp de Marignan, à l’entrevue de Bologne.
Épuisé par les fatigues de cette vie mouvementée, il tombe malade et, en 1521 se démet d’une partie de ses fonctions en faveur de son fils François, filleul du roi.
Mais le désastre de Pavie, avec les obligations de la régence, lui cause un surcroît de travail ; avec Louise de Savoie, il s’emploie activement à réunir la rançon du Roi.
Il étudie avec elle une lettre, saisie sur un courrier, qui établit la trahison du connétable de Bourbon, et contribue grandement à la conclusion de la paix.
Il meurt à Paris le 29 novembre 1527 à la Conciergerie (il était depuis 1513 concierge et bailli du Palais) et François Ier lui fait faire d’éclatantes funérailles à la mode de l’époque ; l’éloge funèbre est prononcé, en présence du roi, par son ami Alleman, évêque de Grenoble, puis le corps est transporté à Blois sur un char « précédé de cent torches ardentes aux armes du défunt ». L’inhumation a lieu à la chapelle d’Alluye, à l’église Saint-Honoré de Blois. Clément Marot écrit alors pour lui une Déploration de 555 vers, qui reste un des poèmes les plus révélateurs et importants de son œuvre.
L’inventaire des biens sera établi en 1532 à Bury ; la liste est dressée par sa veuve Michèle Gaillard de Longjumeau qu'il avait épousée en 1502, des innombrables cadeaux, bijoux, objets d’art, offert à l’occasion de ses diverses missions. On note entre autres, une « apothicairerie de poudres, médicaments, ingrédients, mannes, conserves, sirops, et rares essences, que la prévoyance et la charité de Florimond avaient fait venir de tous les costez, tant des pays froids que chauds. Cette apothicairerie fut visitée par Monsieur de Rabelais, célèbre médecin, qui fut en admiration de tout ce qu’il vit ». On trouve aussi « une esquelette étiqueté de billets de parchemins chiffrez, contenant les noms de chaque chose dont est composé le corps humain ».
On retrouve là le témoignage de la curiosité universelle des hommes de la Renaissance, ouverts à toutes les civilisations et à toutes les cultures sous l’influence de leurs études, de leurs voyages, de leurs expériences.
Mariage et descendance
[modifier | modifier le code]Il avait épousé, en 1504 à Amboise, Michelle Gaillard de Longjumeau (vers 1488-1549), beaucoup plus jeune que lui, fille du Général des Finances et des Galères et ancien maire de Tours, Michel Ier Gaillard, seigneur de Longjumeau, Chailly, Villandry et Savonnières, et sœur de Michel II Gaillard († 1535, sire de Chilly et Longjumeau, beau-frère de François Ier par sa femme souveraine d'Angoulême).
Le couple eut huit enfants dont le destin fut assez mouvementé, dont :
- Claude, baron de Bury et d'Alluye (1505-1567), père de Florimond III,
- François, seigneur de Brou,
- Anne Robertet (1505-après 1585) : x 1° 1520 Claude d'Estampes de La Ferté, et 2° 1533 Claude Ier de La Châtre, † 1558 : d'où le maréchal Claude II de La Châtre (1536-1616), Anne de La Châtre (x François de Vitry de L'Hospital : grands-parents du maréchal Nicolas), et Marie de La Châtre (vers 1550-1626 ; x 1572 Guillaume de L'Aubespine, 1547-1629, fils de Claude II : neuf enfants, dont Gabriel évêque d'Orléans en 1604-1630 ; Charles, marquis de Châteauneuf, Garde des sceaux en 1630-33 et 1650-51 ; et François de L'Aubespine, x Eléonore de Volvire de Ruffec : par leur fille Charlotte de L'Aubespine de Ruffec, ils sont les grands-parents maternels de Saint-Simon).
- Claude Robertet, x Claude (Le) Breton de Villandry († 1556)
- Louise Robertet (vers 1520-vers 1589) : x 1540 François II du Fou du Vigeant, gentilhomme de la Chambre, gouverneur de Lusignan,
- Françoise Robertet (1519-1580), dame d'Alluye en succession de son neveu Florimond III, qui fut mariée deux fois : d’abord à Jean Babou de la Bourdaisière, grand maître de l'artillerie de France, puis à Jean d'Aumont, maréchal de France qui combattit à Ivry aux côtés d’Henri IV.
Armoiries
[modifier | modifier le code]Blasonnement : D'azur, à la bande d'or, chargée d'un demi-vol de sable, accompagnée de trois étoiles d'argent. |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bernard Chevalier, « Florimond Robertet (v. 1465-1527) », dans Les conseillers de François Ier, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 99–116 p. (ISBN 978-2-7535-6794-8, lire en ligne)
- « Florimond Robertet, p. 99-116 par Bernard Chevalier », sur Les Conseillers de François Ier, dir. Cédric Michon, Presses universitaires de Bretagne, 2011, en ligne par OpenEditionBooks, 2019
- Olivier Mattéoni, « Les Chambres des comptes de Moulins, Montbrison et Villefranche-en-Beaujolais à la fin du Moyen Âge », dans Les Chambres des comptes en France aux xive et xve siècles, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - Moyen Âge », , 43–89 p. (ISBN 978-2-11-129443-1, lire en ligne)
- Thierry Sarmant et François Ploton-Nicollet, « Secrétaires du roi (no 1739 à 1807) », dans Jetons des institutions centrales de l’Ancien Régime. Catalogue. Tome II : Juridictions (n°826 à 2621), Éditions de la Bibliothèque nationale de France, coll. « Monnaies, Médailles et Antiques », , 116–127 p. (ISBN 978-2-7177-2567-4, lire en ligne)
- Antoine Fauvelet du Toc, « Histoire des secretaires d’estat, contenant l’origine, le progrès, et l’etablissement de levrs charges, auec les eloges, les armes, blasons, & genealogies de tous ceux qui les ont possedées jusqu’à present », Paris, C. de Sercy, 1668
- lire en ligne
- La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, dit La Sainte Anne de Léonard de Vinci, fiche mentionnant La Vierge aux fuseaux, site de la collection du musée du Louvre.
- Eugène Grésy, « Inventaire des objets d'art composant la succession de Florimond Robertet », dans Mémoires de la Société impériale des Antiquaires de France, t. XXX, , p. 21-66.