Georges Bégué — Wikipédia

Georges Bégué, né le et mort le , est un ingénieur français qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, est engagé comme agent secret du Special Operations Executive. À ce titre, il est le premier agent à être parachuté en France, dans la nuit du 5 au .

Premières années

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Le , Georges Bégué naît à Périgueux, France. Vers 1930-1935, il part en Grande-Bretagne et reçoit une formation d'ingénieur à l'University College de Hull. Il y rencontre sa femme, qu'il épouse Rose Mary Carrick le à Paris. Il fait son service militaire dans les transmissions.

Début de la guerre

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À la déclaration de guerre en 1939, Bégué, caporal chef de réserve, est mobilisé et envoyé à l'état-major du secteur défensif d'Altkirch, en Alsace, à la section Génie-Transmissions car il est opérateur radio. En , en raison de sa connaissance de l'anglais, il est affecté comme officier de liaison auprès de la 44e division britannique du BEF[1]. Le , lors de l'évacuation de Dunkerque, il s'échappe en Angleterre[2].

À Londres, il entend l'appel du 18 juin et se rend à Saint Stephen's House, le quartier général des Français libres.

« Il voit le général de Gaulle qui l’envoie à un colonel. Mais le colonel est absent et c’est un sous-officier en train de dresser des listes qui le reçoit. Sa désillusion est grande. Il reconnaît des adjudants qui se proclament capitaines, qui s’intitulent chefs de ceci ou de cela. Il retrouve des officiers de la liaison qui, la veille encore, l’adjuraient de renoncer à son projet : « De Gaulle est un dissident, disaient-ils. N’oubliez pas qu’un jour nul sera désavoué, il ne cherche qu’à se donner de l’importance. Ne vous approchez pas de lui…
« Cette course à l’avancement, Bégué ne la supporte pas. Il veut de la compétence, de l’autorité, des moyens, tout ce qui a manqué pendant la campagne de France. À première vue, rien chez les hommes qui entourent le général ne lui permet d’espérer : ils ne sont pas à la hauteur du Chef.
« Bégué poursuit ses recherches. Il lui faut se décider : regagner la France, comme la plupart des soldats qui ont , avec lui, embarqué à Dunkerque ? Rejoindre les Français libres ? il refait une tentative, mais son impression n’est toujours pas bonne ; restent les Anglais[3]. »

À la fin du mois de , il s'adresse, avec quelques-uns de ses camarades des missions de liaison[4], au ministère de la Guerre britannique. Ils sont reçus par un officier au Great Central Hotel, près de Marylebone et ils lui demandent à s'engager. Cela paraît possible, mais il faut attendre une nouvelle loi. Dans l'attente, on leur donne une chambre à l'hôtel, on leur sert une petite solde. Cela dure un peu plus d'une semaine. Le 13 août, Bégué est emmené dans un centre de recrutement et autorisé à signer un acte d'engagement. On l'envoie à Catterick Camp, près de Darlington, pour lui apprendre l'utilisation d'un… central téléphonique. Dépité, il envisage de demander une autre affectation, comme la RAF.

Au début du mois de , il est convoqué à Londres : deux officiers du SOE lui proposent d'être envoyé en mission en France. Il accepte. Il suit une période d'entraînement à la transmission radio, et au parachutisme.

Engagé au rang de capitaine (matricule : P/18572), il est affecté à la section F du SOE, sous le nom « George Robert Noble ». Son nom de guerre (SOE field name) est « Georges » (le prénom de « Georges » sera désormais utilisé pour désigner tous les opérateurs radio, avec un numéro ; lui-même, étant le premier, est surnommé « Georges I »). Son nom de code opérationnel est « BOMBPROOF ». Plus tard, il agira aussi sous de fausses identités : « Georges Robert Mercier », né le à Angers[5] et « Gaston René Martin », né le à Armentières[6].

Mission clandestine en France

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Sa mission consiste à se rendre à Valençay et à y prendre contact avec le député Max Hymans pour s'assurer de sa coopération à la mise sur pied d'un réseau « action » ; accessoirement, il doit en tant qu'opérateur radio émettre depuis le sol ennemi en direction de Londres. Il emporte avec lui son émetteur dans une valise. Son pseudo est « Georges Noble ».

Plaque commémorative au no 14 rue des Pavillons à Châteauroux.

En attendant son départ en France, il passe quelques nuits dans une maison avec deux autres agents. La nuit avant son parachutage il sort pour une raison quelconque et quand il retourne il trouve la maison détruite par une bombe et ses deux amis morts[7].

Dans la nuit du 5 au , vers h 30, il est parachuté dans l'Indre[8] depuis un avion Whitley venu d'Angleterre. Il est donc le premier agent du SOE envoyé en France. Conformément à la mission qui lui est assignée, il se rend dès le matin à Valençay et y cherche le domicile de son contact, le député Max Hymans (villa du Nahon, no 92, rue Nationale). Mais celui-ci est absent ce jour-là. Bégué reste à l'hôtel d'Espagne. Le lendemain, il retourne chez Max Hymans et parvient à lui parler. Il le convainc de sa bonne foi et obtient son accord pour coopérer. Le lendemain, Max Hymans emmène Bégué avec son émetteur à Châteauroux et le cache dans la maison située au no 14, rue des Pavillons. Le soir même, Bégué recrute sa première “boîte aux lettres” en la personne du pharmacien Henri Renan, no 54 rue des Marins (ultérieurement, il changera pour le garagiste Marcel Fleuret, no 86 rue de la Couture). Le , Bégué envoie le premier message à Londres, pour signaler que Max Hymans accepte de coopérer et pour indiquer l'adresse de la première maison sûre, celle d'Henri Renan, qui servira aux prochains agents envoyés. Le SOE envoie trois autres agents — notamment Pierre de Vomécourt en tant que chef du premier réseau du SOE, AUTOGIRO.

Durant les cinq mois suivants, Bégué aide à l'établissement du réseau et arrange les parachutages d'agents. Il est alors le principal contact du SOE en France. Il lui arrive d'émettre jusqu'à trois fois par jour. Il prend conscience des difficultés auxquelles vont se heurter les opérateurs radio, qui ne disposent que d'un petit nombre de canaux et ne peuvent, pour des raisons de sécurité, prolonger outre-mesure leurs émissions vers Londres[9]. Il suggère qu'on utilise les services de la BBC pour envoyer, au moment des émissions qui transmettent déjà des messages familiaux, des messages personnels codés (une phrase convenue, signifiant l'annonce d'un événement donné, comme un parachutage, par exemple). Une fois acceptée et mise au point, cette méthode est très largement utilisée jusqu'à la libération. En , le premier message personnel reçu est : « Lisette va bien ». Il annonce une opération aérienne; lui seul peut le comprendre.

Le , un agent du SOE, Gerry Morel suivant son propre chemin pour recruter des membres de la Résistance, est arrêté par la gendarmerie de Limoges. D'autres arrestations s'ensuivent. Le , Bégué est arrêté à Marseille dans une maison pourtant réputée sûre. Il est envoyé dans la prison de Beleyme de Périgueux, où il rejoint d'autres agents du SOE.

En , les prisonniers sont transférés au camp de Mauzac. Un projet d’évasion est élaboré selon un plan élaboré par Lazare Rachline du réseau d’évasion VIC. Bégué se débrouille pour fabriquer un double de clés. Le , il parvient à s'évader avec dix camarades. Ils se cachent en forêt. Puis le , ils se rendent à Lyon en groupes séparés. Grâce au réseau d'évasion VIC, ils traversent les Pyrénées à pied et parviennent en Espagne. Mais Bégué est arrêté et emprisonné entre les mois d'août et d'octobre à Figueras puis au camp de Miranda de l'Ebro. Finalement, il est relâché.

Il arrive à Londres en , où il devient le chef des transmissions de la section F, sous l'autorité de Maurice Buckmaster. Il assure cette fonction jusqu'en . En septembre-, il est commandant de transmissions de l'EMFFI[10] à Londres.

Après la guerre

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En , il représente les services techniques de la DGER à Londres. En , il est nommé directeur de cabinet de l'ancien député Max Hymans, devenu Directeur du Secrétariat général à l'aviation civile et commerciale (SGACC) à Paris. En , il en est le représentant à Washington, poste qu'il quitte en 1949.

Il est alors engagé comme ingénieur électronicien dans une entreprise de radio-télécommunication dont Air France était un client, l’Atlantic Rechearch Corporation. Puis il est recruté par Jansky and Bailey à Georgetown (Washington, D.C.), dans les années 1950 où il travaille jusqu'à sa retraite (vers 1976). Il adopte entretemps la nationalité américaine, le .

Atteint depuis le début des années 1980 d'un zona et du syndrome de Miller-Fisher, Georges Bégué meurt le à Falls Church, Virginie.

Georges Bégué est né dans une famille de quatre enfants (Albert ; Henri ; Georges Pierre André ; Annette “Annie” épouse Rosier). Son père, Émile François Marie Bégué ( à Bordeaux à Bordeaux) est polytechnicien, ingénieur ferroviaire, et dirige le réseau des tramways de Dordogne. Il épouse Madeleine Émilie Quirin ( à Paris à Paris 16e) le à Bordeaux.

Georges Bégué est le père de deux enfants (Suzanne Marilynne Bégué épouse Laurent, née le et Pauline Brigitte Bégué épouse Hartke, née le ), qu'il a eu avec Rose Mary Carrick ( à Clifton, Virginie) qu'il a épousée le à Paris.

Reconnaissance

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Notes et références

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  1. BEF : British expeditionary force, corps expéditionnaire britannique.
  2. Decèze, p. 51-53.
  3. Decèze, La Lune est pleine d’éléphants verts, pp. 51-52.
  4. La petite délégation comprend une trentaine d'hommes, comme le Commandant Folkeu, les capitaines Siriex et Boileau, les lieutenants Murat et Popoff.
  5. Identité utilisée notamment pour sa location à Châteauroux, 14 rue des pavillons. [Source : Beaussier, p. 44.]
  6. National Archives, Kew.
  7. Jerrard Tickell Moon Squadron (Hodder, 1960) pp. 30-2
  8. Il atterrit dans un champ du domaine de l'Abeaupinière, à l'Est du village de Reboursin. [Gilles Groussin, p. 149].
  9. Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945 (5 vol. ), éditions Robert Laffont, Paris, 1967.
  10. EMFFI : État-major des Forces françaises de l'intérieur
  11. Arrêté de S. A. R., le Prince Régent, du , no 5977

Sources et liens externes

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  • Dossier personnel « Georges Bégué », National Archives, Kew, ref. HS 9/115/2.
  • Dossier personnel « Georges Bégué », SHD, Vincennes, cote GR 16P 43417.
  • (en) Fiche Bégué, Georges Pierre André, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Site dédié à la mémoire de Georges Bégué et comprenant des articles et des photos.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annoté par Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. -- Ce livre présente la version ''officielle'' britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Revue ICARE no 141, Aviateurs et Résistants, tome I, 1992. Ce numéro comprend p. 56-57 un article de Georges Bégué lui-même : Lune de mai.
  • Gilles Groussin, La Résistance dans le canton de Valençay (Les Maquis de Gâtine), 2006, (ISBN 2-9515378-1-6)
  • Dominique Decèze, La lune est pleine d'éléphants verts. Histoire des messages de Radio-Londres à la Résistance française (1942-1944), J. Lanzmann & Seghers, éditeurs, 1979.
  • Pierre Josse, Premier parachutiste anglais sur le sol français, le commandant Georges Bégué revient dans l'Indre sur les lieux de ses exploits pour un film-vérité de la B.B.C., reportage in La Nouvelle République du Centre-Ouest, lundi , p. 2.
  • Adieu Mauzac, téléfilm de Jean Kerchbron, 1970. Dans ce téléfilm, qui relate l’évasion du camp de Mauzac du , le rôle de Georges Bégué est joué par Pierre Tabard.