Gouaramides — Wikipédia
Les Gouaramides (en géorgien : გუარამიანნი) ou la dynastie des Gouaramides est une branche cadette de l’antique maison royale d’Ibérie connue sous le nom de « Chosroïdes ».
Origine
[modifier | modifier le code]Le terme « Gouaramide » est un néologisme indroduit par Cyrille Toumanoff dans ses travaux ; bien qu’il ne soit pas reconnu par l’ensemble des historiens, il est couramment utilisé notamment dans l’historiographie anglo-saxonne sous la forme « Guaramid ».
Cyrille Toumanoff a mis en lumière le concept de « Gouaramide » lorsqu’il a récusé la thèse traditionnelle reprise notamment dans la Chronique géorgienne qui faisait du « curopalate Gouaram » un « Bagratide pur »[1], fils d’un émigré juif nommé Salomon, descendant du roi David, et d’une princesse chosroïde, qui aurait été choisi comme roi d’Ibérie parce que « la descendance des fils de Gourgalan (sic) s’était éteinte »[2],[3].
Une autre tradition fait de ce même Gouaram un fils de Bagrat et le petit-fils et homonyme d’un autre Gouaram, époux d’une fille de Vakhtang Ier d'Ibérie, qui aurait aussi été l’ancêtre à la cinquième génération d’Adarnassé, le père d’Achot Ier d'Ibérie[4].
Dans sa démonstration, Cyrille Toumanoff, qui s’appuie sur la version arménienne de l’origine des Bagratides[5], considère que cette dynastie ne s’est implantée en Ibérie qu’à la fin du VIIIe siècle avec le prince Vasak Bagratouni, fils du prince d’Arménie Achot III Bagratouni, et son propre fils Adarnassé qui, pour fuir la répression arabe après la bataille de Bagrévand en 772/775, se sont retirés en Ibérie.
Histoire
[modifier | modifier le code]D’après Cyrille Toumanoff, les « Gouaramides » sont donc issus de la lignée de Gouaram ou Gorgénès Ier, petit-fils du roi Vakhtang Ier d'Ibérie par son épouse byzantine, qui aurait obtenu à titre héréditaire les principautés de Djavakhétie et Calarzène.
Les Gouaramides règnent ensuite avec le titre de prince-primat d’Ibérie pendant trois périodes (588-627, 684-748 et 779/780-786) comme vassaux de l’Empire byzantin ou du Calife arabe. Trois d’entre eux portent également le titre byzantin de curopalate.
Les Gouaramides concluent des alliances matrimoniales avec les autres principales familles princières d’Ibérie, les Chosroïdes, les Nersianides et les Bagratides. Dans ce dernier cas, l’union de la fille de Gouaram III d'Ibérie avec le prince arménien Vasak réfugié en Ibérie est à l’origine de la dynastie nationale géorgienne des Bagrations.
Après l’extinction de la famille des Gouaramides, leurs territoires patrimoniaux sont la base de la puissance des Bagratides en Ibérie. Un frère d’Achot Ier d'Ibérie se nomme Gourgen (une variante de Gouaram) et un de ses fils porte le nom significatif de Gouaram en souvenir de cette alliance prestigieuse.
Princes-primats d'Ibérie de la dynastie des Gouaramides
[modifier | modifier le code]- Gouaram Ier d'Ibérie (588-c. 590) ;
- Stéphanos Ier d'Ibérie (c. 590-627) ;
- Gouaram II d'Ibérie (684-c. 693) ;
- Gouaram III d'Ibérie (c. 693-c. 748) ;
- Stéphanos III d'Ibérie (779/780-786).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, p. 216.
- Marie-Félicité Brosset, op. cit., p. 219
- (en) Stephen H. Rapp, Studies In Medieval Georgian Historiography: Early Texts And Eurasian Contexts, Peeters, 2003 (ISBN 9042913185), p. 406-407
- Anthony Stokvis, Généalogie des rois de Géorgie, chapitre IV, Tableau généalogique no 2, qui donne la descendance suivante : Gouaram Ier d'Ibérie, père de Stéphanos Ier d'Ibérie, père de Gouaram, père de Varaz-Bakour, père de Nerseh, père d'Adarnassé Ier de Tao.
- Marie-Félicité Brosset cite Vardan Areveltsi, p. 63 : « Le commandant des musulmans donna la Géorgie à Achot, fils d’Atrnerseh, fils de Vasac, fils d’Achot prince d’Arménie, qui alla dans cette contrée et la subjugua. L’empereur lui conféra le titre de curopalate. »
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, p. 216-223.
- Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 420-431, « Les princes d’Ibérie du VIe au VIIIe siècle », tableaux p. 443.
- (en) Stephen H. Rapp, Studies In Medieval Georgian Historiography: Early Texts And Eurasian Contexts, Peeters, 2003 (ISBN 9042913185), p. 406-407.
- Anthony Marinus Hendrik Johan Stokvis, Manuel d'histoire, de généalogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, préf. H. F. Wijnman, Israël, 1966.
- Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, , p. 382-383 et 533.
- (en) Cyrille Toumanoff, Studies in Christian Caucasian History, Georgetown, Georgetown University Press, , partie V, « The Armeno-Georgian Marchlands », p. 389-416.