Grottes de Bluefish — Wikipédia

Grottes de Bluefish
Grottes du Poisson-Bleu
Localisation
Pays Drapeau du Canada Canada
Yukon
Coordonnées 64° 08′ 07″ nord, 140° 31′ 07″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Canada
(Voir situation sur carte : Canada)
Grottes de Bluefish
Grottes de Bluefish
Histoire
Époque Paléolithique supérieur

Les grottes de Bluefish, ou grottes du Poisson-Bleu, est un site archéologique préhistorique situé dans le territoire du Yukon au Canada, à 54 km du village Vuntut Gwichin d’Old Crow.

Selon des datations réalisées sur des vestiges osseux retrouvés sur place, l'occupation du site remonte à 24 000 ans avant le présent, et constitue le plus ancien témoignage avéré d'une présence humaine sur le continent américain. Selon certains paléontologues, les grottes de Bluefish auraient pu être occupées par des hommes en provenance d'Asie ayant traversé le détroit de Béring lors du dernier maximum glaciaire.

Les recherches effectuées sur le site ont ainsi contribué à la réévaluation de la théorie du peuplement tardif, en reculant de plus de 10 000 ans la date d'arrivée estimée de l'homme en Amérique.

Géographie et contexte géologique

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Les trois grottes de Bluefish sont situées à 54 km au sud-ouest du village Vuntut Gwichin d’Old Crow, et à 75 kilomètres des plaines d'Old Crow, où plus de 50 000 ossements d'animaux datant de l'ère glaciaire et des traces de présence humaine précoce ont été retrouvés[1].

Le site surplombe la rivière Bluefish, l'un des affluents de la rivière Porcupine, dont la vallée se caractérise par des collines calcaires d’âge devonien. Ces collines forment l’avancée septentrionale du pic Keele, lui-même contrefort du grand massif des monts Ogilvie qui marque le centre du Yukon, et la bordure sud-ouest d’un énorme réseau de bassins lacustres qui, au Pléistocène supérieur, étaient recouverts par les eaux des lacs glaciaires Bluefish, Old Crow et Bell[2],[3].

Les trois grottes, dont le volume varie de 10 à 30 m3, se trouvent à l’extrémité ouest d’une crête dominant un rétrécissement de la vallée de la Bluefish, nichées au pied d’une série d’affleurements calcaires. Selon l'archéologue Jacques Cinq-Mars, qui a fouillé le site dans les années 1970 et 1980, les grottes ne seraient pas à l'origine des cavités ou des porches de gélifraction mais plutôt les vestiges d’un ancien réseau karstique fortement réduit et mis au jour par l’érosion des versants[4].

Premières fouilles

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Le site a été fouillé par l'archéologue Jacques Cinq-Mars entre 1977 et 1987. La première grotte contient divers ossements d'animaux qui semblent avoir été traînés là par des prédateurs ; la découverte de marques d'outils et de certains outils en pierre eux-mêmes indiquent une présence humaine[5],[6].

Les premières datation au radiocarbone réalisées sur les ossements excavés lors des fouilles de Jacques Cinq-Mars suggèrent un âge de 24 000 ans avant le présent. Ces datations furent d'abord considérées comme controversées par la communauté scientifique, car allant à l'encontre de la théorie du peuplement tardif, largement acceptée par les universitaires de l'époque, qui considérait que la date de peuplement la plus ancienne de l'Amérique du Nord se situait autour de 13 000 ans avant notre ère[7].

En 2017, une nouvelle datation réalisée sur 36 000 ossements retrouvés sur le site par Jacques Cinq-Mars indique aussi un âge de 24 000 ans[8].

Hypothèses

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Sur la base de ses découvertes, l'archéologue Jacques Cinq-Mars a formulé l'hypothèse d'une occupation des grottes de Bluefish par des hommes ayant traversé le détroit de Béring durant le dernier maximum glaciaire[5].

La datation du site à 24 000 ans avant le présente soutiendrait l'hypothèse dite du « statu quo béringien » - selon laquelle les ancêtres des Amérindiens auraient d'abord été isolés dans un refuge béringien pendant le dernier maximum glaciaire avant de peupler les Amériques[9].

Découvertes archéologiques

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Des milliers de fragments d’os de mammouths, bisons, caribous et surtout de chevaux, dont certains portent des marques d'outils humains, ont été exhumés entre 1977 et 1987 par l’archéologue canadien Jacques Cinq-Mars. Ceux-ci sont conservés au Musée canadien de l’histoire à Gatineau (Québec)[10].

Références

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  1. Zone Science- ICI.Radio-Canada.ca, « Des fossiles du nord du Yukon permettent de suivre la trace de hyènes anciennes », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  2. Norris D.K., Stratigraphy of Devonian Outcrop Belts in Northern Yukon Territory and Northwestern District of Mackenzie (operation Porcupine area), Ottawa, Mémoire 410, Commission géologique du Canada, 1985
  3. Hughes O.L. « Surficial geology of northern Yukon Territory and northwestern District of Mackenzie », Geological Survey of Canada Paper, pp. 69-36, 1972
  4. Jacques Cinq-Mars, « La place des grottes du Poisson-Bleu dans la préhistoire béringienne », Revista de Arqueología Americana, no 1,‎ , p. 9-32 (lire en ligne Accès libre)
  5. a et b Pauline Gravel, « Des humains en Amérique du Nord il y a 24 000 ans », sur Le Devoir, (consulté le )
  6. « Se regarder dans la glace », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  7. « Hommage à Jacques Cinq-Mars » Accès libre, sur Radio Canada, (consulté le )
  8. Quartier Libre et Mylène Gagnon, « Une étudiante repousse de 10 000 ans l’arrivée de l’homme au Canada », sur Quartier Libre, (consulté le )
  9. (en) Lauriane Bourgeon, Ariane Burke et Thomas Higham, « Earliest Human Presence in North America Dated to the Last Glacial Maximum: New Radiocarbon Dates from Bluefish Caves, Canada », PLOS ONE, vol. 12, no 1,‎ , e0169486 (ISSN 1932-6203, PMID 28060931, PMCID PMC5218561, DOI 10.1371/journal.pone.0169486, lire en ligne, consulté le )
  10. Bernadette Arnaud, « Des hommes déjà en Amérique du Nord il y a 24.000 ans », sur Sciences et Avenir, (consulté le )

Bibliographie

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Liens externes

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Articles connexes

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