Guerre du Sud — Wikipédia
La guerre du Sud est une guerre civile qui, de juin 1799 à août 1800, opposa deux chefs républicains de la révolution haïtienne, le Noir Toussaint Louverture, qui contrôlait les départements Nord et Ouest de Saint-Domingue, et le mulâtre André Rigaud, qui contrôlait le Sud.
La guerre du Sud ne doit pas être confondue avec la « guerre-couteaux », qui correspond à la terreur qui suivit la répression du soulèvement du Nord, en novembre 1801, par Toussaint Louverture, Henry Christophe et Dessalines[1],[2].
Contexte politique
[modifier | modifier le code]En août 1798, Toussaint Louverture obtient la reddition des Britanniques occupant encore l’Ouest de l’île. L’accord signé entre les deux parties prévoit notamment l’ouverture des ports de Saint-Domingue aux navires de commerce britanniques, alors même que la France est encore en guerre contre la Grande-Bretagne[3]. Le général Hédouville, supérieur hiérarchique de Toussaint en poste depuis , furieux d’une telle insubordination, s’émeut plus encore par le contenu de l’accord. La dégradation de leur relation est telle que Toussaint organise, en , une révolte populaire forçant Hédouville à quitter l’île. La veille de son départ forcé, Hédouville décharge le général André Rigaud contrôlant le Sud de l’île, de toute sujétion à l’égard de Toussaint Louverture.
La guerre du Sud
[modifier | modifier le code]En juin 1799, Toussaint, général en chef des armées républicaines à Saint-Domingue, entre en guerre contre le général André Rigaud, commandant militaire du Sud.
Du côté de Toussaint se battent ses subordonnés Moyse, Jean-Jacques Dessalines et Henry Christophe.
André Rigaud reçoit cependant l'appui d'officiers qui passent dans son camp, comme Guy-Joseph Bonnet et Alexandre Pétion. Il reçoit aussi le soutien d'un chef marron hostile à Toussaint, Lamour Dérance.
C'est la guerre du Sud, qui peut être vue comme un conflit entre la "caste" des Noirs (représentés par Toussaint) et la « caste » des mulâtres (représentés par Rigaud), mais qui est surtout une lutte pour le pouvoir et le contrôle du territoire[4]. Il n’empêche qu'une véritable guerre d’extermination est menée contre les mulâtres du Sud ; près de 10 000 d’entre eux périssent malgré l'intervention de l'officier supérieur Magloire Ambroise qui sauva la vie de centaines de familles respectées à Jacmel et fut considéré comme un héros par la population de cette ville à cette époque et qui sera nommé commandant de Jacmel en 1802 par Jean-Jacques Dessalines.
En , après la prise de Jacmel par les troupes de Toussaint Louverture, la défense du Sud s'écroule peu à peu. En août 1800, André Rigaud s'embarque pour la France et ne reviendra à Saint-Domingue que deux ans plus tard, avec l'expédition Leclerc.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Thomas Madiou, Histoire d'Haïti, t. II, Port-au-Prince, Imprimerie Courtois, (lire en ligne), p. 123
- Beaubrun Ardouin, Étude sur l’histoire d’Haïti, t. VI, Paris, Chez l'auteur, (lire en ligne), p. 426
- Frédéric Régent, op. cit., p. 257[réf. non conforme]
- Frédéric Régent, op. cit., p. 256
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Franck Laraque, « L’incessante lutte des masses haïtiennes pour la liberté et leur existence », sur le site de la revue trilingue haïtienne d’études politiques et littéraires, Tambour.