Guillaume le Lion — Wikipédia
Guillaume Ier le Lion | |
Sceau de Guillaume Ier d'Écosse. | |
Titre | |
---|---|
Roi d'Écosse | |
– 48 ans, 11 mois et 25 jours | |
Couronnement | |
Prédécesseur | Malcolm IV |
Successeur | Alexandre II |
Biographie | |
Date de naissance | vers 1143 |
Lieu de naissance | Huntingdon |
Date de décès | |
Lieu de décès | Stirling |
Sépulture | Abbaye d'Arbroath |
Père | Henri d'Écosse |
Mère | Ada de Warenne |
Conjoint | Ermengarde de Beaumont-au-Maine |
Enfants | Alexandre II d'Écosse Marguerite Isabelle Marjorie |
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Guillaume Ier ou William (gaélique : Uilleam Garbh), dit le Lion, est roi d'Écosse de 1165 à 1214.
Origine
[modifier | modifier le code]Fils cadet du comte Henri d'Écosse et d'Ada de Warenne, il naît vers 1143 à Huntingdon en Angleterre. Brièvement comte de Northumbrie entre 1152 et 1157, il devient roi à la mort de son frère aîné Malcolm IV le et est couronné à l'abbaye de Scone le suivant. En 1185 est publiée la curieuse généalogie manuscrite (Ms. Brit. Mus. Cott. Faustina A. VIII.), qui dresse la liste de ses ancêtres, rois d'Écosse, de Dal Riada et d'Irlande jusqu'à Japhet, fils de Noé.
Règne
[modifier | modifier le code]Relations avec l'Angleterre
[modifier | modifier le code]Dès 1173, Guillaume se joint à la révolte de 1173-1174 de Henri le Jeune, le fils aîné d'Henri II d'Angleterre et il envahit en août le Northumberland et le Cumberland mais il doit battre en retraite faute de pouvoir s'emparer des nombreux châteaux fortifiés de ces régions. En représailles, les partisans d'Henri II brûlent Berwick et ravagent le Lothian. En , Guillaume envahit de nouveau le Northumberland, assiège en juin Carlisle avant de faire route vers Alnwick où il est capturé le par les forces loyales au roi[1].
Le roi d'Écosse est livré à Henri II à Northampton avant d'être envoyé à Falaise en Normandie. Guillaume doit signer le , le traité de Falaise[2] et reconnaître comme suzerain le roi anglais et lui promettre hommage avant d'être autorisé à retourner en Écosse le du même mois. Le , à York, Guillaume et la noblesse écossaise doivent formellement reconnaître la suzeraineté d'Henri II et le comté de Huntingdon lui est confisqué pour sa participation à la rébellion des fils d'Henri II et donné Simon III de Senlis. Il ne reviendra par héritage à son frère David qu'en 1185[3].
En 1189, après la mort du vieux roi d'Angleterre, Guillaume rend hommage à son successeur Richard Cœur de Lion à Cantorbéry et entreprend des négociations avec le roi qui cherchait des fonds pour financer sa participation à la troisième croisade afin d'annuler les clauses les plus contraignantes du traité de Falaise. Un compromis le « Quitclaim of Canterbury » est trouvé le [4]. Il prévoit le paiement de 10 000 merks d'argent par l'Écosse et une dispense papale confirme l'annulation des engagements. Ce nouveau traité de Cantorbéry abroge celui de Falaise et restaure de facto l'indépendance de l'Écosse[5]. Par la même occasion, Guillaume obtient la confirmation de la restitution du comté de Huntingdon, toutefois en 1194 les négociations menées pour obtenir le retour du Northumberland à l'Écosse échouent.
En 1195, le projet de constituer un fief vassal de l'Écosse comprenant le Northumberland et le Lothian dans le cadre d'une union entre Margaret, une fille de Guillaume, et Othon de Brunswick, le neveu de Richard Cœur de Lion, reste également sans suite[6].
Après la mort de Richard en 1199, Guillaume tente en vain d'intervenir dans sa succession afin d'assurer la possession des comtés du Nord de l'Angleterre. Le , il doit rendre hommage à Jean sans Terre à Lincoln[7]. Le traité de Norham signé avec le nouveau roi d'Angleterre le prévoit que deux des filles de Guillaume, Margaret et Isabelle, soient confiées à Jean dans l'expectative de l'union de l'une d'entre elles avec le futur héritier du royaume d'Angleterre. Le , le traité de Norham est confirmé à Durham et Alexandre, le jeune fils et héritier de Guillaume, est adoubé chevalier à Westminster par le roi d'Angleterre[8].
Relations avec le Nord
[modifier | modifier le code]Ayant rétabli la paix avec l'Angleterre, il doit lutter dans son propre pays contre les rébellions de Donald MacWilliam, descendant de Malcolm III, dans le Ross et le Moray.
Les MacWilliam
[modifier | modifier le code]Dès 1179, Guillaume, avec son frère David, mène une première campagne dans le Ross et fortifie les châteaux de Dunscaith sur la rive nord du Cromarty Firth et d’Edirdour (Redcastle (en)) sur le Beauly Firth (en)[9]. En 1181, Donald MacWilliam proclame ses droits à la couronne comme représentant de la lignée aînée de la famille royale avec le soutien de Harald Maddadsson, comte des Orcades[10]. En 1187, le roi d'Écosse entreprend en juillet une campagne dans le Nord contre Donald. Ce dernier est vaincu et tué lors du combat de « Mam Garvia (en) » le près d'Inverness contre les troupes royales commandées par Roland de Galloway[11].
En 1211, Gothred MacWilliam, le fils de Donald, proclame à son tour ses droits à la couronne. Il débarque en Ross, le prince héritier Alexandre doit mener campagne dans le Nord contre lui avec l'appui des forces du Galloway menées par Thomas, comte d'Atholl, le jeune fils de Rolland de Galloway. Gothred est trahi et exécuté l'année suivante[12].
Conflit avec Harald Maddadsson
[modifier | modifier le code]À la suite de son implication passive dans le complot des « Eyjarskeggjar ou Øyskjegger » (c.-à-d. « les insulaires ») contre le roi de Norvège, Harald Maddadsson, le comte des Orcades, doit se soumettre en 1194 au roi Sverre de Norvège. En 1196, Guillaume met à profit cette situation pour mener campagne contre le comte des Orcades. L'année suivante, Harald est capturé et Guillaume le prive du comté de Caithness, Harald est emprisonné dans le château de Roxburgh. Il est libéré après avoir donné son fils Thorfinn comme otage. Harald doit alors faire face un à prétendant, Harald Ericksson dit Ungi, qui est tué lors d'un combat à Claridon près de Thurso. Le Caithness, fief écossais, est remis par le roi Guillaume Ier à Ragnald un fils de Somerled. Harald fait alors appel au roi Jean sans Terre, Jean l'évêque de Caithness (en) (1185-1212) dénonce ses manœuvres au roi d'Écosse ce qui lui vaut d'être aveuglé et d'avoir la langue coupée pour trahison. En représailles Guillaume Ier fait à son tour aveugler et castrer son otage Thorfinn. Harald Maddadsson ne récupère le Caithness qu'en 1201 et le conservera jusqu'à sa mort en 1206[13].
Relations avec l'Ouest
[modifier | modifier le code]En 1174, les deux co-seigneurs du Galloway, Gillebrigte et Uhtred, fils de Fergus de Galloway, mettent à profit la captivité de Guillaume pour rejeter la suzeraineté de l'Écosse. Le , Gillebrigte de Galloway se reconnaît vassal d'Henri II d'Angleterre. En , après la mort de Gillebrigte, son neveu Roland, fils d'Uhtred, s'empare de son domaine au détriment de son fils Duncan[14].
Le roi Henri II doit se rend à Carlisle en 1186 afin d'arbitrer la dévolution du Galloway d'autant plus que peu après Godfred le Noir meurt en 1187 en laissant une succession disputée. Guillaume intervient et obtient la soumission de Roland de Galloway. Son accord avec le roi anglais s'était conclu par son mariage avec Ermengarde de Beaumont le de l'année précédente[15].
Relations avec l'Église
[modifier | modifier le code]Le règne de Guillaume Ier est marqué par la fin de la lutte de l'Église écossaise pour obtenir son indépendance par rapport à l'archevêché d'York.
En 1176, le concile réuni à Northampton pour déterminer les droits de l'Angleterre sur l'Église d'Écosse s'achève sans conclusion. Le pape Alexandre III promulgue la bulle « Super anxietatibus »[16], libérant les évêques d'Écosse de la primatie d'York jusqu'à ce que l'archevêque ait fourni les preuves de ses droits[17]. En 1179, le roi Guillaume fonde l'abbaye d'Arbroath pendant qu'une élection litigieuse intervient dans l'évêché de Saint-Andrew.
En 1192, le pape Célestin III promulgue une nouvelle bulle « Cum universi (en) » définitive en faveur de l'Église d'Écosse « ecclesia Scoticana » dans le conflit avec l'archevêché de York[18].
Fin du règne
[modifier | modifier le code]Alexandre, le seul fils légitime du roi, qui a été armé chevalier en 1212, le seconde à partir de cette date dans le gouvernement du royaume et prend le commandement de la campagne de l'été 1212 dans le comté de Ross. Guillaume Ier meurt à 71 ans, le à Stirling, et est inhumé à l'abbaye d'Arbroath. Son règne est l'un des plus longs de l'histoire d'Écosse.
Union et descendance
[modifier | modifier le code]En 1184 Guillaume est fiancé avec Richenza dite Mathilde, fille d'Henri le Lion, le Pape refuse de leur accorder une dispense pour leur consanguinité et le projet d'union reste sans suite. Le roi Guillaume « le Lion » épouse au palais de Woodstock en Angleterre, le , Ermengarde de Beaumont-au-Maine, fille de Richard Ier de Beaumont-au-Maine et cousine de Richard Cœur de Lion. Le couple a quatre enfants :
- Alexandre II ;
- Marguerite, épouse en 1221 Hubert de Burgh, comte de Kent et Justiciar d'Angleterre ;
- Isabelle, épouse en 1225 Roger II Bigod, 4e comte de Norfolk ;
- Marjorie ou Marguerite, épouse en 1235 Gilbert Marshal (en), comte de Pembroke.
Guillaume Ier est également le père de neuf enfants illégitimes, nés de diverses liaisons, dont :
- Robert, né vers 1166 ;
- Henry dit Galightly, né vers 1168 ;
- Marguerite (vers 1170-1226), épouse en 1193 d'Eustache de Vesci, seigneur d'Alnwick (mort en 1216) ;
- Isabelle, épouse de Robert III Bruce (mort en 1191), puis en 1191 de Robert de Ros, seigneur de Wark-on-Tweed (mort en 1227) ;
- Aufrica, épouse de William de Say ;
- Ada (morte en 1200), épouse de Patrick Ier, comte de Dunbar (mort en 1232).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) G. W. S. Barrow , Kingship and unity : Scotland, 1000-1306, Edinburgh, Edinburgh University Press, , 185 p. (ISBN 0-7486-0104-X).
- (en) Rosalind Marshall, Scottish queens, 1034-1714, East Linton, Scotland, Tuckwell, , 226 p. (ISBN 1-86232-271-6), p. 18.
- (en) Richard Oram, Domination and lordship : Scotland, 1070-1230, Edinburgh, Edinburgh University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-7486-1497-4).
- Michael Ashley, The Mammoth Book of British Kings & Queens (England, Scotland and Wales), London, Robinson, , 808 p. (ISBN 1-84119-096-9), « William the Lyon », p. 406-407.
- (en) Gordon Donaldson, Scottish historical documents, Edinburgh, London, Scottish Academic PressDistributed by Chatto & Windus, (ISBN 0-7011-1604-8).
- (en) W.W. Scott « William I [known as William the Lion] (c.1142–1214) » Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- (en) Richard Oram, Domination and lordship : Scotland, 1070-1230, Edinburgh, Edinburgh University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-7486-1497-4).
- (en) Gordon Donaldson, Scottish historical documents, Edinburgh,London, Scottish Academic PressDistributed by Chatto & Windus, (ISBN 0-7011-1604-8).
- (en) John L. Roberts, Lost kingdoms : Celtic Scotland and the Middle Ages, Edinburgh, Edinburgh University Press, , 230 p. (ISBN 0-7486-0910-5).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Richard Oram 2011, p. 134.
- Donaldson 1970, 1174 Treaty of Falaise, p. 27-28.
- Richard Oram 2011, p. 136-140.
- (en) Gordon Donaldson, « 1189 Quitclaim of Canterbury » op. cit. p. 29-30.
- Richard Oram 2011, p. 136-151.
- Richard Oram 2011, p. 154.
- (en) Richard Oram, op. cit., p. 165.
- Richard Oram 2011, p. 173-174.
- (en) Richard Oram, op. cit. p. 141.
- Richard Oram 2011, Table 3 « The MacWilliams et p. 143 ».
- Richard Oram 2011, p. 148-149.
- (en) Richard Oram, op. cit. p. 170.
- John L. Roberts 1997, p. 72-73.
- Richard Oram 2011, Table 4 « The Galloway family ».
- Richard Oram 2011, p. 373.
- (en) Gordon Donaldson, « 1176 Pope Alexander III to the bishops of Scotland », op. cit. p. 28-29.
- Richard Oram 2011, p. 343.
- Richard Oram 2011, p. 344.
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :