Maublancomyces gigas — Wikipédia

Gyromitre géant, Fausse morille géante

Maublancomyces gigas, jusqu'à peu Gyromitra gigas[1], le Gyromitre géant ou Fausse-morille géante, est un champignon de la division des ascomycètes (Ascomycota) du genre Maublancomyces. Il est interdit à la vente en France.

L'espèce a d'abord été décrite par Paulet vers 1808 puis scientifiquement par Julius Vincenz von Krombholz sous le nom d'Helvella gigas en 1834.

Maublancomyces gigas a pour synonymes[2] :

  • Discina gigas
  • Helvella gigas
  • Gyromitra gigas
  • Neogyromitra gigas
  • Gyromitra curtipes
  • Helvella curtipes
  • Maublancomyces curtipes
  • Gyromitra gigas var. pumila

Noms vernaculaires

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Gyromitra gigas est un champignon fréquemment appelé "fausse morille" ou "fausse morille géante"[3],[4],[5] du fait de sa ressemblance avec la vraie morille.

Description du sporophore

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Son chapeau est cérébriforme, sans lobes distincts, de couleur ochracée à fauve roux[6]. Il peut atteindre 20 cm de haut sur 13 cm de large[7]. Il noircit lorsque séché par le vent[8].

Le pied souvent difforme et épais, de couleur pâle[6]. Cylindrique et peu élevé, ce pied est large, tortueux, creux, de consistance un peu caoutchouteuse[9], mesurant 3 à 8 cm de haut comme de large, il est toujours plus court que le chapeau, de couleur blanchâtre[7].

Sa chair est concolore à celle du pied, mince et fragile, cassante. Son odeur est faiblement fruitée à la coupe, de savon après la cuisson. Sa saveur est douce, discrète[8].

Caractéristiques microscopiques

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Ses spores sont brunes. Elles ont une forme ellipsoïdale ou légèrement allongée en poire. La surface des spores est lisse sans ornementation particulière. La taille des spores est de 27 à 32 µm de longueur et 12 à 13 µm de largeur[6].

Habitat et distribution

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Il pousse d'avril à juin, surtout sur sols sableux sous conifères mais aussi en bords de chemins, talus, bords de ruisseaux, clairières, forêts de conifères et de feuillus, principalement dans les massifs montagneux, surtout à partir de 500 mètres d'altitude, on le retrouve également au pied de souches de conifères pourrissantes et de bois mort, il est beaucoup plus rare sous feuillus[8],[10].

Comestibilité

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Le Gyromitre géant est classé toxique en France et interdit à la vente sur le territoire depuis 1991, en conséquence d'incidents l'ayant incriminé, et de la présence suspectée de gyromitrine chez lui, substance qui peut provoquer sur le court terme le syndrome gyromitrien. Ce syndrome provoque d'abord des nausées, vomissements et diarrhée associée à des douleurs intestinales, puis, des troubles neurologiques, grande fatigue associée à des vertiges, convulsions, troubles hépatiques, fortes douleurs secondaires et mort des cellules hépatiques. Des troubles rénaux peuvent également apparaitre en particulier une insuffisance rénale. Sur le long terme, par accumulation, la gyromitrine est théorisée favoriser des cancers ou des maladies neuronales dégénératives comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA) la "maladie de Charcot"[11],[12].

Concernant le fait que M. gigas contienne ou pas de la gyromitrine, Viernstein et al. (1980) ont détecté de petites quantités de gyromitrine dans deux des trois spécimens européens de M. gigas (0,05 et 0,74 mg/kg de spécimen frais, environ 1500 fois moins par rapport à G. esculenta). Dans une étude de 2024, quatre spécimens séchés de M. gigas d'Allemagne furent analysés et la gyromitrine ne fut détectée dans aucun d'entre eux[13]. Bien qu'il soit consommé traditionnellement dans certains pays d'Europe de l'Est et du Nord après ébullition recommandée et qu'aucune victime prouvée n'ait été attribuée à sa consommation, en tant que producteur potentiel supposé de gyromitrine, il est déconseillé de consommer M. gigas[14],[15],[16].

Le Gyromitre géant a été incriminé à tort concernant l'affaire du cluster de cas de sclérose latérale amyotrophique dans un village des Alpes entre 1990 et 2018 de l'étude de 2021 de Lagrange et al[12], incrimination incorrecte largement reprise par les médias[17][18][19][20], ajoutant à la confusion. En effet, les spécimens identifiées étaient des mélanges séchés ou congelés de différentes espèces peu identifiables de Gyromitra s.l., Verpa sp et Morchella sp. et d'autres espèces de Gyromitra non identifiées furent également trouvées stockées dans les maisons des résidents. Après analyse dans une étude plus récente (2024), les spécimens en question furent révélés être Gyromitra esculenta et Gyromitra venenata, et non M. gigas comme indiqué initialement par Lagrange et al[13]. Les habitants rapportaient également cuisiner les champignons sans méthodes de cuisson particulière ou même sans cuisson prolongée, de durée pouvant être insuffisante même pour des Morilles[15],[16].

Confusion possibles

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Une espèce similaire et peut-être directement apparentée mais plus petite, Gyromitra montana, est présente en Amérique du Nord, traditionnellement consommée ; la principale différence entre les deux réside dans les plus petites spores qu'aurait G. gigas[21].

En Europe, il ressemble plus ou moins à Gyromitra esculenta et à Neogyromitra grandis. Il existe également Maublancomyces ticinianus qui est extrêmement ressemblant mais qui viendrait sous feuillus et qui serait un peu plus mince[22].

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Références biologiques

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Références

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  1. (en) « Lorchel taxonomy overhauled: Synopsis of our Discinaceae phylogenomics publication », sur Alden Dirks (consulté le )
  2. « Species Fungorum - GSD Species », sur www.speciesfungorum.org (consulté le )
  3. (en) « Gyromitra gigas · giants false morel », sur The British Mycological Society (consulté le )
  4. (en) « Gyromitra gigas · giants false morel », sur NBN Atlas (consulté le )
  5. (en) « Giant's False Morel (Gyromitra gigas) », sur Ninaturalist.nz (consulté le )
  6. a b et c Juliette Havasi, « Toxicité des champignons du genre Gyromitra et effets sur la santé humaine » Accès libre [PDF], sur dumas.ccsd.cnrs.fr,
  7. a et b « [http://www.tachenon.com/Fiches/gyromitre02.html Gyromitre g�ant ou Gyromitra gigas ou Neogyromitra gigas] », sur www.tachenon.com (consulté le )
  8. a b et c « carpophore.ch - Gyromitre géant », sur www.carpophore.ch (consulté le )
  9. « Morchellacées - Gyromitra gigas »
  10. « carpophore.ch - Gyromitra », sur www.carpophore.ch (consulté le )
  11. Pierre Kaldy, « Un champignon lié à des cas de maladie de Charcot : la fin d'une énigme médicale vieille de plus de dix ans », sur Sciences et Avenir, (consulté le )
  12. a et b (en) E. Lagrange, J.P. Vernoux, V. Palmer, W. Camu et P.S. Spencer, « An amyotrophic lateral sclerosis hot spot in the French Alps associated with genotoxic fungi », Journal of the Neurological Sciences, vol. 427,‎ (DOI 10.1016/j.jns.2021.117558, lire en ligne)
  13. a et b Emmeline Lagrange, Marie-Anne Loriot, Nirmal K. Chaudhary et Pam Schultz, « Corrected speciation and gyromitrin content of false morels linked to ALS patients with mostly slow-acetylator phenotypes », eNeurologicalSci, vol. 35,‎ , p. 100502 (ISSN 2405-6502, PMID 38770222, PMCID 11103407, DOI 10.1016/j.ensci.2024.100502, lire en ligne, consulté le )
  14. « Gyromitra esculenta, false morels, Tom Volk's Fungus of the Month for May 2002 », sur botit.botany.wisc.edu (consulté le )
  15. a et b (en) Alden C. Dirks, Osama G. Mohamed, Pamela Schultz et Andrew N. Miller, Distribution of the gyromitrin mycotoxin in the lorchel family assessed by a pre-column-derivatization and ultra high-performance liquid chromatography method, (DOI 10.1101/2022.08.08.503034, lire en ligne)
  16. a et b (en) Alden C. Dirks, Osama G. Mohamed, Pamela J. Schultz, Andrew N. Miller, Ashootosh Tripathi & Timothy Y. James, « Not all bad: Gyromitrin has a limited distribution in the false morels as determined by a new ultra high-performance liquid chromatography method » Accès libre [PDF], sur public.websites.umich.edu,
  17. resopharma, « Un champignon impliqué dans la maladie de Charcot ? », sur lepharmacien.fr (consulté le )
  18. « Neurologie : un champignon toxique à l'origine de maladies de Charcot », sur Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) (consulté le )
  19. « Savoie : les nombreux cas de maladie de Charcot en Tarentaise sont liés à un champignon toxique - ici », sur ici, le média de la vie locale, (consulté le )
  20. Service Communication, « Un champignon à l’origine de la maladie de Charcot ? », sur PÔLE SANTÉ TRAVAIL, (consulté le )
  21. (en) Orson K. Miller Jr. et Hope H. Miller, North American Mushrooms: A Field Guide to Edible and Inedible Fungi, Guilford, CN, FalconGuides, , 509 p. (ISBN 978-0-7627-3109-1)
  22. (uk) « Preliminary phylogenetic and morphological studies in the Gyromitra gigas lineage (Pezizales): Epitypification of Gyromitra gigas and G. ticiniana », sur http://mydomain.com/ (consulté le )