Henri Beaufort (cardinal) — Wikipédia

Henri Beaufort
Image illustrative de l’article Henri Beaufort (cardinal)
Cardinal Henry Beaufort, Évêque de Winchester, gravure de James Parker, 1791, 18,8 × 13,7 cm, collection Horace Walpole, Strawberry Hill House, Twickenham, Angleterre.
Biographie
Naissance vers 1375
Beaufort-en-Vallée
Père Jean de Gand
Mère Katherine Swynford
Décès
Wolvesey (Hampshire)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par Martin V
Titre cardinalice Cardinal-prêtre de Saint-Eusèbe
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
Fonctions épiscopales Légat du pape Martin V en Allemagne
Évêque de Winchester
Évêque de Lincoln

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Henri Beaufort (1375[1], Wolvesey), évêque de Lincoln et évêque de Winchester, est un prélat anglais. Il était surnommé « le cardinal d'Angleterre » et appartenait à la maison de Beaufort.

Jeunesse et carrière dans les ordres

[modifier | modifier le code]

Il est le deuxième des quatre enfants illégitimes de Jean de Gand et de sa maîtresse Katherine Swynford. Il est un demi-frère d'Henry Bolingbroke. Henri Beaufort reçoit une solide éducation à Oxford et à Aix-la-Chapelle. Henri est légitimé en 1397 par le roi Richard II par lettres patentes mais les Beaufort sont déclarés inaptes à la succession au trône.

Beaufort est nommé évêque de Lincoln le puis est consacré le suivant.

Au service de la Couronne

[modifier | modifier le code]

Beaufort est nommé Lord grand chancelier en par Bolingbroke, qui est monté sur le trône en 1399 sous le nom d'Henri IV. Beaufort occupe ce poste jusqu'en , lorsqu'il est nommé évêque de Winchester.

Entre 1411 et 1413, Beaufort est en disgrâce pour avoir soutenu la faction du prince de Galles Henri de Monmouth, opposée à celle du roi. À la mort d'Henri IV en 1413, Beaufort est une nouvelle fois nommé Lord chancelier par le roi Henri V. Il quitte le poste en 1417. La même année le pape Martin V lui propose le rang de cardinal mais Henri V lui interdit d'accepter.

Le conseiller d'Henri VI

[modifier | modifier le code]

À la mort d'Henri V en , une double régence s'établit car le jeune Henri VI est encore au berceau. Un des frères d'Henri V, Jean de Lancastre, duc de Bedford est chargé de mener la guerre en France contre le dauphin Charles, installé à Bourges et qui s'est autoproclamé roi à la mort de son père Charles VI le Fol en . Durant l'absence de Bedford, le gouvernement de l'Angleterre est mené par l'autre frère d'Henri V, Humphrey de Lancastre, duc de Gloucester, nommé Lord Protecteur. Cependant, Beaufort a également une place importante au Conseil du roi. En 1424, il devient pour la troisième fois Lord chancelier mais est forcé de démissionner deux ans plus tard sous la pression de Gloucester.

Beaufort est finalement créé cardinal en 1426. Légat du pape Martin V en Allemagne, il part prêcher la croisade contre les Hussites en Bohême mais il est mis en déroute près de Tachov le . Ambassadeur en France, il tente en vain de réconcilier Bedford avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon.

Jeanne d'Arc malade interrogée dans sa prison par le cardinal de Winchester, par Paul Delaroche, 1824.

À la suite de la capture de Jeanne d'Arc en 1430, Beaufort assiste au procès intenté à la pucelle qui est présidé par l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon. Il est présent à son exécution à Rouen le . Selon certaines sources, il aurait pleuré lorsqu'elle fut brûlée vive[réf. nécessaire], mais selon d’autres, il était absent, comme l'attestent les pièces du procès [2]. En fait, il n’aurait été présent que le jour de l’abjuration de Jeanne d’Arc, le . Selon Régine Pernoud, l’origine de cette légende se trouve dans les témoignages recueillis en 1454 et 1455 durant le procès de réhabilitation (en), dont l’un des articles précise que Jeanne était morte de manière à tirer les larmes des spectateurs, y compris les anglais présents[3].

Le , à Notre-Dame de Paris, le cardinal Beaufort couronne roi de France le jeune Henri VI, amené en France par Bedford.

Après la mort de Bedford en 1435, Gloucester revendique la régence mais cette prise du pouvoir est contestée par le cardinal. Le , peu avant son seizième anniversaire, Henri VI reçoit l'essentiel des pouvoirs. Le duc de Gloucester est remercié et le cardinal Beaufort apparaît désormais comme le véritable mentor du roi. Il lui transmet notamment sa grande piété.

À la cour, les avis divergent quant à l'attitude à prendre en réaction à la reconquête menée par Charles VII. Le duc de Gloucester et Richard, duc d'York, cousin d'Henri, sont partisans d'une reprise en main de la situation par une intervention rapide, d'autant que les Bourguignons ont fait la paix avec le roi de France à Arras en 1435, tandis que le cardinal et William de la Pole, comte de Suffolk, cherchent à faire la paix. Le Parlement prend parti pour Beaufort qui envoie à Paris Suffolk y négocier une trêve sur la base du statu quo entérinée à Tours en 1444.

En , Suffolk, avec l'aide du vieux cardinal Beaufort, fait arrêter Gloucester, accusé de trahison. Ce dernier est emprisonné pour être jugé mais il meurt rapidement (probablement d'une attaque cardiaque). Certains accusent néanmoins Suffolk et le cardinal d'avoir fait assassiner le propre oncle et héritier du roi.

Beaufort meurt peu après le à Wolvesey.

Liaison et descendance

[modifier | modifier le code]

Le cardinal a engendré une fille illégitime, Jeanne, peut-être avant qu'il ne prenne les ordres. Jeanne a épousé Edward Stradling, avec qui elle eut trois fils et une fille, Catherine.

Selon la croyance populaire, la mère de Jeanne serait Alice FitzAlan, baronne Cherleton[4]. Dans The Royal Tribes of Wales, Philip Yorke affirme que "le cardinal Beaufort a laissé une fille illégitime par Alice, fille de Fitzalan, comte d'Arundel." [5]

Le généalogiste Douglas Richardson mentionne également la prétendue relation entre Alice et le cardinal. Selon Richardson, il n'y a "aucune preuve contemporaine qu'Alice était la maîtresse d'Henri Beaufort, ni qu'elle était la mère de sa fille illégitime, Jeanne, dite née en 1390"[6]. En outre, la première apparition de l'affirmation selon laquelle Alice était la mère de la jeune fille se trouve dans The Winning of the Lordship of Glamorgan, écrit par Edward Stradling, un descendant, entre 1561 et 1566.

Henri Beaufort et Jeanne d'Arc se retrouvent face à face une seconde fois, cinq siècles plus tard: lui dans son tombeau, elle, représentée sous forme de statue réalisée en 1922, suivant les instructions de l’architecte écossais Ninian Comper.

Le lieu, la cathédrale de Winchester, n'a pas été choisi par hasard, comme l'ont fait remarquer les historiens Michael Bullen, John Crook, Rodney Hubbuck et Nikolaus Pevsner:

« ce choix a été fait dans un esprit de contrition et de réconciliation[7]. »


  • À gauche : Gisant du Cardinal Henri Beaufort en la cathédrale de Winchester, Angleterre.
  • À droite : Statue polychrome représentant Jeanne d'Arc, érigée en 1922. Elle est placée à côté de l'entrée de la chapelle dédiée à Notre Dame, en diagonale par rapport à la tombe du cardinal.


Notes et références

[modifier | modifier le code]
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Henry Beaufort » (voir la liste des auteurs).
  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  1. Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t. 1, Ch.Delagrave, 1876, p. 247
  2. Wilfred Phillips Barrett 1931.
  3. Régine Pernoud 1953.
  4. R. A. Griffiths, Conquerors and Conquered in Medieval Wales, 1994.
  5. Yorke, p. 88.
  6. Douglas Richardson, Royal Ancestry: A Study in Colonial & Medieval Families, volume 5, page 52, note 4.
  7. (en) Michael Bullen, John Crook, Rodney Hubbuck et Nikolaus Pevsner, Hampshire: Winchester and the North : Buildings of England, New Haven, Yale University Press, , 807 p. (ISBN 978-0-300-12084-4), le passage cité figure p.390, voir page de couverture sur Google Livres: [1]. Consulté le .

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Wilfred Phillips Barrett, The trial of Jeanne d’Arc, Londres, Routledge, 1931, réédité en 2014, 364 p. (ISBN 9781317821335), lire en ligne sur Google Livres : [2] . Consulté le .
  • Régine Pernoud, Vie et mort de Jeanne d’Arc : Les témoignages du Procès de réhabilitation 1450-1456, Paris, Hachette, , 300 p., plusieurs rééditions ont été réalisées, dont chez chez Marabout en 1982, (EAN 9782501003223).

Liens externes

[modifier | modifier le code]