Hirudo orientalis — Wikipédia

Hirudo orientalis, communément appelée Sangsue orientale ou Sangsue médicinale orientale, est une grande sangsue ectoparasite hématophage de la famille des Hirudinidae.

Elle a été très utilisée au XIXe siècle notamment en médecine avec principalement trois autres espèces en tant que sangsue médicinale, pour sa capacité à extraire le sang, mais l’est encore aujourd’hui pour l'hirudine qu'elle sécrète et qui est un anticoagulant puissant.

Autrefois confondue avec l’espèce Hirudo medicinalis, elle a été en 2005 reconnue et décrite en tant qu’espèce différente[1].

Description

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Caractères externes

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Il s'agit d'une grande sangsue, atteignant 108 mm (ventouses incluses) pour une largeur de corps maximale de 10 mm.
Le suçoir antérieur est large de 4 mm alors que la ventouse postérieure mesure 5,5 mm[2].

Cinq paires d’yeux confèrent à l’animal une vue probablement rudimentaire.

De nombreuses papilles sont présentes à la surface du corps.

La pigmentation de la partie dorsale de l'animal adulte est verte (de la couleur de l'herbe verte ; ce qui l'aide peut-être à se camoufler dans les plantes émergées ou les herbiers aquatiques d'eau douce). Le dos présente un motif constitué de deux paires de bandes longitudinales orange.
Le flanc (ou marge latérale) est orné de chaque côté d'une bande jaune longitudinale ;
Sur chaque segment, l’anneau central est orné de taches sombres ; ces taches sont quadrangulaires ou arrondies et situées sur les bandes longitudinales dorsales paramarginales, au niveau des ganglions ; ;

Les gonopores sont séparés par cinq anneaux.

La mâchoire est « trignate » (composée de trois parties, ce qui est relativement rare dans le règne animal et fait que la morsure laisse une cicatrice caractéristique en étoile à trois branches). La mâchoire est aussi dite monostichodonte, et papillée (ces papilles ne présentant ni pores ni fissures) sans aucune crête pharyngée se terminant entre les mâchoires). Chacun des 3 éléments de la mâchoire est garni d’environ 80 dents (71 à 91 dents) mesurant chacune en moyenne 33 µm.

Caractères internes

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Les épididymes sont de taille moyenne.

Le vagin, tubulaire et uniformément recourbé, présente une structure en cæcum, sans vrai conduit vaginal.

Un sillon (sulcus) est présent sous forme d'une gorge étroite et distincte allant de la crypte de la mâchoire dorsale médiane au bord dorsal de la ventouse antérieure.

Critères de différenciation avec les espèces proches

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Ils sont génétiques, internes (forme de l’appareil reproductif) et externes.

Les espèces dites « médicinales », proches de H. orientalis et risquant d’être confondues avec elle sont H. medicinalis, H. verbana et H troctina.

Elles peuvent toutes s’en différencier par une observation attentive de leurs caractères externes.
La pigmentation est le moyen le plus pratique de différencier ces 4 sangsues :
H. orientalis diffère de H. verbana par des rayures paramédianes minces, d’un orange bien marqué, alors que H. verbana a de larges bandes paramédianes plus diffuses (d’un orange plus pâle).
Le ventre de H. verbana est unicolore verdâtre à jaune, délimité par une paire de bandes ventrolatérales noires.
H. orientalis et H. medicinalis se distinguent par la forme des taches noires sur le dos et sur les marges du corps.
Les taches dorsales noires de H. orientalis sont arrondies ou quadrangulaires, alors que chez H. medicinalis, elles sont allongées.
Les taches marginales de H. medicinalis sont coalescentes pour former des bandes noires distinctes. La pigmentation ventrale foncée de H. medicinalis forme un motif à maille irrégulière, alors qu’il est plus régulier chez H. orientalis, formé par des paires segmentaires de marques claires sur fond au noir prédominant.
H. orientalis et H troctina ont une pigmentation dorsale très proche, mais leurs motifs de coloration ventrale sont très différents (H troctina est notamment caractérisé par une paire de bandes longitudinales ventrolatérales noires en forme de zigzag.

Hechtel et Sawyer en 2002 ont produit des descriptions précises de la coloration des différentes espèces du genre Hirudo[3] de même que Moquin-Tandon en (1846)[4] et Nesemann & Neubert en 1999 [5].

Histoire taxonomique

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En 1955, Stschegolew et Fedorova la considéraient comme une variété de la forme serpentina (qui est à l'époque une autre dénomination de H. medicinalis) mais dès 1946, Kobakhidze avait noté chez les sangsues médicinales capturées en Géorgie pour l'exportation ou l'usage médicinal local la présence de deux variétés présentant des motifs colorés instables, mais systématiquement différenciables pour certaines de leurs caractéristiques [6].

Après avoir été longtemps considérée comme une simple variante de couleur de la sangsue médicinale européenne, ou une sous-espèce de cette sangsue (elle-même parfois voire souvent confondue avec Hirudo verbana ou « sangsue médicinale méditerranéenne », qui serait en fait souvent élevée à sa place[7]), une étude phylogénétique moléculaire a finalement conclu en 2005 qu'il fallait la considérer comme une espèce à part entière dans le genre Hirudo[2].

Elle se distingue des autres sangsues médicinales notamment par sa coloration dorsale verte et les caractéristiques des motifs colorés[2].

Les exemplaires ayant servi à décrire l'espèce sont déposés au National Museum of Natural Sciences (NMNS) de Kyiv en Ukraine[2], ils provenaient d'un élevage du centre de l'Azerbaïdjan.

Remarque : Le qualificatif orientalis n'est pas entièrement pertinent car il existe une sangsue appartenant au même genre, mais encore plus orientale (Hirudo nipponia). Néanmoins ce nom étant utilisé depuis des décennies, il a été à ce jour conservé[2].

Aire de répartition

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Cette espèce asiatique d'une sous-zone de l'Eurasie semble associée à des zones humides de montagne.

Son aire naturelle de répartition est encore mal connue et elle a pu être modifiée par des introductions à but d’élevage commercial ou issues de relâchés dans la nature de sangsues ayant servi à un usage médicinal.

Selon la littérature, et sur la base des motifs colorés précisément décrits par des auteurs anciens, cette espèce serait originaire de la Transcaucasie mais et aussi trouvée dans certaines régions de l’Iran[8],[9] selon Utevsky et al. en 1998[10], de l’Ouzbékistan (selon Abdullaev cité par Trontelj et al.[2], de l’Azerbaïdjan [8], et du Kazakhstan et on la trouve aussi en Géorgie[8] et probablement en Arménie[8],[11]. Mais on sait encore « très peu de choses à propos de sa distribution exacte, de son habitat spécifique, et de son état de conservation »[2].

Parmi les autres sangsues médicinales et concernant les possibilités de trouver conjointement plusieurs espèces :

  • H. medicinalis vit en Europe centrale et de l’Ouest[12] et jusqu’en Ukraine selon Lukin [8] et en Lituanie selon Zapkuvenè[13].
  • H. verbana vit dans la zone orientale du pourtour de la Méditerranée ainsi que dans les Balkans selon Nesemann et Neubert[12] et en Moldavie, Ukraine et dans la région de Krasnodar en Russie ainsi qu'en Arménie selon Lukin[8] et Utevsky et al.[10]
  • H. troctina n'est connue à l'état sauvage qu'en Afrique du Nord du Maroc et de la Tunisie à l’Algérie selon Hechtel et Sawyer [3].

Certaines de ces espèces ont cependant pu être transportées loin de leur aire naturelle d'autochtonie, dans le cadre des élevages faits du 18e au XXIe siècle.

Alimentation

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Cette espèce, à l'état adulte se nourrit du sang des mammifères, et éventuellement des reptiles ou encore d'amphibiens. L’alimentation des jeunes sangsues dites « filets » dans la nature est moins bien connue.

Son habitat naturel (comme sa répartition précise) est encore mal connu, mais très probablement lié aux zones humides d'eau douce, à certains réseaux de fossés en eau, mares d'eau douce en zone de montagne.

Utilisation médicinale

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Cette espèce a été abondamment récoltée et exportée, vers la France notamment pour être utilisée exactement comme la sangsue médicinale européenne notamment parce que cette dernière a été très surexploitée [14],[15].

Statut de conservation

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Étant donné le fait que cette espèce a été beaucoup confondue avec d’autres espèces de sangsues médicinales, dont la célèbre sangsue médicinale européenne, son statut de conservation n’est pas clair[16], mais les sangsues de ce groupe sont considérées comme en forte voie de régression à la suite de leur surexploitation pour l’hirudothérapie. Elles sont en outre vulnérables à certains pesticides, au drainage des zones humides, et aux sels (sel de déneigement, nitrates..).

Notes et références

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  1. Siddall, M. E., Trontelj, P., Utevsky, S. Y., Nkamany, M., & Macdonald, K. S. (2007). Diverse molecular data demonstrate that commercially available medicinal leeches are not Hirudo medicinalis. Proceedings of the Royal Society of London B: Biological Sciences, 274(1617), 1481-1487. DOI: 10.1098/rspb.2007.0248
  2. a b c d e f et g Trontelj P, Utevsky SY (2005) A new species of the medicinal leech (Oligochaeta, Hirudinida, Hirudo) from Transcaucasia and an identification key for the genus Hirudo. Parasitol Res (2005) 98: 61–66 ; DOI 10.1007/s00436-005-0017-7
  3. a et b Hechtel FOP, Sawyer RT (2002) « Toward a taxonomic revision of the medicinal leech Hirudo medicinalis Linnaeus, 1758 (Hirudinea: Hirudinidae): re-description of Hirudo troctina Johnston, 1816 from North Africa ». J Nat Hist 36:1269 – 1289
  4. Moquin -Tandon A (1846) Monographie de la Famille des Hirudineés. J.-B. Bailliére, Paris
  5. Nesemann H, Neubert E (1999) Annelida: Clitellata : Branchiobdellida, Acanthobdellea, Hirudinea. In: Süßwasserfauna von Mitteleuropa, 6/2. Spektrum Akad Verl
  6. Kobakhidze DN (1946) Materialy k inventarizatsii gidrofauny Gruzii. [Information on the inventory of the hydrofauna of Georgia]. Tr Zool Inst AN Gruz SSR 6:641 – 645
  7. revue La Recherche, n°409, juin 2007, page 98
  8. a b c d e et f Lukin EI (1976) Piyavki [Leeches]. In: Fauna SSSR. Academy of Sciences of the USSR, vol. 1. Nauka, Moscow
  9. Stschegolew GG, Fedorova MS (1955) Meditsinskaya piyavka i yeyo primenenie [The medicinal leech and its application]. Medgiz, Moscow
  10. a et b Utevsky SY, Utevsky AY, Utevskaya OM (1998) Nakhodka aptechnoy meditsinskoy piyavki Hirudo medicinalis f. officinalis v Ukraine. [A find of the officinal medicinal leech Hirudo medicinalis f. officinalis in Ukraine]. Vestn zool 32:37 Whitman CO (1886) The Leeches of Japan. Q J Microsc Sci 26: 317–416
  11. Utevsky, S., Zagmajster, M., Atemasov, A., Zinenko, O., Utevska, O., Utevsky, A., & Trontelj, P. (2010). Distribution and status of medicinal leeches (genus Hirudo) in the Western Palaearctic: anthropogenic, ecological, or historical effects?. Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems, 20(2), 198-210 DOI: 10.1002/aqc.1071
  12. a et b Nesemann H, Neubert E (1999) Annelida: Clitellata: Branchiobdel- lida, Acanthobdellea, Hirudinea. In: Süßwasserfauna von Mitteleuropa, 6/2. Spektrum Akad Verl, Heidelberg
  13. Zapkuvenè D (1972) Razvedenie i vyrashchivanie meditsinskikh piyavok v laboratornykh usloviyakh (1. Razvedenie Hirudo medicinalis f. serpentina i H. medicinalis f. officinalis ). [Breeding and growing of medical leeches under laboratory conditions (1. Breeding of Hirudo medicinalis f. serpentina and H. medicinalis f. officinalis )]. Liet TSR Moksl ų akad darb, C ser 3(59):71 – 76
  14. Elliott JM, Tullett PA (1984) The status of the medicinal leech Hirudo medicinalis in Europe and especially in the British Isles. Biol Conserv 29:15 – 26
  15. Sawyer RT (1981) Why we need to save the medicinal leech. Oryx 16:165 – 168
  16. Trontelj P, Utevsky SY (2005) Celebrity with a neglected taxonomy: molecular systematics of the medicinal leech (genus Hirudo ). Mol Phylogenet Evol 34:616 – 624

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Heidelberg Sawyer RT (1981) Why we need to save the medicinal leech. Oryx 16:165 – 168 Sawyer RT (1986) Leech biology and behaviour. Oxford University Press, Oxford
  • Shevkunova EA, Kristman V (1962) Piyavki [Leeches]. Bol ’ shaya meditsinskaya entsiklopediya 24:794 – 800
  • Trontelj P, Sotler M, Verovnik R (2004) Genetic différenciation between two species of the medicinal leech, Hirudo medicinalis and the neglected H. verbana , based on random amplified polymorphic DNA. Parasitol Res 94:118 – 124