Forme foliaire — Wikipédia
La forme foliaire, ou forme des feuilles, est une part de la morphologie végétale souvent utilisée dans la systématique ou classification des espèces. En effet, la forme des feuilles, qui comprend de nombreuses variantes, est souvent une des caractéristiques les plus visibles pouvant servir à identifier une espèce végétale. Leur forme, leur taille et leur surface (mesurée par l'indice foliaire), leur angle d'insertion, ainsi que leur distribution spatiale au sein de la couronne d'un arbre et sur les axes végétatifs (phyllotaxie) sont les déterminants structurels[1] de l'interception lumineuse et donc du rendement de la photosynthèse[2],[3].
Les feuilles peuvent être simples (un seul limbe foliaire) ou composées (c'est-à-dire composées de plusieurs limbes nommés folioles), à bordure entière ou plus ou moins échancrée, lisse ou porteuse de poils, d’épines, etc. La disposition des folioles (dans le cas des feuilles composées), la forme des limbes ainsi que l'aspect de leur bordure sont des caractéristiques qui participent à la forme foliaire, de même que la disposition des nervures.
Composition des folioles (Foliorum compositio)
[modifier | modifier le code]Différentes compositions
[modifier | modifier le code]Compositions pennées
[modifier | modifier le code]Autres types de composition
[modifier | modifier le code]Forme | Composition | Latin | Description |
---|---|---|---|
unifoliée | Compositio unifoliata | Une seule foliole par feuille | |
alterne | alterna | Folioles rattachées en alternance à différents niveaux | |
opposée | abrupta | Paires de folioles rattachées aux mêmes niveaux | |
trifoliée, trifoliolée | trifoliata | Divisée en trois folioles | |
digitée (ou palmée) | digitata | Divisée en folioles ressemblant aux doigts d'une main | |
verticillée | verticillata aut stellata | Au moins trois folioles rattachées à un même niveau | |
rosette | Foliorum rosula | Feuilles étalées en cercle au niveau du collet |
Exemples
[modifier | modifier le code]- Feuillage alterne du saule à trois étamines
- Feuille bipennée de la fougère aigle
- Feuille digitée du marronnier commun
- Feuille imparipennée du rosier
- Feuilles paripennées de l'arachide
- Feuille trifoliée du trèfle blanc
- Feuille tripennée du cerfeuil commun
- Feuilles verticillées du pin parasol du Japon
- Feuilles verticillées du gaillet odorant
- Rosette de feuilles à la base d'un pissenlit
- Rosette de feuilles de Agave americana
Forme des feuilles (Foliorum forma)
[modifier | modifier le code]Le développement de la forme foliaire (en latin Foliorum forma) en relation avec l'environnement a été étudiée par le botaniste Thomas J. Givnish (en) qui propose des modèles mathématiques pour déduire l'investissement énergétique de la plante dans les supports de l'ensemble de son feuillage (tiges, pétioles et nervures) par rapport au gain apporté par le parenchyme assimilateur. Selon ces modèles, les plantes des sous-bois (milieu à faible niveau d'énergie, ce qui entraîne une faible vitesse de croissance des végétaux) ont une grande diversité de formes foliaires qui rentabilisent au mieux l'énergie investie dans le feuillage. Elles sont généralement plus larges et à nervation réticulée, avec une couche de feuillage unique, ce qui évite un recouvrement des feuilles (auto-ombrage). Les plantes des milieux ouverts ont des feuilles plus étroites à nervation parallèle, ou des limbes plus découpés, afin de réduire la transpiration par unité de surface foliaire et d'optimiser le comportement hydrique (potentiel hydrique foliaire). Elles présentent plusieurs couches de feuillage qui permettent de résister à un ensoleillement trop fort par l'auto-ombrage[4]. Ces études sont confirmées par l'influence de la forme du limbe (ratio longueur/largeur) des feuilles simples[5] et des feuilles composées[6] sur l'interception lumineuse. Selon le principe de l'allocation des ressources, les relations entre différents traits foliaires (forme, nervation, longueur du pétiole) reflètent l'existence de compromis évolutifs associés à des contraintes structurales et fonctionnelles des plantes en relation avec leur écologie[7].
Différentes formes
[modifier | modifier le code]Forme | Type | Latin | Description |
---|---|---|---|
ensiforme | Forma ensiformis | Longue et pointue, en forme d'épée | |
trulliforme | trulada | En forme de truelle | |
aciculaire | acicularis | En forme d'aiguille, mince et pointue | |
subulée | subulata | En forme d'alêne | |
linéaire | linearis | Longue et très étroite | |
oblongue | oblonga | Forme allongée, aux bords sensiblement parallèles et aux coins arrondis | |
lancéolée | lanceolata | En forme de fer de lance et plus large côté pétiole que côté apex | |
oblancéolée | oblanceolata | En forme de fer de lance et plus large côté apex que côté pétiole | |
falquée, falciforme | falcata | En forme de faux | |
aristée | aristata | Pourvue d'une arête | |
elliptique | elliptica | De forme ovale, et de largeur quasiment égale côté apex et côté pétiole | |
orbiculaire | orbicularis | De forme arrondie | |
ovale | ovata | De forme ovale comme un œuf, avec partie étroite côté apex | |
obovale | obovata | De forme ovale comme un œuf, avec partie étroite côté pétiole | |
spatulée | spathulata | En forme de spatule, le limbe se transformant progressivement en pétiole | |
cunée | cuneata | Base du limbe en forme de coin | |
sagittée | sagittata | En forme de fer de lance, avec des oreillettes dirigées vers le bas | |
hastée | hastata | En forme de fer de lance avec des oreillettes étalées horizontalement | |
peltée | peltata | De forme arrondie, avec le pétiole attaché au milieu du limbe, le limbe entourant le pétiole | |
acuminée | acuminata | Terminaison en fine pointe | |
obtus | obtusus | Apex du limbe arrondi | |
tronquée | truncata | Apex du limbe semblant coupé | |
réniforme | reniformis | Arrondie et en forme de rein | |
deltoïde | deltoidea | Triangulaire, le pétiole étant attaché à un côté | |
flabellée | flabellata | Semi-circulaire, en forme d'éventail | |
cordée | cordata | En forme de cœur, avec la pointe côté apex | |
obcordée | obcordata | En forme de cœur, avec la pointe côté pétiole | |
rhomboïdale | rhomboidalis | En forme de losange | |
lobée | lobata | Divisée en plusieurs lobes (parties arrondies séparées par des sillons ou des sinus) | |
pédalée | pedata | Palmée, avec les lobes latéraux unis à la base | |
multifide | multifida | Divisée en lanières | |
perfoliée | perfoliata | Limbe semblant transpercé par la tige | |
palmée (ou digitée) | palmata | Divisée en segments (ou lobes) rayonnant, disposés comme les doigts de la main | |
palmati- | lat. palma paume de la main | Morphème de tête de la désignation d'une feuille dont le limbe est divisé en segments divergents, ressemblant à une main ouverte | |
palmatilobée | lat. palma paume gr. lobos lobe | Palmée en segments séparés par des sinus (découpures) qui n'atteignent pas le milieu du limbe, tout en étant assez marqués | |
palmatifide | lat. palma paume findere fendre | Palmée en segments séparés par des sinus (découpures) atteignant environ le milieu des segments | |
palmatipartite | lat. palma paume partiri partagé | Palmée en segments séparés par des sinus dépassant nettement le milieu des segments | |
palmatiséquée | lat. palma paume secare couper | Palmée en segments séparés par des sinus profondément enfoncés presque jusqu'à la nervure médiane | |
pennati- | lat. penna plume | Morphème de tête de la désignation d'une feuille dont le limbe est divisé en segments disposés symétriquement par rapport à l'axe du pétiole et de la nervure médiane | |
pennatilobée | lat. penna plume, gr. lobos lobe | Pennée en segments dont les sinus (découpures séparant les segments) n'atteignent pas le milieu de chaque demi-limbe[8] | |
pennatifide | lat. pinna plume, findere fendre | Pennée en segments avec des sinus (séparant les segments) atteignant environ le milieu de la largeur de chaque demi-limbe[8] | |
pennatipartite | lat. penna plume, partiri partager | Pennée en segments dont les sinus dépassent nettement le milieu de chaque demi-limbe[8] | |
pennatiséquée | lat. penna plume secare couper | Pennée en segments dont les sinus atteignent, ou peu s'en faut, la nervure médiane | |
décurrente | Le limbe se prolonge sur la tige par des ailes |
Exemples
[modifier | modifier le code]- Feuilles aciculaires de l'épicéa commun
- Feuille acuminée du figuier des pagodes
- Feuille cordée de Lunaria rediviva
- Base cunéée des feuilles de Ageratina riparia
- Feuilles deltoïdes de Ficus deltoidea
- Folioles elliptiques de l'astragale à feuilles de réglisse
- Feuilles falquées du pacanier
- Feuilles hastées de Polygonum arifolium
- Feuilles lancéolées du plantain lancéolé
- Feuilles linéaires du cyprès chauve
- Feuille lobée du chêne écarlate
- Feuilles multifides du Consolida ajacis
- Feuilles trifoliolées et obcordées de l'oxalis petite oseille
- Feuilles oblancéolées de Rhododendron calophyllum
- Folioles oblongues du pois rouge
- Feuilles obovales de Clusia rosea
- Apex obtus de feuilles d'amélanchier à feuilles d'aulne
- Feuilles orbiculaires du peuplier tremble
- Feuilles ovales de Ficus altissima
- Feuilles palmatilobée de Acer campestre
- Feuille palmatifide du lierre grimpant
- Feuille palmatipartite de Sanicula europaea
- Feuille palmatiséquée d'Aconitum napellus
- Feuille peltée du lotus sacré
- Feuille pennatilobé de Sorbus torminalis
- Feuille pennatifide du Senecio vulgaris
- Feuille pennatipartite de Cirsium oleraceum
- Feuille pennatiséquée de Reine-des-prés Filipendula ulmaria
- Feuille perfoliée de Lonicera sempervirens
- Feuille réniforme de l'asaret d'Europe
- Feuille rhomboïdale du peuplier d'Italie
- Feuille sagittée du liseron des champs
- Feuille spatulée de l'euphorbe des bois
- Feuilles subulées de Juniperus deltoides
- Feuilles tronquées de Haworthia truncata
Bord des feuilles (Foliorum margo)
[modifier | modifier le code]Différentes formes
[modifier | modifier le code]Exemples
[modifier | modifier le code]- Bord cilié d'une foliole de vesce commune
- Bord crénelé du peuplier à grandes dents
- Bord denté en scie d'une feuille de grande ortie
- Bord denticulé d'une feuille de viorne lantane
- Bord doublement denté d'une feuille d'orme
- Bord entier de feuilles du lilas commun
- Bord épineux d'une feuille de houx
- Bord lobé d'une feuille de chêne pédonculé
- Bord ondulé de feuilles du caféier d'Arabie
- Bord sinué d'une feuille de Chêne châtaignier
- Bord serrulé de Alnus serrulata
Nervure (Nervus)
[modifier | modifier le code]Différentes formes
[modifier | modifier le code]Forme | Nervation | Latin : Nervus | Type de feuille | Description |
---|---|---|---|---|
pennée | -- | Penninerve | Nervure secondaire opposée par paires | |
arquée | -- | - | Nervure secondaire arquée vers l'apex | |
transverse | -- | - | Nervure tertiaire reliant les nervures secondaires | |
réticulée | reticulatus | - | Réseau de petites nervures | |
parallèle | -- | Parallélinerve | Nervure orientée axialement et sans intersection | |
dichotome | -- | - | Nervure divisée par paires égales | |
longitudinale | -- | - | Nervure essentiellement parallèle à la nervure primaire | |
palmée | -- | Palmatinerve | Nervures primaires bifurquant depuis un seul point[9] | |
rayonnante | -- | - | Nervure rayonnante des feuilles peltées |
Exemples
[modifier | modifier le code]- Nervure arquée d'une feuille de hosta
- Nervure dichotome d'une feuille de Ginkgo biloba
- Nervure palmée d'une feuille de lierre grimpant
- Nervure parallèle d'une feuille de ray-grass anglais
- Nervure pennée d'une feuille de charme commun
- Nervure rayonnante d'une feuille de lotus sacré
- Nervure réticulée d'une feuille d'épiaire officinale
- Nervure transverse d'une feuille d'hortensia
Notes et références
[modifier | modifier le code]- D'autres déterminants existent : nombre de chloroplastes par cellule, teneur en chlorophylle…
- (en) Fernando Valladares & Daniela Brites, « Leaf phyllotaxis: Does it really affect light capture? », Plant Ecology, vol. 174, no 1, , p. 11-17 (DOI 10.1023/B:VEGE.0000046053.23576.6b)
- (en) Daniel Falster & Mark Westoby, « Leaf size and angle vary widely across species: What consequences for light interception? », New Phytologist, vol. 158, no 3, , p. 509-525 (DOI 10.1046/j.1469-8137.2003.00765.x)
- (en) Thomas J. Givnish, « Ecological aspects of plant morphology : leaf form in relation to environment », Acta Biotheor, 27, 1978, p. 83-142
- (en) Akio Takenaka, « Effects of leaf blade narrowness and petiole length on the light capture efficiency of a shoot », Ecological Research, vol. 9, no 1, , p. 109-114 (DOI 10.1007/BF02347485)
- (en) Ülo Niinements, « Are compound-leaved woody species inherently shade-tolerant? An analysis of species ecological requirements and foliar support costs », Plant Ecology, vol. 134, no 1, , p. 1-11 (DOI 10.1023/A:1009773704558)
- (en) S. Lavorel et E. Garnier, « Predicting changes in community composition and ecosystem functioning from plant traits: revisiting the Holy Grail. Functional Ecology », British Ecological Society, vol. 16, no 5, , p. 545-556 (DOI 10.1046/j.1365-2435.2002.00664.x)
- Bernard Boullard, Dictionnaire, Plantes & Champignons, ESTEM, , 875 p.
- Lorsque toutes ces nervures sont de même épaisseur, on distingue la nervure médiane et les nervures latérales.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Leaf shape » (voir la liste des auteurs).
- (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Bladvorm » (voir la liste des auteurs).